grec moderne - l'imperatif [et le médiopassif]

Bienvenue sur le forum Freelang.com !

Moderators: kokoyaya, Beaumont, Sisyphe

Post Reply
mesoyos
Guest

grec moderne - l'imperatif [et le médiopassif]

Post by mesoyos »

Faute de source fiable sur le web, pourrait on compter sur les membres forum pour éclaircir ce point obscur: que fait on des accents à l'impératif (synoptique)?

σβήνω = σβήσε - σβήστε
donc ne change pas d'accent

ανάβω = άναψε - ανάψτε
donc remonte l'accent au singulier (idem κοιτάζω, ανοίγω, συνεχίζω)

κλείνω = κλείσε - κλείστε
ne change pas d'accent (absence absolue de d'augment à l'impératif?)

μαθαίνω = μάθε - μάθετε
pas d'augment mais montée d'accent quand même, au singulier comme au pluriel (ceci dit μαθαίνω est connu pour être irrégulier peut-être est-ce un cas isolé)


par contre pour les verbes du second groupe
ζητώ = ζήτισε - ζήτιστε
je n'ai pas trouvé de contre exemple pour le moment donc je présume qu'ils deviennent tous proparoxytons systématiquement c'est à dire accentués sur l'avant-avant-dernière voyelle (sauf évidement ζω = ζείσε - ζείστε/ζείτε)


enfin voilà, à première vue on n'arrive pas a définir une règle à laquelle se fier et mes ouvrages de grammaire ne précisent rien.
merci
User avatar
Car0line
Membre / Member
Posts: 1378
Joined: 14 Apr 2003 12:02
Location: Athènes-Grèce

Re: grec moderne - l'imperatif

Post by Car0line »

Tu as tout bon! :clap: :clap:

Par contre je ne connais pa la règle pour former l'impératif.
Je crois que l'accent remonte autant qu'il peut remonter.
Tout ce qui fait plaisir est illégal, immoral ou fait grossir
User avatar
Sisyphe
Freelang co-moderator
Posts: 10923
Joined: 08 Jan 2004 19:14
Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Re: grec moderne - l'imperatif

Post by Sisyphe »

:) En fait, comme beaucoup de choses en grec, cela devient absolument lumineux si l'on repasse par le grec ancien...

... À condition, bien sûr, de connaître par coeur tout le Précis d'accentuation grecque de Lejeune en bonne candidat d'agrégation de lettres classiques... Et surtout de ne pas l'avoir oublié ensuite !

Aloooors.

(absence absolue de d'augment à l'impératif?
Ca, c'est déjà un point de départ : dès le grec ancien, l'augment n'existe qu'à l'indicatif et uniquement. Le grec ayant plutôt tendance à les supprimer qu'à en ajouter (sauf en chypriote, ai-je appris récemment), c'est encore plus vrai.

Je crois que l'accent remonte autant qu'il peut remonter
C'est l'autre principe de départ, toujours vrai en grec ancien : l'accent remonte le plus possible, c'est-à-dire de droit temps depuis la fin... Sauf quand ce n'est pas vrai, mais dans de cas précis, clairement isolables et productif en grec ancien (ex. les aoristes thématiques), devenus complètement fossiles en démotique.
σβήνω = σβήσε - σβήστε
donc ne change pas d'accent

κλείνω = κλείσε - κλείστε
ne change pas d'accent
Verbes à radical aoriste monosyllabe dès le grec ancien, aucune raison que cela bouge
par contre pour les verbes du second groupe
ζητώ = ζήτισε - ζήτιστε
je n'ai pas trouvé de contre exemple pour le moment donc je présume qu'ils deviennent tous proparoxytons systématiquement c'est à dire accentués sur l'avant-avant-dernière voyelle
En fait, c'est l'oxytonie du présent qui est anormal : ces verbes "cachent" une voyelle : ξητάω, il y a bien remontée jusqu'au troisième temps à partir de la fin (sachant que l'ômega est une voyelle longue finale : compte pour deux).

Seulement, le grec a "oublié" cette ancienne contraction en-dehors de l'indicatif en refaisant systématiquement les aoristes sur le modèle des verbes en -ίζω, nettement moins pénible. Ceci à cause du iotacisme (le fait que la lettre H, originellement [e:], ait fini par se prononcer ). En effet, l'aoriste "étymologique" de ζητάω, c'est ἔζήτησα. Dès ce stade, la question de l'accent est réglée, car le deuxième H est le produit de l'allongement systématique de la voyelle qui finit le radical : ζητα- (vous suivez ?). Mais les voyelles longues ne comptent pas pour les accent

Ensuite, (ἔ)ζήτησα, originellement [(e)sd'e:te:sa] s'étant prononcé [(e)zitisa], on a "aligné" ces aoristes sur les verbes en -ίζω, aoriste en -ισα, suffixe superproductif dès le grec populaire ancien et qui l'est toujours (et d'ailleurs passer en latin et revenu en français dans notre suffixe "-iser" : se balladuriser), du type όνειδίζω.

μαθαίνω = μάθε - μάθετε
pas d'augment mais montée d'accent quand même, au singulier comme au pluriel (ceci dit μαθαίνω est connu pour être irrégulier peut-être est-ce un cas isolé)


Non, sur ce point il est parfaitement régulier : remontée maximale au présent comme à l'impératif aoriste (il est d'ailleurs moins pénible qu'en grec ancien).

ανάβω = άναψε - ανάψτε
donc remonte l'accent au singulier (idem (...) ανοίγω, συνεχίζω)


:sun: Alors là, c'est une application de la célèbre loi-salope qui fait perdre dix points en thème grec, celle de l'accentuation des aoristes des verbes composés : "dans un verbe composé, l'accent ne remonte jamais au-delà de l'augment".

En grec ancien, le premier verbe est en fait ἀν-άπτω, composé de ἄπτω, donc. À l'aoriste indicatif, il va donc faire ἀνήψα < άν-ε-απτ-σ-α.

Problème : le grec moderne a "oublié" qu'il s'agissait d'un verbe préfixé ! Comme pour ανοίγω, συνεχίζω ou καταλαβαίνω. Mais curieusement, il n'a pas "oublié" la place de l'accent à l'aoriste. Un peu comme un organisme conserve un organe vestigial, genre coccyx

idem idem κοιτάζω


Bin non, là c'est régulier : cela remonte.

*

Bref, à ce stade, vous avez deux possibilités :
1) Vous apprenez tous les verbes par coeur sans chercher à comprendre.
2) Vous apprenez tout le grec ancien, et sa phonétique.

Le premier vous prendra moins de temps, en fait...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Mesoyos
Guest

Re: grec moderne - l'imperatif

Post by Mesoyos »

Bonjour et merci à tous et tout particulièrement à sisyphe pour ces Reponse promptes et instructives. Bon et bien il faudra se résoudre à apprendre tout cela! Merci.
mesoyos
Guest

Re: grec moderne - l'imperatif

Post by mesoyos »

je reviens vers vous pour un nouveau problème que je rencontre: j'étudie le grec démotique avec une professeur retraitée de grec ancien qui a des connaissances en grec démotique.
depuis quelques temps j'éprouve des difficultés d'ordre grammaticales que je n'arrive pas à dépasser en cherchant dans mes diverses méthodes et autres précis grammaticaux (déjà rares en grec démotique!) je me tourne vers vous pour savoir si vous pourriez éclairer par des mots simples ma lanterne.

mes difficultés se situent sur la différence entre les verbes actifs, mediopassifs et passifs.
ma professeur sépare ces trois voies.voilà ce qu'elle nous a transmi:

- les verbes actifs sont ceux qui font l'action βρίσκω=je trouve,
- les médiopassifs sont l'équivalent des verbes pronominaux βρίσκομαι=je me trouve.
- et les passifs ont une valeur passive αγαπίεμαι= je suis aimé.

dès lors je ne sais comment rendre le sens pronominal des verbes dis "passifs" (comment dire "je m'aime"=με αγαπώ simplement?)
ou rendre le sens passif des verbes dits "mediopassifs" (je suis trouvé = είμαι βρίσκομένος???)

d'ailleurs, cautionnez vous ce classement en trois classes de verbes?
1/ actifs (type A, B1 et B2)
2/ médiopassifs (type -ομαι, type άμαι)
3/ passifs (type -ομαι, type -ιέμαι, type ούμε)

aucun de mes précis grammaticaux ne fait état de cette classification, en fait aucun ne parle vraiment de la voie mediopassive... et regroupent les verbes sous deux voies une active ( A, B1, B2) et une passive avec formes (ιεμαι, ούμαι, ώμαι/όμαι, άμαι/ούμαι)

je suis perdu!
merci de m'éclairer...

bien a vous
User avatar
Sisyphe
Freelang co-moderator
Posts: 10923
Joined: 08 Jan 2004 19:14
Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Re: grec moderne - l'imperatif

Post by Sisyphe »

et autres précis grammaticaux (déjà rares en grec démotique!)
Une seule référence : le Précis de grammaire grecque moderne de Henri Tonnet, tout le reste est nul.

*
ma professeur sépare ces trois voies.voilà ce qu'elle nous a transmi:
La voix passive (vox passiva en latin) ; c'est une faute courante et assez logique. Mais y voir l'idée de "voix" (la façon dont on parle à quelqu'un) permet de mieux en comprendre la nuance.

*

C'est à la fois plus simple morphologiquement et plus compliqué sémantiquement.

- Morphologiquement, du point de vue de la forme, il n'existe que deux séries de terminaisons, et c'était déjà le cas en grec ancien :
1) Active : ω, εις, ει, ουμε, τε, ουν
2) Médiopassives : μαι, σαι, ται, μαστε, στε, ντε
-> Toutes les variations, notamment dans la voyelle qui précéde, ne sont que des accidents phonétiques qui n'interviennent pas dans ce qui nous concerne ici.

- Sémantiquement, c'est-à-dire du point de vue du sens, il existe trois voix
1) l'actif : je fais l'action
2) moyen : je fais ET je subis l'action
3) passif : je subis l'action

Ce qui crée deux difficultés pour un francophone :
1) La terminaison médiopassive correspond à la fois à la voix moyenne et à la voix passive. En grec ancien, il y a des temps où l'on ne fait pas la différence, sinon à l'aide du contexte (λύομαι : je suis délié OU je me délie) et des temps où on le fait. Il me semble qu'en démotique, on ne la fait jamais aux temps simples.
2) Le moyen ne correspond pas mécaniquement à nos verbes pronominaux ! Ce n'est qu'une simplification pédagogique. L'idée profonde (plus nette en grec ancien, mais pas totalement absente en démotique), c'est bien que je retire une conséquence de l'action que je fais (l'exemple-type en grec ancien, c'est λύεται τον ἵππον "je me détèle le cheval" = "je détèle mon cheval" = "je détèle activement mon cheval mais passivement cela a une conséquence sur moi) . En effet :
- Certains verbes sont structurellement des médiopassifs formels : γίνομαι "je deviens", parce que si je deviens, je suis forcément impliqué dans le fait que je deviens, je subis l'action de devenir plus que je ne la fais ! (Si vous avez fait du latin, vous vous souvenez des verbes déponents, dont on dit aux élèves "qu'ils sont actifs par le sens et passifs par la forme", mais ce n'est pas vrai : si je dis morior "je meurs", je suis bien plus passif qu'actif !) . Autre exemple : ερχομαι "je viens" ("je me transporte" !).
- Parfois, c'est justifiable en grec ancien, et cela ne l'est plus en grec moderne.
- Certains de nos pronominaux ne sont pas forcément des moyens en grec (exactement comme "se souvenir" devient "remember", et pas I remember myself ! Le français voit une action semi-passive (cf. il me souvient : il vient à moi, malgré moi, on pourrait faire du Proust !) là où l'anglais voit une action totalement active (je fais revenir à ma mémoire).

BREF : il faut retenir, je crois, que le grec moderne n'a pas vraiment la capacité de faire des passifs ad libitum comme le français. Pour βρίσκω, par exemple, même en français, il est bizarre de dire "une fontaine est trouvée" ; soit il y a un agent ("une fontaine est trouvée par l'archéologue"), et dans ce cas le démotique l'exprimera à l'actif, soit il n'y en a pas (*"une fontaine est trouvée au coin de la rue"), et dans ce cas, cela revient à un pronominal : "une fontaine se trouve au coin de la rue" ; c'est un des sens de βρισκεται. Donc je pense (mon démotique est très théorique, peu pratique) que l'on ne dira jamais que βρίσκομαι.

EDIT : je suis rouillé en matière de balises, moi...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Post Reply