Maïwenn wrote:Salut Sisyphe !
plus je te lis, plus je tremble à l'idée de me retrouver prof de lycée avec des vraies classes bien chargées et plein de copies à corriger !
La nature du travail "hors cours" dépend énormément des matières et des niveaux à vrai dire. Les profs de math ont 60% de temps de correction en moins que les profs de lettres. En revanche, il est très difficile d'improviser un cours de maths, dans la mesure où il y a souvent des exercices pendant le cours. Ce qui est rare en français, surtout au lycée.
Ca tient de la mécanique des fluides :
- D'un côté il y a une sorte de vases communicants entre l'amont et l'aval : en sixième, les copies se corrigent devant les Guignols. Mais la préparation demande d'être prêt au micro-poil de mouches. En Première, je peux presque improviser, mais c'est trente minutes par copie.
- De l'autre, il y a un rapport de pression entre le niveau attendu et le niveau réel de tes élèves. Moins ils sont bons, et plus il faut ruser, formaliser, didactiser, transformer, réévaluer, reprendre... Mais ça tu le sais déjà.
En réalité, mes classes sont peu chargées, même à la fac (45 en théorie, 26 copies dans les faits). En revanche, j'ai des élèves très "disharmoniques" par rapport aux exigences, SURTOUT à l'université (c'est bien pour cela qu'on me les prête !

).
Entre le latin et le français, ce n'est pas du tout le même rythme.
(heureusement, les Thaïs ont la parade : les questionnaires à choix multiples

)

Le QCM est le degré zéro de la pédagogie. Le degré négatif, c'est les référentiels de compétence binaires ("compétence acquise ou non-acquise...."). Aucun savoir n'est binarisable.
Méfie-toi, c'est très ch*** à fabriquer un QCM, et surtout : c'est difficile à concevoir, précisément parce que c'est fondamentalement nul : une évaluation mal conçue fait perdre plus de temps ; rien n'est pire qu'un "paquet c*n". Les deux règles de base étant :
- Rédiger d'abord les bons items, ensuite les perturbateurs.
- Ne jamais mettre les perturbateurs au hasard. Ils doivent correspondre à une démarche d'erreur rationnelle. Or c'est très dur d'être rationnellement irrationnel ! Surtout pour un prof.
Et puis, les barèmes positifs-négatifs, ça réclame d'être bon en calcul mental... Ou d'avoir un doigté de pianiste sur la calculette.

En toute modestie, je suis la Martha Argerisch de la Casio collège !
*

Mais je suis curieux et impatient de savoir quelle est la pédaogie de base en Thaïlande. J'exige des rapports complets, tu commences quand ?
Moi, j'ai toujours un sentiment d'échec avec mes asiatiques...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)