Banalisation du viol dans l’actualité

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Latinus
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Banalisation du viol dans l’actualité

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n°209 - Jeudi 26 septembre

Rubrique société animée par Floriet



Banalisation du viol dans l’actualité
Quand l'actu préfère les crimes du guerre


Deux faits divers ont marqué l’actualité de la semaine du 16 septembre 2002. Et sont passés quasiment inaperçus. Deux procès de cours d’Assises celui de Nadia* violée en réunion et celui de Nicole* violée en collectivité. L’indifférence des médias préférant une information plus récurrente démontre à quel point la femme doit encore se battre pour avoir le droit de disposer de son corps librement. En attendant ces deux procès ne font que l’objet d’une brève dans les quotidiens quand ce n’est pas une recopie de la dépêche de l’AFP. * Les prénoms des victimes ont été changés par la presse écrite.

L’Histoire du viol du XVIème au XXème siècle. de Georges Vigarello (Ed. Seuil) nous apprend que le fait n’est pas nouveau. Que des condamnations ont toujours été prévues, mais que l’application a toujours était confrontée à la non-reconnaissance des femmes comme des humains à part entière. Par les religions d’abord et par l’Académie de médecine ensuite. Les premiers crimes pour viol à être réellement jugés et punis sont ceux commis sur des enfants. La femme adulte devra attendre près de 300 ans pour que l’on admette timidement qu’elle puisse être violée sans être consentante. De l’Ancien Régime à nos jours, la femme s’est fait violer dans l’indifférence générale quand elle n’a pas été montrée du doigt comme pécheresse provocatrice et/ou déshonorée. Voilà, pourquoi de nos jours les plaintes pour viol sont en constante augmentation. Même si le parcourt d’une plainte reste long et douloureux, la victime obtient réparation. Ce n’était pas le cas au 19ème siècle.

Nous sommes en 1826 à Montélimar (26) marie Teste à 18 ans, elle est ouvrière dans une fabrique de soie. Ses amies lui proposent une promenade à travers les « Ramières voisines de la ville » Dans le seul but de mieux aider trois garçons, qui la surprennent et l’agressent. Marie ne songe nullement à porter plainte. Elle se contente d’adresser de violents reproches à Angélique Faure, une des comparses. Sauf que l’affaire va être connue ! Angélique a fait « publier le déshonneur de Marie. » L’autorité judiciaire ainsi informée, les agresseurs sont emprisonnés et les poursuites engagées. Les familles des accusés tentent de faire pression sur Marie. Un des agresseurs lui promet le mariage. Le procès a lieu tout de même. Deux des trois garçons sont condamnés. Le jugement reste indulgent, tous les participants ne sont pas condamnés. Le Tribunal ne retient pas le viol collectif, dont le nouveau code pénal en fait une circonstance aggravante(la Gazette des tribunaux de 1826.)

Le XIXème siècle c’est aussi le début du recourt aux chiffres pour quantifier la criminalité. Ces statistiques débutantes accordent peut de place au viol. « Acte estimé marginal et toujours rarement jugé. »(Histoire du viol)

Les crimes dus au climat et aux ethnies
« La gazette des tribunaux » du 22 septembre 1830, décrit ainsi un de ses lieux à hauts risques : « La déplorable célébrité du département du Var. Viol commis dans les montagnes de Grasse en 1829 par André Metz, charpentier dévoyé. Le climat y est brûlant, le peuple y est ignorant et abruti, habité par des passions perverses, qu’attiserait de surcroît le voisinage italien. Ce département fournirait la plupart de ces procès si affligeants pour l’humanité.
A la même époque Abel Hugo enquêteur pour la France pittoresque, écrit : « Si dans cette comparaison je donne ma préférence à nos villes, c’est uniquement parce que les villes sont des centres de civilisations. Constat qui sera vite remis en question face à la nouvelle criminalité que vont engendrer les grandes villes.

Les français voyeurs de longue date.
Dès 1820 la presse retrouve sa liberté d’expression, si la télé-réality n’existait pas les quotidiens pourvoyaient largement aux distractions des citoyens. La France se passionnait pour les romans feuilletons comme : Les Misérables de Victor Hugo ou les Mystères de Paris d’Eugène Sue diffusés dans les quotidiens. La presse de cette époque reformate ses quotidiens, leurs présentations et leurs contenus. Principalement la presse dite de curiosité comme « la gazette des tribunaux » et « le petit journal ». La gazette s’adresse à toutes les couches de la société. Les procès font l’objet de reportages spectaculaires avec description de la salle du tribunal, du public, des prévenus et des victimes. Elle évoque le viol et les affaires de mœurs. Les violences sexuelles occupent une place de plus en plus importante : 38 cas en 1826, 46 en 1828, 116 en 1846.
Ce constat nous amène vers un autre. Les lois devenant plus précises sur la nature du viol et les actes délictueux s’y rapportant, les coupables sont de plus en plus dénoncés, donc plus nombreux.

N’allez pas croire que sous l’Ancien régime le viol n’était pas réprimandé, des sanctions de mort étaient prévues. Seulement la loi n’était pas appliquée.. Les affaires se trouvaient déboutées avant d’arriver au Tribunal. De ce fait, les crimes de viol semblaient inexistants Le nombres de plaintes étaient minimes, E. Locard (auteur du dix-setième siècle médico-judiciaire 1902) en recense 49 sur la période allant de 1540 à 1692. Paul Dautricourt en compte 18 pour le XVIIIè siècle en Flandre. De 1760 à 1770, 3 plaintes émanent de femmes adultes et 4 entre 1780 et 1790. Sur ces sept plaintes déposées en trente ans, une seule fera l’objet d’une condamnation à 3 ans de galères. Guillaume Dagay quant à lui devra verser une amende pour avoir poursuivit, insulté et maltraité avec six comparses contumaces (ils n’ont pas été retrouvés) une femme dans les champs. Les cinq autres plaintes seront suspendues. (Histoire du viol) On comprend que dans de telles conditions et vu le peu de cas qui était fait à la condition féminine que s’il y avait peu de plaintes, cela ne signifie pas qu’il y avait peu de viol, au contraire l’impunité était incitative. Même les enfants étaient soupçonnés d’être consentants et incitateurs. Dans les cas de viol de garçon, la sodomie étant un acte contre nature, l’enfant était punit tout autant que le violeur.

L’arsenal des lois s’affûtant au fil des années, rend coupable aujourd’hui un fait qui ne l’était pas hier. L’attouchement sur des enfants, n’a été reconnu illégal qu’au 20ème siècle. Dans son livre « Violence et agression sexuelle » S-J. Bornstein écrit : « Les violeurs constituent une catégorie en hausse vertigineuse. » C’est ignoré que les légistes renforcent les lois et surtout que ce ne sont pas les violeurs qui augmentent mais les victimes qui ne se taisent plus. C’est encore un refus et un déni de ce que les femmes vivent.

Jusqu’en 1978 les viols étaient jugés en correctionnelle, souvent en tant qu’attentat à la pudeur. Le 28 juin 1978, le Sénat débat sur le nouveau texte de loi sur le viol. La définition définitive qui est adoptée est celle-ci : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte ou surprise, constitue un viol » C’est maintenant un crime jugé aux Assises.
Grâce à ce texte les hommes peuvent enfin demander justice. Alors qu’il y a 200 ans, l’homme était reconnu aussi coupable que le ou les violeurs. Les viols dans les prisons constituent une grande partie des viols au masculins. « Mes nuits sont hantées par les bruits que j’entendais là-bas, dont les pires sont sans doute les hurlements des détenus, en particulier ceux des nouveaux venus sodomisés dès leur arrivée par leurs compagnons de cellule, sans que nous puissions intervenir. » (Libération du 13 octobre 1996). Il n’y a pas de statistiques des viols en milieu carcéral, juste les chiffres des plaintes et des procès. La loi du silence régit cet univers clos. Seul chiffre connu celui d’une enquête de l’Observatoire International des Prisons (OIP) 21% des détenus reconnaissent avoir eu des rapports homosexuels. Peu avoue avoir été agressé sexuellement, tant la honte est grande chez l’homme. En 1998, 2,5 des hommes adultes sont recensés pour avoir été violés.

Tous ces faits avérés en constante augmentation ne relèvent pas d’une dépravation de la moralité sexuelle. Mais de la prise de conscience de chacun. La justice adaptant ses textes de lois au plus juste, les victimes acceptant enfin de parler sachant qu’elles vont entendues. Et les tribunaux condamnant de plus en plus lourdement les actes de délinquance sexuelle.
Plus un pays définit et hiérarchise ses lois, plus le nombres de victimes diminue dans une catégorie et augmente dans une autre. Une législation plus claire permet aussi aux victimes de se reconnaître en tant que telle.
Les lois ont évoluées dans le bon sens, reste à vaincre la loi du silence qui entoure toujours les viols et les incestes. Reste à vaincre l’idée reçue qui malheureusement est encore trop véhiculée par les croyants (toutes religions confondues) et les gens bien pensants qui veut qu’une femme libre de sa vie et de son corps soit jugée comme une femme perdue. Cette même idée reçue qui permet à une des avocates des accusés de Nadia de dire en parlant de la victime : « Il y a le problème de la victime qui n’a pas su dire non. C’était même une fille paumée dans un contexte très très particulier. » (source AFP)

Quand les hommes oseront parler des viols qu’ils subissent, quant ils oseront demander justice, ce sera une grande avancée pour nous les femmes. Les violeurs isolés et en groupe commenceront à réfléchire que de bourreaux, ils peuvent devenir victime. Ils comprendront peut-être enfin ce veut dire ’être libre de disposer de son corps..


Quelques chiffres :
Plaintes pour viol en 1976 13,1%
Plaintes pour viol en 1994 18.4%
Taux d’affaires élucidées
Attentats à la pudeur 1974 71%
Viols 1974 71%
Attentats à la pudeur 1994 78%
Viols 1994 85%
Peines de prison de 5 ans et plus
En 1970 54%
entre 1978 et 1992 74%

Peines de prison de 10 ans et plus
Elles passent de 13% à 35% sur la totalité des viols. Les peines de prison pour attentat à la pudeur sur adulte en moyenne 17 mois pour un mineur de 21 mois (Infosat, Ministère de la Justice)
Le site de SOS femmes accueil avance des chiffres plus récents.
http://www.sosfemmes.com/violences/viol_chiffres.htm
Age des victimes au moment de l'agression(pas nécessairement au moment de l'appel) En 1998, 1.865 viols et autres agressions sexuelles ont été dénoncées à la permanence téléphonique. Les données qui suivent proviennent de l'analyse statistique de ces appels (plus des statistiques ministérielles

Adultes ( 18) = 32,7%
Ados (15-18) = 11,9%
Enfants (
Inconnu = 9;5%
Sexe des victimes
Sexe féminin 91,2%
Sexe masculin 8,8%

@ 10,8 % sont des adolescentes
@ 30,2 % sont des femmes adultes
@ 4,3 % sont des garçons
@ 1,1 % des adolescents
@ 2,5 % des hommes adultes
à quoi il faut ajouter 9,5 % d'âge et/ou de sexe indéterminés

Les sites relatant les viols de Nadia et Nicole
Nadia aujourd'hui 19 ans a été victime d'une tournante par 18 garçons à peine plus agés qu'elle. Le procès à débuté lundi et le verdict tombera le 27 septembre. Merci à 20 minutes qui le premier à réagit. Site de TF1 pour lire le résumé de l'affaire.
http://www.tf1.fr/news/france/0,,945961,00.html

Nicole mère de famille de 30 ans victime de viol d'un viol collectif par 7 jeunes gens de 17 à 20 ans.

Le procès semble s'être ouvert mercredi 18 septembre et le verdict est tombé vendredi 20. Peu détails.
http://www.tf1.fr/news/france/0,,945961,00.html suivant les dernières dépêches de l'AFP.

Et pour vous redonner le morale un viol au Pakistan qui date de juillet dernier.
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,32 ... 8-,00.html
Les courses hippiques, lorsqu'elles s'y frottent.
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