EDIT : pendant que je rédigeais ceci, d'autres ont posté (c'est vrai qu'à voir la longueur de mon post, on comprend qu'ils et elles ont eu le temps!!! Mon post devrait venir juste après celui de Maïwenn, avant celui de leo.
Dans les catégories de leo, je présume qu'il parlait de moi en ces termes
des qui ne dorment jamais,
des qui font des posts ou tu t'endors presque tellement c'est long et que tu comprends pas toujours,
Bon : c'est faux que je ne dors jamais : je marmotte aussi, mais de jour étant un noctambule depuis mon enfance. Mais, aux heures où je poste, leo peut penser que je ne dors jamais.
Quand à ces deux descriptions, je crois que je ne suis pas le seul à y répondre ; il y aurait aussi
le fils d'Éole de d'Énarété, professeur lui aussi (copievore pour reprendre le terme de leo) et dont Camus disait que c'était l'ultime héros absurde. Mais bon, ayant au moins un point commun avec lui, moi j'aime bien sa prose.
Officiellement je suis retraité.
Mais officieusement je travaille encore à temps plein.
J'ai eu un parcours -disons- assez atypique. Enfant, je me suis passionné de la Nature et j'aimais aller au fond des choses : le plus petit et le plus grand. Je me suis donc entiché de physique, relativiste pour le fond du ciel et quantique pour l'infiniment petit. Je m'intéressais aussi au mental humain ; je me suis donc entiché aussi de psychanalyse et psychologie.
Côté physique, j'ai étudié par moi-même au lieu de m'ennuyer à l'école primaire. Je faisais les travaux à la maison demandés le plus rapidement possible pour ensuite retourner à ce que j'aimais. Puis, rendu à l'univ, en première année du bac en sciences, on était obligé d'étudier des choses qui ne m'intéressaient pas alors j'ai laissé tomber et j'ai continué d'étudier par moi-même la physique électronique. Ce qui m'a valu de trouver un emploi comme apprenti technicien junior dans une petite entreprise (je n'avais pas le moindre diplôme officiel), puis d'être assistant de l'ingénieur en chef trois mois plus tard. Étant TRÈS individualiste (dans le sens qu'Oscar Wilde donne à ce mot ; ne pas confondre avec égoïste) et très indépendant, je m'identifie volontiers au loup dans
Le chien et le loupAttaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas où vous voulez ? (...)
"Il importe si bien, que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Je ne me suis donc attaché nulle part, n'ai été l'employé de personne (sauf pour ce premier et seul emploi) et devins travailleur autonome. J'ai oeuvré comme physicien et ingénieur conseil pour diverses entreprises. Des petites comme un gars travaillant seul dans son sous-sol ; et des grandes comme Nortel, la CII (Commission Internationale d'Informatique européenne), Siemens, la NASA et d'autres un peu partout dans le monde. Ce qui m'a un peu fait connaître de sorte que, suite à une publication, j'ai été élu membre de la New-York Academy of Sciences qui m'accordait un fellowship honorifique. Ce qui est assez amusant quand on considère que je n'ai même pas un bac!
Tiens : quelque chose qui va faire plaisir à Maïwenn et Sisyphe : j'ai aussi été enseignant. À L'université de Montréal (quoique pas en physique là, j'y reviens plus bas), à l'UQÀM (Université du Québec à Montréal : oui, prof de physique), et dans quelques entreprises où j'enseignais au personnel (physique et électronique).
Mais mon intérêt pour le mental humain a aussi fait que je me suis intéressé à la psychanalyse et la psychologie. J'ai donc suivi une formation et une analyse, puis je suis devenu membre praticien de l'IPQ (Institut de Psychanalyse du Québec). Ce qui ne fut d'ailleurs pas un succès éclatant!!! En effet, ce que j'admire le chez Freud n'est pas son oeuvre, mais le fait qu'il fut extrêmement novateur, qu'il ait osé aller au-delà des standards, et même à l'encontre de connaissances "établies" en médecine, comme prétendre que certaines maladies somatiques ("corporelles") pourraient avoir une origine psychologique. Mon élan me portait donc plus vers la recherche que vers une application rigoureuse des principes freudiens avec lesquels j'étais, de toute façon, plus ou moins d'accord. D'autant plus que des circonstances m'ont amené à oeuvrer dans un domaine où la psychanalyse est vraiment impuissante : avec quelques demoiselles fort aimables qui se qualifiaient elles-mêmes de "professionnelles". Ce qui me rappelle cette amusante anecdote que j'insère pour amusement seulement.
Une prostituée alla voir un psychanalyste.
C'est cher, docteur?
$100 l'heure, mademoiselle
Et comment on fait?
Vous vous allongez là, sur ce divan, et vous me parlez de tout ce qui vous passe par la tête.
Eeeh bin! On travaille de la même façon!!!
Désaccords avec la pratique freudienne classique, intérêt pour une branche alors naissante (L"Intégration des Sciences Psychologiques), travail non conventionnel avec des cas auxquels la psychanalyse ne s'applique pas (en plus des prostituées, j'ai travaillé comme co-thérapeute pour des cas de schizophrénie à l'Hôpital Général de Montréal). J'étais donc forcé par la suite des choses de pratiquer d'une façon non freudienne. J'ai publié là-dessus, ce qui a fait qu'on m'a demandé de m'expliquer à l'Université de Montréal. C'est donc dans ce cadre que j'y ai enseigné (et non en physique, comme je mentionnais plus haut), incorporant des notions concernant la DAO (Dynamique de l'Abus et de l'Oppression) suite à mes travaux avec des prostituées. Bref, j'étais, encore une fois, "différent". Ce qui a fait que j'étais vu comme "non freudien", ce qui N'EST PAS un compliment dans le cadre d'un institut de psychanalyse. Il y avait donc quelques frictions. Et quand on voulut nous imposer les stupidités de Jacques Lacan, mes connaissances en mathématiques (nécessaires pour un physicien) faisaient que je voyais assez facilement que Lacan ne savait pas ce qu'il disait quand il insérait des équations dans ses textes. Ce fut la guerre ouverte entre l'IPQ et moi. Guerre qui ne profita ni à eux ni à moi d'ailleurs. Puis je suis revenu à mes premières amours et suis retourné comme physicien dans l'industrie.
J'ai donc continué là. Jusqu'en 2000. Là, j'ai quitté la physique pour revenir à ...je ne sais pas si je devrais dire "psychologie". Ce n'est pas la psychanalyse en tout cas, mais une application analytique de données glanées un peu partout. En effet, j'avais gardé un fort souvenir de mes travaux avec les prostituées, j'y avais rencontré des personnes qui me sont parues bien plus sympathiques que quelques grands de ce monde (que j'ai eu l'occasion de rencontrer dans quelques pays à titre de physicien canadien) et, pour tout vous dire, j'ai aimé plusieurs de ces filles. Non comme amant (ni comme client : ça m'aurait aussitôt enlevé toute capacité d'oeuvrer comme thérapeute auprès d'elles) ni amoureux, mais comme ami, et un peu comme admirateur : elles m'impressionnaient ces filles à la recherche d'une identité perdue. Certaines d'entre elles ont fait preuve parfois d'un courage surhumain pour retrouver des valeurs spirituelles authentiques et les partager avec leurs compagnes. Le souvenir de certaines d'entre elles ne s'effacera jamais de ma mémoire, ni de mon coeur.
Je suis donc revenu aux études à l'UQÀM (ce qui illustre une fois de plus combien je suis "différent" : à cette université, j'ai d'abord été prof, et ensuite élève...), cette fois en sciences humaines. Je n'ai toujours pas le moindre bac mais, avec deux professeurs, j'y travaille à des recherches en vue d'une thérapie contre l'abus et l'oppression, et sur des extensions possibles concernant des abus internationaux, abus dans le monde de la finance, de la politique, etc. etc. Bref, l'abus et l'oppression sous toutes ses formes et à toutes les échelles.
Ce qui m'a amené à Freelang / Lokanova. Si vous ne voyez pas le rapport, je vous comprends parce qu'ici aussi, c'est différent" (eh oui, c'est l'histoire de ma vie ça!). À l'UQÀM, puisque mes travaux auraient un impact psychosocial et culturel, on a exigé que j'étudie une culture, une civilisation. On demande ça à presque tous les étudiants en sociologie d'ailleurs. Et alors ils choisissent la culture du Québec, ou de la France, ou la culture grecque ou latine. Plusieurs choisissent aussi l'Inde. Et moi j'ai choisi une culture qui me fascinait depuis l'adolescence : la Polynésie et l'Océanie. Les profs m'ont regardé comme si je venais de la planète Mars... Ils ne l'ont pas dit à voix haute mais, dans leurs regards, c'était écrit "Ça existe ça, une culture polynésienne???" Un des problèmes était qu'il n'y avait pas un seul prof qui pouvait m'y encadrer. De sorte que ça allait être mon travail de leur expliquer que, oui, j'étudie une culture et une civilisation, et elle dit ceci et fait cela. De sorte qu'encore une fois, j'étais "différent", atypique : c'était maintenant l'élève qui enseigne à ses profs. Un élève qui n'a pas même un certificat mais participe à des recherches au niveau post doctoral...
J'ai donc voulu étudier la langue. Ce qui m'a amené à Freelang via Google. Pour utiliser le dico tahitien. Et là j'ai constaté qu'il était TRÈS incomplet (il avait un peu plus de 200 mots). De sorte que (bin oui : encore "différent"), c'est maintenant moi qui entretiens et complète le dico duquel je voulais apprendre! Voilà pourquoi mon pseudo est un mot polynésien ("Anuanua" veut dire "Arc-en-ciel" en langue tahitienne).
Puis j'ai trouvé le forum, et j'y ai trouvé des gens avec qui je me plais vraiment.
Bon : on doit maintenant reconnaître que leo a mille fois raison :
des qui font des posts ou tu t'endors presque tellement c'est long et que tu comprends pas toujours
Voili voilou voilà.