Légendes du monde

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Anuanua
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Légendes du monde

Post by Anuanua »

J'aimerais, dans cet "Espace cultures", vous proposer un jeu enrichissant. Ce forum en est d'abord un de traducteurs et de linguistes. On peut y trouver des trésors de tous les coins du monde (en autant qu'une boule puisse avoir des coins...)

Une des richesses que la diversité culturelle nous offre est l'immense réservoir de sagesse que nous offrent les légendes. Autant les légendes urbaines comme "Love Story" (à ne pas confondre avec la stupidité commerciale de "Loft Story") que des légendes africaines comme "La légende des maoumb'a".

Je propose que ceux d'entre nous qui connaissent de tels trésors de sagesse locale prennent le temps de nous en offrir. Pas dans un esprit de concours (je ne veux pas en faire un concours) mais pour mettre en commun la belle richesse de plusieurs de ces légendes.

Pour ouvrir le bal, je vous propose une légende polynésienne. Je veux d'abord remercier Moerani, une tahua pure (prêtresse), une des rares personnes qui préservent la culture ma'ohi. Sans elle, il m'eût été impossible de comprendre autre chose que le sens évident de cette légende riche de symboles implicites. Cette légende est originellement contée en langue ma'ohi (langue des environs de Tahiti) et parfois j'ai eu de la difficulté à traduire : ne m'en veuillez pas trop s'il vous plaît! En effet, le génie de cette langue est radicalement différent de la pensée européenne et française : les mots peuvent changer de sens selon le contexte et souvent, dans leurs légendes, les sages ma'ohi se servent de ces jeux de mots intraduisibles. Je dois, pour faciliter la lecture, commencer par vous expliquer certaines tournures.

Par exemple, "se donner". Ça signifie "s'offrir", mais aussi "aller vers" ou "aller à". Par exemple, le pêcheur se donne à sa pirogue, la pirogue se donne au lagon et le lagon se donne à la mer. "Se donner" peut aussi signifier "devenir comme". Par exemple, l'expression "Le jeune guerrier se donne à Tafa'i, un guerrier de légende" signifie qu'il imite, abandonne ce qu'il est pour devenir comme Tafa'i.

D'autres fois, un mot signifie autre chose, sert de symbole. Par exemple, une rivière symbolise la vie vive de la jeunesse. Je ne puis pas, évidemment, constamment entrecouper le texte d'explications. Alors certains mots seront mis en bleu : cela signifie que vous trouverez ce mot en note en bas de page avec une explication.

Un dernier indice pour rendre votre lecture plus agréable : dans la très belle langue reo ma'ohi (certainement une des plus musicales au monde!), chaque lettre est prononcée séparément. Par exemple Tauna se prononce ta-ou-na (et non "tona"). Le "u" est toujours prononcé "ou", et le "e" prononcé "é".

Bonne lecture et amusez-vous bien!

LA LÉGENDE DU POISSON VOLANT
A Tahiti vécut autrefois un jeune guerrier nommé Oro.

Il était beau, vif comme un torrent, fier comme un arbre, dans son regard noir brûlaient des soleils. Mais il n’était pas heureux, car un désir violent travaillait son esprit : devenir le plus fameux des hommes de sa tribu. Ce rêve tournait sans cesse dans sa tête comme un oiseau fou.

Donc, un soir, gorgé d’ennui, fatigué de vivre en paix parmi les filles nonchalantes, il quitta son village et se donna à la nuit.

Voici donc Oro sous la lune ronde. Sa lance sur l’épaule, par un sentier à peine tracé dans les hautes herbes, il marche, écoutant les bruits de la nuit. Au loin, il aperçoit un feu devant une cabane. Il s’approche. Un vieil homme est assis sur le seuil, et son visage infiniment ridé luit à la lueur des flammes.

Oro le salue. Il lui dit :
"Vieillard, je veux aller au royaume de corail où vivent les esprits, et ramener la pierre magique qui sépare les âmes vivantes des âmes mortes. Dis-moi par quel chemin je dois aller."

Le vieillard tisonne un moment les braises, l’air rêveur, puis il lève la tête et répond :
"Le voyage que tu veux entreprendre est difficile. Peut-être ne reviendras-tu jamais dans ton village".

Oro plante sa lance devant lui, il dit fièrement, avec un brin d’impatience :
" J’irai et je reviendrai."

Alors le vieillard lui répond d’une voix très douce :
"À l’aube prochaine, tu perceras deux trous dans une noix de coco. Tu la videras de son eau et, dans ta pirogue, tu t’en iras sur la mer, vers le soleil couchant. Tu navigueras jusqu’à la nuit tombée. Alors tu regarderas par un trou de la noix de coco et tu verras le reflet d’une étoile montante sur les vagues (une "eeva" qui guide les marins). Ne pose jamais ton regard sur les belles étoiles du zénith (les feti'a hautes dans le ciel qui égarent les marins). Suis cette étoile jusqu’à ce que tu rencontres une île. Le maître de cette île, mon frère Tauna, t’indiquera le chemin du royaume de corail où vivent les esprits.

Ainsi parla le tahito manu pa'ari, le vieil homme qui a la sagesse de l'oiseau sacré paraka, l'oiseau possédé d'un dieu..

A l’aube, Oro se donne à sa pirogue et la pirogue se donne au lagon et le lagon se donne à la mer. Pendant la nuit, il doit trouver les eeva (les étoiles qui montent dans la nuit) par les trous de la noix de coco pour trouver son chemin. Le lendemain, il parvient devant une île de pierre noire, déchirée, battue par les vagues. De grands oiseaux tournoient dans le ciel tourmenté. Il aborde sur une plage de gros galets. Au loin, un sentier grimpe dans la montagne. Un vent méchant siffle et tourbillonne parmi les rocs tranchants.

Oro va dans ce paysage sinistre, courbé, face à la bourrasque. Il monte entre deux murailles de rochers noirs. Le sentier, par une faille étroite, s’enfonce dans une caverne. Oro le cœur battant, s’avance dans les ténèbres.
Il n’entend maintenant que le bruit de ses pas sur le gravier mouillé. Il va comme un aveugle, les mains en avant. Il marche longtemps. Enfin, il aperçoit, au bout du long couloir, la lueur d’un feu. Il se met à courir, s’écorchant aux parois abruptes. Il parvient ainsi au bord d’une rivière souterraine. C’est là, sur la rive, que brûle le feu. Devant le feu, un vieillard est assis. L’ombre immense de ce vieillard danse sur la voûte de la caverne. Il est tellement sec, ridé, cassé, qu’il semble né de la première nuit du monde. Il lève la main quand le jeune guerrier apparaît. Il lui dit :

"Je t’attendais. Je suis Tauna. Je connais ton désir de conquérir la pierre de vie et de mort. Tu n’es pas encore au bout du voyage. Regarde cette rivière noire et pourtant transparente. Des coquillages vivent sur les rochers du fond. Il te faut les pêcher. Tu les ouvriras, et dans certains d’entre eux, tu découvriras de petits cailloux blancs et lisses. Quand tu auras trouvé assez de ces petits cailloux pour te faire un collier et quatre bracelets, je te dirai le chemin qui conduit au royaume des esprits."

Ainsi parla Tauna, le vieillard. Puis, il se lève et disparaît dans les ténèbres.

Oro se met aussitôt à l’ouvrage. Il plonge au fond de la rivière et remonte au bord du feu. Le travail est difficile, harassant, interminable. Il ne trouve qu’une perle pour cent coquillages ouverts. Combien de temps travaille-t-il ainsi, sans repos, dans ce lieu que le soleil ignore? Il ne sait. Il ne le sait pas. Il ne le sait plus. Mais il arrive un jour au bout de sa longue peine. Alors, paré de son collier et de ses bracelets, il avance jusqu’au bord de l’ombre et appelle Tauna.

Tauna aussitôt apparaît. Il lui dit :
"Tu es puissant, maintenant, pour atteindre le royaume des esprits. Prend cette plume rouge. Quand tu seras dehors, lâche-la dans le vent. Elle te conduira où tu veux aller. Mais fais vite, car un autre guerrier de ton village est déjà en chemin. Peut-être trouvera-t-il avant toi la pierre de vie et de mort. Il se nomme Athi."

Ainsi parla Tauna, le vieillard.

Oro en entendant prononcer ce nom, pousse un rugissement de colère. Athi est son rival depuis l’enfance. Il le déteste. Il s’en va en courant follement le long du couloir ténébreux.

Parvenu au bord de la mer, il donne la plume au vent ; il donne au vent la plume rouge qui s’envole aussitôt au-dessus des vagues. Il la suit, dans sa pirogue, trois jours et trois nuits. Au matin du quatrième jour, une longue aiguille de pierre étincelante se dresse sur la mer à l’horizon. La plume rouge a disparu. Au pied du roc, Oro découvre une porte où s’engouffrent les vagues. Il plonge. Au fond ensoleillé des eaux, le voici devant le gardien du pays des âmes mortes. C’est un formidable serpent enroulé huit fois autour de l’aiguille de pierre. Ce serpent lui dit d’une voix terrifiante :
"Si tu veux rentrer au royaume des esprits, tu dois d’abord te prosterner trois fois devant moi. Mais attention, si tu hésites un seul instant à m’adorer, tu ne reverras jamais ton village."

Ainsi parla le serpent terrifiant.

Oro répond fièrement :
"Je suis prêt."

Ainsi parla Oro.

Aussitôt le serpent se métamorphose en une énorme araignée hideuse, épouvantable. Oro, sans hésiter se prosterne sur le sable entre ses pattes. Il se redresse. Une anémone de mer apparaît, environnée de filaments multicolores. Oro sait bien que si l’un de ces filaments l’effleure, il sera terriblement brûlé. Il se prosterne pourtant. Alors l’anémone prend forme humaine et Oro voit devant lui Athi, son rival. Son cœur bondit dans sa poitrine. Il recule d’un pas.

"Trop tard. Tu as perdu!" ricane le serpent à l’instant revenu.

Oro, pris de fureur lève sa lance. Un tourbillon l’emporte. Quand il revient au monde, son corps est couvert d’écailles. De fines et longues nageoires sont plantées dans son dos.

Il était devenu un poisson volant.

Image

Un poisson fou comme un homme : affamé de lumière, il cherche perpétuellement à s’arracher à la nuit des vagues, et n’y parvient pas.


Ainsi l’histoire ne finit jamais. Elle dure encore de nos jours.
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Notes
Les expressions sont classées dans l'ordre où elles apparaissent dans le texte.

Se donner : s'offrir, aller vers, aller à, devenir comme. Voir au début du post.

lune : la lune qui brille dans la nuit : gardienne des mystères de la nuit et des rêves.

vieil homme : les ancêtres étaient très respectés au fenua o te tupuna (littéralement "pays des ancêtres" : Polynésie d'autrefois). Ceux qui parvenaient à un âge avancé sans être devenus débiles étaient vus comme ayant développé la connaissance intérieure et comprenant les mystères. Les rois et les prêtres les consultaient.

royaume de corail : le corail, formé d'êtres vivants et de squelettes pétrifiés en calcaire, forme une barrière parfois très profonde, se perdant dans l'obscurité des profondeurs, entourant l'île et la séparant de la mer par un lagon d'eau relativement douce (très peu salée) et fraîche, venant des sources de pluie de l'île. Il y vit une faune très différente de celle de la mer. La barrière de corail sépare littéralement deux mondes, habités d'une vie différente, et est elle-même faite de vivants et de morts. Symbolise ici la frontière entre vie et mort, entre humain vivant et esprit ancêtre.

braises : un feu toujours vivant mais dont les flammes ne vivent plus.

plante sa lance : défi d'un guerrier envers un adversaire ou quelqu'un qui lui résiste. Il faut être particulièrement audacieux (ou inconscient) pour planter sa lance devant un tahua pure (un prêtre, sorcier, shaman), surtout s'il est âgé et sage!

deux trous dans une noix de coco : allusion à une autre a'amu ra'a (légende sacrée), la légende du visage de coco, dans laquelle les trois points noirs d'une noix de coco donnent le visage humain : deux yeux et une bouche. Ici, les deux trous, face à face, représentent la vue vers le dehors et la vue vers le dedans. Oro devra regarder par ces trous pour trouver sa destination.

vers le soleil couchant : l'ouest, où sont les îles des Maori, ancêtres des Ma'ohi. Oro rencontrera Tauna à la frontière entre l'espace ma'ohi et l'espace maori. Il revient vers le passé, vers l'âme des ancêtres.

Ainsi parla : Dans ces légendes, un texte répété ou un pléonasme (comme "ainsi parla", ce qu'on sait déjà) a pour but d'indiquer que le texte répété a un sens caché ou implicite. Il nous faut parfois relire la légende (ou l'écouter conter) trois, cinq, dix fois ou plus pour le découvrir.

rivière souterraine : les rivières sont symboles de vie neuve et jeune chez les ma'ohi. Mais ici, elle est souterraine...

ombre immense : l'ombre est vue comme vivante, représentant l'esprit.
I te rahiraa o te taime, mea pāpū aè te reo ia taì mai i te mafatu, e mea haavarevare roa atoā rä o ia.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.
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Latinus
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Re: Légendes du monde

Post by Latinus »

Anuanua,

Le service que tu utilises pour les images semble assez "instable", merci de profiter de la fonction "pièces jointes" intégrée au forum.

:hello:
Neo
Les courses hippiques, lorsqu'elles s'y frottent.
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miju
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Re: Légendes du monde

Post by miju »

merci pour cette belle histoire.
Avec tout le bonheur que se petafine dans le monde que d'heureux on pourrait faire. :roll:
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Anuanua
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Re: Légendes du monde

Post by Anuanua »

Plusieurs personnes sont émerveillées, et avec raison, par l'enseignement de sagesse et de courage des stoïciens. Des philosophes dont le nom a traversé les siècles, tels Zénon de Citrium et Sénèque, nous ont laissé un enseignement qui nous incite à ne pas multiplier la douleur de vivre par notre façon de voir les événements de la vie. Les stoïciens ont insisté que, bien que certains événements comportent une douleur en soi, une blessure physique par exemple, la plupart de la tristesse et de la douleur que nous vivons vient de notre refus de voir la vraie nature des choses. Bref, la très forte majorité de notre souffrance ou de notre bonheur, c'est nous qui la fabriquons, et non les événements qui nous imposent tristesse, peur, souffrance, joie, plaisir, bonheur etc. Je suis 100% d'accord qu'on nourrisse un grand respect pour ces sages et qu'on fasse connaître leur enseignement.

Cependant, je regrette qu'on néglige des enseignements venant d'autres cultures que la nôtre, comme si la sagesse était propriété privée des Blancs... D'autres peuples, d'autres cultures ont aussi enseigné des approches philosophiques. Rarement à notre façon, mais ce n'est pas une raison pour les mépriser. Je crois au contraire qu'accepter de regarder les mêmes enseignements exprimés de plusieurs façons très différentes complète notre vision et notre compréhension, et souvent leur donne une vie nouvelle. Une "vie" plus vivante que notre façon souvent trop intello d'exprimer les choses, surtout si on tient compte que ces cultures enseignaient souvent non pas par concepts (à notre façon) mais par légendes.

Les familiers de notre forum savent que j'étudie les cultures océaniennes, et plus particulièrement polynésiennes. Voici une légende toute simple, simplette presque, enfantine, qui contient toute l'essence de l'enseignement stoïcien. Parce qu'elle est si simple, on a tendance à ne pas voir la profondeur et l'étendue de son enseignement. À vous de juger.

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La légende de la vague et des deux enfants

Il était une fois deux enfants qui jouaient sur le sable blanc de la plage de corail qui donne sur la mer, près de la grande passe du lagon. Ces enfants étaient Temanava et Arava¹. Ils s'amusaient et avaient beaucoup de plaisir car la déesse Papa (déesse des eaux) les aimait.

Apparté explicatif. Dans le Pacifique, le vent soulève souvent des vagues puissantes. En approchant la grande passe, vu l'effet d'entonnoir et l'étroitesse de la passe, et le peu de profondeur à l'approche du lagon, la vague est soulevée et prend souvent des proportions et une vitesse qu'elle n'avait pas au large. C'est ce qui explique, d'ailleurs, que ce soient les polynésiens qui ont inventé le surf : on y voit presque quotidiennement des vagues de dix mètres et plus.
Vague à l'entrée du lagon<br />à Teahupoo
Vague à l'entrée du lagon
à Teahupoo
Et alors Papa leur envoya une forte et haute vague. Temanava et Arava furent soulevés de plusieurs mètres et emportés loin au fond de la plage où ils heurtèrent les buissons de bois dur et tombèrent dans les ronces à leurs pieds. Arava criait de peur "Je veux retourner dans mon faré" (ma maison) criait-il. Et il s'éloignait en pleurant, titubant et tremblant. Temanava, lui, riait de tous ses poumons et de tout son air. En moins de temps qu'il n'en faut à une noix pour tomber d'un cocotier il était revenu sur la plage et courait vers l'eau criant à Papa : "Encore! Encore! Encore!"

P.S. : La légende finit ici. Mais vu que la plupart (disons plus de 90%) des lecteurs d'ici ne sont pas familiers avec l'interprétation des légendes océaniennes, j'ajoute un commentaire explicatif :

Pourtant, c'était la même vague.

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¹ Temanava est un prénom masculin dont l'étymologie signifie "Qui a la conscience des sages" ou "Qui a le pouvoir des chefs". Arava, masculin et féminin, signifie "Le bel enfant convoité".
I te rahiraa o te taime, mea pāpū aè te reo ia taì mai i te mafatu, e mea haavarevare roa atoā rä o ia.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.
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Anuanua
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Re: Légendes du monde

Post by Anuanua »

La légende des deux loups
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C'est une légende montagnaise, je crois. Du moins, c'est un ami montagnais qui me l'a contée récemment. Il m'a dit qu'au sud (aux États-Unis), les Cherokee aussi connaissaient cette légende. Je l'ai trouvée belle alors je la partage à mes amis lokanoviens.

Un vieux sage disait à un enfant
Tous les animaux habitent dans le coeur de l'homme. "L'oiseau aux grandes ailes" (que les Blancs appellent albatros) cherche la hauteur et la liberté, et rêve de terres lointaines. Le pigeon nous donne la fidélité en amour. Et il en est ainsi de tous les animaux de la forêt, des lacs et des rivières, et du ciel.

Mais, en nos âmes comme en forêt, c'est le loup qui fait loi. Et, en ton esprit, il y a deux loups : un qui bave la rage : il aime la rancune, la guerre, la cupidité, il se complaît de tes malheurs, il est arrogant, orgueilleux et vicieux.

L'autre sent le vent et l'eau des sources : il aime la paix qui joue et qui rit, il pardonne à ses frères, il aime donner, il se réjouit de ton bonheur et de ceux de ton wigwam, il est fier mais ignore l'orgueil, et il connaît les herbes qui guérissent.


Alors l'enfant demande
Mais s'il viennent à se battre l'un contre l'autre comme font parfois les loups, lequel gagne?

Le vieux sage répondit
Celui que tu nourris.

En cherchant une image pour illustrer ce post, j'ai trouvé plusieurs sites où on la raconte. Dont celui-ci,
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Kaolyn
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Re: Légendes du monde

Post by Kaolyn »

Jolies légendes :) Merci de les avoir partagées avec nous
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