Récemment, il nous fut donner de déplorer le décès d'une jeune femme Kurde, lapidée par son "clan" familial suite au viol dont elle s'avéra victime.
Retrouvée agonisante par les autorités turques, elle fut entièrement prise en charge par l'hopital, qui, malgré les nombreux soins prodigués, n'a pu la soustraire à l'inéluctabilité de son sort. Atrocement meurtrie, elle décéda dans les semaines qui suivirent.
La famille, outre sa totale déresponsabilisation (financière et morale), eut l'impudence d'envoyer des émissaires s'enquérir du trépas potentiel de la jeune femme tout au long de son hospitalisation.
Prétexte invoqué pour légitimer cet acte: le déshonneur.
Un autre exemple de même facture à été relaté dans un pays arabe. La personne en question à survecu, et peut, de ce fait, partager son vécu des évènements.
J'ignore de quelle "infamie" elle se rendit coupable ( peut-être de s'être éprise hors mariage?), mais quoiqu'il en soit, la personne à laquelle incomba la tâche de "laver son l'honneur dans le sang et les larmes" ne fut autre que sa propre mère!
Elle échappa de justesse à une tentative d'immolation par les flammes, puis, en milieu hospitalier, à une tentative d'empoisonnement orchestrée par sa génitrice.
Les crimes d'honneur sont une pratique extrêmement répandue dans l'entièreté du globe. Ces deux jeunes femmes, sacrifiées au nom d'une tradition qui, bien que surannée, continue à déclamer de telles sentences dans la plus totale impunité, sont en quelque sorte l'emblème des exactions menées à l'égard de celles qui dérogent aux règles arbitraires du renom. Le nombre de cas recensé est passé sous silence, l'indulgence va aux honneurs bafoués, déléguant au silence les souffrances endurées.
Combien d'atrocités trouvent leur justification dans cette soif de respectabilité?
Et finalement, la crainte du jugement des autres se substitue à l'affection
qu'un mère pourrait porter à sa fille, l'amenant parfois jusqu'à implorer la mort de réparer l'outrage.
Pour en revenir à la jeune Kurde, voici un exemple édifiant quant à la tenacité de cette mentalité, ancrée dans les esprits comme une roche l'est en terre:
Lorsque l'on interrogea les habitants des villages voisins, il en fut nombre qui répondirent:
"Un homme vit pour son honneur. S'il vient à le perdre, il lui faut mourir."
Cela s'est passé dans le courant de cette année, et non en des temps reculés. Cela s'est passé en Turquie, comme cela aurait pu se produire ailleurs, un pays proche qui aspire à une adhésion promte à l'Union Européenne. Je pense qu'il ne faut pas passer ce type d'évènements sous silence. Ce n'est pas un cas ponctuel ou singulier. C'est une réalité à laquelle bien des femmes (mais pas uniquement, entendons-nous!) sont encore confrontées à ce jour. Il ne faut pas laisser les choses perdurer telles quelles. Qu'en pensez-vous?
Honneur déshonorant.
merci de préciser l'origine du message
Hum..., mais qu'est ce que vous avez tous a déprimer aujourd'hui?
même en France c'est encore tabou de parler de viol.
alors dans les pays moins ouvert (sur le plan de la libération sexuelle/familiale de la femme), sûr c'est pire...
mais faudra plusieur génération pour que ça change. En France ça doit pas faire 30 ans que les femmes commences juste un peu à se libérer et il existe encore (en 2003)de grandes inégalités entre elles et les hommes.
moi je suis d'une génération qui a tjrs connu les droits des femmes à être libre et a ne pas subir les lois de la famille.
entre la campagne et la ville il ya tjrs de grand disparité...
- Bernadette
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Re: Honneur déshonorant.
«une tradition qui, bien que surannée, continue à déclamer de telles sentences dans la plus totale impunité»
Pas totalement, mais tu imagines que les enquêtes sont difficiles.
C'est long, mais partout des hommes et des femmes courageux combattent ces traditions.
Toujours cette constante : la culpabilité des femmes.
Ce que l'on appelle honneur dans ton récit n'est que le contrôle absolu de leurs faits et gestes.
Elles n'ont pas aimé et désiré des fantomes, mais des hommes bien vivants. Pour une même attirance deux lois. Pour les femmes la mort. Elles sont seules coupables de transgression.
(A un autre degré, pense au mépris qu'inspirent les femmes qui se prostituent. Comme si elles étaient seules responsables de ce marchandage).
Les violences faites aux femmes est un sujet souvent abordé ici.
Les lois sont le seul rempart contre ces barbaries.
Rempart fragile, si long à ériger, si facile à abattre.
On peut souhaiter que ces lois s'uniformisent entre pays de l'Union Européenne.
Mais, ici ou là, des siècles de préjugés ne s'effacent pas si facilement.
Te souviens-tu du XIXème, on s'y demandait encore si nous avions une âme.
En France, l'émergence des intégrismes, politiques et religieux, peut entrainer une belle régression du côté du droit des femmes.
Dans ce pays économiquement développé, et qui s'en glorifie assez sottement, il y a des mariages forcés. On pratique l'excision. L'accès aux soins est problématique pour certaines d'entre nous . Après avoir lu le post concernant les hôpitaux, j'ai parlé avec des amis médecins, c'est assez effrayant : femmes enfermées, sous la garde du père, du frère ou de la mère.
Même si toutes ne subissent pas ces lois parallèles , toutes sont concernées.
Et que l'on ne vienne pas me dire sottement : « respectons les différences». Je ne les respecte que si elles sont respectables.
La loi du plus fort (physiquement) continue de sévir dans tous les milieux.
Et pourtant, les mentalités ont évolué. Ce qui passait pour allant de soi il y a quelques années (20, 30 ans) est devenu inacceptable pour beaucoup d'entre nous. Belle réponse de Daraxt : "moi je suis d'une génération qui a tjrs connu les droits des femmes à être libre et a ne pas subir les lois de la famille".
Ne jamais se taire, ne jamais renoncer et continuer à goûter les beautés du monde.
Ces horreurs pourraient nous les faire oublier. Prendre des forces, aimer, "regarder les blés qui se plient sous le vent", cet enfant qui joue. Apprendre une langue dont la sonorité vous enchante, se remettre au piano... La liste est infinie et si variable pour chacun d'entre nous.
Ne jamais accepter une injustice comme allant de soi, même si dans l'immédiat l'on est désarmé.
Pardonnez-moi, cette réponse est bien longue. mais la question posée par Khalam m'a particulièrement touchée.
Pas totalement, mais tu imagines que les enquêtes sont difficiles.
C'est long, mais partout des hommes et des femmes courageux combattent ces traditions.
Toujours cette constante : la culpabilité des femmes.
Ce que l'on appelle honneur dans ton récit n'est que le contrôle absolu de leurs faits et gestes.
Elles n'ont pas aimé et désiré des fantomes, mais des hommes bien vivants. Pour une même attirance deux lois. Pour les femmes la mort. Elles sont seules coupables de transgression.
(A un autre degré, pense au mépris qu'inspirent les femmes qui se prostituent. Comme si elles étaient seules responsables de ce marchandage).
Les violences faites aux femmes est un sujet souvent abordé ici.
Les lois sont le seul rempart contre ces barbaries.
Rempart fragile, si long à ériger, si facile à abattre.
On peut souhaiter que ces lois s'uniformisent entre pays de l'Union Européenne.
Mais, ici ou là, des siècles de préjugés ne s'effacent pas si facilement.
Te souviens-tu du XIXème, on s'y demandait encore si nous avions une âme.
En France, l'émergence des intégrismes, politiques et religieux, peut entrainer une belle régression du côté du droit des femmes.
Dans ce pays économiquement développé, et qui s'en glorifie assez sottement, il y a des mariages forcés. On pratique l'excision. L'accès aux soins est problématique pour certaines d'entre nous . Après avoir lu le post concernant les hôpitaux, j'ai parlé avec des amis médecins, c'est assez effrayant : femmes enfermées, sous la garde du père, du frère ou de la mère.
Même si toutes ne subissent pas ces lois parallèles , toutes sont concernées.
Et que l'on ne vienne pas me dire sottement : « respectons les différences». Je ne les respecte que si elles sont respectables.
La loi du plus fort (physiquement) continue de sévir dans tous les milieux.
Et pourtant, les mentalités ont évolué. Ce qui passait pour allant de soi il y a quelques années (20, 30 ans) est devenu inacceptable pour beaucoup d'entre nous. Belle réponse de Daraxt : "moi je suis d'une génération qui a tjrs connu les droits des femmes à être libre et a ne pas subir les lois de la famille".
Ne jamais se taire, ne jamais renoncer et continuer à goûter les beautés du monde.
Ces horreurs pourraient nous les faire oublier. Prendre des forces, aimer, "regarder les blés qui se plient sous le vent", cet enfant qui joue. Apprendre une langue dont la sonorité vous enchante, se remettre au piano... La liste est infinie et si variable pour chacun d'entre nous.
Ne jamais accepter une injustice comme allant de soi, même si dans l'immédiat l'on est désarmé.
Pardonnez-moi, cette réponse est bien longue. mais la question posée par Khalam m'a particulièrement touchée.
Last edited by Bernadette on 14 Nov 2003 12:37, edited 2 times in total.
'Quelle heure est-il, bien à peu près'
"Les lois sont le seul rempart contre ces barbaries.
Rempart fragile, si long à ériger, si facile à abattre."
Cette phrase est très belle, mais hélas si vraie.
Lorsque l'on observe la régression sociale survenue en Afghanistan suite à l'accession au pouvoir des Talibans, l'on se dit que les libertés sont parfois bien précaires. Alors qu'elles avaient mis tant de temps à s'instaurer...
Si dans l'immédiat nous ne pouvons agir, je pense néanmoins qu'il est important de briser le silence.
Ces réalités sont révoltantes, mais elles ne sont que le reflet de ce qu'il fut donné à la femme d'endurer depuis des millénaires. Une aliénation qu'à ce jour l'on s'efforce de combattre, que l'on aimerait révolue ou lointaine, mais qui se veut encore présente.
Pourtant, il est vrai, il ne nous faut pas pour autant nous départir du regard charmé que l'on pourrait porter sur les beautés du monde.
Car elles existent...
Mon espoir c'est qu'un jour chacun puisse les contempler sans amertume.
Rempart fragile, si long à ériger, si facile à abattre."
Cette phrase est très belle, mais hélas si vraie.
Lorsque l'on observe la régression sociale survenue en Afghanistan suite à l'accession au pouvoir des Talibans, l'on se dit que les libertés sont parfois bien précaires. Alors qu'elles avaient mis tant de temps à s'instaurer...
Si dans l'immédiat nous ne pouvons agir, je pense néanmoins qu'il est important de briser le silence.
Ces réalités sont révoltantes, mais elles ne sont que le reflet de ce qu'il fut donné à la femme d'endurer depuis des millénaires. Une aliénation qu'à ce jour l'on s'efforce de combattre, que l'on aimerait révolue ou lointaine, mais qui se veut encore présente.
Pourtant, il est vrai, il ne nous faut pas pour autant nous départir du regard charmé que l'on pourrait porter sur les beautés du monde.
Car elles existent...
Mon espoir c'est qu'un jour chacun puisse les contempler sans amertume.
Le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave. Celui que tu prononces est ton maître