Et voilà la réaction de l'extrême-droite portugaise, qui jusqu'à maintenant n'avait que très peu d'influence au Portugal. Nous n'avions vraiment pas besoin de ça.
Je vous traduis ci-dessous un article tiré du Jornal de Notícias d'aujourd'hui.
Tension dans la manifestation xénophobe
Drapeaux du Portugal et du Parti National Rénovateur (PNR ; équivalent du FN), symboles de la Frente Nacional (groupe proche du PNR, sorte de bras « armé »), crânes rasés et affiches appelant à l’évacuation des immigrés et à l’orgueil nationaliste, saluts nazis et hymne national plusieurs fois répétés, ont marqué la manifestation d’extrême droite qui s’est déroulée hier après-midi entre la place Martim Moniz et le Rossio (centre de Lisbonne).
Avec environ 300 personnes d’après la police, presque 1000 d’après le PNR, cette manifestation est quoi qu’il en soit la plus grande concentration publique de ce type qui ait jamais eu lieu au Portugal. Arrivée au Rossio, elle a été à deux doigts de dégénérer, lorsque des personnes ont crié « fascistes ! » et « 25 avril pour toujours ». La tension est alors montée d’un cran dans les deux camps, et il a fallu l’aide du Corps d’Intervention de la PSP (Police portugaise) pour que cela ne dégénère pas plus. Des troubles se sont néanmoins produits peu après la fin de la manifestation : le Corps d’Intervention de la police a dû protéger deux personnes qui étaient poursuivies par des manifestants et a finalement même agressé un reporter photo en dispersant la foule.
Contradiction
Des groupes de jeunes, quelques sympathisants un peu honteux et d’autres curieux ont commencé à se concentrer sur la place Martim Moniz à 13h30, avant l’heure prévue pour le début de la manifestation. Des crânes rasés montrant des drapeaux portugais et des croix gammées tatouées sur les bras commençaient déjà, à ce moment-là, à étendre sur le sol des bannières donnant le ton à la manifestation : « ceci est à nous », « les droits ne sont pas les mêmes lorsque tu es une cible et que tu es blanc » et « immigrés = crime ». Des mots d’ordre en évidente contradiction avec les déclarations des dirigeants du PNR, de la Cause Identitaire et même de la Frente Nacional, présents à la manifestation, qui ont nié toute association avec des attitudes racistes et xénophobes.
« Nous ne sommes pas racistes, contrairement à ce que vous dites, mais nous n’acceptons pas qu’il y ait des rues dans Lisbonne où les Portugais ne sont pas en sécurité à cause des mafias et de trafiquants », affirmait José Pinto Coelho, dirigeant du PNR. Tout en assurant que la manifestation n’était pas convoquée par son parti (note de Miguel : le site web du parti a fait un appel à cette manif dès le lendemain des événements de Carcavelos ; je l’ai vu de mes yeux), ce designer de 44 ans a soutenu les protestations : « nous sommes ici pour soutenir la Frente Nacional dont nous sommes proches » expliquait Pinto Coelho. Il soulignait : « nous devons réagir à la criminalité. Il s’agit d’une manifestation pacifique et ce n’est qu’un début. Il est évident que nous ferons d’autres manifestations de ce types à l’avenir. »
Mário Machado, de la Frente Nacional et l’un des organisateurs de la marche, est allé plus loin. Réfutant le terme de « raciste », il a assuré que « l’immigration et la criminalité vont presque toujours main dans la main et il ne faut pas avoir peur d’appeler les choses par leur nom ». Pour ce dirigeant, qui appelle à la fierté d’être blanc, la solution est unique. « Le gouvernement doit expatrier (note de Miguel : le terme utilisé est bien « expatrier »). La nationalité est un héritage, elle ne s’achète pas. » Quant à la criminalité, son mouvement « espère que le gouvernement puisse sanctionner les mineurs dès l’âge de 12 ans, car il y a des gamins de cet âge qui passent leur vie à voler. »
Avant de commencer la courte marche jusqu’au Rossio, les manifestants – « pas seulement des skinheads, il doit y en avoir seulement 30 ou 40 au milieu de 300 personnes », d’après Mário Machado – ont observé une minute de silence « pour les Portugais assassinés en Afrique du Sud et pour les Portugais de la banlieue Nord (ligne de Sintra) qui souffrent et ont peur de sortir de chez eux. »
Peu avant 15h, les manifestants ont commencé leur manifestation, accompagnés de près par la police.
Avec des cris comme « Portugal », montrant des affiches avec les mots d’ordre « Immigration = colonisation » et « Sampaio dans la Cova da Moura, les Portugais à Martim Moniz » (note de Miguel : Cova da Moura est le quartier le plus en difficulté du pays ; Martim Moniz, la place d’où partait la manif), et faisant de temps à autre des saluts nazis, les manifestants, des jeunes hommes dans la majorité, ont parcouru en peu de temps la distance entre les deux places. Ce n’est qu’à leur arrivée qu’ils ont rencontré une opposition leur criant « fascistes », « 25 avril pour toujours » et que la tension est montée. Une personne d’origine cap-verdienne s’est même retrouvée dans une discussion très agitée avec des manifestants et la police a dû intervenir, en formant une barrière entre manifestants et opposants.
Interrogé sur le geste du bras tendu effectué plusieurs fois par les manifestants, Pinto Coelho a nié le fait qu’il pût s’agir d’un salut nazi. « C’est un salut nationaliste de la Jeunesse Portugaise ». Il a reconnu néanmoins une certaine « incommodité » de la situation, car « cela va être exploité par la presse contre nous ».
Le commandant Oliveira Pereira, du Commandement Métropolitain de la PSP (Police) s’est déclaré satisfait à la fin de la manifestation : « tout s’est globalement bien passé, nous n’avons fait aucune arrestation ». Il a justifié l’agression du reporter photo para les nécessités du moment.