parfait en grec ancien

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emmanuelmonzard
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parfait en grec ancien

Post by emmanuelmonzard »

Bonjour à toutes et à tous,

J'ai un peu de mal avec le parfait en grec ancien, ne sachant pas si je dois le rendre par un passé composé ou un présent.
C'est la cas par exemple pour ces deux phrases (excusez par avance le manque d'esprits et d'accents mais je ne dispose pas d'un clavier grec):

τετιμηνται εν ολῃ τῃ Ελλαδι αι Νυμϕαι puis-je rendre la traduction par : les Nymphes ont été honorées dans la Grèce toute entière"ou bien par :les Nymphes sont honorées dans la Grèce toute entière (sous-entendues elles le sont encore maintenant)

de même dans celle-ci :
Τους ευδαιμονως βεβιωκοτας μαλλον εζηλωκα η τους μεγαλας νικας νενικηκοτασ
faut-il la traduire par : "j'ai plus cherché ceux qui vivaient heureux que ceux qui avaient remporté de grandes victoires" ou bien "je cherche plus ceux qui vivent heureux que ceux qui remportent de grandes victoires".

Par avance merci
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Sisyphe
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Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Re: parfait en grec ancien

Post by Sisyphe »

:shy: Oups... J'ai vu ce message un peu tard, il était dans la mauvaise section ("dans toutes les langues" = un même mot traduit dans toutes les langues possibles). C'est trop rare les demandes en grec, surtout au milieu des vacances scolaires.
J'ai un peu de mal avec le parfait en grec ancien
:) Ca, c'est normal. Tout le monde a du mal avec le parfait en grec ancien... C'est une sorte de temps du présent qui a été entraîné dans l'orbite du passé dès après Homère. La nuance la plus importante reste toujours la notion de résultativité, mais en attique classique, ce n'est souvent pas beaucoup plus qu'un "aoriste emphatique" avec l'idée que les choses sont déinitives...

À dire vrai, l'emploi du parfait dépend beaucoup du contexte, de l'auteur et de la date du texte... Cela dit, vous pouvez retenir que :

a) Le cas le plus banal, c'est de le traduire par un temps du passé, et même le plus souvent le passé composé qui est en français dans l'état où était le parait en Grèce disons au 4e siècle : il est passé du statut du temps du présent accompli (qu'il était en français classique) au statut du temps du passé.

b) Dans un certain nombre de cas très précis, pour une série relativement finie de verbes précis , on le traduit toujours par un présent : ἔγωνκα "je sais" (= j'ai fini d'apprendre), τἐθνηκα "je suis mort" (= j'ai finir de mourir), μέμνημαι "je me souviens" (= je suis arrivé au bout de l'effort de mémoire). Des fois c'est plus étrange encore, mais l'idée d'achèvement est toujours là : φύμαι "je nais" (j'arrive à la vie) -> πέφυγα "je suis par nature telle chose" (je suis arrivé au bout de mon processus de développement, la nature m'a achevé et m'a rendu tel).

c) Dans certains cas et avec certains contexte, même pour un verbe disons "normal", il peut arriver qu'on le traduise par un présent. Mais il faut qu'il y ait de bonnes raisons syntaxiques de le faire.
(excusez par avance le manque d'esprits et d'accents mais je ne dispose pas d'un clavier grec):
Ca, normalement, ça se règle très facilement aujourd'hui (panneau de configuration / claviers / Grec polytonique, fourni de série).
τετιμηνται εν ολῃ τῃ Ελλαδι αι Νυμϕαι : puis-je rendre la traduction par : les Nymphes ont été honorées dans la Grèce toute entière"ou bien par :les Nymphes sont honorées dans la Grèce toute entière (sous-entendues elles le sont encore maintenant)
Sans contexte, le passé composé est la traduction la plus canonique : cela rend à la fois la nuance de passé et d'accompli... Si c'est une phrase d'exercice, c'est la réponse qu'on attend.

Eventuellement, dans un contexte plus précis, ça pourrait signiier quelque chose comme "le culte des nymphes s'est répandu dans la Grèce entière" (ça a démarré dans le passé et ça continue encore aujourd'hui).
Τους ευδαιμονως βεβιωκοτας μαλλον εζηλωκα η τους μεγαλας νικας νενικηκοτασ
( ;) attention au sigma final !)

Pour le verbe conjugué, pas d'hésitation : passé composé "j'ai plus admiré/enlevé" (attention, vous avez confondu avec ζητέω :nono: ). Là, le français et le grec se rejoignent ; :lol: quand le chanteur dit "toute ma vie j'ai rêvé d'être une hôtesse de l'air / toute m'a vie j'ai rêvé d'avoir les jambes en l'air", il a encore ce rêve (passé qui continue dans le présent !).

Ce qui est intéressant, ici, ce sont les participes parfaits : les personnes enviées le sont au regard des actions qu'elles ont accomplies, et fini d'accomplir au moment où l'on parle... Τοὺς εὐδαιμόνως βεβιωκότας = ceux qui avaient vécu une vie heureuse...

... Ca rejoint d'ailleurs une banalité de la pensée grecque, qui est exprimée à la fin de l'Oedipe-Roi : on ne peut juger du bonheur de la vie d'un homme que lorsqu'il est mort. :papy:
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
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