Sujet d'écriture - à partir d'une photo
Je vais essayer de participer aussi pour une fois mais je ne promet rien...didine wrote:Oh la bande de lâcheurs! Et dire que, consciencieuse, j'ai bossé sur le mien à fond en quelques jours pour l'envoyer à Maïwenn avant mon départ en vacances pour être dans les temps! Je vais pas être toute seule quand même?
- Maïwenn
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Les créations ne sont pas nombreuses...
Voici le texte de Didine :
Je suis assise par terre, tu es assis par terre. La pluie nocturne, la lune et ses reflets. Le visage blanc, les mains noires, les yeux rougis. Nous écrivons dans nos mains. Les lettres se mélangent et croient former des mots. Nous écrivons pour ne pas oublier le temps où nous partions rien que pour nous fuir. Le temps où nous dessinions des visages pour ne plus être seuls. Nous nous sommes trompés si souvent. Nous avons trompé les autres trop souvent. Nous regardions parfois vers nous-mêmes à travers ce gouffre. Pas de porte, pas de fenêtre, aucune entrée. Tels l’obscurité qui se cherche un visage, nous restions étrangers à nous-mêmes et trouvions refuge auprès de l’Autre.
Nous plongeons nos deux bras dans l’eau noire. Le courant est fort. C’est à ce moment que nous prenons conscience d’exister. Que nous comprenons que la vie humaine est construite sur les ruines d’autres vies. Perdus, petits, ayant vendu notre volonté, aveugles, nous pleurons. Nous nous souvenons de toutes ces images. Nous nous souvenons de tous ces mots. Nous nous souvenons de ces échos, des voix des gens. Nous ressentons enfin plus que simplement la vie.
Les nuages cachent la nuit et nous plongent dans la pénombre. Je suis la nuit. Tu es l’eau. Le courant nous emporte, il nous éloigne l’un de l’autre. Il t’emmène vers l’autre rive, là où le ciel paraît clair et où les étoiles te dessineront une couronne. Il me rapproche de la mer de vérité, où tant de pêcheurs se sont noyés avec leurs cannes et leurs filets. Lorsque l’aube arrivera enfin, sa lumière ne sauvera que ceux qui la cherchaient en espérant une nouvelle vie. Pour les autres, la nuit n’est pas un jour sombre. Ce qu’ils y voient ne sont pas que des songes.
(Te słowa doprowadzają mnie do szału.)
Et ma petite variation
Ca avait commencé comme un bras de fer. Je n'avais pas beaucoup apprécié ce bras d'honneur que tu avais négligemment jeté à mon passage. Je t'étais tombé dessus à bras raccourcis. A l'époque j'aimais me battre, comme un garçon, et je ne baissais pas les bras. Dans la mêlée j'avais déchiré ta chemise, elle pendait lamentablement sur ton bras meurtri : "ça t'apprendra à faire le gros bras !" avais-je lancé. Et on s'était séparé comme ça, sans plus de cérémonie.
Des années après - dix ? quinze ? - on s'est retrouvé, par hasard. Que faisais-tu là à contempler ce bras de mer ? Te revoir m'a coupé bras et jambe, j'ai hésité à te rejoindre sur ce rocher. Mais tu as tourné la tête, et tu as tendu les bras vers moi, naturellement. Je n'ai pas pu faire autrement que te rejoindre. Ce n'était pas ma tête qui dirigeait mon corps, ni même mon cœur ; c'était mes bras. Tu m'as bien sûr reçue à bras ouverts. J'y ai vite entremêlé les miens, les tiens, les nôtres. Et depuis ils sont inséparables.
Voici le texte de Didine :
Je suis assise par terre, tu es assis par terre. La pluie nocturne, la lune et ses reflets. Le visage blanc, les mains noires, les yeux rougis. Nous écrivons dans nos mains. Les lettres se mélangent et croient former des mots. Nous écrivons pour ne pas oublier le temps où nous partions rien que pour nous fuir. Le temps où nous dessinions des visages pour ne plus être seuls. Nous nous sommes trompés si souvent. Nous avons trompé les autres trop souvent. Nous regardions parfois vers nous-mêmes à travers ce gouffre. Pas de porte, pas de fenêtre, aucune entrée. Tels l’obscurité qui se cherche un visage, nous restions étrangers à nous-mêmes et trouvions refuge auprès de l’Autre.
Nous plongeons nos deux bras dans l’eau noire. Le courant est fort. C’est à ce moment que nous prenons conscience d’exister. Que nous comprenons que la vie humaine est construite sur les ruines d’autres vies. Perdus, petits, ayant vendu notre volonté, aveugles, nous pleurons. Nous nous souvenons de toutes ces images. Nous nous souvenons de tous ces mots. Nous nous souvenons de ces échos, des voix des gens. Nous ressentons enfin plus que simplement la vie.
Les nuages cachent la nuit et nous plongent dans la pénombre. Je suis la nuit. Tu es l’eau. Le courant nous emporte, il nous éloigne l’un de l’autre. Il t’emmène vers l’autre rive, là où le ciel paraît clair et où les étoiles te dessineront une couronne. Il me rapproche de la mer de vérité, où tant de pêcheurs se sont noyés avec leurs cannes et leurs filets. Lorsque l’aube arrivera enfin, sa lumière ne sauvera que ceux qui la cherchaient en espérant une nouvelle vie. Pour les autres, la nuit n’est pas un jour sombre. Ce qu’ils y voient ne sont pas que des songes.
(Te słowa doprowadzają mnie do szału.)
Et ma petite variation
Ca avait commencé comme un bras de fer. Je n'avais pas beaucoup apprécié ce bras d'honneur que tu avais négligemment jeté à mon passage. Je t'étais tombé dessus à bras raccourcis. A l'époque j'aimais me battre, comme un garçon, et je ne baissais pas les bras. Dans la mêlée j'avais déchiré ta chemise, elle pendait lamentablement sur ton bras meurtri : "ça t'apprendra à faire le gros bras !" avais-je lancé. Et on s'était séparé comme ça, sans plus de cérémonie.
Des années après - dix ? quinze ? - on s'est retrouvé, par hasard. Que faisais-tu là à contempler ce bras de mer ? Te revoir m'a coupé bras et jambe, j'ai hésité à te rejoindre sur ce rocher. Mais tu as tourné la tête, et tu as tendu les bras vers moi, naturellement. Je n'ai pas pu faire autrement que te rejoindre. Ce n'était pas ma tête qui dirigeait mon corps, ni même mon cœur ; c'était mes bras. Tu m'as bien sûr reçue à bras ouverts. J'y ai vite entremêlé les miens, les tiens, les nôtres. Et depuis ils sont inséparables.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
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Le commencement d'un monde
- Maïwenn
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MerciEveline wrote:Bravo et merci pour ces beaux textes! C'était bien agréable à lire, et l'attente valait bien la peine.
Combien de temps ça vous a pris?
Je ne me suis pas chronométrée, mais une fois l'idée trouvée ça a été vite... 30 min maxi je pense.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
The end of the land
Le commencement d'un monde