Petit jeu d'écriture. Thème novembre 2004.

Venez échanger, ici, vos lectures, vos goûts pour la peinture, la musique, le cinéma, ...

Moderators: Sisyphe, Maïwenn

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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

je donne ici mon propre avis, Lat pourra me corriger si besoin. Je pense qu'on peut se permettre plus de choses ds un texte que ds une réponse directe sur le forum. Ainsi, je ne serais pas choquée de lire m**** ou fait ch*** dans une nouvelle, si ça rentre dans l'histoire et qu'il n'y en a pas non plus ce genre de mots toutes les demi lignes.

Attention, je ne dis pas ça pour encourager la vulgarité, je préfère quand même quand c'est poli, mais c'est vrai que parfois on en a besoin dans une histoire.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
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Geache
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Post by Geache »

Pour ceux qui serait intéressés, je vous signale quand même que, le 20 novembre, c'est demain. Et je n'ai toujours qu'un seul texte...
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Latinus
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Post by Latinus »

Bha oui, pour les besoin d'une nouvelles on peut sortir un peu du langage 100% correct ... moi j'ai plus compris le message Geache sur le contenu et non le vocabulaire, le scénario quoi... comme certains films sont déconseillés au -10 parce que le scénar est "dur" avec ou sans vocabulaire choquant.

Donc en gros, suis d'accord avec vous deux :lol:
Prenez qd même en compte que tout le monde peut venir lire...
Les courses hippiques, lorsqu'elles s'y frottent.
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Geache
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Post by Geache »

J'ai reçu un deuxième texte, celui de bloodbrother et, si tout va bien, je devrais en recevoir deux autres d'ici 23:30.
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Pixel
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Post by Pixel »

[Tu comptes pas sur le mien j'espère :confused: ]

Et sinon, pourquoi tu joues pas toi ? ;)
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Geache
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Post by Geache »

Parce que je n'ai pas d'inspiration, tout simplement. ;)

Je retire ce que j'ai dit. Je vous ai pondu un texte. Cela fait donc trois avec le mien.
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Geache
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Post by Geache »

Bon, j'ai finalement 4 textes puisque j'ai reçu celui d'Adeline.

En parlant d'Adeline... Ceux qui ont suivi le premier thème ont peut-être remarqué quelque chose... Dans ce thème-ci, lisez attentivement les textes de Maïwenn et celui d'Adeline. Puis retournez lire les mêmes auteurs dans le thème précédent. C'est assez troublant.
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Geache
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Post by Geache »

Le texte de Maïwenn

Mardi 14 novembre
Je l'ai évitée au dernier moment celle-là. Une seconde de plus et je posais mon pied dans la nouvelle offrande de Simba. Enfin, une fois de plus, une fois de moins, au point où j'en suis rendu ça ne change pas grand chose. Simba c'est le chien de ma voisine, Mme Cainssette. Et Mme Cainssette ne trouve rien de plus intelligent que de le faire chier devant ma porte. Chier, oui, je tiens au mot. Ne croyez pas que je sois vulgaire, je suis justement d'une nature plutôt raffinée, mais c'est bien ici le mot qui convient. Mon trottoir est donc devenu un sanitaire canin. Et j'en ai plus qu'assez de passer des heures à nettoyer mes chaussures ou même celles de mes invités (je suis raffiné vous ai-je dit, je me charge même de cette rude et puante besogne). Quand je lance des invitations mes amis plaisantent sur le labyrinthe de caca qu'ils devront affronter avant de trouver refuge sur mon seuil. Mon seul plaisir c'est quand un démarcheur trop aventureux, pensant à sa commission, tente courageusement de traverser cette mer, et de guerre lasse, le soulier collant et odorant, abandonne avant d'arriver à ma sonnette.
Je plaisante avec vous, mais en fait je suis à bout. Alors bien-sûr j'en ai parlé à Mme Cainsette, lui parlant caniveau et sac à déjections. Mais rien n'y fait, trop vieille, trop bornée pour changer ses habitudes. Alors j'ai décidé de tuer Simba. Radical, pensez-vous - à juste titre, mais réfléchissez un instant, que feriez-vous dans ma situation ? Alors j'ai passé en revue toutes les façons d'assassiner un chien. Ce n'est pas si facile, surtout que Mme Cainssette ne le laisse jamais sortir tout seul. Non, ce n'est qu'accompagné de sa maîtresse, et vêtu de son petit manteau écossais que Simba va prendre l'air. Je vais finalement l'empoisonner. Arsenic, cantharide ou ciguë ? Que nenni : raticide. C'est beaucoup plus simple à trouver, et non moins toxique. Je vais en mélanger à ses croquettes. Ca m'étonnerait que Simba y résiste, ne serait-ce que par la taille, ce teckel rabougri tient bien du rat ! Reste à m'introduire discrètement chez Mme Cainssette. La vieille est méfiante, elle ferme bien sa porte à clé quand elle sort. Mais son âge avancé va être mon allié : elle écoute la télé tellement fort que ce serait vraiment le comble si je n'arrivais pas à entrer chez elle sans qu'elle m'entende, vider le raticide dans le sac de croquettes et ressortir ni vu ni connu.

Vendredi 17 novembre
Ca y est, j'ai mis mon plan à exécution ce soir. Tout s'est très bien passé, elle n'a rien entendu, tellement fascinée par l'infatigable Georges Pernoud. Simba aura une drôle de surprise demain au petit déjeuner. Moi je pars en week end ce soir, je serai de retour dimanche soir, enfin débarrassé des crottes.

Dimanche 19 novembre
Je suis de retour à la maison, et devinez quoi, j'ai marché dedans. Oui, il en restait encore sur le trottoir, des restes de vendredi je suppose. Mais je jubile en nettoyant ma chaussure pour la dernière fois. C'est la gauche en plus, quelle chance ! Et puis je m'arrête. Qu'est ce que j'entends ? Ne serait-ce pas Simba qui aboie ? Ca y ressemble en tout cas. J'ouvre la fenêtre. Ca vient bien de la maison de Mme Cainssette. Horreur, Simba n'est pas mort ! Par contre il aboie, que dis-je, il hurle, à la mort. A la mort ? Mais que fait Mme Cainssette ? Oh non ! Les croquettes, et si elle…. Mme Cainssette ? Mme Cainsette ?…
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Post by Geache »

Le texte d'Adeline

Prenant appui contre le chambranle de la porte d’entrée de ce que l’on pourrait appeler mon « appartement », bras croisés sur ma poitrine, essayant de voir les choses de façon positive (ce qui est perdu d’avance, donc), j’observe mon palier. Quand on y jette un coup d’œil rapide, comme ça, tout va bien. Tout semble parfaitement normal. A la droite de la porte (lorsqu’on sort, veux-je dire, n’est-ce pas ?), Il y a le porte-parapluies. Hé oui, contrairement à ma charmante voisine du dessus, j’adore les parapluies. Ca me donne l’impression, lorsque je suis en costume (ce qui est rare, naturellement !), d’être un parfait gentleman de l’Angleterre du début du siècle passé. Enfin, nous ne sommes pas là pour tenir de petites réflexions sordides quant au summum de l’élégance.

Devant la porte, donc, tenant compagnie au porte-parapluies en fer-blanc (un bac à fleurs, en réalité, mais qui s’en soucie ?), Il y a un charmant paillasson. Rouge. Et jaune. Avec des lignes vertes. Bon, d’accord, j’avoue. Il est horrible. Mais est-ce vraiment ma faute si mon frangin a des goûts de chiotte ? Et s’il est susceptible à l’extrême tout en étant champion de boxe par région ? Je tiens à la vie, moi ! Bref. Jusque là, rien que de très normal. Jusque là.

Parce que, sur le balatum (si, si, le truc beige infâme, là), il y a comme une piste de cailloux. Sauf que. Sauf que ce ne sont pas des cailloux. Sauf qu’ils ne sont pas placés là de mon fait. Sauf que ce sont des saletés de petites crottes du chien de la vieille bique, l’autre vieille baderne qui habite le même palier que moi ! Elle a des cheveux bleus, courts, bouclés. Elle est toute maigre, avec un nez aquilin. Toute petite, aussi. Une vieille baderne, quoi !

Alors voilà. La vieille baderne, elle a un chien. Enfin ! un roquet. Une carpette. Une machine à crottes. Un petit truc bizarre qui gueule comme un putois, sème des cadeaux-surprises devant ma porte d’entrée et qui, surtout, ne sert strictement à rien. La bestiole, les rares fois où je suis allé chez l’Ennemi, elle avait pris soin de se planquer. Lâche ! Par contre, elle a des chats. Beaucoup. Cinq ou six, au bas mot. Alors question compagnie… Quant aux voleurs… Pourquoi auraient-ils peur d’un rat pareil? Il est laid, c’est tout. Bèèk. Court sur pattes. Les poils crollés. Pardon, frisés. Et relativement sales. Selon le temps, quoi. De teinte grise, le pelage. Rose à certains endroits, trace des pots de vernis à ongles qui se sont écrasés sur son échine. Des petits yeux humides et porcins trouent sa face, lorsqu’ils ne sont pas cachés par une nuée de poils peu ragoûtants. La truffe vaguement brune, au-dessus d’une mâchoire proéminente et douteuse (plus que douteuse !). Trente centimètres au garrot. Deux kilos tout mouillé, avant d’être tondu. Pour résumer, une petite crasse toute louche, sale, la plupart du temps, et laide. Moche. J’en passe, et des meilleures. Et c’est donc cette horrible petite chose qui chie tous les matins sur mon palier. Allez comprendre pourquoi !.

Et comme chaque matin, moi, brave garçon très propre grâce à sa moûman, j’ai ramassé et j’ai envoyé les crottes au paradis des déjections. Avec gants en caoutchouc, masque, désinfectant, et tout le chambardement. On a tout nettoyé. Enfin, je. Faut pas espérer que l’autre sardine qui me sert de poisson rouge va venir m’aider. Néron, la terreur des pompes à eau. Il n’est plus rouge, en fait. Il a viré au blanc. Il est devenu aveugle. C’est marrant, il se cogne aux parois de son aquarium. Un chouette bazar rectangulaire avec plein de cailloux et de plantes. Et un petit coffre en plastique, aussi, où il peut se cacher et dormir. Néron est un petit poisson albinos aveugle très heureux, quoi. Donc, j’ai nettoyé le pallier. Et, comme chaque matin, je suis arrivé en retard au boulot.

Heureusement que cet appartement m’appartient. Je le regarde, parfaitement bordélique, les plantes vertes noyées ou desséchées selon les cas, la vaisselle s’accumulant sur l’évier, une de mes chemises menaçant de s’immerger dans le bocal de Néron. Et je m’y sens chez moi, tout en songeant que je devrais éventuellement ranger lorsque j’aurais le temps. Avant de me souvenir que j’allais en avoir un peu plus, de temps. Hé oui. Mon cher patron a fini par perdre patience face à mes retards répétés, et il m’a viré. Dans la joie et la bonne humeur ! Bon débarras. Je commençais à avoir horreur de devoir réparer toutes les cinq minutes un appareil quelconque. Clac! La photocopieuse saute! Clac! La machine à café rend l’âme! Clac! L’ordinateur central se bloque! Clac! Le patron fait une crise d’apoplexie! (Ah, non, ça, ce n’était pas mon job). Bref. Le fait est que ces crétins ne passaient pas une journée sans tuer une machine quelconque. Enfin! Il ne me reste plus qu’à chercher autre part pour réparer les bêtises des autres. Entre-temps, je vais (Note sur le tableau blanc de la cuisine) :
· Ranger
· Nettoyer
· Régler son compte à SireCarpette
· Inviter la jolie voisine du dessus un de ces soirs ( ?)

Voilà ! Tout est noté. Je vais commencer par le troisième point. Les droguistes sont
nos amis ! Ils vendent de chouettes choses. De la mort-aux-rats, par exemple. Très intéressant. Relativement mortel, pour les carpettes. Ouarzazatte, à nous deux!

Je suis donc allé chez le droguiste. Puis au grand magasin. Pour acheter, un de la mort-aux-rats, et deux de la bouffe pour carpettes. Et j’ai tout posé en bas, près de l’entrée de l’immeuble. Il ne reste plus qu’à attendre. Ah oui ! J’ai aussi invité la voisine au restaurant. Dans trois jours. C’est beau, d’être criminel!

Paaaaaaaarfait. Adieu, les crottes! Ca fait deux jours qu’il n’y en a plus. Ce soir, j’ai mon rendez-vous. Donc, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est-y pas beau tout ça ?

J’ai fait l’effort de bien m’habiller, en costard. Elle semblait impressionnée. C’était une belle soirée… J’ai juste dû l’abandonner quelques temps, pour aller visiter le trône de cet endroit typiquement mexicain. Elle souriait, lorsque je suis revenu. J’ai son bras sur le mien, nous allons prendre un taxi pour rentrer. Mais je ne me sens pas bien. En fait.. Je meurs… Mort-aux-rats. Je me souviens des symptômes décrits par le droguiste. Ouarzazatte… N’appartenait pas à la vieille bique… Mais à elle… Elle m’a empoisonné à mon tour… Les carpettes… Méfiez-vous des carpettes, amis…

NEVER END.
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Le texte de Bloodbrother

Sacapuces avait encore frappé. En effet, Spartacus, le saucisson sur pattes de la voisine, venait une fois de plus d'arroser le trottoir, pile devant chez moi. Cette fois, jurais-je, et bien ce serait la dernière. La vieille allait payer les méfaits de son cabot, car après tout c'était elle qui tirait les ficelles, enfin la laisse du moins.

Je me résolus en premier lieu à aller sonner chez la voisine en quête d'excuses de la part de Mme Honora pour l'acharnement passionné qu'avait manifesté son toutou envers mon trottoir. Au lieu de ça, la vieille m'accueillit froidement : "Non mais c'est incroyable ça ! On est en démocratie ou pas ? Alors comme ça on veut même priver les animaux de leur liberté, quel monde. Ah de mon temps, ça ne se serait pas passé comme cela. Feu mon mari aurait sorti le fusil en guise d'acceuil, ça vous aurait passé l'envie d'embêter les honnêtes gens".L'horloge retentit."Si vous voulez bien m'excuser maintenant, c'est l'heure de Derrick, je n'en rate aucun épisode".Non me disais-je, ce n'était pas l'heure de Derrick, mais celle de la vengeance qui venait de sonner.
Elle m'avait claqué la porte au nez et avait dû se précipiter devant son écran de télévision. J'en profitais alors pour rester dans son jardin, escalader la façade de sa maison à l'aide d'un muret idéalement placé.Cela me permit d'atteindre sans trop de difficultés le toit, mais surtout son antenne parabolique, sans défense, qui ne demandait qu'à être débranchée. Lors que je le fis, c'est avec un plaisir non dissimulé que je pus entendre "Non ! Mon Derrick !"

Le soir, j'avais un sentiment de devoir accompli et c'est avec sérénité que j'entrepris de regarder le match de foot FC Plougastel - Dynamo Kerver blotti dans mon canapé. L'arbitre, sifflet à la bouche, s'apprêtait à donner le coup d'envoi quand soudain....plus d'image ! Un affreux présentiment m'envahit, et c'est alors qu'à travers ma fenêtre j'aperçus ma voisine septagénaire galopant, fière de la revanche qu'elle venait de prendre.
Les hostilités avaient commencé depuis quelques jours et la guerre de voisinage fasait rage. Menaces écrites et orales, sabotages, tentative d' assassinat du chien,tout y passait. Je commençais à déséspèrer en me disant que le seul moyen d'avoir la paix serait de quitter les lieux quand soudain, n'en pouvant plus je me décidais à retourner chez la voisine pour mettre les "poings" sur les i une bonne fois pour toutes. Cette fois la vieille m'attendait avec le fusil de chasse de son mari.Le vent soufflait fort ce jour-là, j'en avais profité pour mettre mon chapeau. La rue était silencieuse et on voyait des boules de poussière rouler sur le trottoir."Dégaines, cow-boy" avait hurlé Mme Honora. Mes doigts dansaient autour du colt et ne demandaient qu'à le saisir au bon moment.

Le duel allait être sans merci, mes yeux étaient fixés sur la vieille, scrutaient chacun de ses mouvements. Je sentais qu'elle s'apprêtait à tirer en premier. Je décidais donc de la prendre de vitesse quand soudain ........"Stop arrêtez ce duel immédiatement". C'était le shériff.Tant pis, ce sera pour une prochaine fois, me disais-je avant de regagner ma maison.Tiens, qu'est ce qu'il y a de beau à la télévision ce soir ? Un western je crois.
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Le texte de Géache

J’ai des envies de meurtre. C’est venu comme cela… sournoisement. Petit à petit. Une répétition d’un petit fait qui peut paraître anodin et qui, pourtant, empoisonne ma vie. Depuis que j’ai emménagé dans cette maison de maître, en fait. L’immeuble m’a séduit au premier coup d’œil. C’était une bâtisse en plein quartier juif, mais, outre le fait que j’aie l’impression de vivre un film célèbre au quotidien, le coin est tranquille. Sécurisant en fait. Les juifs ne sont pas envahissants. Mieux, c’est plutôt moi l’intrus dans cette communauté. Mais comme je suis d’un naturel calme, je n’ai jamais rencontré de problèmes avec mes originaux voisins. Sauf…

Mais je vous raconte : Dés le lendemain de mon emménagement, j’ai trouvé la carte de visite d’un chien sur mon trottoir. Vu l’état des voiries, chez nous, cela n’avait rien d’étonnant. J’ai donc éliminé le petit cadeau sans trop m’émouvoir de la chose. Le jour suivant, celui d’après et tous ceux qui ont suivi, jusqu’à ce jour… j’ai trouvé le même petit cadeau devant ma porte. Enfin… pas tout à fait devant. Juste au coin de la façade. Exactement à l’endroit où un canidé peut le faire en toute impunité. Dans l’angle mort de mon champ de vision. Au bout de quelques temps, j’ai commencé à flipper gravement. Je me suis mis à épier. Oui, épier. C’est le mot. Profitant d’une période de congés maladie, j’ai commencé par isoler la tranche horaire où le méfait était commis.

Je me suis vite rendu compte que celui-ci avait lieu très exactement entre 08 :12 et 08 :27 chaque matin. Chaque matin de la semaine. Jamais le week-end. Ce n’était pas l’heure mais le quart d’heure du crime. L’auteur du méfait se soulageait systématiquement endéans les quinze mêmes minutes sur mon trottoir.

De bon matin, j’enfilai donc un imperméable couleur mastic et je décidai de piéger le coupable. Je déambulai nonchalamment dans la rue. Remarquez que je ne faisais pas très juif et donc, qu’au niveau discrétion, ça ne le faisait pas trop. Mais sur le coup, aveuglé par la rage sourde qui me prenait les tripes, je n’avais pas fait attention à cet aspect des choses.

08 :08. Sur le trottoir, trois ou quatre maisons au dessus de la mienne, une mienne vieille voisine venait d’apparaître, quittant l’ombre de la porte cochère marquant l’entrée de son immeuble. Au bout de son bras, une laisse retenait mollement un affreux petit paillasson au pelage mité, au regard à moitié vitrifié par la cécité, qui clopinait difficilement le long des murs. Le vieillard canin claudiquait lentement vers ma façade. La vieille qui le promenait jetait des regards furtifs de droite et de gauche. J’étais persuadé que j’allais enfin pouvoir assouvir ma colère. Le petit monstre sénile approchait toujours, flairant les murs. J’étais sûr qu’il cherchait sa propre odeur. La marque, sur son territoire. Le coin dans l’angle mort. Encore un snif et il y serait. Mais il bifurqua soudain. En direction du caniveau. Omnubilé par ce… chien, je n’avais sans doute pas vu que la vieille m’avait repéré. Sans doute lui avait elle, d’un mouvement de laisse, indiqué qu’il était prié de changer ses habitudes. L’animal se soulagea dans la rigole et la vieille fit une chose ahurissante : elle sorti un sachet de plastique de sa poche, l’enfila sur sa main, ramassa les déjection et d’un mouvement leste, retourna le sachet de façon à ce que la crotte se trouva maintenant à l’intérieur du sac. Un petit nœud vite fait et il n’y avait plus trace de la forfaiture.

La petite vieille et son vieux petit compagnon continuèrent leur chemin, s’enfonçant dans le matin brumeux comme si de rien n’était. Plus personne ne passa dans la rue jusque 08 :27. Le même manège se reproduisit jusqu’à la fin de la semaine. J’étais absolument certain que ma charmante voisine se moquait royalement de moi.

Je repris le travail le lundi. Plus le temps d’épier, plus le temps de guetter. Comme chacun, en cette fin de vacances de noël, il me fallait regagner le labeur. Et, comme par hasard, dés le lundi, les cartes de visite fleurirent à nouveaux dans l’angle mort…

Dans la bible, il est écrit : « Si l’on te frappe sur la joue droite… Tends la joue gauche ». Il était hors de question que je cède quoi que soit d’autre comme part de trottoir. Par contre, je me souvenais d’un autre passage : « Œil pour œil, dent pour dent ». Bien… Nous allions régler le différent. La meilleure défense étant, selon moi, l’attaque, je décidai de frapper le premier.

J’envisageai plusieurs moyens qui me paraissaient… disons… trop gentils. Pas assez répugnants. Et puis… un soir, je trouvai l’idée de ma vengeance. Je passai la soirée à me préparer. Je mangeai à satiété et même au delà des pruneaux et des arachides que je mastiquai longuement. Il fallait que j’agisse avant 08 :00. Puisque le départ de la procession de ma vieille voisine et de son crotteur fou avait lieu vers 08 :05. Le timing était très important.

Au jour dit, donc, je sortis de la maison à 07 :50. Je marchais a longues enjambées vers la porte cochère, scrutant celle-ci aux aguets du moindre mouvement. Arrivé dans l’entrée, je me tournai vers la rue, descendis mon pantalon et me soulageai enfin des pruneaux et cacahuètes de la veille. J’étais en plein travail quand une voiture se gara devant chez moi. Heureusement, les phares du véhicule n’éclairaient pas le tableau de ma vengeance. Un gendarme en descendit. J’aurais voulu m’interrompre mais mes boyaux refusèrent de cesser leur tâche. Le gendarme inspectait maintenant ma façade. Un long regard. Puis il ouvrit la porte arrière de son véhicule et un petit caniche blanc descendit de la voiture. Il se précipita contre le mur. Deux snif rapides pour reconnaître l’endroit et, quelques instants plus tard… la carte de visite habituelle trônait sur mon trottoir.
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Bon, j'ai un peu de retard, j'espère que vous m'en voudrez pas ;)

Nota : certains mots pourraient choquer les plus jeunes. Avant de lire le texte suivant, je certifie être majeur etc...

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- Je vais lui faire peur, à la vieille. L'effrayer... Et elle va s'en souvenir, qu'il faut le respecter, l'Albert !

Voilà ce à quoi je songeais, en me frottant les mains, derrière la vitre. Je venais d'apercevoir ma voisine, qui promenait son chien, l'air de rien. D'ailleurs, franchement, je me demande parfois de qui je parle, quand je dis « l'air de rien »... Selon vous, de cette vieille, avec sa peau frippée, sa moustache, et ses habits des années 20 ? Ou alors de son chien, un caniche bien rasé, avec un chapeau à la Elisabeth II et des petites bottes en laine ?

Qu'importe, j'en avais assez.
- Assez !! m'écriai-je intérieurement.
Assez de voir cette pauvre dame promener son chien tous les matins et, avant d'arriver chez elle, de voir son délicieux Hector-de-Montmorency déféquer juste devant chez moi. Assez de nettoyer sans rien dire... et dire que pourtant, elle prend le temps de nettoyer les pattes de son clébard !
Oui... Assez, parce qu'à elle seule et sans le savoir, cette dame représentait tout le dégoût que j'ai pour l'humanité : jamais aucun respect pour personne, jamais contente, toujours à reprocher aux gens des choses qu'elle ne fait pas elle-même, toujours à se rappeler le bon vieux temps...
- Le bon vieux temps, c'était aussi le mien, la vieille !! Mais les choses changent, et faudrait peut-être apprendre à évoluer !

Je ne tenais plus. À mesure que je pensais, mon plan s'était formé dans mon esprit ; une sourire se formait sur mon visage, et je sentais une joie sucrée colorer mes joues. Je pris l'engin de mon forfait sous mon oreiller, mis mon imperméable, et fonçai droit au but.

[Ding dong.]
- Oui, qui est-ce ? me répondit-on péniblement.
- C'est monsieur Albert, le voisin.
- Ah.
C'était sa réponse, qui ne trahissait jamais ni joie, ni tristesse, ni rien d'humain. À chaque fois, elle mettait trois heures pour ouvrir. Sans doute le temps de comprendre une nouvelle fois le mécanisme, qu'elle oubliait à chaque fois... La pauvre vieille !

La voilà qui ouvre...
- Oui, c'est pour qu..
- Dégage de là, la vieille !! m'exclamai-je.
Et avec son expression incrédule, de femme âgée à qui la société doit tant :
- Plaît-il ?
- Bouge de là, faut qu'on cause !
- Mais...

Je jette un coup d'oeil dans le hall, et j'aperçois un fauteuil.
- Assise ! Tout de suite ! Et gentille !
Je souriais. Mais elle restait plutôt stoïque.
- Veuillez partir, s'il vous plaît, où j'appelle la police... Je connais monsieur...
- La police mon cul, oui !
Là, je sortais un flingue de la poche arrière de mon pantalon. Je le pointai droit sur le visage frippée de la vieille appeurée.
- Je vais être clair : tu vois ton toutou, ton « trésor » que tu dis, eh ben j'en ai ma claque que tu le laisses chier - non, fais pas ta tête de grand-mère choquée, « chier », c'est le mot ! - je disais donc, j'en ai marre que tu le laisses chier tous les jours devant chez moi ! Je te l'ai dit plusieurs fois déjà il me semble, non ? Non ?!
- Euuuh, oui... , répondit-elle en cherchant ses mots, mais comprenez, c'est Hector, c'est...
- C'est qu'un chien, et puis c'est tout ! Si y faut, tirez-le par le cou, la queue, ou tout ce que vous voulez, et faites-le finir sa promenade ailleurs que devant chez moi, c'est compris ?!
- Mais... mais, dit-elle en tremblant de plus en plus... Baissez votre pistolet, et on en discutera calmement...
- Non, tu t'en tireras pas si facilement ! Y a un tas de gens qui tuent sa raison, ou pour une raison de merde. Pour le coup, j'en ai une, moi, de raison de merde ! Mais Albert il est gentil, et il veut juste te faire comprendre : je ne veux plus voir ton clebs devant chez moi, c'est compris ?!
- Mais mais...
Et pour la première fois, je sentais qu'elle craquait. Que bientôt, des larmes de vieille, peut-être les premières larmes de sa vie, couleraient sur ses joues. Mais des larmes moisies et malodorantes, des larmes de survie, et non pas des larmes sincères !
- Debout ! criai-je subitement.
Elle se leva lentement. Je voulais la voir, dans sa pitié, elle qui n'a jamais eu pitié du monde. Et ma sensation fut d'autant plus agréable que je me rendis compte qu'elle n'avait pas su retenir les émotions de son corps.
- Eh ben faudra nettoyer la vieille, ça fera un bon début, hein ? dis-je avec un large sourire, symbole d'une vengeance accomplie.
- Tout ça reste entre nous, hein ?...
Et sur un clin d'oeil, confiant que la pauvre dame n'oserait rien raconter, j'ouvris la porte de chez elle, et m'apprêtai à rentrer, quand un nouveau spectacle me mit hors de moi. Je dégainai le flingue que je venais de camoufler, et je fis feu. Ce fut clair et précis.
- Twingo, fis-je, tranquillement et satisfait. Je l'avais eu en plein dans le mille.
Et malgré les cris que j'entendais de l'autre côté du trottoir, j'étais heureux. Je traversai la route, et observai la dépouille de ma victime, qui avait perdu toute apparence reconnaissable. D'ailleurs, en voyant ce cadavre informe, je me corrigeai :
- Ah non, c'est bingo qu'il fallait dire...

Un labrit, un teckel, un labrador ? Peu importe, j'en avais vraiment assez, de cette vie de chien !
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Geache
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Vieux motard que j'aimais, comme disait l'autre. Merci Pixel.
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Post by Maïwenn »

Je trouve ça vraiment agréable d'écrire sur un thème précis et de voir ce que les autres ont créé à partir des mêmes données de départ. Alors oui, si tu as encore des idées Geache, tu peux continuer à exciter notre fibre créatrice :)
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
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