attention, bientôt ça se passera en maternelle...

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comment devons nous réagir face à une telle situation

fermement, quitte à subir des sanctions
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dialoguer, ce petit est perturbé...
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exclure le gamin de l'école
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placer le gamin en centre "fermé"
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ElieDeLeuze
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Post by ElieDeLeuze »

La formulation est épicée parce que j'ai quelques exemples en tête dans l'école où je travaille : ils sont trois à être absolument inaccessibles, résistants à tout (dont une fille, d'ailleurs). C'est une école où on ne frappe personne, on ne donne que des quarts d'heure de colle pour pouvoir parler tranquillement et être à l'écoute et non punir, on a un médiateur non-enseignant, et on informe les parents dés qu'ils éternuent (ça prend un temps fou, d'ailleurs). Alors quand j'entends qu'il "suffit" de se montrer compréhensif et de tendre la main pour que tout aille bien, je me dis que moi, prof, dans une vraie école pourtant pas difficile du tout, j'ai une bonne longueur d'avance dans ce débat. En plus, la plupart des écoles sont plus dures que la mienne.


P.S.
Des élèves hyperactifs sous ritaline, j'en ai deux. Ils foutent tout en l'air pour les autres, et ce n'est pas plus d'attention dont ils ont besoin mais moins d'attention victimisante. C'est la pratique qui me fait dire cela : les enfantiliser en les couvant trop accentue leur besoin d'attention, alors que la surveillance de près avec un vraie responsabilisation sans compromis donne des résultats. A chaque heure de cours, tout est à refaire, mais ces enfants balancent entre le confort de se faire traiter comme un bébé et la fierté d'être capable de maturité adulte.[/i]
domanlai
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Post by domanlai »

ElieDeLeuze wrote:Alors quand j'entends qu'il "suffit" de se montrer compréhensif et de tendre la main pour que tout aille bien,

et ce n'est pas plus d'attention dont ils ont besoin mais moins d'attention victimisante. C'est la pratique qui me fait dire cela : les enfantiliser en les couvant trop accentue leur besoin d'attention, alors que la surveillance de près avec un vraie responsabilisation sans compromis donne des résultats. [/i]
je ne sais pas pourquoi tu transformes mon discours
le mot prendre en compte l'état
ou
donner une attention particulière

sont-ils synonymes de
tendre la main et ne rien faire
victimiser
?

Je ne le pense pas


J'ai expliqué : apprendre à se gérer et suivant les tempéraments les méthodes peuvent être variables
我要飛往天上 呀﹗像那天鳥傲翔 呀﹗那裡充滿希望﹗
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

J'aimerais vous dire que j'ai une explication simple à la question de la violence scolaire, surtout aussi précoce, et au rôle que devraient jouer les parents... Mais j'avoue en avoir de moins en moins.


Je suis dans un établissement difficile, très difficile. Et encore, c'est un lycée, à ceci près que le niveau de "folie" est aujourd'hui en lycée ce qu'il était il y a quinze ans dans mon collège, tout aussi ZEP.

Hier, rencontre parents-prof. Quand les parents furent partis, la prof-prince et moi-même partons d'un seul cris (on ne s'était même pas concerté, c'est sorti en même temps et ça nous a fait rire, une telle communion de pensée) : "pourquoi n'a-t-on vu que les parents des enfants qui ne posent aucun problème" ? Pourquoi leur angoisse ("Je suis la maman de la petite Machine, est-ce que je peux vous dire un mot car mon fils m'inquiète beaucoup...") est-elle inversement proportionnelle à la difficulté, scolaire et comportementale, de l'élève ? Dans les rencontres PP, je ne fais que distribuer des louanges, voire rassurer les parents.

La lueur d'angoisse dans les yeux de ces parents-là me fait presque peur. Et ne me pousse pas à le devenir un jour. Tout comme je souffre pour la petite Hermantrude, coincée entre un papa et un grand-frère, qui a chaque fois que nous présentons l'un des aspects du projet de première STG (telle sortie optionnelle, telle possibilité de stage...) se retournent et lui disent en stéréo "tu iras à ça, hein ?".

Et les autres ? À quoi peut-il ressembler, le parent de ma Khalida ou de ma Léonie (tous les prénoms sont changés), qui sabotent littéralement mon cours de première, qui ne peuvent rester une seconde sans bouger, parler, hurler, me contester parfois violemment (jamais physiquement), pour lesquelles je multiplie les rapports et les sanctions ? Khalida ne semble même pas comprendre qu'elle est en train de m'attaquer. Léonie ne comprend pas du tout (j'ai fini par le comprendre) pourquoi je lui dis parfois "Mademoiselle, je parle !".

"Mademoiselle, je parle". Quand le professeur parle, l'élève se tait. Cette donnée-là n'est tout simplement jamais entrée dans sa tête, du tout. On ne cherche pas à argumenter quand un prof vous gronde, cela non plus n'est pas entré dans la tête de certains de mes BTS, bougerons comme des secondes mais avec une assurance d'adulte, viennent encore me reprocher de leur avoir manqué de respect quand je hausse le ton pour dire "M. Machin, fermez-là". "D'accord, je parlais avec mon voisin de derrière, mais...". Je n'arriverai pas à lui faire comprendre que ce "mais" est absurde. M. Machin, vous avez 20 ans, vous êtes dans une filière post-bac, dans une filière professionnelle, vous êtes dans une entreprise dans deux mois, dans la vie active dans deux ans. M. Machin, je n'ai pas à vous rappeler à l'ordre, vous n'avez plus à attendre cela de moi.

Ce n'est pas qu'ils transgressent la loi (comme cela est, au fond, assez normal chez un ado face à un prof, voire un parent), c'est qu'ils n'en ont aucune conscience.

Partant, la vie normale de la classe, évidente aux 24 autres envers qui je fais certes de la discipline, mais comme un prof doit en faire (et dans le fond, ça n'a rien de désagréable ; si vous saviez comme je me marre intérieurement quand je gronde des "petits"...), leur est totalement absurde. Tout comme de se taire au cinéma ou au théâtre : ils ne le savent pas, et il est bien tard pour leur faire comprendre.

*

Alors, sélafôtôparents ? Techniquement, oui. Moralement, allez savoir. Est-ce qu'il travaille 65 heures par semaine, l'unique parent de ma Khalida ? Est-ce qu'elle est gravement malade et alitée, virtuellement absente, la maman de ma Léonie ? Un collègue avec qui j'ai permuté (je suis passé du lycée chic au lycée ZEP, il a fait le contraire), qui croyait arriver dans un havre de paix, a découvert qu'il y avait "des gamins avec beaucoup de fric à la maison, mais encore moins de parents"...

Dans les quartiers comme celui de mon lycée, les gamins sont très indépendants. À cinq dans soixante mètres carrés et trois dans la chambre, qui aurait envie de rester ? La rue est toujours plus grande.
Que dire des gamines maghrébines aînées de leurs familles, qui font "maman bis" pour tous les cadets et en particuliers les garçons, petits roitelets de la maisonnée ? Comment leur reprocher de dire ce qu'avait entendu un jour une collègue : "heureusement que c'est la rentrée, on va pouvoir se reposer...".

Bien sûr, il y aura le discours des "responsabilistes", et le pire c'est qu'ils ont parfaitement raison : il y a des familles prolétaires où ça ne se passent pas comme ça. Il ya des parents surexploités qui trouvent encore le moyen d'éduquer leurs enfants. Il y a des mères maghrébines qui font tout pour que leurs filles ne dépendent jamais d'un homme...

Il y a...

Une question de degré, de hasard, d'un tout petit peu plus et d'un tout petit peu moins. Le gland qui tombe au pied du chêne et périt, et celui qui tombera trois mètres plus loin et profitera de l'ombrage. Un tout petit peu plus de temps à la maison, un travail un tout petit peu moins loin, un enfant moins turbulent à l'état naturel...

*

Un dernier mot, encore, sur lequel Elie me rejoindra : l'aggressivité permanente et le sabordage du cours (qui est, en même temps, une forme d'auto-destruction, et c'est ça le pire) sont propres à certains établissements.

Mais le vrai "cas patho", comme on dit en salle des profs, ça, vous en trouverez la même proportion d'Henri IV au neuf-trois...

... L'héritage socio-culturel ne joue que sur la manière dont il va se manifester. La bourgeoisie a l'élégante tradition de l'intériorité : on prend tout sur soi, et on se détruit. Reconnaissons-là avec cynisme : une fille se mutile, une anorexique ou un garçon en train de tomber dans la schizophrénie sont moins fatigants pour le prof que ce garçon de mon établissement, qui après avoir insulté le prof, puis le CPE venu en renfort, puis le proviseur adjoint, puis le proviseur (ah, la voix hiérarchique...) s'était attaqué aux véhicules des profs, puis avait attaqué la fliquette venue à la demande de l'établissement, puis le flic venu en renfort de la fliquette puis le car de police venu en renfort de tout.

. Mais pas moins inquiétants ; encore que : j'ai vu un proviseur de beau quartier affolé, tentant désespérement de retrouver le seul agent de service autorisé à conduire la voiture de l'établissement, parce qu'une élève s'était biturée à mort devant le lycée (donc hors de sa juridiction), et qu'il voulait absolument la ramener chez ses parents avant que les flics ne la découvrent et ne l'emmènent en cellule de dégrisement. Dans le genre, il y avait un cas psy, dans mon lycée chic : je vous jure qu'à le croiser dans les couloirs (je ne l'avais pas comme élève), je remerciais le ciel de n'être ni aux Etats-Unis ni en Finlande ; la rencontre fortuite de ce cerveau dérangé et d'une arme chargée...

*

J'ignore si l'histoire de ce gamin relève du "psycho" ou pas (la frontière entre pathologique et non pathologique est assez floue...), j'aurais tendance à penser que oui. Un enfant n'a pas assez de mots pour exprimer tout ce qu'il ressent ; certains de nos ados n'en ont toujours pas. Les larmes leur sont interdites : la rue a salopé l'enfance, tout autant que "les professionnels de l'enfance", qui habillent nos gamines de neuf ans comme les prostituées n'auraient pas osé le faire il y a trente ans.

Pourquoi mes gamines les plus chiantes sont elles aussi celles qui s'habillent avec le plus de raffinement et de sélection ? Ou peut-être devrais-je me demander : pourquoi moi, le prof, aurais-je le droit de leur interdire quelque chose, puisque maman consommation ne leur interdit rien ? Dans un magasin de fringues, elles sont des êtres libres, autonomes et totalement responsables - c'est du moins ce que veut leur fait croire papa Pub. Je suis moins fort que papa Pub.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
domanlai
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Post by domanlai »

je voulais juste dire que je m'excusais d'être un peu sortie du sujet car ce dont je parle n'est certes pas le fond du problème soulevé dans ce post ou, s'il est lié, ce n'est que très partiellement.

j'aime bien ta manière de regarder la question Sisyphe. Mais c'est vrai que c'est un peu décourageant. Tu dis que c'est à ne pas vouloir d'enfant. Bon, j'en un maintenant et c'est vrai que je repense à bcp de choses de ma génération en tant qu'élève et étudiante, qu'est ce que ça a l'air d'avoir changé ! Sans parler de tout ce que pouvaient nous laisser faire nos parents (en terme de sécurité - pas spécialement liée à l'école) et qui, d enos jours, relève d'un manque de conscience en tant qu parent.

Mais l'essentiel est d'être positif et de croire en ses propres valeurs ! N'est-ce pas ?
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ElieDeLeuze
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Post by ElieDeLeuze »

domanlai wrote:Mais l'essentiel est d'être positif et de croire en ses propres valeurs ! N'est-ce pas ?
Croire en ses propres valeurs n'est plus ni positif ni négatif, c'est une simple stratégie de survie. On n'a pas le choix : sans une foi en béton du bien fondé de nos valeurs, on ne peut pas regarder les élèves en face.

Même rester assis en classe n'est plus une évidence pour tout le monde à 15 ans. Alors quand les gens déplorent la musique trop forte dans le tram, je me retiens de leur dire que la situation est encore bien pire.

L'espoir? Les entreprises n'embauchent pas ceux qui n'obéissent pas. Si, un jour, les jeunes adultes comprennent que leur boulot dépend tout autant de leur éducation domestique que de leurs diplômes, alors là, peut-être, ce sera le début de l'espoir.
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leo
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Post by leo »

ElieDeLeuze wrote:L'espoir? Les entreprises n'embauchent pas ceux qui n'obéissent pas. Si, un jour, les jeunes adultes comprennent que leur boulot dépend tout autant de leur éducation domestique que de leurs diplômes, alors là, peut-être, ce sera le début de l'espoir
je ne pensais pas remuer tant de sentiments, mais après toutes vos réactions, le post de Sisyphe, très juste, et la dernière intervention d'ElieDeLeuze, tout celà m'inquiète vraimant (pour ma fille enseignante surtout qui envisage même de quitter son emploi, mais peut être est elle trop jeune et trop émotive pour l'instant, je lui dis 'patience') quand à l'évolution de notre société... c'est effectivement dans le cadre professionnel me semble t'il que tout change, une certaine prise de conscience des responsabilitées... mais là encore, ce n'est pas le cas de tout le monde, et c'est bien à ce moment là que tout peut être détruit

je pense à une seule issue de secours, les centres aidés, là où via des éducateurs spécialisés on essaye, je dis bien on essaye, de les insérer dans un milieu professionnel
le Travail c'est bien une maladie, puisqu'il y a une Médecine du Travail (Coluche)
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ode
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Post by ode »

Bon alors j'ai lu patiement tout ce que vous avez dit et je pense que je peux maintenant apporter mon opinion.

Franchement vous me faites assez peur. Paradoxalement étant encore actuellement élève, je dois dire que c'est difficile de dire ce qu'il se passe réellement.

Je n'ai jamais été dans une classe avec des élèves aussi terribles que ceux que vous décrivez. Et pourtant j'ai été dans un collège réputé assez difficile par chez moi (je ne sais pas s'il était en ZEP ou pas).
Bien sûr il y a toujours eu un ou deux élèves que les profs avaient du mal à gérer mais pas à ce point. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai eu beaucoup de chance mais des classes et des situations comme vous en décrivez je n'en ai jamais connues. Il y avait pourtant des élèves que je savais en "difficultés sociales" (comme Sisyphe les raconte) et des profs plus ou moins capables (je ne critique pas les profs mais vous ne nierez pas que certains profs savent mieux gérer les élèves, sont plus aptes à se faire confier un élève en pb...).

Les profs ont intérêt à se faire respecter dès les premiers jours quitte à y aller un peu fort au début car même dans une classe "facile" , on a toujours pris un malin plaisir à "embeter" les profs qui nous laissaient faire ! Pour ce qui est du style vestimentaire des "jeunes" quand je vois comment sont fringués les lycéens dans mon lycée j'en suis moi-même effarée! c'est dire! Je ne me rappele pourtant pas que c'etait à ce point il y a 2-3 ans.

Alors moi j'adore aller en cours, je fais partie de ces élèves dont les profs voyaient les parents en réunion parents-prof (soit dit en passant sans que ma mère soit un seul instant inquiète pour moi) mais je ne me fais pas d'illusions la situation telle que vous la décrivez ne m'etonne pas plus que ça. J'ai connu à la fois l'élève qui s'en prend au prof et qui reverse tout sur son passage comme l'élève qui arrive bourré en cour!

Voilà c'est mon point de vu . Je voulais quand même rapporter ce qu'il se passait du côté élève même si je connais aussi bien le côté prof étant assez proche de plusieurs d'entre eux. Et même en prépas il y a encore certains élèves qui posent des problèmes ; moins en deuxième année qu'en première je trouve et j'espère que je pourrais bientôt vous dire ce qu'il en est dans les écoles d'ingé mais on s'éloigne du probleme de Léo qui concernait les primaires! :D
N£ pr£nd$ pa$ la v!£ tr¤p ¤ $£r!£µx : Quo!qu'!l arr!v£ tu n'£n s¤rtira$ pa$ v!vant !
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