sujet d'écriture - printemps 2005

Venez échanger, ici, vos lectures, vos goûts pour la peinture, la musique, le cinéma, ...

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Latinus
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Post by Latinus »

didine wrote:Allez, je m'en débarrasse maintenant finalement...
comme d'une vieille chaussette :sweat:
Les courses hippiques, lorsqu'elles s'y frottent.
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didine
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Post by didine »

Latinus wrote:
didine wrote:Allez, je m'en débarrasse maintenant finalement...
comme d'une vieille chaussette :sweat:
Non ;) Mais ça m'a psychologiquement lessivée de le faire. Donc je suis contente de l'envoyer et de ne plus y toucher. ;)
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

Dernier jour ! Il vous reste encore quelques heures pour fignoler/écrire quelque chose.
Penn ar Bed
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Le commencement d'un monde
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

Vous les attendiez avec impatience, voici les textes (par ordre d'arrivée). Je rappelle le sujet : écrivez à quelqu'un/quelque chose qui a disparu.


GEACHE

Parce qu'entre mecs...

C'est drôle, je regarde ta photo
Mais je ne te reconnais pas.
C'est juste un portrait-robot
Qui quitte ma vie à petits pas.
C'est tout' une page de ma vie
Que tu emportes dans tes malles,
Ma tête s'emplit de nostalgie
Et tout mon corps se porte mal.

Refrain : Quand tu poseras tes valises
Dans ta casbah au bout du ch'min
Souviens toi que mon cœur en crise
Guette le facteur dès le matin.

Tu penses à moi en souriant
Dans cet avion du bout du monde
Et tu revois les bons moments
Aux temps de nos courses vagabondes
Où nous goûtions a pleines dents
Les facéties de la vie
Aux temps où nous étions enfants
Aux temps où nous jouions aux billes.

Je sais que tes yeux ont pleuré
Dès que je n'étais plus en vue
Moi-même, je dois te l'avouer
J'ai dans le cœur un fleuve en crue
Et sur les bords de mes paupières
J'ai beau essayer de crâner
Toutes les eaux de mes rivières
Se sont laissées à déborder.

Parlé : Je sais qu'au bout de tout ce temps,
Parce qu'entre mecs, ca n'se fait pas,
On ne s'est jamais dit : je t'aime.
So long, mon pote ! comme on disait.
Si nos adieux sont pour de bon,
Si cette fois est la dernière,
On se reverra en enfer.
So long, l'ami ! prends garde à toi.




SDF de ton amour


Les volets sont baissés, les compteurs sont fermés,
J'pensais qu'il suffirait de tout quitter
Pour pouvoir oublier, que je t'avais aimée.
Il te reste une caisse dans l'grenier.
Cela fait si longtemps que j'ai quitté l'immeuble,
J'ai déserté le temple de nos amours
Que nous avions bâti sur terrain meuble.
Et je dirige mes pas vers d'autres jours.

Refrain : J'ai croisé ton nouveau mec,
Il n'est pas mal, bon chic, bon genre,
Avec une gueule de jeune cadre
Plus ultra que j'n'étais nec.
J'espère pour toi qu'au fil des ans
Il restera ton grand amour
Qu'il ne partagera pas les bancs
Du SDF de ton amour.

J'aurais voulu tirer un trait sur mon passé,
Il reste quelques meubles que tu n'a pas déménagés,
Tu as laissé quelques cartons dans mon grenier
Quelques souvenirs qui servent de nids aux araignées.
Je pensais qu'il suffirait de te quitter
Pour te chasser au bout du monde de mes idées.
Je pensais qu'il suffirait de m'éloigner
Pour pouvoir oublier que je t'avais aimée.

Je te surprends dans le living de mes pensées,
Tu es la locataire clandestine de mes songes,
Tu squattes en mon cœur l'appartement de mes rêves
Quand je croyais que les compteurs étaient coupés.
J'ai enfilé mon vieux manteau de clochard
Mes guenilles, un sale chapeau mangé des mites,
Je vais traîner mes guêtres dans les petits bars
Où l'on se saoule pour oublier l'amour en fuite.

Il vit dans le penthouse de ta vie,
Il y a longtemps que j'ai quitté, que j'ai quitté l'immeuble,
Je suis un SDF que tu oublies,
Je n'ai plus de place dans tes meubles.
Mon cœur t'envoie des lettres, des lettres enflammées,
Où ma détresse grandit au fil des jours.
Mais tu condamnes ta boîte aux lettres aux paumés
Et je ne suis qu'un SDF, un SDF de ton amour.


Cocoon


Parlé : Je me suis offert
Une soirée cocoon
Dans l’eau de tes vers
Dans ton monde toon.

J’ai gagné en cachette
Ton monde d’images
Que tu peints en causettes
Comm’ on conte un voyage.
J’étais là dans ton ombre,
Je glissais dans tes pas
Dans les coins les plus sombr’
Pour que tu n’me voies pas.

Refrain : Et c’était bien tes mots
Qui m’aimaient dans mes rêves
Et c’étaient bien tes mots
Qui s’posaient sur mes lèvres.
Mais je rêv’ que tes mots
Viennent combler toute ma vie.

J’ai passé ma soirée
A relire tes lettres
Et ma tête enfiévrée
Espérait que peut-être
Tu aurais eu l’envie
D’êtr’ avec moi ce soir.
Je me suis endormie
En lisant tes histoires

Tu vois, tu ne sais pas
Que je suis avec toi
Mêm’ si tu n’es pas là,
Que je vis ce qu’tu vois
Et que ce sont tes mots
Qui vont bercer mes rêves
Et que ce sont tes mots
Qui peuplent mes rêves.


Tous ces endroits


J'ai vu Athènes
Et j'ai vu Rome.
J'ai visité Gênes
Et la vallée de la Drôme.

J'ai vu le Japon
Et puis le lac Titicaca.
J'ai vu le Gabon
Et les chutes du Niagara.

J'ai vu Venise
Et le pont des soupirs.
J'ai visité Assises
Et j'ai dormi à Agadir.

Tu disais : un jour, tu verras,
Je t'y emmènerai
Et tous ces horizons là,
Je te les offrirai.

En me laissant tes rêves,
Tu as laissé Paris, oublié Genève,
Tu es parti à petits pas
Là-bas, d'où on ne revient pas.

Tous ces endroits dont tu rêvais,
Tous ces pays que tu chantais…
Tous ces endroits,
Je les ai vus pour toi.

Mais, chut… Ne pleure pas
Syracuse, l'Egypte… le Lac Victoria…
Je viens bientôt te les conter…
J'arrive… dans ton éternité.


Une allée de cailloux bruns

C’est une allée de cailloux bruns
Squattée par un banc de Pennet
Où cheveux blonds et cheveux bruns
Mûrissent espoirs et vains regrets.

Dans la ramure des grands saules,
Qui mirent leurs larmes dans l’étang
Encore un peu de toi me frôle
Quand je repense à nos vingts ans.

C’est une allée de cailloux bruns
Squattée par un banc de Pennet
Où j’ai changé mes cheveux bruns
A la couleur de mes regrets

Le temps de nos baisers volés
Comm’ le crépitement d’un feu
S’éteint à petits pas feutrés
Et Pennet pleure ses amoureux.

J’ai ton visage en filigrane
Dans la ramure des grands saules
Qui gardent notre banc de Pennet
Dans notre allée de cailloux bruns.
Penn ar Bed
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

MIGUEL


Disparition


Absente comme oisiveté sur le frontispice d’un cœur aux lamelles érodées.

Elle-flux elle-état, fûmes ou non-parûmes comme échos d’insolences vernies au sel bleu. Hurlement à l’improviste ; essence volatilisée d’une larme droite

perdure

dans une réalité adverse et subversive en forme d’onction - vis-je la vie ou la vie me vit-elle ?

Périe comme vautrée dans un ciel de salon. Exempte des reproches et des amères sensations de graviers distendus sous la pâleur du parchemin. Elle,

abrupte,

survit parfois, et feint de s’assurer dans le néant l’existence ahurie qui se greffa sous mes talons. Jouxte les villes essaimées sans trace aucune – n’est absurde que dans le regard de qui la mûrit – et meurt ou mourra ou mourut. Traces maniérées de lacérations à l’ombrage poli. Hurler la vacance d’une noria ; orangeraie de vertus molestées. Elle file comme ombre dans la pénombre d’une ribambelle de sources.

Tu, je, de loin

en loin, m’irritez, m’enivrent et me laissent pour mort, culpabilité aérienne et sillages sans abolition ; mouvements sans portes ni sous-pentes ; regardez choir la propre chute universelle – n’est universel que celui qui compose, je compose, je compose, je, je, je, va-t-en, rugis, rugissons, je bâille, où suis-je ?

Si longue sois-tu, tue-tête nu-pied à l’écorce chargée de brimades, drague la brise pendant que nous couvrent les assaisonnements de noirceurs. Ancre satinée comme le rhésus d’un nombril. Ire arrondie, si pauvre, qui veux-tu mimer ? Les ossements parlent, vite, vite, suis-moi, vers ou contre l’opacité.

La nuit fond comme un supplice dans le grain d’une roue.

Et si le fugitif se fie aux orages comme je, comme nous, contre les sursis dépolis, soupesâmes une effervescence ; si l’oracle qu’il soulève et emmène pour tout bagage s’en vient à lui déplaire ; si les peaux affranchies s’engoncent, pourpres, purulentes, silencieuses marées d’huiles sur braises. Amorties les éclaboussures de plaies par-dessus les auvents :

tu,

ailleurs,

comme houle de rue à la peau ridée,

versée en étrangère dans les puits d’esthètes, me suis allure-quintessence jusqu’à affouiller les plus innocents interstices !

Epilogue aphone

Ces drames de gélatine s’éloignèrent, parant le paysage d’un crime à la texture floue et exerçant sur les avenirs douceâtres de savantes oraisons. Enfoncement des servitudes. (Rires et épistrophes.)


AU CHAOS

A mon frère, Jean-Jo !

Tu es né un premier juin. Tu es mort 18 jours plus tard : sténose du pylore.
Parfois, la nuit, tu viens frapper à la porte de mes songes. Tu m'intérroges. Tu me demandes si la vie est chouette. Et je te réponds : " Non, Jean-Jo, tu n'as rien raté,crois-moi ! "
Tu me dis : " Je crois que tu te trompes. J'aurais bien aimé jouer au football, faire des maths, piloter un avion, ... "
Môa, j'aime pas la vie. Tout me dégoutte. Déjà à l'âge de 8 ans, j'en avais ma claque. J'avais glissé un billet, griffonné très maladroitement. Je l'avais placé dans un grand vase. Maman l'avait découvert. Il disait : " Ne vous étonnez pas si, un jour, je me suicide ! " Quel drame ! Enfin, bref !
Tu sais, la vie est un piège à cons car tu sais qu'un jour, tout finira. Mal : tu mourras. Faut être vicieux pour inventer un truc pareil !
Môa, j'ai bien aimé maman. Marguerite. Un jour, elle nous a dit que si c'était à refaire, elle ne se marierait pas, elle n'aurait pas de gosses. Elle aurait aimer étudier l'histoire ou être archéologue.
J'aime bien les chats. J'aime pas trop les mecs pour la simple raison qu'on est les mêmes, et que si je me regarde dans un miroir, alors eux et môa, c'est kif-kif.
J'aime bien les filles mais l'ennui c'est que je n'ai jamais bien su m'y prendre avec elles. Je me suis toujours fait pigeonner.

Pour ce qui est de la race humaine, ne m'en parle pas. Tous des tordus qui ne cherchent qu'à se bouffer le pif, à se faire des coups vaches ou à s'étriper. L'être humain est sacrément mal foutu, tu sais ! Il est comme tout de travers, mal construit.
T'inquiète pas, Jean-Jo, t'as rien perdu, t'es peinard. Ah oui, tu as peut-être raté le mieux du mieux : les bouquins, la lecture. Là, t'es tout seul, tu peux tout réinventer à ta façon. Jongler avec les mots, les idées. C'est chouette.
Et puis j'ai bien aimé 2 ou 3 villes : New York, Londres, Rome,... et la mer, l'océan.
En tout cas, je te le dis tout net : je ne ressigne plus : j'ai vu une fois et je peux te l'assurer, ça ne vaut pas le coup. Du tout !
Parfois, je t'envie, mon grand frère de l'oubli, du néant. Tu es dans l'ignorance, tu peux donc tout imaginer ...
Je t'embrasse, frangin !

" Au Chaos "
Penn ar Bed
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

NEPHILIM

c'était puéril de ma part de penser que les choses s'amélioreraient instantanément. je suis pas le héros d'un film, que la jolie et jeune héroine embrasse apres 1h45 d'intrigues, au terme d'un dernier rebondissement a couper le souffle; je ne suis qu'un vulgus pecum, une fraction de la masse, un truc perdu parmi d'autres trucs. les choses ne vont pas "mieux" d'un claquement de doigts ; meme dieu a eu besoin de 7 jours pour finir son boulot. c'est dans la nature que les choses prennent du temps, plus ou moins de temps selon l'amélioration nécéssaire. pendant 8 ans j'ai été confiné dans les limbes, ça n'est pas en une apres-midi que je rayonnerai de bonheur. de toute façon, le bonheur arrive ou n'arrive pas ; on ne peut pas le créer. donc je ne cherche pas a etre heureux ; j'aspire juste a etre "mieux" et moins pire. pendant 8 années j'ai été oppressé et mon etre dénié par celle qui prétend au titre de mere. j'ai également eu du mal-heur pour le peu d'amours que j'ai eues. c'était ridicule de penser qu'avec quelques mots alignés sur une feuille de papier je pourrais corriger 8 années de noirceur. comme je le disais, il faut du temps au temps ; et il faudra surement beaucoup de temps dans mon cas pour que je puisse me tenir a nouveau droit. la nature est lente dans son avancée : je ne suis certes plus sous le joug "maternel", libéré de celui-ci ; mais pas tellement mieux : appart de merde, boulot de merde, quotidien de merde. chaque chose en son temps. j'ai remédié au probleme primordial, je dois encore attendre avant de penser a une compagnie, au cote sentimental. j'ai beaucoup a donner, oui, mais je ne peux en faire profiter personne. pas encore, dirait-on. une voiture met plus ou moins de temps a passer de 0 a 100km/h et moi je semble conduire tres tres prudemment. je ne me morfonds pas. je ne me morfonds plus. je souffre, mais je ne pleure plus. pas pour l'instant en tout cas. alors je serre et grince des dents et je fais un pas en avant apres en avoir fait 5 en arriere. personne ne me connait ; personne ne sait ce qu'il y a dans ma tete. et puis ; je ne voudrai infliger mes remises en question a personne ; les gens ont leurs problemes, pas besoin des miens. donc je ferai comme je fais toujours : je me tais, je prends sur moi, je mets des coups dans un mur ou je me crame la main pour refouler la haine qu'il y a en moi, et j'avance...c'est une évidence, j'ai pas d'essence pour faire la route dans l'autre sens, il faut que j'avance.

je suis misanthrope mais pas misogyne. une présence tendre et aimante me manquera toujours. et m'a de toute façon toujours manqué, ma mere ne remplissant pas ce role et ne l'ayant jamais rempli. mais qu'y puis-je faire? mes tentatives se soldent par des échecs et mes réussites ne m'apportent que plus de mal-heur. j'en trouve une qui me correspond a merveille ; mais elle m'ote la joie tout aussi vite qu'elle venait de me la donner. qu'est ce que je peux y faire? ça ne vient que confirmer ce que je subodorais depuis longtemps : je ne suis pas fait pour etre aimé. je suis l'ami, pas l'amant. je ne suis ni beau, ni sculpté, ni celebre, ni riche, ni drole, ni intelligent. je n'ai rien qui fasse qu'une fille puisse s'intéresser a moi ; alors de quel droit je m'intéresse a elles? elles méritent toutes mieux que moi et le plus souvent ont de toute façon déja mieux que moi aupres d'elles.

alors que faire? l'alcool n'a plus d'effet ; j'épargne a mes amis mes problemes personnels ; je n'ai pas de douce et tendre moitié aupres de qui poser ma tete et tout ce qui reste de mon cocon familial se réduit a mon pere, qui est le plus souvent occupé soit a son travail, soit a sa fille nouvellement née. haha oui, je le reconnais bien la : une fois qu'un de ses investissements a été fructueux et fonctionne en autonomie, il investit autre part. business is business.

et moi? moi, je suis réduit, a la maniere d'un schizophrene, a me parler a moi-meme ; les mots que je tape étant en réalité le reflet de l'intérieur de ma tete qui se déverse sur ce clavier, béante et vide. vide d'émotions, vide de sentiments, vide de rires, vide de surprises, vide de souvenirs. le passé n'existe pas et le futur tel que je le vois ne me fait que souhaiter qu'il n'existât jamais. il n'y a que le maintenant immédiat, une chambre minuscule, silencieuse et noire, juste éclairée par une bougie luttant et vacillant comme mon ame. pas de rires, pas de chaleur, pas de toucher. juste un frisson qui part de mon échine pour aller lui aussi rejoindre le flot de mes pensées mourant sur ce clavier. j'imagine que c'est comme ça que ça doit se passer et que je n'y changerai rien. j'ai beau essayer, je ne fais que choir. je suis celui qu'on appelle quand on a besoin de lui et qu'on oublie le reste du temps. je mets mes maigres capacités au service des autres et en retour j'ai quoi? tristesse, douleur, dégout, solitude et haine. la vie n'est pas un putain de film, le téléphone ne sonne pas quand je pleure prostré et recroquevillé sur le sol, y'a pas de visite surprise d'ami quand je suis a la main avec une bouteille au contenu moralement répressible, aucune belle inconnue ne m'aborde dans la rue et les filles d'aujourd'hui ne sont plus romantiques, idéalistes et reveuses. je dois pas etre né a la bonne epoque, en fait. ou alors j'aurais pas du etre né tout court. quel est le con qui m'a doté d'un coeur capable d'éprouver des sentiments? si seulement j'étais un bout de pierre ou une plante.

et voila, ce qui devait etre une catharsis de quelques lignes va finir en roman Harlequin de plusieurs pages. d'ou l'avantage de se taire : personne que je connaisse supporterait ou comprendrait tout ce que je viens de dire - enfin, de taper. apres tout, c'est en fait cruel de ma part de chercher une amie : je lui infligerais tout ceci ; quel salaud je suis ! en fin de compte, ces mains ne doivent pas etre faites pour étreindre ; ces levres ne doivent pas etre faites pour embrasser et ce corps ne doit pas etre fait pour réchauffer. je suis inutile, voila. la difference entre un dictionnaire et moi? je suis plus rapide ; ça évite aux gens d'avoir a feuilleter des pages avant de tomber sur plusieurs définitions entre lesquelles ils hésiteraient. voila pourquoi a l'école primaire on m'appelait "dictionnaire" ! putain, tout se recoupe, tout se rejoint. c'est écrit, tracé, et je peux rien y changer.

pour finir, je vais m'offir un moment de mégalomanie, tiens, je vais me citer moi-meme :

"amour? non ce mot vraiment je ne connais pas
camarade? oui oui, ça je sais : ça ne peut etre que moi !"

3h du matin. bougie, mon amie, bonne nuit...


DIDINE

Cette histoire, ce rêve atroce, ne fait que conter notre vie.

Tout avait basculé après cet accident qui t'avait privé de tes jambes. Nous étions un couple ordinaire, nous ne demandions pas grand chose à la vie : nous marier, avoir des enfants, un emploi correct : être heureux. Cette voiture en avait décidé autrement. Tu n'avais jamais réussi à accepter ce qui t'était arrivé. Je ne me souviens même plus de notre vie d'avant, des moments que nous avions partagés, des mots que nous avions échangés, de nos baisers la nuit, des fleurs sur la table qui avaient été amenées par le bonheur et qui sont fânées depuis longtemps. Je me souviens simplement de ce que devait être notre histoire : de l'amour. De l'amour ou de la beauté ou de l'harmonie, mais pas ce qu'elle était devenue.

Tu t'étais muré dans le silence. Je pensais que le silence était une langue, que j'entendrais tout même si tu ne disais rien, mais j'avais tort. Tes soupirs, le souffle de ta vie, cachaient une peur infinie. J'aurais voulu t'aider à te relever, mais tu t'étais tellement renfermé sur toi-même que, comme aveuglé, tu ne me voyais plus. Tu n'étais plus avec moi, j'étais déjà seule. Tu te bouchais les oreilles pour ne pas entendre mes cris. Tu avais froid dans mes bras. En te découvrant ainsi, je m'étais demandé si les jours heureux n'avaient été que mensonges. J'avais décidé d'être forte pour deux, de ne plus jamais pleurer. J'avais remplacé ma fragilité par de la force et de la volonté.

Toi qui avais voulu vivre par de grands actes, par de grands gestes, tu disais que tu n'avais plus aucune raison de rester. Tu avais voulu explorer de nouveaux horizons, mais tu déplorais que, cloué dans ton fauteuil, tout ce que tu faisais avait déjà été fait par d'autres, tout ce que tu voyais avait déjà été vu par d'autres. Oui, mais pas par tes mains, pas par tes yeux, et c'est le fait de vivre ces choses toi-même qui t'aurait fait te sentir vivant. S'il y avait encore de la beauté quelque part en ce monde, tu ne la trouverais pas sans la chercher.

Bien sûr, il y avait également eu des jours heureux où presque tout allait bien, des ports où nous nous reposions entre les tempêtes sur les mers, les vagues hautes comme des montagnes, les mirages, les instants de folie. Je voulais croire que ces jours dureraient à jamais, mais le Mal ne faisait que revenir plus insidieusement avec la nuit. Chaque matin lorsque le soleil se levait, il fallait à nouveau trouver du courage. L'ennemi sait toujours où trouver les blessures les plus profondes, celles qui guérissent lentement, si lentement, si tant est qu'elles puissent guérir un jour...

J'ai découvert tes écrits ce matin. Ils ont changé avec toi. Ces lignes qui me berçaient auparavant me glacent maintenant le sang :
Je veux voir le monde brûler dans un enfer, voir les enfants préférés de Dieu tomber sous un joug. Je veux de la douleur, du désarroi, un bataillon de maladies pour oublier ma détresse rien qu'un instant.

C'est en te lisant que j'ai décidé de te parler. Je t'ai écouté un long moment, une éternité. Tu étais en train de te fatiguer, d'abandonner, de sombrer dans ton destin. Combien de jours pourrais-tu encore tenir ? Combien de matins pourrais-tu encore te lever aux aurores juste pour regarder la lumière par la fenêtre ? Je ne voulais pas que tu partes ainsi au pire instant, cela aurait été comme mourir au milieu d'un cauchemar avant même d'avoir pu te relever. Tu disais que la vie était un champ de bataille mais que tes troupes étaient fatiguées et la victoire encore lointaine. Je t'ai compris. J'ai pensé bien agir. Cette froide distance nous sépare maintenant à jamais, depuis cet endroit où tes troupes célestes ont établi leur camp.

Je vois une ombre par la fenêtre, peut-être est-ce la tienne, qui s'éloigne en niant presque tout. Je vois ton corps étendu là par terre, et dans ma main tremblante cette lame ensanglantée. Le ciel est noir, ton coeur s'est arrêté, tes mains sont froides, tes yeux fermés. Mon nom secret est Regret : une vie jetée, oubliée. Bientôt, la lumière tremblera avant de s'éteindre, les pensées ralentiront dans mon esprit. Je me souviendrai de ce qui s'est passé comme s'il s'agissait de l'histoire d'une autre.

Où le Mal est-il enterré ? Enterrez-y moi aussi.
Last edited by Maïwenn on 07 Jun 2005 18:47, edited 1 time in total.
Penn ar Bed
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flamenco
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Post by flamenco »

Ils sont très chouette vos textes! Bravo à tous! :clap: :clap:

Flamy
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Post by Latinus »

Je trouve qu'ils sont très bien aussi :jap:

Celle qui me parle le plus c'est "Parce qu'entre mecs...", disons que je m'y retrouve en partie ;)


Bravo à celles et ceux qui ont participé !


Je suppose que de toute façon ça reste ouvert non ? Y'a pas de date de fermeture ? ;)
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

Je suppose que de toute façon ça reste ouvert non ? Y'a pas de date de fermeture ? ;)
Oui, oui, on peut toujours rajouter des textes !
Last edited by Maïwenn on 08 Jun 2005 10:35, edited 1 time in total.
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Post by flamenco »

Maïwenn wrote:
Je suppose que de toute façon ça reste ouvert non ? Y'a pas de date de fermeture ? ;)
Oui, oui, on peut toujours rajouter des textes ! [/url]
Ah... On a intérêt à assurer avec tout ça... :lol:
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enora
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Post by enora »

Waouh! :king:
:hello:
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fullmoon
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Post by fullmoon »

Des textes tous très beaux. Personnellement, j'attribuerais une mention spéciale à Didine, ainsi qu'à Nephilim car je trouve leurs écrits particulièrement poignants.
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Nephilim
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Post by Nephilim »

qui se ressemble... :loljump: ;)

(Didine et moi sommes nés exactement le même jour, NDLR)
You may feel alone when you’re falling asleep
And every time tears roll down your cheeks
But I know your heart belongs to someone you’ve yet to meet
Someday you will be loved
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didine
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Post by didine »

Nephilim wrote:qui se ressemble... :loljump: ;)
Hum... :roll:
Nephilim wrote:(Didine et moi sommes nés exactement le même jour, NDLR)
Pas la même année, je suis une ancienne! :lol:
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arkayn
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Post by arkayn »

didine wrote:
Nephilim wrote:qui se ressemble... :loljump: ;)
Hum... :roll: :lol:
C'est pas gagné, Neph ;)
La folie des uns est la sagesse des autres
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