Salut Elie,
Pratiques-tu toujours la calligraphie chinoise ?
je voulais juste faire qq commentaires sur des points que je vois un peu différemment.
ElieDeLeuze wrote:
Le mérite des chinois est de penser leurs langues à partir des caractères, donc du socle commun. C'est nettement moins bête que la psychose délirante nationaliste suisse. Il n'y a pas de bilinguisme possible allemand/schwiizerdüütsch car il n'y a pas de schwiizedüütsch en tant que langue constituée. La diglossie est de moins en moins rigoureuse avec elle même, mélange de paresse et de bêtise par lesquelles le monde chinois ne semble pas être aussi affecté.
Ça m'est difficile de comparer les deux contextes car je ne connais pas du tout cette région ni les langues germaniques. En tous cas le contexte politique est franchement différent.
Par contre, je voulais rebondir sur le fait que les chinois pensent leurs langues en caractères. c'est vrai bien sur mais il faut quand même relativiser :
1/ le chinois moderne qui est donc devenu un chinois très différent du chinois écrit de l'époque ancienne (chinois classique) en se rapprochant bien de la structure orale ce qui noie par la même occasion le nombre de purs idéogrammes en rajoutant énormément de caractères structurels. Donc ça, ça change vraiment la perspective de la langue.
2/ faut pas oublier que les chinois depuis plusieurs générations commencent par apprendre le pinyin (en Chine) et le bopomofo (à Taiwan) - supports complètement phonétiques et étrangers à la langue écrite avant et donc pour mémoriser plus facilement les caractères. Donc j'imagine que ça doit pas mal changer la perception de la langue. Mon mari a appris les caractères au fur et à mesure sans support phonétique. Je ne sais pas comment ça se passe à HK actuellement dans les classes qui utilisent toujours le canto comme outil pédagogique. Mais il y a qq années je voyais énormément de jeunes utiliser les tablettes de saisie sur ordi dans les bibliothèques de HK alors que la Chine continentale est principalement à la saisie pinyin. Et je peux dire que ça donne énormément de fautes (des caractères homophones saisis par erreur en tapant trop vite - je parle de chinois qui dans un contexte professionnel font ces fautes).
Et enfin, je voulais juste redire par spécialement pour toi hein, mais tant que j'y suis ... que les chinois mettent dans la catégorie dialectes tout ce qui n'est pas langue officielle mandarin. Or l'échelle de la Chine est équivalente à l'échelle de l'Europe et l'on trouve donc des groueps linguistiques à l'intérieur de la grande famille chinoise qui sont vraiment très différents et pour lesquels il existe une vraie diglossie.
ElieDeLeuze wrote:
Je ne sais pas si les Chinois du nord vont prendre le contrôle de Hong Kong si les Hongkongais ne bossent pas leur mandarin, mais c'est déjà un peu le cas à Taïwan où le mandarin s'impose par nécessité économique et commerciale et un peu politique aussi ("enfin", dirais-je, mais bon, je ne veux pas passer pour un militant).
Pour Taiwan, je ne suis pas du tout d'accord. Le fort enracinement du mandarin à Taiwan ne vient absolument pas de la pression économique du continent sur l'ïle mais d'un choix volontaire et ancien du KMT à l'époque où il pensait encore reprendre le pouvoir sur la Chine entière. Pour cela il fallait que Taiwan soit à niveau. Donc le minnan et les autres dialectes ont été écrasés (littéralement interdits pendant un certain temps) depuis un bon moment par le pouvoir politique local tout simplement. Le DPP a apporté une bouffée d'air mais c'est resté que le Nord de l'île est déjà très mandarin et le sud (un peu plus campagnard) a un peu plus conservé ses habitudes tout en étant également au mandarin. J'avais une collègue à Taipei dotn le père était hakka et parlait hakka, minnan et mandarin : sa fille ne parlait que mandarin car pour le père c'était inutile d'apprendre les autres dialectes. Dans le bureau où j'étais pas plus de 15-20% des employés étaient capables de parler minnan.
Je ne sais pas quel sera le déclic politique pour HK (ce qui ferait basculer vite serait l'abandon du cantonais dans la sphère politique, admin et culturelle) mais il est clair que les hongkongais tout en ayant un malaise identitaire épidermique voient déjà leur langue comme inutile.
je suis plus trop en détail depusi qq temps mais je pense que c'est encore largement dans cette phase.