Concours ou examens de recrutement

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Sisyphe
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Re: Concours ou examens de recrutement

Post by Sisyphe »

mais le principe de base (corrige-moi si je me trompe) était CAPES=>collège et Agrégation=>lycée. Or, des profs au lycée, j'en ai eu de tous les horizons...
:nono: Non. Si tu entends "principe de base" au sens diachronique du terme ("diachronique" étant un mot pédant de khâgneux pour dire "historique", toujours ces shibboleths linguistiques...), je te corrige. Ca n'a jamais été le cas, pour la bonne raison que la différence collège/lycée telle que nous la connaissons (collège les 4 premières années, lycées les trois dernières, est très récente).

:prof: En gros et schématiquement (car en réalité les transformations sont continues), il y a eu quatre "périodes" :


- Avant la deuxième moitié du XIXe : l'enseignement primaire est embryonnaire et très peu organisé, contrôlé localement (le maire et le curé recrutent l'instituteur sans aucun diplôme précis). Les lycées (ou "collèges royaux" sous la monarchie) connaissent trois corps d'enseignants :
a) Les répétiteurs, pauvres "pions" martyrisés dont Le Petit Chose est le grand souvenir littéraires.
b) Les profs bacheliers, souvent d'ancien élève du lycée qui commencent à enseigner dès 19 ans !
c) Les profs agrégés (l'agrégation date de l'ancien régime (!), elle a été réorganisée sous la Restauration). Avec trois agrégs : l'agrégation de grammaire pour les petites classes ("agreg du pauvre" disait-on !), agrégation de lettre pour les classes de troisième, rhétorique et humanité (3°, 2°, 1°), agrégation de philosophie pour la classe de philosophie (notre terminale, encore dominée par la philo dans la vieilles série L).

À l'époque, les élèves n'ont qu'un seul professeur, plus les études du soirs et quelques techniciens méprisés comme le maître de dessin. Donc chaque prof est titulaire d'une "chaire", commme c'est encore le cas en prépa (en on est d'abord prof d'hypokhâgne, et ensuite prof de khâgne). L'agrégation était en fait une sorte de concours interne.

- Jusqu'avant la 2e guerre mondiale : il y a d'un côté l'enseignement primaire dit "communal" (la communale de nos grands-pères !), gratuite, qui assure d'une part l'enseignement obligatoire des classes inférieures et moyennes (de 7 à 12 puis 13 puis 14 ans, au certificat d'étude), et de l'autre le complément de celle-ci à travers les "écoles primaires supérieures", semi-professionnelles (un peu comme les Realschulen allemandes) jusqu'au brevet. De l'autre, il y a les "lycées" qui sous ce nom unique assurent toute la scolarité (payante) des classes sociales supérieures, de 3 à 18 ans ! On distinguait plus ou moins un "petit lycée" (jusqu'à la septième, voire la sixième ou la cinquième) et un "grand lycée". Mais jusqu'aux années 70, un prof pouvait faire des sixièmes à 8heures et des terminales à 9h ! Je regrette un peu ce temps d'ailleurs car j'aime les deux.

Il y a donc deux systèmes séparés qui ne communiquent pas :
a) Le communal (primaire et primaire supérieur) où la totalité ou presque du personnel sort des écoles normales. Cette unité de corps a été une de ses grandes forces.
b) Le national, où agissent deux corps :
- Les agrégés, recrutés par concours, dont la compétence est petit à petit précisée (on invente l'agreg d'histoire, puis de langue (la première étant l'arabe !), puis de etc.).
- Les licenciés, recrutés directement et plus ou moins localement. Lesquels cherchaient ensuite à passer l'agreg, sans toujours y réussir. Un cas célèbre est Marcel Pagnol, professeur licencié d'anglais.

À l'époque, la base de la pédagogie est le cours magistral, sinon même le cours lu ! Les agrégés sont supposés fabriquer ces cours à partir de leur science et de leur bibliothèque. Les licenciés, ou professeurs-adjoints, ne faisaient que répéter (un peu comme les assistants pédagogiques aujourd'hui en LP). D'où la différence de temps de travail.

Les agrégés ont continué, jusqu'aux années 70, à être nommées sur un niveau : on commençait prof de sixième en province (ou un peu plus haut pour les normaliens supérieurs, ex. Sartre ou Pompidou à qui on a confié une première, mais en province), on terminait professeur de rhétorique à Henri IV ! D'ailleurs les agrégés parisiens faisaient une heure de moins (z'étaient vieux :old:)...

Le GAEC puis le CAPES ont été créés d'abord pour rationaliser l'emploi des "licenciés"... Il n'a jamais été dit clairement qu'il devait servir aux "collèges", dans la mesure où celui-ci n'a été inventé que progressivement, et en bricolant... Deux ou trois systèmes se sont côtoyés voire superposés jusqu'à la réforme Haby de 77 (le fameux "collège unique" qui fait débat).

- Depuis les années 70, on est allé vers l'unification du système, et la séparation selon le niveau ; c'est ce qui explique au passage que les "vieux" établissements soient encore systématiquement des "collèges-lycées" (mais ce qui pose d'énormes problèmes juridiques ! Légalement, il s'agit de deux établissements avec un seul chef qui a le titre de "proviseur et principal" ; la tendance est à l'élimination de ces structures). Corrélativement, il y a eu une certaine redistribution des différents corps, et on est allé vers la tendance actuelle : certifiés en collège et agrégés en lycée... Mais rien n'a jamais été officiel. Le seul texte de loi en vigueur dit que les agrégés doivent faire prioritairement les classes de terminales, de première en français et de post-bac... Mais il n'est guère appliqué, il faut bien l'avouer (en MP : des anecdotes personnelles...)

Il y a d'ailleurs eu d'autres tentatives, notamment de "primariser" le recrutement et/ou les perspectives du collèges (les PEGC, instituteurs sortis de l'école normale mais nommés en collèges), mais elles ont échoué (le corps a été mis en extinction, y'en a plus qu'une poignée). On en reparle, et ça fait hurler...

Fin du cours d'histoire de l'éducation. Tout khâgneux doit avoir lu (enfin, lu comme un khâgneux = fait semblant de) L'histoire de l'éducation en quatre volumes, et SURTOUT, le quatrième (XXe siècle) par Antoine Prost, chez Tempus.

Je ne vois pas en quoi un examen ne pourrait pas pratiquer l'anonymat et la double correction, ni être national.
Je ne parlais de l'examen, c'est-à-dire de la certification qui elle peut être effectivement très bien organisée sous la forme d'un examen, comme le erstes Staatsexamen allemand ou la proficiency anglaise (encore que j'ai de sérieux, sérieux doute sur la proficiency, mais c'est un autre problème, strictement conjoncturel). Je parlais du recrutement.

Nos concours (mais il existe aussi en Grèce je crois, et partiellement en Espagne) mêlent les deux, les systèmes étrangers (Allemagne, monde anglo-saxon, Belgique) séparent certification et recrutement..
Faire de l'obtention d'un master enseignement la seule condition pour enseigner (je rappelle que je n'y suis pas spécialement favorable) n'empêche pas de conserver le principe actuel de répartition des postes par vœux et affectation, si?
Ah bin si, c'est mathématique !

Soit on sépare recrutement et nomination, comme c'est le cas actuellement : j'ai le CAPES en juillet, je deviens membre d'un corps national à cette date (recrutement), et j'accepte d'être nommé n'importe où en France là où l'Etat à besoin de moi (car c'est le principe cardinal ; combien d'entreprise rêvent d'une telle flexibilité !), moyennant des voeux et le systèmes des points qui sont, rappelons-le, toujours strictement indicatifs et ne sont qu'un outil de gestion. Légalement, l'Etat me nomme où il veut quand il veut ! Un ordre du recteur, et je file à Plougastel (qui doit être très beau en cette saison). Principe sacré de la fonction publique : "le grade et l'emploi" (je suis propriétaire du premier, pas du deuxième).

Soit on les réunit : l'université comme dans le monde anglo-saxon, ou l'Etat comme en Allemagne ou même en France pour l'enseignement privé ! (le CAFEP est techniquement un examen, même s'il est adossé à un concours, j'explique si besoin) vous déclarent apte à être un prof sans se soucier du nombre de gens recrutés (c'est la certification), et ensuite les institutions locales qui ont besoin de profs vous recrutent par petites annonces. Que ce soit le chef d'établissement à proprement parler (comme en Thaïlande, Maï ?), ou plus vraisemblablement le school board local (ou son équivalent allemand dont j'ai oublié le nom), ou dans le cas du privé catho sous contrat, la commission diocésaine.
La carence de profs est directement et exclusivement liée au salaire proposé. La féminisation de la profession en est une autre conséquence.
Je suis d'accord, y compris sur le second point. Mais la solidité de l'emploi (le concours en France, la Verbeamtung en Allemagne, cad la "fonctionarisation" progressive des enseignants) sont des réponses à ce manque d'attractivité. Aucun Etat n'a les moyens de bien payer ses profs, même si tous ne les paient pas aussi mal que le France (c'est l'OCDE qui le dit, c'est pas un repère de gauchistes...). Les pays qui n'y procèdent pas sont précisément ceux qui connaissent les plus lourdes carences. Dont les Etats-Unis.

Et d'accord avec la fin du message d'Elie ;) Ou même le milieu : le système de recrutement allemand fonctionne, mais en Allemagne. Et notre système correctement appliqué fonctionne bien (entendons bien que je parle du recrutement, pas de tout le système, restons dans le débat). Ce que Yuio mentionne (et qui est hélas de plus en plus courant) naît de la volonté de faire disparaître le système actuel...

EDIT : Sisyphe va copier cinq cents fois "je n'oublie pas de fermer les balises 'quote' et 'souligné'".
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
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Maïwenn
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Re: Concours ou examens de recrutement

Post by Maïwenn »

Sisyphe wrote: Que ce soit le chef d'établissement à proprement parler (comme en Thaïlande, Maï ?), ou plus vraisemblablement le school board local (ou son équivalent allemand dont j'ai oublié le nom), ou dans le cas du privé catho sous contrat, la commission diocésaine.
Non, pas du tout. Les profs qui veulent devenir fonctionnaires passent un examen. Ceux qui sont reçus sont inscrits sur une liste. Ensuite on les appelle en fonction des besoins. L'inscription sur la liste dure 2 ans. Si on ne les a pas appelés dans ce laps de temps, ils doivent repasser l'examen. Parfois les profs ont un semblant de choix : ma collègue qui a été appelée en août a pu choisir entre 3 établissements de Bangkok (elle avait passé l'examen pour la région de Bangkok, il y a plusieurs zones). Par contre les chefs d'établissements recrutent directement les profs contractuels (étrangers ou bouche-trous en attendant l'arrivée d'un fonctionnaire), qui sont payés par l'école elle-même.
Un ordre du recteur, et je file à Plougastel (qui doit être très beau en cette saison)
Novembre, le mois noir en breton, n'est pas forcément la saison idéale pour visiter Plougastel, à moins d'aimer particulièrement la grisaille. Ce qui n'en fait pas moins une destination très prisée par les profs, comme toute la Bretagne ! Mais aujourd'hui le temps sera beau, avec des températures entre 9° et 13°.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
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