Maïwenn wrote:Je n'ai jamais eu l'impression, en discutant avec Didine et Miguel qu'ils étaient complètement fermés à la culture française.
ca c'est parce que je ne voulais pas te faire peur
certes non, je ne suis pas fermé à la culture française.
Au contraire, on partage les mêmes références, françaises ou plus internationales. Tu parlais des dessins animés, Svernoux, je suppose que tous les deux ont regardé les cités d'or ou Bioman comme nous.
je n'ai jamais regardé les cités d'or, mais j'ai connu bioman. mais plutôt qu'un "à la place de", il faut dans mon cas alterner entre ce "à la place de" et "en plus de". en clair, j'ai baigné dans les deux cultures, deux cultures qui dans mon esprit se sont souvent trouvées confrontées ou mêlées selon les cas, et qui toujours selon les cas se sont trouvées avec une part plus grande ou plus petite.
ainsi j'ignore une grande part de la musique française des années 1980, alors que je connais à peu près tous les chanteurs/chanteuses/groupes portugais de l'époque.
de même, il est encore des mots que je connais en portugais et que je serais incapable de dire en français: je vois un objet, je sais dire son nom en portugais, parce que je l'ai toujours utilisé ainsi, mais si on me le demande en français ... je ne sais pas. il s'agit souvent de mots liés à l'agriculture (je suis issu d'une famille d'agriculteurs), mais aussi de termes liés à la cuisine, aux herbes, aux sauces, etc. et d'autres bien sûr que je ne peux classer.
j'ignore la cuisine au beurre et ne cuisine pratiquement qu'à l'huile d'olive.
mais plus loin que cela, plus important pour moi que de savoir ce que j'ai d'ici et ce que j'ai de là-bas (le mélange est si complexe qu'on en aurait le tournis si l'on voulait tout examiner), le principal est cette "nationalité ressentie", et cette question "où suis-je moi? où suis-je le plus proche de moi-même?". la réponse est évidente: je ne me suis jamais senti chez moi ici; là-bas, oui.
j'ai fait une curieuse observation en rentrant du Portugal le 22 septembre dernier. l'observation est quasi-absurde, banale; mais je me suis senti hors de toute question de nationalité le 22 au matin. j'étais là-bas, et pour caractériser le Miguel, il fallait dire "c'est un gars qui est là". être portugais est une normalité, tout le monde l'est, tout cet univers l'est aussi. en revenant, je me suis rendu compte qu'être portugais, ici, n'avait d'un coup plus du tout la même signification; cela voulait dire "faire partie d'une horde de peuples émigrés et immigrés", et cela n'était plus tout à fait normal. lorsque j'observe et analyse ce que je pense, j'y vois tout le "délicat de la nationalité". et la nationalité devient mystique, née du rêve et de ce que l'on entrevoit.
j'allais partir sur un roman, mais je crois que je vais m'arrêter là en fait..