AahMaïwenn wrote:Moi je dis pouèle ! Comme didine, et comme tous les gens d'ici. Une fois de plus y'a beaucoup d'affinités entre les Bretons de l'ouest et les Nordistes !
Prononciation du mot "poêle"
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Tant mieux ! Mais pourquoi tu n'as pas voté ?Penn kalet wrote:Les bretons de l'est aussi disent pouèlesMaïwenn wrote:Moi je dis pouèle ! Comme didine, et comme tous les gens d'ici. Une fois de plus y'a beaucoup d'affinités entre les Bretons de l'ouest et les Nordistes !
Et une pouèllée, vous dites pouallée?
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Voter oui ou non ?, j'hésite, comme beaucoupMaïwenn wrote:Tant mieux ! Mais pourquoi tu n'as pas voté ?Penn kalet wrote:Les bretons de l'est aussi disent pouèlesMaïwenn wrote:Moi je dis pouèle ! Comme didine, et comme tous les gens d'ici. Une fois de plus y'a beaucoup d'affinités entre les Bretons de l'ouest et les Nordistes !
Et une pouèllée, vous dites pouallée?
Ah non, ça n'a rien à voir, je mélange...
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[pwal]
***
E. et J. Bourciez, Phonétique française, § 38-4 "Dans un certain nombre de mots savant d'emprunt ancien, le groupe ai semble être passé à "oi" sous l'influence d'une consonne labiale qui le précédait. C'est ainsi qu'on a eu "armoire" pour "armaire" (armarium), "grimoire" forme divergente de "grammaire" (grammatica), "poêle" (pallium) pour l'ancien français "paile"
Il s'agit dans ce dernier cas du mot "poêle" signifiant "drap du cercueil" ou "drap de mariage" (pallium en latin).
Mais, § 54-I :
"Par confusion avec deux autres mot de forme similaire, mais d'origine et de sens très distinct ("poêle" dais et "poêle" à frire), on écrit ordinairement "poêle" pour l'ancien français "poisle" (latin "pensile"), terme qui désigne le fourneau de chauffage".
Et enfin, §88-V :
"l'a initial est devenu o dans "Noël < natalem" (...) il en at été de même plus tard pour l'ancien français "paele" < "patella", qui est encore chez Montaigne, et est devenu poêle [pwâl] sous l'action de la labiale p."
En claire :
"poêle à frire" patella > paele (et paella en espagnol ) > poel > pwel > pwal
"poêle à charbon" pensile > poisle [poel] > [pwel] > [pwal]
"poêle de mariage" pallium > paile [pεl] > poêle [poel] > [pwal] - Littré l'écrit "poèle" mais indique [pwal]
Donc, tous les trois se sont un jour prononcés [we], et partout où la prononciation [we] est résistante, on devrait prononcer [pwel] .
Mais curieusement, si l'on en croit le même Bourciez (ibidem), le [oé/we] est résistant dans le centre et dans l'est (quoique pas en Franche-Comté)... Alors pourquoi le [pwel] semble-t-il être adopté par les Nordistes et les Bretons comme vous le dites ?
J'aurais tendance à penser que c'est beaucoup plus une réaction à la graphie qui s'est généralisée "en tâche d'huile" dans quelques endroits (de même que "les moerSS" ou "au grand damm" au lieu de [moer] et [dã], ou [dõpte] aujourd'hui alors que "dompter" n'a jamais eu de p).
Ah la grande misère de la dialectologie française...
***
E. et J. Bourciez, Phonétique française, § 38-4 "Dans un certain nombre de mots savant d'emprunt ancien, le groupe ai semble être passé à "oi" sous l'influence d'une consonne labiale qui le précédait. C'est ainsi qu'on a eu "armoire" pour "armaire" (armarium), "grimoire" forme divergente de "grammaire" (grammatica), "poêle" (pallium) pour l'ancien français "paile"
Il s'agit dans ce dernier cas du mot "poêle" signifiant "drap du cercueil" ou "drap de mariage" (pallium en latin).
Mais, § 54-I :
"Par confusion avec deux autres mot de forme similaire, mais d'origine et de sens très distinct ("poêle" dais et "poêle" à frire), on écrit ordinairement "poêle" pour l'ancien français "poisle" (latin "pensile"), terme qui désigne le fourneau de chauffage".
Et enfin, §88-V :
"l'a initial est devenu o dans "Noël < natalem" (...) il en at été de même plus tard pour l'ancien français "paele" < "patella", qui est encore chez Montaigne, et est devenu poêle [pwâl] sous l'action de la labiale p."
En claire :
"poêle à frire" patella > paele (et paella en espagnol ) > poel > pwel > pwal
"poêle à charbon" pensile > poisle [poel] > [pwel] > [pwal]
"poêle de mariage" pallium > paile [pεl] > poêle [poel] > [pwal] - Littré l'écrit "poèle" mais indique [pwal]
Donc, tous les trois se sont un jour prononcés [we], et partout où la prononciation [we] est résistante, on devrait prononcer [pwel] .
Mais curieusement, si l'on en croit le même Bourciez (ibidem), le [oé/we] est résistant dans le centre et dans l'est (quoique pas en Franche-Comté)... Alors pourquoi le [pwel] semble-t-il être adopté par les Nordistes et les Bretons comme vous le dites ?
J'aurais tendance à penser que c'est beaucoup plus une réaction à la graphie qui s'est généralisée "en tâche d'huile" dans quelques endroits (de même que "les moerSS" ou "au grand damm" au lieu de [moer] et [dã], ou [dõpte] aujourd'hui alors que "dompter" n'a jamais eu de p).
Ah la grande misère de la dialectologie française...
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Très chère Didine,
Tu as tendu toi-même le fouet qui allait te battre.
Mon camp mène 15 à 3.
Je ne pourrais donc que continuer à rigoler en t'entendant dire pouèle
Plus sérieusement, tout ceci me fait penser à Monsieur de la Boëtie, dont on appelle aujourd'hui la rue Rue de la Boétie (prononcé Boécie), alors qu'on le prononçait, à son époque Boissy. Du moins le crois-je, et je fais appel à Sisyphe pour m'éclaircir sur ce point.
Tu as tendu toi-même le fouet qui allait te battre.
Mon camp mène 15 à 3.
Je ne pourrais donc que continuer à rigoler en t'entendant dire pouèle
Plus sérieusement, tout ceci me fait penser à Monsieur de la Boëtie, dont on appelle aujourd'hui la rue Rue de la Boétie (prononcé Boécie), alors qu'on le prononçait, à son époque Boissy. Du moins le crois-je, et je fais appel à Sisyphe pour m'éclaircir sur ce point.
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L'usage actuel est plutôt d'écrire "Boétie" avec un accent aigu.Plus sérieusement, tout ceci me fait penser à Monsieur de la Boëtie, dont on appelle aujourd'hui la rue Rue de la Boétie (prononcé Boécie), alors qu'on le prononçait, à son époque Boissy. Du moins le crois-je, et je fais appel à Sisyphe pour m'éclaircir sur ce point.
En fait, c'est plutôt l'inverse : on pronçait Boissy [boéssi]. Du moins à la cour.
[we] est la prononciation originelle. [wa] commence à supplanter [we] au XIVe siècle dans le parler populaire parisien. Vaugelas condamne vigoureusement [wa], et les condamnations se multiplient jusqu'à la fin XVIIIe siècle, mais se font de moins en moins vigoureuses, et la prononciation [wa] est admise à la Révolution. Paradoxalement, [we] passe pour paysan à partir de cette date.
Mais tu as quand même raison en ce sens que le peuple parisien lui prononçait certainement Boétie [bwassi] du vivant de l'auteur. De même que Montaigne se prononçait certainement "montagne" à cette même époque - dans les deux cas, la graphie est un archaïsme. Et notre prononciation actuelle [Boéssi] et [montègne].
Quant à savoir comment Etienne prononçait son nom... Probablement [we], car d'une part ce n'est pas un Parisien, d'autre part il écrivait bien "Boétie", et qui plus est, c'était un homme de cours. Mais il ne se serait pas vraiment offusqué qu'on prononçât [wa] - on était beaucoup plus souple qu'aujourd'hui sur les noms propres. Louis ou Louys, Louise Labé ou Loïze Labbé, Guillerague ou Guilleraque (le possible auteurs des Lettres portugaises, d'Assoucy ou Dassoucy (le "boyfriend" de Cyrano de Bergerac), etc.
Un auteur très intéressant par ailleurs, La Boétie
heu, c'est pas très évident à écrire cette prononciation, je dirait le même son quand le verbe bouillir en anglais : "to boil"Penn kalet wrote: Et si on leur demandait comment on prononce le nom de la langue d'oil, ils vont rigoler aussi, les évolués On les attends
Un "o" suivi un "i" (un peu comme "boy")
Les courses hippiques, lorsqu'elles s'y frottent.
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Non, en théorie c'est [o-il] (eau-île). Car morphologiquement, c'est "o + il". O veut dire "oui"*, et -il est une particule de renforcement, comme dans "nennil".Latinus wrote:heu, c'est pas très évident à écrire cette prononciation, je dirait le même son quand le verbe bouillir en anglais : "to boil"Penn kalet wrote: Et si on leur demandait comment on prononce le nom de la langue d'oil, ils vont rigoler aussi, les évolués On les attends
Un "o" suivi un "i" (un peu comme "boy")
En ancien français, "o" représente 7 mots différents : "ceci", "oui", "où/quand", "ou/ou bien", "ô", "en+le", "armée/guerre = ost".
On le voit bien dans la Chanson de Roland, écrite en décasyllabes :
"Mult me merveill se ja verrum Carlun
dist Balligant, oïl car mult est proz"
(Ce sera pour moi une chose admirable que de voir Charles
dit Balligant, "oui, car il est très courageux)
(o/il/car/mult/est/proz = 6 syllabes)