Sujet d'écriture : j'ai rencontré mon sosie
Tant de questions m'envahissent !!!
La critique sera-t-elle bonne, et qu'en sera-t-il du buffet à la remise des prix ? Aurais-je été à la hauteur de tes dignes espérances ? Quel goût auront les tomates que je recevrais en pleine tr**che ? Seront-ce des tomates, ce n'est pas la saison ? Si oui, seront-elles mûres ?
J'ai quand même plein de bonnes raisons de stresser nan ?
La critique sera-t-elle bonne, et qu'en sera-t-il du buffet à la remise des prix ? Aurais-je été à la hauteur de tes dignes espérances ? Quel goût auront les tomates que je recevrais en pleine tr**che ? Seront-ce des tomates, ce n'est pas la saison ? Si oui, seront-elles mûres ?
J'ai quand même plein de bonnes raisons de stresser nan ?
- Maïwenn
- Modératrice Arts & Litté.
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- Joined: 14 Nov 2003 17:36
- Location: O Breiz ma bro
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L'heure tant attendue (hein, Pak ?), voici les textes. Je vous laisse les apprécier
Michka
J'ai rencontré mon sosie...
Après une bonne pluie la rue est parsemée de flaques d’eau. Je m’arrête près de la plus grosse, au bord du trottoir, et j’y observe mon sosie, piégé dans son univers liquide. J’ai beau être vaniteux – et je le suis, derrière ma fausse modestie – après quelques secondes je ne m’attarde déjà plus sur ces traits qui ressemblent si parfaitement aux miens. Je ne songe plus à lui, mais à son monde, dans la mare d’eau, et soudain le prisonnier c’est moi, qui ne puis mettre le pied là dedans.
Comment est-ce de l’Autre côté ? Entre deux rivages, je n’aperçois qu’un mince lambeau de paysage : un ciel blanc et une perspective inédite de l’au-deça. La nostalgie d’être ici, maintenant, est un crescendo dans mon âme. En contrepoint s’éveille le soupçon que dans cet espace inaccessible je pourrais trouver de quoi la rassasier. Je plane, de la quatrième paroi de la chambre de Kant jusqu’au bord du miroir d’Alice, je plane.
Notre monde, paraît-il, reflète nos propres attitudes. C’est peut-être cela. Ou bien est-ce ce petit vent qui effleure et crispe la surface liquide ? Je n’en sais pas plus, mais mon symétrique a bien l’air de m’inviter à le rejoindre. Comme Alice ou Raël j’aimerais lui tendre la main et me laisser entraîner dans cet échiquier magique, dont je ne vois que le bord.
J’amorce un geste, ma décision est prise. Je vais voir le roi rouge dont je suis le rêve. Mais un gros vacarme peut interrompre une symphonie. Ainsi le klaxon répété du bus qui approche arrête mon élan. À deux doigts de mon nez, le voici qu’il roule juste sur mon sosie. Et c’est la flaque froide qui gicle sur moi. Enfin, j’aurais dû l’imaginer : de l’Autre côté... on se mouille.
Pak
Il est sept heures du mat’, Je me lève un peu en retard pour partir au boulot. J’ai du mal à me presser, machinalement j’allume la radio. Musique rock horriblement commerciale, fausse voix de crooner, en plus le café est dégueulasse. Je saute dans un costard un peu élimé sur les bords ; à croire que quelqu’un avait tenté de s’en échapper.
La rue un peu vide est envahie par le froid, je remonte mon col, j’enfonce mes mains tout au fond de mes poches, ma mâchoire claque. J’avance, anesthésié par le gel et quelques divagations passagères : les cours du caoutchouc outre-atlantique, le massacre des passereaux sur l’île de Pâques, la minijupe de la fille qui bosse à la compta.
Je n’ai rien vu venir, rien senti, rien entendu… Je suis bloqué contre le pas de porte d’un immeuble dix-huitième… Je sais bien que ce n’est pas ce qui importe le plus à cet instant précis, mais tout de même, le choc de ma tête sur l’épaisseur du bois ne m’aide pas à recouvrer mes esprits. L’individu derrière, l’agresseur, le type… Il ouvre le sas… J’ai à peine le temps d’entendre les pas courants des flics qui sont à sa poursuite.
Il me bouscule, m’entraîne, me pousse, je vacille, il me retient, je perds l’équilibre, je tombe. J’apprends à mes dépends qu’il vaut mieux se cogner à une porte de bois qu’à une marche d’escalier. Sous mes yeux des bottines de cuir, puis un long manteau, un couteau souillé de sang enserré dans une main gantée, je ne me sens pas bien. Un pull sombre… j’ai un haut-le-coeur…
Sur nos visages s’étend le même étonnement à la fois ébahi et crispé, sur nos visages si identiques, si parfaitement les mêmes. Le type… m’attrape par le bras, me relève. Un face à face douteux, un pâle miroir. L’étonnement ne me quitte pas. Si la peur ne me tétanisait pas, je crois que je parlerais, son nom, sa vie, ses passions et ses amours. Tant de choses qu’il m’aurait plu de connaître.
Pas le temps de tergiverser, la porte dix-huitième résonne sous les coups d’un quelconque forcené, je n’avais pas remarquer que… le type… l’avait bloquée derrière nous. Je ne sors pas de ma léthargie.
Tout se met à aller très vite, encore plus vite.
Un large sourire d’un cynisme incommensurable apparaît sur le visage du type. Il vide mes poches, me prend la main y glisse l’arme et fait pression sur le tout. Je crois bien que je ne le quitte pas des yeux, je n’en suis même pas sûr. Il fait quelque pas, prêt à fuir, se retourne. Son regard est vide, le mien doit être hébété au mieux. Puis il disparaît dans l’escalier.
Je reste prostré. La seconde d’après, ma tête a retrouvé le sol, je suis menotté, et quelques coups et injures fusent.
Je m’expliquerai longuement, le commissaire me demandera de ne plus me foutre de sa gueule, les témoins me reconnaîtront et me reconnaîtront encore… Comment pourrait-il en être autrement ?
Maï
Le choc ! Si encore ce n’était que physique ! Mais en plus de ses traits identiques aux miens, elle a la même coupe de cheveux, la même façon de marcher, le même style vestimentaire. Pire qu’un sosie, un double ! Elle ne m’a pas vue en passant devant le banc où j’étais assise. Elle n’a pas non plus remarqué que je lui avais emboîté le pas. Deux clones qui marchent à 30m d’intervalle, je ne comprends pas que ça passe inaperçu. Mais personne ne se retourne sur notre passage, les gens suivent leur chemin, et moi je suis le sien.
Où va-t-elle ? Qui est-elle ? Je ne peux pas m’arrêter et rebrousser chemin, je dois savoir. Il me semble que nos vies sont liées maintenant ; comme deux siamoises, si une disparaît, l’autre doit mourir aussi. Je joue ma vie sur cette filature, mais elle ne le sait pas, elle ne s’est toujours rendue compte de rien. Elle marche d’un pas décidé. J’apprécie son dynamisme, je ne voudrais pas être molle.
Je ? Je ne sais plus très bien qui je suis. Elle ? Moi ? Sa vie que je ne connais pas se mêle à la mienne. Je ne me connais plus, mon futur est le sien, mon passé disparaît. Elle aussi. Elle aussi, elle a disparu. Non ! Elle a dû tourner. A droite ? A gauche ? Est-elle entrée dans un magasin ? Je n’ai pas vu. Je l’ai perdue, je suis perdue. Je ne saurai jamais rien de sa vie… Je dois maintenant essayer de retrouver la mienne.
Michka
J'ai rencontré mon sosie...
Après une bonne pluie la rue est parsemée de flaques d’eau. Je m’arrête près de la plus grosse, au bord du trottoir, et j’y observe mon sosie, piégé dans son univers liquide. J’ai beau être vaniteux – et je le suis, derrière ma fausse modestie – après quelques secondes je ne m’attarde déjà plus sur ces traits qui ressemblent si parfaitement aux miens. Je ne songe plus à lui, mais à son monde, dans la mare d’eau, et soudain le prisonnier c’est moi, qui ne puis mettre le pied là dedans.
Comment est-ce de l’Autre côté ? Entre deux rivages, je n’aperçois qu’un mince lambeau de paysage : un ciel blanc et une perspective inédite de l’au-deça. La nostalgie d’être ici, maintenant, est un crescendo dans mon âme. En contrepoint s’éveille le soupçon que dans cet espace inaccessible je pourrais trouver de quoi la rassasier. Je plane, de la quatrième paroi de la chambre de Kant jusqu’au bord du miroir d’Alice, je plane.
Notre monde, paraît-il, reflète nos propres attitudes. C’est peut-être cela. Ou bien est-ce ce petit vent qui effleure et crispe la surface liquide ? Je n’en sais pas plus, mais mon symétrique a bien l’air de m’inviter à le rejoindre. Comme Alice ou Raël j’aimerais lui tendre la main et me laisser entraîner dans cet échiquier magique, dont je ne vois que le bord.
J’amorce un geste, ma décision est prise. Je vais voir le roi rouge dont je suis le rêve. Mais un gros vacarme peut interrompre une symphonie. Ainsi le klaxon répété du bus qui approche arrête mon élan. À deux doigts de mon nez, le voici qu’il roule juste sur mon sosie. Et c’est la flaque froide qui gicle sur moi. Enfin, j’aurais dû l’imaginer : de l’Autre côté... on se mouille.
Pak
Il est sept heures du mat’, Je me lève un peu en retard pour partir au boulot. J’ai du mal à me presser, machinalement j’allume la radio. Musique rock horriblement commerciale, fausse voix de crooner, en plus le café est dégueulasse. Je saute dans un costard un peu élimé sur les bords ; à croire que quelqu’un avait tenté de s’en échapper.
La rue un peu vide est envahie par le froid, je remonte mon col, j’enfonce mes mains tout au fond de mes poches, ma mâchoire claque. J’avance, anesthésié par le gel et quelques divagations passagères : les cours du caoutchouc outre-atlantique, le massacre des passereaux sur l’île de Pâques, la minijupe de la fille qui bosse à la compta.
Je n’ai rien vu venir, rien senti, rien entendu… Je suis bloqué contre le pas de porte d’un immeuble dix-huitième… Je sais bien que ce n’est pas ce qui importe le plus à cet instant précis, mais tout de même, le choc de ma tête sur l’épaisseur du bois ne m’aide pas à recouvrer mes esprits. L’individu derrière, l’agresseur, le type… Il ouvre le sas… J’ai à peine le temps d’entendre les pas courants des flics qui sont à sa poursuite.
Il me bouscule, m’entraîne, me pousse, je vacille, il me retient, je perds l’équilibre, je tombe. J’apprends à mes dépends qu’il vaut mieux se cogner à une porte de bois qu’à une marche d’escalier. Sous mes yeux des bottines de cuir, puis un long manteau, un couteau souillé de sang enserré dans une main gantée, je ne me sens pas bien. Un pull sombre… j’ai un haut-le-coeur…
Sur nos visages s’étend le même étonnement à la fois ébahi et crispé, sur nos visages si identiques, si parfaitement les mêmes. Le type… m’attrape par le bras, me relève. Un face à face douteux, un pâle miroir. L’étonnement ne me quitte pas. Si la peur ne me tétanisait pas, je crois que je parlerais, son nom, sa vie, ses passions et ses amours. Tant de choses qu’il m’aurait plu de connaître.
Pas le temps de tergiverser, la porte dix-huitième résonne sous les coups d’un quelconque forcené, je n’avais pas remarquer que… le type… l’avait bloquée derrière nous. Je ne sors pas de ma léthargie.
Tout se met à aller très vite, encore plus vite.
Un large sourire d’un cynisme incommensurable apparaît sur le visage du type. Il vide mes poches, me prend la main y glisse l’arme et fait pression sur le tout. Je crois bien que je ne le quitte pas des yeux, je n’en suis même pas sûr. Il fait quelque pas, prêt à fuir, se retourne. Son regard est vide, le mien doit être hébété au mieux. Puis il disparaît dans l’escalier.
Je reste prostré. La seconde d’après, ma tête a retrouvé le sol, je suis menotté, et quelques coups et injures fusent.
Je m’expliquerai longuement, le commissaire me demandera de ne plus me foutre de sa gueule, les témoins me reconnaîtront et me reconnaîtront encore… Comment pourrait-il en être autrement ?
Maï
Le choc ! Si encore ce n’était que physique ! Mais en plus de ses traits identiques aux miens, elle a la même coupe de cheveux, la même façon de marcher, le même style vestimentaire. Pire qu’un sosie, un double ! Elle ne m’a pas vue en passant devant le banc où j’étais assise. Elle n’a pas non plus remarqué que je lui avais emboîté le pas. Deux clones qui marchent à 30m d’intervalle, je ne comprends pas que ça passe inaperçu. Mais personne ne se retourne sur notre passage, les gens suivent leur chemin, et moi je suis le sien.
Où va-t-elle ? Qui est-elle ? Je ne peux pas m’arrêter et rebrousser chemin, je dois savoir. Il me semble que nos vies sont liées maintenant ; comme deux siamoises, si une disparaît, l’autre doit mourir aussi. Je joue ma vie sur cette filature, mais elle ne le sait pas, elle ne s’est toujours rendue compte de rien. Elle marche d’un pas décidé. J’apprécie son dynamisme, je ne voudrais pas être molle.
Je ? Je ne sais plus très bien qui je suis. Elle ? Moi ? Sa vie que je ne connais pas se mêle à la mienne. Je ne me connais plus, mon futur est le sien, mon passé disparaît. Elle aussi. Elle aussi, elle a disparu. Non ! Elle a dû tourner. A droite ? A gauche ? Est-elle entrée dans un magasin ? Je n’ai pas vu. Je l’ai perdue, je suis perdue. Je ne saurai jamais rien de sa vie… Je dois maintenant essayer de retrouver la mienne.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
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Le commencement d'un monde
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- Maïwenn
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Jamais trop tard ! Tu me l'envoies quand tu veux Lou3Louloulou wrote:Bonjour,
Que c'est joliment écrit
J'aurais aimé écrire à ce sujet qui occupe souvent mon esprit.
Est-il trop tard
je l'écris te le poste Maïwenn, et tu donneras la suite que tu voudras bien.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
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