Réflexion sur les hommes

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didine
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Réflexion sur les hommes

Post by didine »

Il y a un livre finlandais que j'adore, "Klassikko" de Kari Hotakainen. Il se termine par une réflexion sur les hommes qui résume tout le livre. J'ai relu la fin hier soir et j'ai une nouvelle fois été scotchée. C'est une réflexion très pertinente pour autant que je puisse juger, n'étant pas un homme. :lol: Je me suis dit que je la traduirais pour moi-même, et puisque c'est fait, autant la partager avec ceux qui veulent la lire.

:hello:

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Je souhaiterais parler brièvement des hommes. Par manque de temps et de place, je les diviserai en deux groupes: les classiques et les modernes.

Les hommes classiques suivent le cours de leur vie avec grand fracas ou en silence, ce sont en général les deux seules possibilités qui s'offrent à eux. Les hommes classiques ont des épouses modernes qui se réunissent deux fois par mois pour parler entre filles des hommes classiques. L'une d'elles décide que cela assez duré et les autres la soutiennent dans sa décision difficile. Elle veut quitter son époux classique car elle a entendu dire que l'on vient de fabriquer une série d'hommes modernes qui fonctionnent de manière complètement différente des précédents. Mais ce n'est qu'une illusion d'optique.

Les hommes modernes parlent davantage en une heure que les hommes classiques pendant toutes leurs vacances. Les hommes modernes pleurent, se plaignent, s'ouvrent aux autres et vont acheter du substitut de lait maternel pour leurs enfants. Ils assistent à l'accouchement et comprennent tellement les jeunes mères que ces dernières sont privées de ce qui devait être leur et n'ont plus le droit de pleurer.

Les hommes classiques font de longs trajets pour exercer leur droit de visite et les femmes modernes restent assises, le menton posé sur la main, à regarder par la fenêtre des stations-service en se demandant pourquoi ce nouveau modèle ne fonctionne pas.

Les hommes classiques n'ont pas de grandes personnalités, c'est en tout cas ce qu'ils répondent lorsqu'on leur demande. Ils se considèrent comme étant ordinaires et fiables, tels des pièces détachées toujours en stock, utilisables sur tous les modèles les plus courants et disponibles dans n'importe quelle station-service que l'on trouve en chemin.

Les hommes classiques ont été arrachés à leur milieu, chacun d'entre eux est l'un des sept frères* ou en connaît au moins un. Certains sont des soldats inconnus** dont les pères ou grands-pères ont combattu dans des guerres qu'ils ne peuvent chasser de leur esprit. Les hommes classiques mènent aujourd'hui eux-mêmes une guerre qui n'est pas entachée de sang mais qui est tout aussi dure, une guerre contre les fluctuations des taux d'intérêt, les loyers qu'ils ne peuvent payer et les femmes modernes. Ceux qui sont engagés dans cette guerre civile n'en parlent pas puisqu'ils vivent dans la certitude que les actes sont plus éloquents que les paroles, bien que ce soit l'inverse qui soit vrai. Mais allez dire au loup qu'il ne peut plus utiliser ses dents et que désormais, il ne pourra se servir que de ses gencives pour tuer.

Il suffit de suivre l'actualité pour faire la distinction entre les hommes classiques et modernes. Les hommes modernes y font des déclarations sur les hommes classiques. L'homme classique est celui qui a fait quelque chose que les autres peuvent commenter. L'homme classique perd son sang-froid, ce qui donne de la matière aux professionnels de la communication.

Les hommes classiques ont été conçus pour apporter de la joie le soir, du plaisir la nuit quelle que soit la position, pour devenir pères et avoir un droit de visite, payer une pension alimentaire et être chômeurs, meubles silencieux dans les salles d'attente et coussins moelleux dans les lieux publics. Leur procédé de fabrication est si complexe qu'ils sortent de la chaîne de montage effrayés et le restent tout au long de leur vie.

Les hommes classiques ne demandent pas pardon facilement et ont donc du mal à pardonner. Ils ont besoin d'amour mais ne savent pas vivre avec. La plupart d'entre nous sommes au fond des hommes classiques, bien que nos opinions puissent paraître modernes. Mais nos opinions ne sont que la sueur qui coule de nos fronts lorsque nous faisons de notre mieux pour paraître modernes aux yeux des autres.

*allusion à un classique de la littérature finlandaise, "Les Sept Frères" d'Aleksis Kivi, qui raconte l'histoire de sept frères très différents les uns des autres qui fuient de la civilisation
**allusion à un autre classique, "Le Soldat Inconnu" de Väinö Linna
flamenco
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Re: Réflexion sur les hommes

Post by flamenco »

didine wrote:La plupart d'entre nous sommes au fond des hommes classiques, bien que nos opinions puissent paraître modernes. Mais nos opinions ne sont que la sueur qui coule de nos fronts lorsque nous faisons de notre mieux pour paraître modernes aux yeux des autres.
C'est peut-être pas tout à fait faux... :lol:

Flamy
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ANTHOS
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Post by ANTHOS »

Salut Didine

Ca a l'air interessant comme sujet. Est-ce que le livre existe en anglais?

Est-ce que c'est un livre serieux ou plutot légèr (genre Men Are From Mars, Women Are From Venus)?

Bye

Andreas
vallisoletano
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Post by vallisoletano »

Je n'adhère pas à cette réflexion sur les hommes.
czort
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Post by czort »

Etonnante vision a vrai dire, c'est assez deconcertant. Du coup je sais meme plus dans quelle categorie je me situe ;)
Rastaman
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Post by Rastaman »

Oai moi nonplus, je la trouve un peu trop manichéenne.
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didine
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Post by didine »

ANTHOS wrote:Ca a l'air interessant comme sujet. Est-ce que le livre existe en anglais?

Est-ce que c'est un livre serieux ou plutot légèr (genre Men Are From Mars, Women Are From Venus)?
"Klassikko" un livre de littérature sérieux. ;) Kari Hotakainen est un peu spécial, mais c'est ça qui donne ce petit plus à ses livres. Il a eu le prix Finlandia, l'équivalent du Goncourt, et le Prix de Littérature du Conseil Nordique pour son avant-dernier livre, "Juoksuhaudantie". Bizarrement il est admiré mais pas super lu car beaucoup le jugent bizarre ou dur à comprendre. Moi j'adore. "Klassikko" et "Juoksuhaudantie" ont été traduits en plusieurs langues mais ni en anglais, ni en français. Peut-être que tu pourras les lire en français un jour... ;)
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svernoux
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Post by svernoux »

Rastaman wrote:Oai moi nonplus, je la trouve un peu trop manichéenne.
Oui, moi les hommes que je connais, même si certains se rapprochent plus de l'une ou l'autre des catégories, ils sont quand même un peu plus nuancés que ça...
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ozmalight
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Post by ozmalight »

Moi je verrais bien l’homme classique comme le père et l’homme moderne comme le fils. Car le père c’est le modèle du fils, cependant le fils se doit de critiquer son père pour devenir différent. ( A noter, je n’ai pas dit « mieux » mais « différent », mieux et moins bien ne veut rien dire.) le père ne peut pas critiquer son fils, si ce n’est lui donner son image critiquable. L’homme classique c’est le miroir de l’homme moderne ; c’est grâce à l’image de l’homme classique que l’homme moderne peut se différencier en changeant ses tendances. Quand enfin l’homme moderne mettra au jour un fils, il laissera son rang d ‘ « homme moderne » à son fils pour revêtir la tenu de l’ « homme classique. ».
Le classique et le moderne évoluent continuellement par la procréation. Maintenant je ne dis pas que ça ne peut pas stagner, bien au contraire, tout dépend de l'éducation, et de la vision de la personne à ce stade.
Amiga mia, no se que décir ni que hacer para verte féliz.
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Bacaline
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Post by Bacaline »

ozmalight wrote:Moi je verrais bien l’homme classique comme le père et l’homme moderne comme le fils. Car le père c’est le modèle du fils, cependant le fils se doit de critiquer son père pour devenir différent. ( A noter, je n’ai pas dit « mieux » mais « différent », mieux et moins bien ne veut rien dire.) le père ne peut pas critiquer son fils, si ce n’est lui donner son image critiquable. L’homme classique c’est le miroir de l’homme moderne ; c’est grâce à l’image de l’homme classique que l’homme moderne peut se différencier en changeant ses tendances. Quand enfin l’homme moderne mettra au jour un fils, il laissera son rang d ‘ « homme moderne » à son fils pour revêtir la tenu de l’ « homme classique. ».
Le classique et le moderne évoluent continuellement par la procréation. Maintenant je ne dis pas que ça ne peut pas stagner, bien au contraire, tout dépend de l'éducation, et de la vision de la personne à ce stade.
Cette vision du texte m'aide à le comprendre, j'avais pas vraiment perçu la différence entre le moderne et le classique :sweat:
مع السلامة
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