Achille wrote: ↑17 Jun 2019 11:04
Bonjour,
Pour le second verbe ( ἄρτυνον ), peut-être que la règle 31 p. 244 de Ragon-Dain s'applique : aoriste composé du radical et de la désinence sans voyelle de liaison. Ça collerait ici ! Dans ce cas il s'agirait bien d'un impératif aoriste et la phrase aurait du sens.
Vous voulez dire : sans augment ?
Le verbe ἀρτύνω, selon le lexique du manuel, signifierait "ajuster, composer".
En effet, cela passe ; ce serait donc un imparfait homérique à la première ou dernière personne.
Mon texte n'est certainement pas le texte original, car je l'ai pris dans le livre III de Maunoury. Il a dû l'arranger pour que toutes les particularités homériques ne tombent pas toutes en même temps sur la pauvre tête de ses écoliers.
"Déshomériser" Homère, je peux comprendre ; mais recomposer un texte entier...
La méthode est bien âgée (XIX° siècle) mais le principe me plaît : première place donnée au vocabulaire, supputation sur le sens des mots nouveaux à partir des racines déjà vues, c'est pas mal. Le manuel de l'abbé Maunoury ne pourrait plus être proposé dans les classes aujourd'hui du fait que de temps à autre il glisse un texte religieux ou une pensée religieuse qui violerait la sacro-sainte laïcité de notre temps. Un helléniste d'aujourd'hui pourrait reprendre les principes de Maunoury pour proposer une progression dans l'apprentissage de la langue grecque qui, me semble-t-il, porterait des fruits.
Les vieux coucous sont parfois très fonctionnels en effet. Je n'ai moi-même jamais pu me défaire d'un assimil de néerlandais où l'on apprend à dire "ik heeb een telegram voor hem", même si les PTT ont cessé les services du télégraphe depuis des temps presque homériques.
Pour information, il n'est pas interdit du tout de faire des textes de source chrétienne en classe ; il faut juste les traiter avec sécularisme. Disons qu'une version sur la Sainte Trinité ou l'immanence de la Grâce efficace n'a pas vraiment d'objectif pédagogique. Mais des textes apologétiques témoignant de la situation du christianisme au IIIe siècle ("pour" ou "contre"), ou bien des petits morceaux narratifs de l'évangile facile à traduire, il y en a dans les manuels.
Ce qui à mon avis périme Manoury, ce serait plutôt le rythme de progression ! Les élèves "médians" n'ont pas l'endurance qui est la vôtre. Même dans de bonnes conditions, on ne dépasserait jamais les verbes en -mi... Sans compter que le texte "bidouillé" n'est pas très à la mode, mais ça, c'est un autre débat.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)