Des nouvelles (plutôt mauvaises) de la Thailande

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Beaumont
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Des nouvelles (plutôt mauvaises) de la Thailande

Post by Beaumont »

Les assassinats de civils par des "insurgés musulmans" sont quasiment quotidiens dans le sud de la Thailande. Le dernier en date : un mini-bus transportant 9 personnes a été bloqué et tout le monde a été assassiné par balles, y compris 2 enfants. Seul le chauffeur a pu s'enfuir (soit il a eu beaucoup de chance, soit il fallait laisser quelqu'un en vie pour qu'il puisse raconter).

>> http://www.nationmultimedia.com/2007/03 ... 029282.php

Depuis le coup d'état la situation dans le sud n'a fait qu'empirer, l'économie est au plus bas, et les investisseurs étrangers se tournent vers des pays plus accueillants. Les militaires au pouvoir multiplient les déclarations belliqueuses et irresponsables (la dernière étant "en cas d'épidémie de grippe aviaire, si les Etats-Unis ne nous donnent pas de vaccins nous retiendrons tous les étrangers en otages sur notre territoire"), et continuent à bloquer tout processus démocratique (contrôle des médias, précédente consitution invalidée, pas de nouvelle constitution en vigueur, pas de date fixée pour de prochaines élections, et déclarations selon lesquelles le premier ministre à l'avenir ne devrait plus être élu mais désigné).

A côté de cela l'enquête sur les attentats à la bombe du nouvel an n'a pas avancé d'un poil, et ils n'ont pas non plus réussi à réunir de preuves permettant d'accuser l'ancien premier ministre de corruption.

Bref, les militaires ont pris goût au pouvoir, mais ce n'est vraiment pas leur place. Efficacité zéro, légitimité zéro...
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Enzo
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Re: Des nouvelles (plutôt mauvaises) de la Thailande

Post by Enzo »

Beaumont wrote:Les assassinats de civils par des "insurgés musulmans" sont quasiment quotidiens dans le sud de la Thailande. Le dernier en date : un mini-bus transportant 9 personnes a été bloqué et tout le monde a été assassiné par balles, y compris 2 enfants. Seul le chauffeur a pu s'enfuir (soit il a eu beaucoup de chance, soit il fallait laisser quelqu'un en vie pour qu'il puisse raconter).

>> http://www.nationmultimedia.com/2007/03 ... 029282.php

Depuis le coup d'état la situation dans le sud n'a fait qu'empirer, l'économie est au plus bas, et les investisseurs étrangers se tournent vers des pays plus accueillants. Les militaires au pouvoir multiplient les déclarations belliqueuses et irresponsables (la dernière étant "en cas d'épidémie de grippe aviaire, si les Etats-Unis ne nous donnent pas de vaccins nous retiendrons tous les étrangers en otages sur notre territoire"), et continuent à bloquer tout processus démocratique (contrôle des médias, précédente consitution invalidée, pas de nouvelle constitution en vigueur, pas de date fixée pour de prochaines élections, et déclarations selon lesquelles le premier ministre à l'avenir ne devrait plus être élu mais désigné).

A côté de cela l'enquête sur les attentats à la bombe du nouvel an n'a pas avancé d'un poil, et ils n'ont pas non plus réussi à réunir de preuves permettant d'accuser l'ancien premier ministre de corruption.

Bref, les militaires ont pris goût au pouvoir, mais ce n'est vraiment pas leur place. Efficacité zéro, légitimité zéro...
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Beaumont
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Post by Beaumont »

Chacun est bien là où il veut, pour ma part j'ai toujours détesté vivre en France, ne serait-ce que pour le climat, les impôts, les gens stressés pour un rien, la morositude, l'agressivitude et j'en passe. Ici il y a une simplicité et une qualité de vie que j'apprécie, la seule chose que je trouve dommage c'est que la Thailande a tout à fait les moyens d'être un pays moderne et un pays qui compte, mais qu'au lieu de ça ils se rabaissent au niveau d'une pauvre dictature du tiers-monde.
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Dada
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Post by Dada »

Ouais, apparemment les militaires n'ont pas l
air decide a laisser le pouvoir.
Y'a des elections de prevu ou pas?
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Beaumont
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Post by Beaumont »

Au début la date était assez proche, puis elle a été décalée à environ un an, puis reportée sine die pour des raisons de "sécurité nationale". En étant optimiste ce sera peut-être pour la fin de l'année, sinon je ne sais pas trop ce qui peut se passer...

Un éditorial sur les problèmes dans le sud :
http://www.nationmultimedia.com/2007/03 ... 029330.php

Sinon on sait maintenant pourquoi le chauffeur du bus s'en est sorti : The militants found the driver and forced him to lie on the ground but when he prayed for Allah's protection, they realised he was a Muslim and spared his life, police said.
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Latinus
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Post by Latinus »

Dada wrote:Ouais, apparemment les militaires n'ont pas l
air decide a laisser le pouvoir.
Est-ce militairement concevable ? :roll:
Sinon on sait maintenant pourquoi le chauffeur du bus s'en est sorti : The militants found the driver and forced him to lie on the ground but when he prayed for Allah's protection, they realised he was a Muslim and spared his life, police said.
Entre le chauffeur et ces animaux : Des objectifs, des méthodes, une vision et une interprétation du texte chacune à l'antipode de l'autre mais, parce qu'il s'agit du même poême, il garde la vie sauve.
Si ça se trouve, parmis tous les "assassinés pour la cause" y'en a qui étaient trop occupés à se pisser dessus que pour invoquer intelligiblement la protection d'Allah.

Déjà qu'il faut choisir en qui/quoi il faut prier, si en plus il faut choisir entre pisser ou prier, les chances de rester en vie se résument à pas grand chose.


Quelqu'un peut me pincer svp ?
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Vikr
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Post by Vikr »

Pour faire suite:
Massacres de bouddhistes en Thaïlande
Massacres de bouddhistes en Thaïlande
De notre envoyée spéciale à Saiburi FLORENCE COMPAIN.
Publié le 15 mars 2007


Le gouvernement de Bangkok a perdu le contrôle du sud du pays, où des séparatistes islamistes procèdent à un véritable nettoyage ethnique.

DANS LE LOINTAIN Sud thaïlandais, les temples boud­dhistes sont des camps retranchés et les bonzes méditent enfermés à double tour, quand ils n'ont pas fui. Il ne reste plus qu'un moine dans la pagode de Saiburi, une bourgade nichée dans une pinède. À l'aube, il pose une robe safran près du puits, et se dépêche d'abandonner les lieux à une meute de chiens galeux et faméliques. Il y a bien longtemps qu'il a renoncé à faire sa tournée matinale pour quémander sa nourriture. Il s'en tient à cet acte de présence dérisoire, car « les musulmans nous voient en ennemis », explique-t-il.

Dans les trois provinces thaï­landaises de Narathiwat, Yala et Pattani, « les bonzes sont égorgés, brûlés vifs ou frappés à mort », constate Sunai Phasuk, directeur d'une organisation de défense des droits de l'homme. « Nous n'avions jamais vu cela. C'est un nouvel aspect de la violence dans le Sud. »

En s'attaquant aux symboles du bouddhisme avec une sauvagerie extrême, les insurgés islamistes veulent monter la minorité bouddhiste contre les musulmans. Au vu du nombre de monastères cadenassés et de plantations d'hévéas abandonnées, la stratégie fonctionne. Zachary Abuza, expert des insurrections en Asie du Sud-Est, parle de « communautés entières de boud­dhistes » ayant « fui un nettoyage ethnique de facto » vers des villes du Sud plus sûres, comme Hat Yai et Songkhla.

À la sortie de Narathiwat, Niphat Manee tient le registre des demandes de mutation des fonctionnaires pour sa commune. « Sur les quatre-vingt-cinq déjà partis, trente-six avaient été l'objet d'attaques », affirme Niphat, qui aspire à une promotion et à un transfert dans une autre province.

Au fil des ans, les deux religions ont coexisté, même si c'était dans des villages distincts. Aujourd'hui, « le tissu social est endommagé de façon irréparable », estime Zachary Abuza. « Les deux communautés ne pourront plus surmonter leurs suspicion et animosité mutuelles. » Nider Waba, directeur de l'association des écoles islamiques privées et conseiller du premier ministre thaïlandais, constate avec stupeur que ses ouailles « croient que tuer des bouddhistes mène au paradis ». Et les boud­dhistes s'arment jusqu'aux dents.

« C'est l'Irak, ici »

À Piyamit, un village de saigneurs d'hévéas, des grands-mères bardées d'amulettes montent la garde. « Les musulmans n'ont qu'à venir, nous les attendons », confie Lilam, 68 ans, armée d'un fusil à pompe. Mais lors de la démonstration, l'une des recrues de cette milice villageoise d'autodéfense se coince le doigt, et une autre a du mal à se relever à cause de ses rhumatismes. Formées hâtivement, ces milices qui se disent « prêtes à mourir pour le pays » sont envoyées au casse-pipe.

Dans la petite école coranique Songsern, Narinporn Sudsang, capitaine de police, dit « gagner les coeurs des musulmans » en organisant une fois par semaine des camps scouts. « Une dizaine d'hommes enfouraillés apprennent aux enfants les subtilités de la marche au pas », ironise Chaluay, l'une des enseignantes. Arc-boutés sur leur différence ethnique, Malais de sang et de coeur, les villageois résistent à l'intégration culturelle dans cette Thaïlande à laquelle ils n'appartiennent que depuis le début du XXe siècle.

Si la rébellion du Sud s'enracine dans une histoire turbulente, jamais la violence n'a atteint un tel degré. « C'est l'Irak, ici, s'inquiète l'universitaire Ahmad Somboon Bualuang. Le gouvernement a perdu le contrôle du Sud. Dans des zones entières de la province de Narathiwat, l'armée ne se risque plus à patrouiller. »

« Nous nous battons contre des fantômes », assure le major Natiphat, décontenancé par ces rebelles qui ne revendiquent jamais leurs méfaits, mais qui se perfectionnent. « Après plus de cinq cents attentats à la bombe, les insurgés ont amélioré leurs techniques. Ils sont passés de la bombinette artisanale à des charges explosives de 20 à 40 kg, et depuis que le gouvernement interdit les numéros de téléphone mobile prépayés dans le Sud, ils expérimentent le déclenchement à infrarouge. »

L'expert Zachary Abuza décrit une guérilla « animée par un sentiment indépendantiste, dotée d'un haut niveau d'organisation et fonctionnant avec de petites cellules plutôt autonomes ». Dans un anonymat qui lui permet de « s'entourer d'une aura de mystère », elle appliquerait une stratégie en trois étapes : rendre la région ingouvernable, provoquer une réponse musclée du gouvernement pour qu'il s'aliène irrémédiablement la communauté musulmane et imposer ses valeurs et son autorité.

Projet de société islamiste

Les insurgés « ont un projet de société islamiste », estime Srisompob Jitpirom, professeur de sciences politiques à l'université Prince of Songkhla. Dans les campagnes, de mystérieux tracs interdisent aux femmes d'accoucher dans les hôpitaux publics, aux échoppes d'ouvrir le vendredi, aux parents d'envoyer leurs enfants dans les écoles publiques.

Ces rebelles n'hésitent pas à terroriser les villageois : la moitié de leurs victimes sont des musulmans, les « matoglas » - indics - et chefs de village bien sûr, mais aussi tous ceux qui travaillent dans le secteur public, dans les écoles coraniques subventionnées par l'État, ou encore dans des secteurs primordiaux de l'économie comme le latex. « Par peur de représailles, les villageois évitent tout établissement étatique et se tournent vers des institutions parallèles que les insurgés mettent peu à peu en place », observe l'universitaire Srisompob.

Toutes les tactiques gouvernementales échouent. La manière forte, tentée par l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, n'a fait qu'envenimer la situation. L'approche plus subtile du nouveau gouvernement issu du coup d'État du 19 septembre 2006 n'a pas de meilleurs résultats. Les chiffres des violences s'envolent. L'armée veut en découdre et réclame la construction d'un mur le long de la frontière pour empêcher les incursions des insurgés depuis le nord de la ­Malaisie.
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