Romantique... Merci les freelangistes!
Le poème latin me fait penser à un poème de Louise Labbé que j'aime beaucoup.
(J'avais pas vu ce message-là)
Et pour cause ! Le fameux sonnet XVIII de Louise Labé ("baise m'encor, rebaise-moi et baise") en est directement insipiré, c'est établi. Bon, ben puisque j'ai posté deux messages à la suite, autant continuer. Voici le poème de Virgile dont je parlais ("tu duca, tu signor e tu maestro" dit Dante à Virgile au chant II de l'Enfer).
J'en cite qu'une partie, il est un peu long. Je préviens tout de suite que c'est "entre garçons" - mais c'est la Saint Valentin pour tout le monde, non ?
Formosum Pastor Corydon ardebat Alexim,
delicias domini ; nec quid speraret habebat.
Tantum inter densas, umbrosa cacumina, fagos
adsidue veniebat ; ibi haec incondita solus
montibus et silvis studio jactabat inani.
"o crudelis Alexis, nihil mea carmina curas ?
nil nostri miserere ? mori me denique coges.
Nunc etiam pecudes umbras et frigora captant ;
nunc viridis etiam occultant spineta lacertos,
Thestylis et rapido fessis messoribus aestu
alia serpullumque herbas contundit olentis.
At mecum raucis, tua dum vestigia lustro
sule sub ardenti resonant arbusta cicadis
(...)
Huc ades, o formose puer : tibi lilia plenis
ecce ferunt Nymphae calathis ; tibi candida Nais,
pallentis violas et summa papauera carpens,
narcissum et forem jungit bene olentis anethi
tum casia atque aliis intexens suavibus herbis
mollia luteola pingit vaccinia calta.
Ipse ego cana legam tenera lanugine mala,
castaneasque nuces, mea quas Amaryllis amabat ;
addam cera pruna ; honos erit huic quoque pomo ;
et vos, o lauri, carpam, et te proxima myrte
sic positae quoniam suavis miscetis odores.
"Pour le bel Alexis, enfant chéri de son maître, le pâtre Corydon
Brûlait d'amour ; sans nul espoir.
Il ne pouvait que venir parmi les fourrés de hêtre aux cimes
ombreuses, et là, solitaire, crier aux monts et aux bois
ses plaintes passionnées, et vaines.
O cruel Alexis, n'as-tu donc nul souci de mes chants ?
Nulle pitié de moi ? Tu finiras par me faire mourir.
A cette heure, les troupeaux eux-mêmes cherchent le frais
A cette heures, les lézards verts eux-même vont se cacher dans les buissons d'épines
Et Thestylis, pour les moissonneurs harassés par la chaleur dévorante, broie l'ail et le serpolet pleins d'odeurs.
Mais moi, rodant sur la trace de tes pas, sous le soleil ardent,
je fais, avec les cigales au chant rauque, résonner les vergers. (...)
Viens ici, ô bel enfant, voici que pour toi les nymphes t'apportent
Des lis, à pleines corbeilles. Pour toi, la blance Naiade, cueillant les pâles giroflées et les pavots en tige, assemble le narcisse et la fleur du fenouil odorant.
Puis les entrelaçant au garou et autres plantes suaves
elle marie les tendres vaciets au souci jaune.
Moi-même je cueilleraides pommes pâles au tendre duvet
Et des fruits du châtaigner que mon Amaryllis aimait
J'ajouterai les prunes couleur de cire d'abeille ; ce fruit aussi sera à ton honneur
Et je te cueillerai, lauriers, et toi, myrte voisin
puisqu'ainsi placés, vous mêlez vos suaves senteurs..."