Qui a écrit ce texte ? [jeu]

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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

Est ce que c'est "le désert des Tartares" de Dino Buzzati ?
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Le lieu dont il parle se trouve effectivement dans les montagnes, mais au sud de Naples. En tout cas dans le mezzogiorno italien, ce qui est un élément important.

Ce n'est pas Dino Buzzati, mais il y a un point commun (d'après ce que je sais de Buzzati du moins), puisque Buzzati comme mon auteur se sont intéressé à un autre art.

On est à peu près bon pour les dates : mon auteur est né un chouia avant Buzzati et mort un chouia après lui.

Je n'ai pas lu le désert des Tartares. Pour ce que j'en sais la problématique est un peu la même. Mais il y a une différence : mon oeuvre n'est pas une oeuvre de fiction.
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

J'ai toujours rien à proposer :c-com-ca:
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Nemo
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Post by Nemo »

Sisyphe est venu me sortir soudainement de ma cure annuelle de désintoxication aux substances virtuelles (avec des arguments si flatteurs que je ne peux les rapporter ici - j'en rosi encore comme le dit si bien Fransesco) et je retrouve avec e-motion les recoins accueillants de notre tour de Babel (qui je le rappelle n'est pas un fromage lucanien).

Cependant un survol rapide des lignes précédentes me fait comprendre que pendant mon absence le rouleur de gros minéraux (et de mécanique diachronique il faut bien le reconnaître) a ourdi contre moi le plus vil des complots dont je tiens ici la preuve :
Sisyphe wrote:Je suis sûr que tu vas trouver avant le retour de Nemo qui lui doit déjà avoir la réponse ( ;) on va pas le laisser tout le temps gagner, hein, non mais*) !
* c'est moi qui souligne

Confronté une nouvelle fois aux agissements misérables - une sorte de fascisme qui ne veut pas dire son nom - de quelques conspirateurs de place publique (mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné?), je jette l'éponge (et mon gant, tiens), tourne mes talons, prends la porte et mets les bouts .
Quel dommage : j'aurais tant aimé vous parler de mes vacances au bout de la terre (enfin c'était plutôt une sorte de résidence surveillée) à Morgat. En réalité je me suis arrêté avant parce que je ne tenais pas trop à voir des lièvres de mer. Comme on dit là-bas (à Naples) : Nemo si è fermato a Crozon. Je laisse à Maïwenn le soin de traduire ceci en breton (en passant éventuellement par Anne auparavant). Comprenne qui pourra...
Last edited by Nemo on 30 Apr 2005 19:59, edited 2 times in total.
Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête d'un cinquième étage et qui vous disent : je vous offre des roses. [Victor Hugo]
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

Quel dommage : j'aurais tant aimé vous parler de mes vacances au bout de la terre (enfin c'était plutôt une sorte de résidence surveillée) à Morgat. En réalité je me suis arrêté avant parce que je ne tenais pas trop à voir des lièvres de mer. Comme on dit là-bas (à Naples) : Nemo si è fermato a Crozon. Je laisse à Maïwenn le soin de traduire ceci en breton (en passant éventuellement par Anne auparavant). Comprenne qui pourra...
J'ai rien capté :-o Enfin, je traduis quand même : Harpet neus Nemo ba' Kraon.

Et tout ça ne fait pas avancer le schmilblick...
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Ah le sacripan ! Il a trouvé, et il ne veut pas nous le dire, abandonnant sa réponse aux experts en cryptologie et Maïwenn dans la perplexité et l'effarement...

Coupons cours, il a donc trouvé : le texte est extrait de Le Christ s'est arrêté à Eboli (en italien Cristo si è fermato a Eboli), de Carlo Levi.

Ce demi-homonyme de Primo Levi (mais sans lien de parenté) a partagé avec l'autre les années du fascisme italien. Carlo Levi, né en 1902 et mort dans les années 70, fut d'abord un peintre, renommé, dont j'avoue ne pas connaître les oeuvres.

Opposant au fascisme quand celui-ci était encore "doux" (si l'on peut dire), Carlo Levi s'est retrouvé confinato à partir de 1934, c'est à dire assigné à résidence, dans un lieu perdu, en l'occurence un village isolé de Lucanie (tandis que d'autres étaient envoyés dans de petites îles). C'est l'expérience de ces années d'exil qu'il retrace dans ce livre.

Le titre de livre vient d'une phrase que lui a dite un paysan à son arrivée - Eboli étant la préfecture de Lucanie ; il affirme d'emblée, dans l'introduction (dont était issu l'extrait), que son sens en est double.

Social, d'abord, parce que C. Levi découvre (et peut-être le premier dans la littérature italienne) l'extrême, l'incroyable pauvreté du mezzogiorno italien, de ses paysans qui dorment encore au milieu des bêtes et qui crèvent avec elle de malaria, méprisés et asservis par les seigneurs féodaux et les représentants minables de l'Etat fasciste (le personnage du podestat - le maire fasciste nommé - est grandguignolesque).
Mais aussi, au sens propre, religieux. Parce que la terre qu'il découvre est resté profondément païenne, continuant, sous un vague verni chrétien, une sorte de mystique magique faite de sorcières et d'esprits de la nature.

Le livre a été adapté à l'écran par Francesco Rossi avec - tout de même - Gian Maria Volonte dans le rôle du docteur Levi.

Ci-dessous, le texte un peu plus entier (j'avais coupé dans une phrase pour que cela ne soit pas trop facile... apparemment j'ai eu tort).
Le Christ n'est jamais arrivé ici, ni le temps, ni l'âme individuelle, ni l'espoir, ni la liaison entre causes et effets, ni la raison, ni l'histoire. Le Christ n'est pas arrivé ici, pas plus que n'y étaient arrivés les Romains qui ne suivaient que les grnades routes et ne pénétraient pas entre monts et forêts, ni les Grecs, qui florissaient sur la mer de Métaponte et de Sibari ; aucun des hommes hardis de l'Occident n'a porté ici le sens du temps qui se déroule, ni la théocratie étatique, ni cette éternelle activité qui se nourrit d'elle-même. Nul n'a touché cette terre autrement qu'en conquérant, en ennemi, ou en visiteur indifférent. Les saisons coulent sur les labeurs paysans, aujourd'hui comme trois mille ans avant Jésus Christ. Nul message, ni humain ni divin, n'a touché cette pauvreté tenace. Nous parlons un langage différent ; notre langue est presque incompréhensible ici. Les grands voyageurs n'ont pas dépassé les frontières de leur propre monde ; ils ont parcouru les sentiers de leur âme et ceux du bien et du mal, de la moralité et de la rédemption. Le Christ est descendu dans l'enfer souterrain du moralisme judaïque pour en briser les portes temporelles et les sceller dans l'éternel.

Mais sur cette terre sombre, sans péché et sans rédemption, où le mal n'est pas un fait moral, mais une douleur terrestre, qui existe pour toujours dans les choses mêmes, le Christ n'est jamais descendu. Le Christ s'est arrêté à Eboli
Sur Carlo Levi : http://carlolevi.free.fr/Biographie.htm
J'ai rien trouvé de bon sur le film.

*

:roll: Sur ce, dois-je vraiment déclarer Nemo vainqueur ? Ou bien transmettre le flambeau à Maïwenn, qui a lutté tout seule pendant tant de semaine contre ce texte mystérieux ?

Je laisse les intéressés en décider.
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Post by Nemo »

Sisyphe wrote:Je laisse les intéressés en décider.
D'accord : je décide que c'est moi ! :sun:

Non, bien sûr je laisse volontiers la place à Maïwenn. Surtout que je n'ai donné aucune réponse : seule l'exégèse de Sisyphe a prétendu en dévoiler une.;)
Donc si elle en est d'accord (et surtout si elle sort entière de son Fest noz !) c'est à elle de jouer :drink:



Si je peux me permettre 2 petites remarques

- On écrit : chenapan mais sacripant
- Le réalisateur s'appelle Francesco Rosi (plus facile à insérer dans mon texte!)
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Post by Sisyphe »

Si je peux me permettre 2 petites remarques

- On écrit : chenapan mais sacripant
J'avais effectivement un doute. Je l'emploie peu. Vient de Sacripanto, nom d'un personnage de l'Arioste, dit le Lexis. On en apprend tous les jours.
- Le réalisateur s'appelle Francesco Rosi (plus facile à insérer dans mon texte!)
J'avais même pas vu. J'ai encore des progrès a faire en exégèse néminique Je me souviens d'un pseudo-article scientifique drolatique inséré dans de très sérieux "hommages" universitaires (une facétie entres professeurs joviaux) qui s'appelait "pour une lecture néminique de la littérature latine paléo-chrétienne", feignant de prendre "Nemo" pour un nom propre") .

Confusionage avec un Rossi qui fait du cinéma... un acteur, non ? Ou un autre réalisateur ? En espérant que ce ne soit pas Tino qui vienne me perturber.

:jap: fort bien, nous attendons Maïwenn.
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Post by Maïwenn »

Je suis toujours en vie ! Et je vais essayer de trouver un texte à la hauteur de vos connaissances, vous qui me transmettez si galamment le flambeau. Mais pour l'instant :sleep:
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Post by Maïwenn »

Et voilà
Elle se rappelait bien l'été où elle avait vu sa grand-mère maternelle pour la dernière fois. Sa grand-mère était morte au début de l'automne. Mais avant de mourir, elle avait passé l'été à l'ombre des pommiers. Elle-même, d'ailleurs, n'était plus qu'une ombre. Âgée de quatre-vingt-dix ans, elle était rongée par un cancer. Elle avait passé son dernier été immobile, inacessible au monde, et les petits-enfants avaient reçu l'ordre de ne pas la déranger, de ne pas crier en sa présence et de s'approcher d'elle uniquement quand elle le leur demanderait.
Une fois, sa grand-mère avait levé la main et lui avait fait signe de venir. Elle avait obéi, pleine d'appréhension. La vieillesse était dangereuse, les maladies et la mort y rôdaient, et elle était pleine de tombes noires et de terreur. Mais sa grand-mère l'avait simplement regardée, avec son doux sourire que le cancer n'avait jamais réussi à déformer. Peut-être lui avait-elle dit quelque chose ; dans ce cas, elle l'avait oublié. Mais sa grand-mère était là, et c'était un été heureux
Amusez-vous bien !
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Post by Sisyphe »

Il y a beaucoup de virgules... Ca fait penser à du Marguerite Duras (<- oui, toujours mon blocage sur les Marguerites).

Je bloque un peu sur "elle était pleine de tombes noires et de terreur" ; c'est le seul élément qui pourrait me faire penser à une traduction. Parce que par ailleurs, il y a quand même quelques clichés (rongé par le cancer, n'était plus qu'une ombre).

La mention d'une grand-mère-adorable, d'une part, et le mot de cancer, d'autre part, me font penser que ce texte ne peut pas être antérieur au 19e siècle (avant le 19e, les grands-mères ne sont pas sympathiques, j'avais entendu un thésard à ce sujet sur France Inter un jour). Je penche nettement pour le 20e siècle. Voire pour l'époque contemporaine (disons depuis la 2e guerre).

Un peu plus ancien : Colette ?
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Post by Maïwenn »

Ce n'est ni Colette, ni même une Marguerite. En fait tu aurais dû suivre les tombes noires et la terreur, c'est bien une traduction (mais elle est jolie, hein ? :) ).

Pour l'époque : c'est bien au XXe. Et d'ailleurs c'est même après la 2ème guerre mondiale.

D'autres suggestions ? :hello:
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laura
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eboli

Post by laura »

Je suis très, très désolée. :( Je doit aussi admettre que j'aurait voulu gagner cette fois. Nemo, tu es imbattable.
J'était très proche à la solution de l'énigme, (j'avais dit Primo Levi), mais maintenant j'y suis arrivée trop tard.


BYE
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Post by Sisyphe »

Alors restons sur les "pleines de tombes noirs"...

Je vois bien un "full of" (cf. Shakespeare : full of sound and fury, signifying nothing).

Donc, littérature anglophone ?
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

Sisyphe wrote:Alors restons sur les "pleines de tombes noirs"...

Je vois bien un "full of" (cf. Shakespeare : full of sound and fury, signifying nothing).

Donc, littérature anglophone ?
Non, ce livre n'a pas été écrit en anglais... Try again ;)
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