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Posted: 07 Jun 2007 13:51
by Sisyphe
:-o Je viens d'en découvrir un que je ne connaissais pas, en écoutant une émission sur Margaret :evil: :gniii: :hot: :insane: Thatcher : le maiden speech : le discours que les jeunes nouveaux députés des Communes d'une législature doivent faire, par tradition, à titre de bizutage.

Ce qui m'a rappelé l'existence du "Shadow Cabinett", qui m'a toujours beaucoup amusé ('faut vraiment être british pour réussir à ne faire rien avec autant de sérieux).

Mais qui suscite une interrogation : pourquoi a-t-on traduit ça par "cabinet fantôme" ?

Posted: 07 Jun 2007 14:21
by didine
Au Parlement Européen, on a des shadow rapporteurs, qui sont des rapporteurs fictifs en francais. C'est déjà mieux que "fantôme"!

Posted: 07 Jun 2007 15:08
by Sisyphe
didine wrote:Au Parlement Européen, on a des shadow rapporteurs, qui sont des rapporteurs fictifs en francais. C'est déjà mieux que "fantôme"!
:-? Euh... C'est quoi exactement ? Ce sont des députés feignasses qui font semblant de faire des rapports essentiels en copiant-collant Wikipédia ? Ou ce sont des faux rapporteurs élus par les groupes minoritaires pour contrer les rapports élus comme le shadow cabinett ?

Au passage : c'est amusant, ce francisme "a rapporteur"... Ca n'existe donc pas dans la tradition politique anglo-saxonne ?

C'est dingue le nombres de concepts politiques exprimés en français par les anglais : a coup-d'état, a politic of grandeur, the dirigisme... Bon, que des babioles franco-napoléono-gaullienne va-t-on dire. Sauf que, quand on consulte le wiki anglophone, on découvre que le seul moyen de traduire la notion de libéralisme économique, à nos yeux essentiellement anglo-saxon, c'est "the laissez-faire economic policies").

Posted: 07 Jun 2007 20:42
by svernoux
C'est à la limite du mot politique, mais on peut rappeler la bravitude, qui vient d'être élue mot de l'année (au festivale du mot de chépluoù - entendu à la radio ce soir)
:D

Posted: 07 Jun 2007 20:53
by didine
Sisyphe wrote: :-? Euh... C'est quoi exactement ? Ce sont des députés feignasses qui font semblant de faire des rapports essentiels en copiant-collant Wikipédia ? Ou ce sont des faux rapporteurs élus par les groupes minoritaires pour contrer les rapports élus comme le shadow cabinett ?
Par exemple si un rapport est attribué à un député du PPE (démocrates-chrétiens), le PSE (socialistes), l'ALDE (libéraux), les Verts et la GUE (communistes) vont chacun nommer un rapporteur fictif chargé de préparer la position du groupe sur le sujet et de suivre le travail du rapporteur.

Les seuls à ne pas avoir de rapporteurs fictifs sont bien sûr les non-inscrits, mais aussi l'UEN (Europe des Nations), l'IND/DEM (Indépendance et Démocratie ; en gros les copains de De Villiers) et l'ITS (Identité, Tradition, Souveraineté ; Le Pen, la petite-fille de Mussolini et leurs copains). Tout simplement parce que ce sont des partis pas franchement fans de l'UE et qu'ils pensent qu'ils ont mieux à faire...

Posted: 19 Jun 2007 02:53
by Sisyphe
:) Je viens d'en découvrir un qui concerne les Etats-Unis : le pocket veto... Tout le monde sait que le président des EU dispose d'un droit de veto dans les dix jours suivant le vote final d'une loi, qui peut être outrepassé par un vote aux deux-tiers, mais à la condition que le congrès soit encore en session.

Mais à la fin d'une législature (c'est-à-dire une année sur deux en fait !), le président peut tout-à-fait "oublier" de signer une loi, la mettre dans sa poche. Dès lors, elle n'est pas exécutoire, et comme il n'y a plus de parlement pour outrepasser sa décision... La prochaine législature devra tout recommencer.

Finalement, on est pas si pire que ça avec notre 49-3... (<- c'est pas une expression politique à proprement parler, mais c'est le seul article de la constitution, avec peut-être l'article 16, que tout le monde connaît).

*

:) Sinon, on est en train de voir naître non pas une expression mais un champ sémantique entier en ce moment, celui de l'océanographie. Je m'explique :

Depuis longtemps, il était d'usage de parler d'une vague lorsque l'Assemblée passait brutalement à gauche ou à droite : la vague bleue, la vague rose...

Depuis quelques temps, les journalistes adorent utiliser le mot étiage ("le parti machin retrouve son étiage de 93...").

Ces dernières semaines, on s'est mis à craindre (ou espérer) la déferlante UMP ou le tsunami bleu.

Or celui-ci n'a pas eu lieu, et aujourd'hui, Libération, France-Soir, Le Monde, Le Figaro, enfin tous, repris par tout ce qu'internet compte de blogs parlent du ressac socialiste.

Et ici et là en particulier sur le net, on commence même à parler de mascaret - ce qui est tout de suite plus technique.

... Et en surfant (si j'ose dire :loljump: ) sur internet, je découvre que le blog des étudiants PS de Sciences-Po - ça existe - écrivait déjà samedi :
Pour éviter que le logique mascaret des présidentielles ne se transforme en raz-de-marée pour l'UMP...
Alors je propose de continuer, et de parler :

- De la turbidité régnant au sein du gouvernement depuis 24 heures.

- De l'advection des idées du Front National au sein de l'aile la plus à droite de la majorité. (advection : "transport d'une quantité scalaire conservée par un champ vectoriel").

- De la chimiocline ("l'interface existant entre différentes couches d'eau, dans une mer, un lac, lorsque celles-ci ne se mélangent pas") régnant entre les deux moitiés de l'ancienne UDF.

- De l'upwelling ou remontée d'eau (" phénomène océanographique qui se produit lorsque de forts vents marins (généralement des vents saisonniers) poussent l'eau de surface des océans laissant ainsi un vide où peuvent remonter les eaux de fond [froides], et avec elle une quantité importante de nutriments") dont a bénéficié le PC grâce au vent de la "TVA sociale".

- De la force de Coriolis qui entraîne le pauvre François Hollande vers le fond.

Et j'en passe...

Posted: 19 Jun 2007 03:05
by Maïwenn
Ouh la la, il est compliqué le poste de Sisyphe au réveil :marto: Il faut que j'aille faire un tour en caisson de repressurisation

Posted: 19 Jun 2007 05:34
by dYShock
Sisyphe wrote:Finalement, on est pas si pire que ça avec notre 49-3... (<- c'est pas une expression politique à proprement parler, mais c'est le seul article de la constitution, avec peut-être l'article 16, que tout le monde connaît
Tout le monde, sauf ceux qui ne vivent pas en France... :sweat:

Quelqu'un peut satisfaire ma curiosité et m'expliquer de quoi il s'agit, siouplait ?

Posted: 19 Jun 2007 10:07
by svernoux
Euh, t'inquiète pas DYShock, moi aussi je suis ignare, et comme Maï, je trouve ça dur au réveil, le post de Sisyphe ! :lol:

Posted: 09 Feb 2008 22:21
by Sisyphe
Je ressuscite, mais je viens de découvrir l'existence du Hammelsprung ("saut-de-mouton") au Bundestag allemand : c'est une méthode de compte lors des votes par oui ou non ; tous les députés votant "oui" sortent par une porte, ceux votant "non" par une autre et ceux qui s'abstiennent par une troisième ; un huissier faisant le compte à chacune.

Original. L'histoire ne dit pas si la proximité de la porte des "non" avec les toilettes a pu influer sur les opinions politiques des députés à la prostate souffreteuse.

@Dyshock : tu veux toujours que je t'explique la subtilité du "49-3" à la française ?

Posted: 09 Feb 2008 22:30
by Fuokusu
Le 49-3 n'est-il pas le coup de vote en force ? À moins que je me trompe...

Posted: 09 Feb 2008 22:35
by kokoyaya
Fuokusu wrote:Le 49-3 n'est-il pas le coup de vote en force ? À moins que je me trompe...
C'est même pas un vote, c'est justement un truc pour faire passer une loi sans vote.

Posted: 10 Feb 2008 12:54
by ANTHOS
Concernant "49-3 "

Selon ma compréhension, il y a une vote dans la mésure ou les parlementaires doivent accorder le droit de légiferer sans passer par eux et ceci pour un domaine précis et pendant un temps limité

Posted: 10 Feb 2008 14:09
by Sisyphe
ANTHOS wrote:Concernant "49-3 "

Selon ma compréhension, il y a une vote dans la mésure ou les parlementaires doivent accorder le droit de légiferer sans passer par eux et ceci pour un domaine précis et pendant un temps limité
Non, ça ce sont les ordonnances, qui relèvent de l'article 38 !

*

Allez, je vous la fais courte :

L'article 49 alinéa 3 de la constitution permet au gouvernement d'engager sa responsabilité sur le vote d'un texte dans l'état où il se trouve au moment où le gouvernement lance sa procédure.

En gros, c'est du chantage : "soit vous votez ce texte tel qu'il est sans en modifier une seule virgule, soit le gouvernement démissionne et c'est le bordel".

Tactique héritée de Napoléon : "moi ou le chaos". :loljump:

Donc, si, : il y a vote du parlement. Mais un vote un peu forcé, avec un pistolet sur la tempe.

En théorie, c'était fait pour passer outre les problèmes créés par l'absence de majorité absolue. Cas qui ne s'est produit qu'une seule fois, en 88 (gouvernement Rocard) : aucun parti n'avait la majorité absolue à l'Assemblée. Donc, n'importe quel groupe (en particulier à l'époque les communistes) pouvait embêter sans fin le gouvernement : si les communistes s'alliaient à l'UDF et au RPR pour voter "non" à une loi proposée les socialistes, elle ne passait pas...

Même chose si les communistes avaient voulu à toute force faire passer un amendement au projet de loi.

Dans ces cas-là, le 49-3 met les groupes récalcitrants au pied du mur : si vous votez non, le gouvernement saute. Ce qui veut dire au moins un mois et demi sans gouvernement, la France paralysée...
... Et surtout, ça permet de reporter la faute morale sur le groupe bloqueur : si Rocard avait "sauté" sur un 49-3, il aurait pu dire "c'est le bordel, mais c'est pas ma faute : ce sont les communistes qui ont voulu jouer au plus con".

En réalité, ce cas-là est rare. Et généralement, le 49-3 est utilisé :

- Quand la majorité devient frondeuse (en général quand l'état de grâce d'un nouveau président est fini et que les députés de la majorité commencent à trouver que son action nuit à leurs propres intérêts électoraux ; ou qu'elle trouve que le gouvernement les traite comme des larbins).
- Quand l'opposition cherche à "gagner du temps" en faisant de l'obstruction (en déposant 4905 amendement, sachant que chacun suppose que tous les groupes s'expriment dessus...).


Je crois que la dernière utilisation, c'était sous Villepin, au moment du CPE, et les deux circonstances étaient réunies ('faut le faire...) : l'opposition cherchait à gagner du temps (pour organiser une réaction populaire), et la majorité parlementaire commençait sérieusement à en avoir ras-la-casquette de Chirac finissant et ne voulait pas perdre les prochaines élections sur une lubie d'un premier ministre qui n'avait jamais été élu.

Posted: 10 Feb 2008 14:27
by czort
svernoux wrote:C'est à la limite du mot politique, mais on peut rappeler la bravitude, qui vient d'être élue mot de l'année (au festivale du mot de chépluoù - entendu à la radio ce soir)

fait mal a la tete ce sujet argh la politique ... sinon bravitude ce mot existe ( par curiosité j'ai regardé faut pas se fier aux medias tout le temps ) et beaucoup de monde a cru a une erreur de language , une invention plus ou moins , tout du moins une *boulette* ( vous pouvez rajouter ce mot a la liste politique tiens ) en lieu et place de bravoure .

mais non miss Royal avait raison. mais bon il y a tellement de mots qu'on n'a pas l'habitude d'entendre, d'ailleurs un de mes amis a appris recemment que le mot comptage existe bel et bien, même si ca sonne bizarre