Grec ancien : v euphonique et o mystérieux

Bienvenue sur le forum Freelang.com !

Moderators: kokoyaya, Beaumont, Sisyphe

Post Reply
Achille
Membre / Member
Posts: 145
Joined: 06 Apr 2017 08:26
Location: France

Grec ancien : v euphonique et o mystérieux

Post by Achille »

Bonjour,

Dans l'extrait suivant du Songe ou le Coq de Lucien, comment s'explique ce v euphonique à la fin du verbe ἀνίσχειν ?
ἢν γοῦν πρὶν ἥλιον ἀνίσχειν μὶαν κρηπῖδα ἐργάσῃ,
Dans la prière Πάτερ ἡμῶν , quelle est la nature de ? Est-ce un article, un démonstratif, un relatif ?
Πάτερ ἡμῶν ἐν τοῖς οὐρανοῖς·ἁγιασθήτω τὸ ὄνομά σου·
Je vous remercie.
User avatar
Sisyphe
Freelang co-moderator
Posts: 10923
Joined: 08 Jan 2004 19:14
Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Re: Grec ancien : v euphonique et o mystérieux

Post by Sisyphe »

Achille wrote: 30 Mar 2018 10:01 Bonjour,

Dans l'extrait suivant du Songe ou le Coq de Lucien, comment s'explique ce v euphonique à la fin du verbe ἀνίσχειν ?
ἢν γοῦν πρὶν ἥλιον ἀνίσχειν μὶαν κρηπῖδα ἐργάσῃ,
;) Tout simplement parce que ce n'est pas un nu éphelcystique (il n'y en a jamais après ει, seulement après un ι isolé) : ἀνίσκειν est un infinitif, ce qui est une possibilité courante avec πρίν.

Cela étant, le texte que vous suivez est ce qu'on appelle une lectio difficilior, c'est-à-dire une version parmi les différents manuscrits (une "leçon"à plus difficile à comprendre mais pas totalement impossible non plus). Sur hodoi elektronikai, le texte est le suivant :
εἰ γοῦν πρὶν ἀνατεῖλαι ἥλιον μίαν κρηπῖδα ἐξεργάσαιο
"Si avant que le soleil ne se lève tu n'avais fait qu'une seule savate" (avec cette fois-ci un verbe bêtement conjugué.
Dans la prière Πάτερ ἡμῶν , quelle est la nature de ? Est-ce un article, un démonstratif, un relatif ?
Πάτερ ἡμῶν ἐν τοῖς οὐρανοῖς·ἁγιασθήτω τὸ ὄνομά σου·
Je vous remercie.
C'est un article (le relatif classique, c'est ὅς). Une règle fondamentale du grec veut en principe que toutes les "expansions du groupe nominale" (les génitifs, mais aussi les compléments prépositionnels comme ici) soient "sous l'article", c'est-à-dire :
- Soit enclavé : ὁ τῶν Ἀθηναίων δῇμος, ἡ ἐν Μαραθῶνι μάχῃ (litt. "le des Athéniens peuple, la dans Marathon bataille")
- Soit après un article répété : ὁ δῇμος ὁ τῶν Ἀθηναίων, ἡ ὁ ἐν Μαραθῶνι μάχῃ ἡ ἐν Μαραθῶνι (litt. "le peuple le des Athéniens, la bataille la dans Marathon").

La seconde est stylistiquement plus marquée, mais moins "lourde" qu'une vraie relative. Dans votre cas, la première est impossible puisque de toute façon il n'y a pas d'article devant un vocatif.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Achille
Membre / Member
Posts: 145
Joined: 06 Apr 2017 08:26
Location: France

Re: Grec ancien : v euphonique et o mystérieux

Post by Achille »

En 2 minutes de lecture, j'apprends 2 choses :
- ἀνίσκειν est un infinitif, ce qui est une possibilité courante avec πρίν.
En effet, je découvre la règle dans ma grammaire !
toutes les "expansions du groupe nominal" (aussi les compléments prépositionnels) soient "sous l'article",
Je connaissais le cas pour les adjectifs qualificatifs et les génitifs. Je découvre la 3° possibilité aujourd'hui !

Merci à vous, et bon week-end de Pâques !
Achille
Membre / Member
Posts: 145
Joined: 06 Apr 2017 08:26
Location: France

Re: Grec ancien : v euphonique et o mystérieux

Post by Achille »

εἰ γοῦν πρὶν ἀνατεῖλαι ἥλιον μίαν κρηπῖδα ἐξεργάσαιο

"Si avant que le soleil ne se lève tu n'avais fait qu'une seule savate" (avec cette fois-ci un verbe bêtement conjugué).
Euh... Je me demande si on n'a pas affaire aussi à un infinitif (aoriste) dans votre exemple, plutôt qu'à un verbe conjugué. Ce qui me met la puce à l'oreille c'est l'accusatif ἥλιον .
User avatar
Sisyphe
Freelang co-moderator
Posts: 10923
Joined: 08 Jan 2004 19:14
Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Re: Grec ancien : v euphonique et o mystérieux

Post by Sisyphe »

Achille wrote: 31 Mar 2018 17:42
εἰ γοῦν πρὶν ἀνατεῖλαι ἥλιον μίαν κρηπῖδα ἐξεργάσαιο

"Si avant que le soleil ne se lève tu n'avais fait qu'une seule savate" (avec cette fois-ci un verbe bêtement conjugué).
Euh... Je me demande si on n'a pas affaire aussi à un infinitif (aoriste) dans votre exemple, plutôt qu'à un verbe conjugué. Ce qui me met la puce à l'oreille c'est l'accusatif ἥλιον .
:confused: ;) Oups, vous avez raison... En fait, spontanément, j'avais vu un optatif "lydien" (λύσαιμι, λύσαις, λύσαι), formation plus cohérente que l'optatif attique traditionnel, et je m'étais dit qu'un relativement tardif comme Lucien devait l'employer...

Sauf que non seulement vous avez raison pour l'accusatif, mais en plus l'accentuation n'est pas la même, puisqu'on aurait ἀνάστειλαι ἀναστείλαι... C'est un des cas où l'apprentissage de λύω comme modèle-type est une redoutable erreur, parce que le mot n'a que deux syllabes et qu'on ne voit pas la différence entre les formes où l'accent remonte et les formes où il ne remonte pas... Mais j'ai "délié" depuis le seconde, et je n'ai jamais été capable de réciter autre chose.

:-? Chaque fois que vous passez, Achille, je me rends compte que mon grec (que je n'enseigne pas) se λύεται à vue d'oeil...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
User avatar
Sisyphe
Freelang co-moderator
Posts: 10923
Joined: 08 Jan 2004 19:14
Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Re: Grec ancien : v euphonique et o mystérieux

Post by Sisyphe »

... :) Et bien sûr personne n'a vu que je m'étais encore trompé d'accent, puisque bien évidemment, on a :

- Optatif lydien : ἀναστεἰλαι (règle de base : à l'optatif, l'accent est toujours sur l'unité accentuelle précédent immédiatement le iota)
- Infinitif aoriste : ἀναστεῖλαι (deux règles de base : l'accent des infinitifs en -ναι et -σαι frappe toujours la syllabe précédente, et pénultième longue accentuée est toujours périspomène).

:sun: Le problème en grec, c'est qu'il n'y a que des règles de base, en fait il y en a des centaines, sauf quand il y a des exceptions...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Post Reply