On parle aussi parfois d'éléphanteaux pour désigner des cadres plus jeunes "qui montent".
J'ai entendu diverses explications à propos de ce terme, toutes différentes. Seule certitude : cela remonte aux années 70, autant dire à la fondation du parti lui-mêm (1971). Et on ne le dit QUE du PS...
... A droite, du temps de l'UDR, on disait "les barons", ce qui est plus commun. Curieusement, pour le RPR, on disait "les apparatchiks".
Un autre mot bizarre en France, c'est "le perchoir", qui désigne le poste de président de l'Assemblée Nationale (dépourvu de pouvoir réel, mais d'un assez considérable pouvoir moral). Il serait dû au fait que le président de l'Assemblée est habillé d'un costume en queue-de-pie (au moins pour le jour de la rentrée solennelle).
Un phénomène assez courant, c'est la métonymie à partir d'un bâtiment,par exemple "le Quai-d'Orsay" (le ministère des affaires étrangères) - mais les "vrais" initiés (les jeunes ambitieux qui veulent y faire carrière par exemple) disent carrément "le Quais" : "moi, ce que je vise, c'est le Quais".
... L'une des voies, pour arriver au Quais, c'est "l'Orient", entendez : les concours du cadre d'Orient, un des rares moyens d'arriver dans la haute fonction publique sans passer par l'ENA (ainsi qu'une authentique vieillerie qui remonte à Louis XIV). Entre initiés, ça donne des phrases du genre "je vais faire l'Orient pour arriver au Quai".
Mais certains sont plus informels : tous les journalistes désignent le siège du FN à Saint-Cloud sous le nom de "paquebot" (ce à quoi il ressemble en effet). Y compris quand ils interviouvent Le Pen en directe ("bonsoir Jean-Marie Le Pen, vous êtes en direct du Paquebot...").
Dans le genre, il y a aussi l'expression "un Grenelle de" (de l'éducation, de l'immigration, des salaires, de mon chien...) ; j'avais eu l'occasion de l'expliquer à Anthos :
L'explication valait pour l'époque, mais l'usage récent semble même l'élargir : toute grosse réunion gouvernements-syndicats-associations représentatives diverses-présidence en vu de modifier radicalement quelque chose.Cette expression fait référence à un épisode des évènements de mai 1968 : pour tenter de calmer la crise, le gouvernement français de l'époque avait, pour la première fois depuis le Front Populaire (en 1936) réuni sous son autorité les syndicats et le CNPF (l'ancêtre du MEDEF) pour une négociation salariale commune et très vaste (salaires du secteur privé, du secteur public, SMIC, prix, etc.). Détails ici : http://www.mondialisme.org/article.php3?id_article=240
Les négociations s'étaient déroulées au Ministère du Travail, rue de Grenelle à Paris. Le nom est resté.
Un "Grenelle" est donc une expression journalistique pour désigner une rencontre syndicats-MEDEF organisée et dirigée par le gouvernement, dont on attend des accords importants et plutôt favorable aux syndicats (ce que réclament en ce moment les syndicats).
On pourrait aussi mentionner les appellations particulières de certains hommes politiques : tout le monde dit "Sarko", ses adversaires comme ses sympathisants, pour désigner notre bien-aimé président Nicolas Paul Stéphane Sárközy de Nagy-Bocsa. Au siècle dernier (si, si, souvenez-vous...) on disait "VGE" pour Valéry Giscard d'Estaing - peut-être parce que personne ne savait où était le prénom. Quand on dit "le Général" en France, tout le monde sait qu'il s'agit de de Gaulle.
Une dernière : pour désigner les membres du Conseil Constitutionnel, tous les journalistes disent "les Sages" ou "les neuf sages" (ce qui est d'ailleurs incomplet, puisque VGE en fait partie ex officio et qu'il y siège depuis qu'il a arrêté la politique, et que Chirac a annoncé qu'il y siégerait aussi... Encore que, qualifier ces deux-là de "sages"...). Ca n'a rien d'officiel pourtant.
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En Suisse, il y a la "formule magique" : le système de proportion à partir duquel sera réalisée la composition du Conseil Fédéral, qui tient lieu à la fois de gouvernement et de présidence collégiale, et qui est tacitement toujours une coalition. On parle aussi de la "nuit des longs couteaux" (pas de très bon goût, ça...) pour désigner les derniers moments avant l'élection par le parlement de ce même conseil, où tous les coups bas, traîtrises et ralliements suprises (ce qui ne saurait arriver chez nous, bien sûr... ) sont permis.
L'Allemagne connaît les "Ampelkoalitionen" = "coalition du feu tricolore" (SPD = rouge, CDU = orange, Verts = Vert !) et autres "Jamaikakoalitionen" (comme le drapeau de la Jamaïque : verts = vert, libéraux = noir, CDU = jaunes).
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En connaissez-vous d'autres dans vos langues et dans vos pays respectifs ?