J'aime beaucoup le passage où il est question de Vögelein ("petits zoziaux") pendant que le tuba entame un arpège montant.
Les tizoizo en question auraient-ils le format d'un Heinkel ou d'un Messerschmitt?
Oui... la subtilité de Heino je connaissais déjà. J'avais fait connaissance alors que je cherchais différentes interprétations d'une chanson en langue hawaiienne :
Aloha 'Oe. Beaucoup croient que, dans cette chanson, "Aloha" signifie "Adieu jusqu'à ce que nous nous revoyions" ("Farewell to thee" est le titre américain officiel). Mais "aloha", c'est beaucoup plus qu'un au revoir ou un adieu : le sens originel de ce mot, dans l'expression
Aloha E Mahalo est tel qu'il désigne le souffle divin. Ainsi,"Aloha 'Oe", qui se traduit littéralement par "Aloha à toi", te souhaite paix, sérénité... Disney, qui se documentait avant de faire un film, l'avait compris et c'est visible dans
cette séquence de Lilo and Stitch.
Cette chanson, qui fut composée par la reine Liliuokalani, est
LE classique en musique hawaiienne. Contrairement à ce que plusieurs pensent (même certains interprètes), ce n'est pas essentiellement une chanson d'adieu. C'est d'abord un chant d'amour. Et aussi d'amour et d'admiration pour son pays. Et c'est une prière. Sur un tempo de danse (la hula lente). Liliuokalani use (et abuse presque) de la polynomie et de l'homonymie des langues polynésiennes (la langue hawaiienne appartient à ce groupe) pour donner deux, trois et même parfois quatre sens à ses vers. C'est une pratique assez fréquente dans ces langues pour composer des légendes et des chants. De sorte que cette chanson est à la fois une chanson d'amour, un chant patriotique, un hymne religieux et une danse. Dans l'esprit originel, elle doit être chantée lentement, très doucement, d'un ton méditatif, avec grâce et légèreté. Comme
ceci,
Puis cette chanson devint très connue dans le monde entier vers 1946-49 lorsqu'elle fut exportée d'Hawaii. Tout le monde (ou presque) la chanta, souvent sans en comprendre les sens multiples, parfois même sans connaître les mots ni la langue. Quand les avions amenèrent les touristes puis ceux-ci revenaient chez eux, les artistes tels Elvis Prestley, Johnny Cash, Marty Robins, The Platters et plusieurs autres adaptèrent la musique hawaiienne aux danses des Blancs américains et européens. De sorte qu'aujourd'hui, c'est très difficile de trouver des interprétations authentiques de cette chanson.
C'est ce que je cherchais : des interprétations variées mais authentiques (pas facile!!!). C'est en cherchant ainsi que je tombai sur l'interprétation qu'en a fait Heino.
Tout l'esprit méditatif d'un bataillon, allié à la grâce et à la légèreté d'un char d'assaut. "Alowa Hey!"
Je ne veux pas dénigrer Heino car, dans son genre, il fait très professionnel. En plus d'être un excellent baryton! Mais le Hawaii de Heino et celui de Liliuokalani sont vraiment deux réalités différentes. On ne peut plus parler de subtilité ici...

- Deux réalités bien différentes...
La différence se sent même dans la langue : dans les reo (les langues polynésiennes) il est interdit que deux consonnes se suivent, mais on rencontre souvent plusieurs voyelles à la suite l'une de l'autre ; ceci leur donne une sonorité très chantante, et très douce surtout pour la langue hawaiienne qui n'a pas de lettre "dure" comme le r, le d, le z, le son "ch"... Je crois avoir remarqué que c'est un peu différent pour l'allemand... On ne doit jamais couper la voix brutalement. Si j'en crois Elie, l'allemand est une langue essentiellement rationnelle ; les reo sont d'abord symboliques et associatives, et parfois volontairement floues pour permettre une multitude de sens aux mots, même dans un même contexte.
Dans le cas, de l'interprétation de Heino, la différence va encore plus loin : je ne comprends rien à l'allemand mais je crois que les paroles de sa chanson ne sont pas la traduction des mots originaux. En effet, au début du deuxième couplet, je crois entendre "Kapitan, dein ship..." Or, dans le poème hawaiien, il n'est nulle part mention d'un capitaine ni d'un bateau...
Donc, si j'ai bien compris Sisyphe, on parlait de l'humour délicat de Heino...
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Pour ceux et celles qui aimeraient entendre des versions passablement authentiques de cette chanson, voici quelques liens :
Interprétée de façon très classique par
Ronnie Deauville. La danseuse est acceptable, mais le danseur est complètement dépaysé! Probablement une scène d'un film avec des danseurs américains qui ont "appris" la Hula en deux jours...
Cette interprétation
par madame Alapa'i date de 1911, longtemps avant que les versions commerciales inondent le marché mondial. Remarquez la lenteur de l'interprétation! C'est le rythme des hula ra'a (danses sacrées, forme de prière au dieu Ta'aroa). Après 1946, la musique hawaiienne fut adaptée aux danses des Blancs tel que déjà expliqué. Cette interprétation date d'avant tout ça.
On remarque cette même lenteur posée, méditative, dans
cette interprétation datée de 1917. Je remarque cependant que la langue est nettement moins pure, et que l'interprète offre ne traduction partielle "Farewell to thee". C'est la chanson d'adieu qui fut comprise de par le monde ; les autres sens ne sont pas traduits (ce qui demanderait quand même un tour de force dans un seul couplet en anglais!).
Finalement, voici une traduction en reo tahiti (langue tahitienne)
Aroha 'oe.