On posait (du moins on posait autrefois, je vais y revenir) que l'indo-européen avait 8 cas.
Nominatif = sujet, attribut du sujet
Vocatif = interpellation
Accusatif = COD ou complément de direction
Génitif = complément du nom, divers compléments adnominaux
Datif = cas "de la personne en faveur de qui on fait l'action" (COI, COS, complément d'intérêt, etc.)
Ablatif = lieu d'où l'on vient
Locatif = lieu où l'on est
Instrumental = divers compléments de moyen, etc.
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Cet état se retrouve à ma connaissance totalement inchangé en sanscrit et en russe.
D'autre langue ont procédé a des réductions et des syncrétismes. On a :
5 cas en grec ancien (instrumental et locatif sont confondus avec le datif, l'ablatif avec le génitif)
4 cas en grec moderne (le datif disparaît au XIIIe siècle)
7 cas en polonais (je crois qu'il manque l'ablatif. Didine ?)
4 cas en allemand (tout est reporté dans le datif)
2 cas en ancien français (nominatif - appelé cas-sujet - et accusatif ou cas-régime)
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Chaque langue a joué avec la valeur des cas, et les limites sont floues : en latin par exemple, le complément de direction est normalement à l'accusatif, mais il peut être au datif. Le complément de matière peut être à l'ablatif comme au génitif (puer ingregia indole ou puer egregae indolis). En allemand, on a la tournure "werfen mit einem Stein" (datif d'objet), etc.
De plus, dans presque toutes les langues, certaines prépositions exigent tel cas : aus, bei, mit, nach, seit, von, zu + datif en allemand, même quand on indique le mouvement : ich gehe zu dir. En latin ex, ab, pro, coram, de + ablatif dans tous les cas, etc.
S'agissant de l'accusatif, je vais te donner la liste des usages de ce cas en latin - on la retrouve telle quelle en grec et en sanscrit ou presque
- accusatif COD
- accusatif d'objet de verbes composés : adire aliquem "aller trouver qqun"
- accusatif complément du nom (curatio hoc : le fait de s'occuper de cela)
(tournure archaïque)
- accusatif exclamatif : me miserum ! (hélas pauvre de moi)
- accusatif d'objet interne : servitum servire (littéralement : servir la servitude = être esclave, en grec arkhên arkhô : litt. "commander un commandement = commander, etc.=
- accusatif de relation, pes mihi dolet "ça me fait quant aux pieds" = "j'ai mal aux pieds)
- accusatif d'étendue
- accusatif de mouvement
- double accusatif : en allemand "lehren die Kinder die Grammatik" (litt. "j'enseigne les enfants la grammaire")
Ca en fait ! Mais en gros, le rôle principal de l'accusatif, c'est le COD.
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[quote"Flamenco"] même en espagnol (qui n'a aucune déclinaison) quand mon prof de grammaire parle d'accusatif, ils parle de COD. [/quote]
Il est vieux ton prof ?

On faisait ça aussi en français autrefois, mais c'est pas très bon : c'est appliquer sur la grammaire moderne des concepts latins. Peut-être qu'il n'ont jamais inventé de nom pour COD en espagnol ?
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Cela étant, toutes les langues du monde n'opposent pas un sujet et un objet. Certaines langues, par exemple, ont un système de type ergatif (j'ai pas le temps de t'expliquer ça ce soir, mais j'avais écrit un post là-dessus - faut que je le retrouve). Des dizaines de systèmes existent pour les langues à cas.
Enfin, il y a le cas particulier des langues comme le basque, le hongrois ou le finnois (et le japonais je crois) qui ont la possibilité d'ajouter quantité de morphèmes (des "bouts de mots") pour indiquer la fonction grammaticale...
... Ce ne sont pas vraiment des cas mais on les désigne habituellement comme tels. Je crois qu'il y en a au moins une quinzaine en hongrois.