Neph, 15 ans plus tard
bien que le concours soit fini ; je me permets de vous soumettre mes modestes bafouilles...j'en ai écrit bien plus, mais il y en a que je garde pour moi, trop personnels. ceux-ci font partie de ce que je veux bien divulguer et partager. ça ne sont pas des lettres d'amour, des déclarations, mais je savais pas trop où mettre tout ça
Neph wrote:Un dimanche et un week-end passés comme d’habitude :
Seul
Seul dans les rues
Seul dans ma chambre
Seul dans ma vie
Seul…devant ma radio
Qui joue des notes que je ne discerne même plus
Les mêmes notes, monotones, fades
Mais lancinantes
Comme une complainte, un hurlement à la lune
Comme cette question, énigme sphyngienne
A cause de laquelle je meurs chaque jour :
Pourquoi ?
Je demande "pourquoi ?"
Mais la seule réponse c’est
Ces mêmes notes monotones, fades…
Et qui me rappellent à la réalité
Et qui me rappellent qui je suis…
Je le sais. Ou plutôt
Je l’apprends chaque jour
Avec la même douleur…lancinante !
Alors, en un long soupir, je fais
La seule chose que je peux faire
La seule chose que je sais faire :
J’écris, je m’écrie,
Avec ce sentiment qui chaque jour, chaque heure
M’étreint le cœur
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Neph wrote:Un autre moment d’amertume, alors je me noie dans un livre
Je le traverse en papillon et en ressors ivre
Bateau ivre de Rimbaud je dois survivre
Titubant jusqu’à mon livre où à nouveau je livre
Ma confession, ces lignes grâce auxquelles je puis vivre
Cette fois, c’est ici non pas une déception amoureuse
Mais une pensée qui me rend la gorge pleureuse
"Amour" … qu’est ce mot ?
Appartient-il aux mots ou aux maux ?
Il est un mal pour moi, de son non-être je pâtis
Quand je l’oublie, il revient et me réanéantit
Ainsi que c’en est aujourd’hui
Hier, et demain bien sûr aussi
"Demain est un autre jour" et carpe diem
Mais que faire si je sais déjà demain ? Délicieux dilemme
Tous les jours siéent à ce poème
Car au grand jamais je n’ai encore carpe diem
Là-haut dans ma tour d’ivoire, seule ma pensée va à tire-d’aile
Moi, j’attends. J’attends d’un jour la rencontrer, Elle
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Neph wrote:Cet esprit envahi par le vide et le néant
Me dicte à nouveau des vers
Ce regard blasé pénètre jusques aux confins de l’Univers
Alors que dehors résonnent des cris d’enfants
Moi, c’est les trompettes de Jéricho que j’entends
Josué, armé de trompettes et du père Temps
Commence son ballet inexorable en sept ans
Le premier, je redeviens enfant
Je me vois jouer au pied de ces immeubles qui m’ont vus rire et m’ont vus gai
Le deuxième, je suis arrivé dans la contrée
Qui sut ô si bien m’enlever toute félicité
Inconscient de mon épée de Damoclès
Je vis, et le temps passer laisse
Le troisième, le temps se couvre
Je m’arrête et enfin les yeux ouvre
La vie a changé, ma vie a changé
Pourquoi ? Qu’y ai-je fait ?
Le quatrième, je nage en plein cauchemar
Et j’attends que poigne du bonheur l’avatar
Ce dernier ne vint pas malgré mes sollicitations
Ainsi dussé-je taire et terrer mes lamentations
Au cinquième, naïvement réjoui
Je croyais que la tempête était finie
Que nenni ! Moult me trompé-je
Car le sixième fit reprendre le manège
Ma trop rapide et précipitée réjouissance
Me fit tomber jusques aux érèbes de ma conscience
Hagard, je vis en moi s’opérer une naissance
Celle de l’esprit qui me dicte ces stances
Le septième, je me réveille aujourd’hui
Ai-je rêvé ? Il ne fait pas nuit
Et pourtant comme tout cela se ressemble
Les sept tours sont effectués, il semble
Que je suis sur le point de s’effondrer
Et je cligne des yeux et contemple la réalité
Josué – le désarroi
Est venu à bout de Jéricho – moi
Mon regard fatigué s’en va par-delà des confins de l’Univers
Alors que j’achève de coucher ces vers
Et alors que dehors font écho des cris d’enfants,
Moi, ce n’est que le silence assourdissant de ma solitude que j’entends
celui-ci est une référence, voire un hommage, au poème "Josué" de Victor Hugo
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Neph wrote:Oyez…oyez bonnes gens la belle et douloureuse histoire
Qui de ma félicité fit choir les remparts
Ça m’était qu’une impression, maintenant c’est confirmé
Je ne suis point plus qu’un simple jouet…
Quatre lettres suffisent à tout expliquer
Quatre lettre responsables pour tout ce qui m’est arrivé
"Elle" …à la fois ange et démon
C’est versatilement qu’elle change de nom
C’est le plus bel ange, la plus belle créature
Qu’ait jamais confectionné mère Nature
Et quand l’heur d’être en sa compagnie
Vient, c’est un sentiment indicible qui m’envahit
Je ne suis plus seul ! Ô quels instants magiques
Blotti dans ses bras, c’est quelque chose d’unique
Un sentiment capiteux, si fantastique
Que je prie que le temps s’arrête en ces moments romantiques
Quand vient de l’amour l’heur et l’heure
Chacun de nous est roi, est déifié, empereur !
Mais ; et aussi vite que vient cette douce ivresse
Marée, elle se retire, et finit l’allégresse
Et là apparaît son deuxième visage
Tout l’antonyme du bel ange sage
C’est celui du désespoir, du désarroi, de la mort
Serpent subreptice, il s’insinue dedans mon corps
Grâce ! En ces moments je suis plus vide et désemparé
Que toute l’immensité de l’espace rassemblée
L’Univers contient gaz, étoiles et planètes
Moi, je suis plein de néant jusques aux recoins de ma tête
Et ainsi la Camarde avec moi joue
Sa marionnette au bonnet de fou
Un jour c’est oui, un jour c’est non
Je ne puis lui en vouloir, mais qu’elle choisisse son camp
Car même les jouets les plus durables
Seront un jour ou l’autre capables
De subir du temps l’érosion
Et ce beau jour sera pour vous l’occasion
D’enfin m’oublier
Et pour moi la possibilité
De partir à tout jamais
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Neph wrote:
la porte glisse sur la moquette et se referme
même odeur
même horreur
même mal-être même tristesse
je suis mal
je suis pire
ces mots que je couche
ne riment même plus
témoins terrifiants du vide qui m’habite
je cours après ce que je n’aurai jamais
je n’avais pas envie de rentrer
marcher
je veux marcher au son de ma musique
et aller jusqu’au bout du monde
et me jeter
dans l’espace
dans les étoiles
seul oublié inexistant
rejoindre mes mères mes pères
les étoiles
attendez-moi
je suis perdu
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Neph wrote:
La fenêtre ouverte, j’écoute la ville
Elle dort, je l’entends respirer, elle vit
Les talons d’une demoiselle battent le pavé
Il est tard, elle se dépêche, il faut rentrer
Les soupirs que font les voitures qui passent
Sont autant de bruits de la ville qui rêvasse
Et moi. Et moi ? Mouais…rien à déclarer
Grand sourire, mine heureuse et enjouée
“ Les convenances sont les convenances “. Surtout
Il faut se taire, prétendre, et rien du tout
Ne laisser paraître. “ Salut, ça va ? – Oui oui “
Cette question est devenue automatique, sans vie
Et, pour réponse, j’aimerais tant crier “ Non ! “ …mais
Les convenances sont les convenances. Et ainsi malgré
Ma nouvelle vie, je me morfonds toujours et encore
Il est même des jours où je veux me réveiller mort
Hé oui – encore ces détestables sentiments qui me consument
J’ouvre les yeux, m’arrête, tends l’oreille et l’air hume
Ça sent la pluie, je crois qu’il va encore pleurer
Oui, c’est fort possible. Puisque si seul, vide, désemparé
Tel Phénix je suis né à nouveau. Mais dans quoi ?
L’isolement, la solitude. Hébété, j’en reste coi
Alors que dehors le chant d’un oiseau retentit
Moi, c’est juste contre un coussin que je me blottis
J’en veux pas tellement, juste à me lover dans les bras
De quelqu’un, qui je sais ne me repoussera pas
Oh, qui est cette personne, il faut que vous me le disiez
Ne me laissez pas, venez me chercher… tasukete* !
* "tasukete" veut dire "au secours!" en japonais (du verbe "tasukeru", aider, secourir)
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Neph wrote:Ma main se rebelle, refuse que j’écrive tout ceci
Mais sinon, comment le faire sortir, si point ne le dis
La ville vibre, la ville chante, la ville rit
Moi, je reste assis, coi, et me maudis
Et fais monter le niveau de mon hainomètre
Je ne sais plus où me terrer, où me mettre
Chaque jour, la haine et le mal montent en moi
Ils s’accumulent en moi pour toutes les fois
Où j’ai encaissé
Où j’ai pleuré
Où j’ai voulu frapper, mais n’ai pas pu
Où j’ai voulu blesser, mais n’ai pas su
Et je suis vide. Pas de liquide, juste le récipent
Et ce que je perçois, je le vois en deux dimensions
Plat, sans vie, un décor
Dans lequel je me balade, j’évolue encore et encore
Toute cette noirceur accumulée en moi ne demande qu’à sortir
Et celui qui la réveillera, pour lui je crains le pire
Toute cette noirceur est l’énergie qui alimente et suplée
La carapace qu’au jour le jour je me crée
“Ce qui ne me tue pas me rend plus fort“
Une carapace autour d’une coquille vide : mon corps
Mon corps ? Il est hanté, parasité et habité
Par une masse que je n’ai jamais invitée
J’ai tant essayé de me libérer, de l’expulser
Mais elle s’accroche, grâce à son complice, j’ai nommé :
La tristesse. Ce ne sont pas l’amour et la haine
Qui sont parentes, qui paraît-il se ressemblent
Mais plutôt, je dirais, tristesse et haine qui s’assemblent
En mon sein, à côté de mon coeur, réside une boule, un charbon
C’est tout le mal que je détiens, mon carburant
Qui nourrit ma sphère protectrice, la maintient en place
Et alors que dehors résonne la joie de la populace
Moi je ferme mon coeur a double tour et m’assombris
Ce que je voudrais...Un bout d’univers rien qu’à moi, pour la vie
Noir, froid, stérile, sans bruit, sans plèbe
Vivre constamment dans l’éreinte des bras d’Érèbe
Mais je suis en train de rêver...
Alors, à défaut de paysage de rêve dans la réalité
C’est dans mon esprit que je l’ai crée et projeté
en espérant que vous aurez aimé