
 Six ans et une pandémie plus tard, je déterre ce fil ; mais il se trouve qu'entre-temps je me suis abonné à un site de "valorisation de la recherche" ( 

 vous y mettez vos articles et 
vous offrez en pâture vos données personnelles sur l'autel du publish or perish en vous faisant balader par un algorithme à la c*n vous obtenez une valorisation bienveillante de votre travail de recherche et des propositions de lectures sur des domaines connexes 
trente-douze fois par jour avec une efficace régularité). 
Bref : dans le domaine de l'improbable, et aux croisement de deux des trois caractéristiques fondamentales* de notre Maïwenn : les yaourts ET la poésie contemporaine ( 

 mais si, 
souvenez-vous !), on obtient donc 
cet article complètement improbable que vous ne pourrez pas lire parce que vous n'êtes pas abonnés mais qui s'intitule :
"Critique littéraire et critique yaourtière"
 A quoi bon la critique ? Pour acheter des pots de yaourt ou un 
paquet de biscottes, nul besoin de lire une recension d’une demi- 
page dans le supplément hebdomadaire d’un grand quotidien du 
soir. Y suffisent le plus souvent un conditionnement attrayant, un 
service commercial combatif, une réclame efficace, une politique 
de prix agressive et une mise en rayon de grande envergure. Aucun 
critique ne se donne la peine d’engloutir en ile indienne les six cents 
pots de yaourt de la rentrée automnale. Du reste, il n’y a même 
pas de rentrée yaourtière et l’on ne décerne pas non plus, quel 
dommage, le fameux prix Yogourt qui fait grimper toutes les ventes, 
ni le Grand Prix du Yaourt de la Crémerie française. 
Changeons donc de crémerie, puisque en revanche il existe bel 
et bien une rentrée littéraire, où l’on rencontre tout ce qui faisait 
à l’instant le charme irrésistible de l’univers du yaourt (rappel : un 
conditionnement attrayant, un service commercial combatif, une 
réclame efficace, une politique de prix agressive et une mise en 
rayon de grande envergure), plus des critiques et des récompenses 
prestigieuses. La littérature, on peut s’en féliciter, est donc un art 
plus riche et plus complet que la yogourture. Mais pourquoi cette 
différence surprenante entre le livre et le yaourt, alors que l’un 
comme l’autre arborent la même blancheur laiteuse et que, plus 
ou moins coulants ou compacts, ils se déclinent en arômes et caté- 
gories variés, voire « s’assaisonnent » diversement (hêdusmenos : 
la formule est d’Aristote dans la Poétique ) ? (...) 
*La troisième étant bien sûr la contribution au développement de la sociolinguistique du breton en Asie du Sud-EstLa plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)