Racisme, antisémitisme, fascisme / information

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miju
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Racisme, antisémitisme, fascisme / information

Post by miju »

Bonsoir,

Hier j'ai vu sur la 2ème chaîne de télé l'émission sur la recherche des anciens nazis coupable de crime contre l'humanité et le documentaire sur grosso modo le même sujet qui a suivi, avec beaucoup d'image d'archives très très dures.
Je pense qu'en France le gens de 60 à 70 ans ont été longtemps mal informés sur la guerre 39/45 le nazisme l'antisémitisme, nos parents n'en parlaient pas soit ils avaient trop souffert soit ils culpabilisaient peut être (majorité silencieuse) c'était trop tôt. Depuis grâce à de nombreux films, grâce à l'école, Il me semble que les plus jeunes sont un peu mieux informés.

Vous êtes à priori nombreux ici à connaître d'autres pays d’Europe, et je souhaite savoir si d'après vous l'information sur ces cri^mes est faite si ce genre de films circulent.

Ma question est motivée par le fait qu'il me paraît difficile d'expliquer la montée du racisme de l'antisémitisme, du fachisme lorsqu'on a l'éclairage du passé.

Merci pour vos quelques lignes , je ne souhaite pas ouvrir un débat sur le fond mais suis curieux de quelques retours d'expériences.
Avec tout le bonheur que se petafine dans le monde que d'heureux on pourrait faire. :roll:
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svernoux
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Re: Racisme, antisémitisme, fachisme / information

Post by svernoux »

Hm. Bonne question. Je pense que ma génération a été matraquée par ce genre de témoignage (voire assommée...), de même qu'on a été abreuvés de la nécessité de sortir couvert, et ça n'empêche pas le racisme et le SIDA de reprogresser par vagues... Je me demande s'il n'y a pas justement un effet de saturation au bout d'un moment ?
Sonka - Сонька
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Andergassen
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Re: Racisme, antisémitisme, fascisme / information

Post by Andergassen »

Je dirais au contraire que ma génération n'a que trop bien connu l'après-guerre et ses conséquences. C'est surtout une question d'optique. Celle des Français de l'intérieur n'est pas la même que celle des Français des frontières. Mon père, citoyen français, était dans la Wehrmacht, mon beau-père, citoyen italien, était dans la Wehrmacht, parce qu'ils étaient supposés être de langue et de sang allemands. Et j'ai grandi avec la dénonciation de l'horreur des camps de concentration et du fascisme, ainsi que des événements d'Algérie en tant que guerre, mais c'était surtout une question d'orientation politique, mon père et moi naviguant à contre-courant (scoutisme laïc, à l'opposé du scoutisme traditionnel, choix de l'allemand comme LV1 qui n'était pas évident à l'époque, engagement pendant la guerre d'Algérie ; j'ai retrouvé dernièrement au grenier des brochures de témoignages de jeunes appelés sur la torture, ainsi qu'un exemplaire de "La question" d'Henri Alleg).
Et il ne faut pas se leurrer : l'antisémitisme, la xénophobie et le néo-nazisme en Allemagne, surtout dans l'ex-RDA, ne sont pas un phénomène apparu seulement après la réunification. Il se manifestait déjà du temps de la RDA. Trop d'antifascisme tue l'antifascisme, et une erreur magistrale avait été de concentrer une main-d'oeuvre étrangère contractuelle (Cuba, Mozambique, Angola, Algérie, Vietnam notamment) dans des petites villes où se trouvaient de grandes entreprises de construction mécanique (tracteurs, machines agricoles, industrie automobile). Cela créait des frictions avec la jeunesse du coin qui n'était pas habituée au contact avec des étrangers, jeunes eux aussi, et qui ne laissaient pas la gent féminine indifférente... Le trop-plein d'énergie juvénile était habilement canalisé par la Stasi qui recrutait ses nervis dans ces milieux, en leur proposant un marché (après tout, ils avaient contrevenu aux principes de l'internationalisme prolétarien et risquaient théoriquement la prison pour violences et xénophobie), et dès lors, ils intervenaient principalement contre les groupuscules qui émergeaient dans les années 80 (écolos notamment, la RDA était un des pays européens les plus pollués avec un équipement industriel totalement obsolète lors de la réunification). Et une fois l'Allemagne réunifiée et les entreprises industrielles démantelées, la jeunesse de RDA, qui avait été toujours maternée par le Parti qui organisait ses loisirs, n'avait généralement que le choix de partir pour l'ouest pour y trouver du travail, ou, pour ceux restaient, pointer au chômage et se laisser récupérer par les mouvements d'extrême-droite qui leur donnaient l'impression de s'occuper d'eux et de leur offrir une perspective, surtout dans les zones rurales déshéritées, où l'on plaçait de préférence les demandeurs d'asile. La suite, on ne la comprend que trop bien... :roll:
Par de bons mots foudroyons la sottise, craignons le sang ; ne versons que le vin.
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Sisyphe
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Re: Racisme, antisémitisme, fascisme / information

Post by Sisyphe »

Léo a raison de rappeler que "l'histoire de la mémoire" n'est pas linéaire en France. Dans les quinze années qui ont suivi la guerre, la shoah est "sue", mais pas "connue". Quand Sartre par exemple publie Réflexions sur la question Juive en 46, c'est à peine s'il mentionne (une fois !) les camps et de façon très peu centrale. A Nuremberg même, c'est plutôt la déportation politique qui est mise en avant, plutôt que la déportation raciale. Dans la filmographie, au moins française, des années cinquante et du début des années 60 mettant en scènce la guerre, c'est presque toujours la Résistance qui est présentée, ou alors la guerre elle-même et les prisonniers, mais presque jamais les rafles. De ce fait, quand Rassinier commence au milieu des années 50 ses premiers délires et "invente" le négationisme, il est totalement invisible. La question n'intéresse que l'élite de la "conscience juive" d'un côté (les dirigeants d'association juive religieuses ou laïques, quelques rares intellectuels...) et l'extrême-droite de l'autre.

Les choses ont changé avec les premières publications universitaires sur le sujet (Raoul Hilberg, notamment, en 1961), le procès Eichmann, et en France au moins, la fin du "mythe résistant" ("toute la France est résistante en juin 40") après le départ de de Gaulle.

Quant au danger de "saturation" justement noté par Svernoux, j'y répondrai en prof : jamais le "mémorialisme" ne remplacera un vrai cours d'histoire. Et de cours d'histoire il y a de moins en moins ! Une heure en moins par rapport à notre époque à peu près partout, plus du tout en terminale S, réduite a quia dans certaines filières technologiques... Pour la première fois il y a peu, j'ai dû expliquer ce qu'était l'apartheid à des étudiants supposés bacheliers qui n'en avait jamais entendu parler.

Asséner des vérités sorties de nulle part en multipliant les pseudo-commémorations dont les gamins ne comprennent ni le pourquoi ni le comment, transformer la connaissance du passé en une espèce de culte idiot et traumatique (souvenez-vous de la proposition loufoque et morbide de notre président, qui voulait que chaque enfant de CM2 "portât" la mémoire d'un enfant déporté précis !), c'est le meilleur moyen de provoquer ce genre de "saturation" et de rejet.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
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Dada
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Re: Racisme, antisémitisme, fascisme / information

Post by Dada »

D'accord sur la saturation. Je fais parti d'une génération qui en a été gavé à l'extrême, par l'école, par les grand-parents, par la télé, etc. Aujourd'hui quand je vois qu'il y a un programme sur la seconde guerre mondiale, je zappe.
«C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain ne l'écoute pas.» Victor Hugo
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Kaolyn
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Re: Racisme, antisémitisme, fascisme / information

Post by Kaolyn »

Ma génération a aussi subi le matraquage dont parle svernoux. J'y ai eu droit à un peu en France, puis au double en Autriche jusqu'à ce que ca me ressorte par les oreilles. Évidemment, c'est normal de sensibiliser les jeunes à tout ce qui s'est passé pendant cette guerre, mais je trouve dommage de se focaliser sur cette période et de délaisser tellement d'autres facettes de l'histoire qui mériteraient tout autant d'être évoqués en cours.
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