Nan mais t'as pas honte de me poser des questions passionnantes alors que j'ai 80 copies d'examen dématérialisées (à tout point de vue....
) à corriger en huit jours ?
Bon alors :
1) Je n'ai jamais réussi à trouver un
bon bouquin sur les vêtements romains, parce qu'on passe vite du fascicule de trente pages rédigé par des stylistes (j'en ai un sous la main, rien pour les chaussettes) bourrées d'approximations à la somme d'archéologie théorique en huit volumes référençant chaque bout de textile de deux centimètres carrés retrouvé en Moesie inférieure...
2) Un vilain secret de Polichinelle : 90% de ce que l'on voit dans les péplums est faux ou approximatif, même dans les très bons péplums faits avec des z'historiens harvardo-oxbridgiens à barbe homologuée utilisés comme cons très sultants. Rien que sur les vêtements des soldats, il est convenu qu'on représente un soldat comme on le voit sur la colonne de Trajan. Même quand l'action se passe sous Jules César : cela revient à représenter un soldat de la 2e DB avec un costume de grenadier de l'Empire ou l'inverse. Et encore, sur les vêtements militaires, les Romains nous ont laissé de nombreux textes. Alors que sur les vêtements civils, à ma connaissance, y'a rien, nihil nihilorum. Il faut se contenter des représentations graphiques. Et là encore, de Jules César à Hadrien, il y a à peu près ce qui nous sépare des perruques poudrées de Louis XV au épaulettes et doudounes des années 80. Sans compter qu'on représente rarement des pauvres sur une image. Les pauvres, ça a très mauvais goût, c'est bien connu.
3) Pour les
tibialia, les choses sont assez claires : cela tient plutôt des guêtres, au sens où l'on emploie encore ce mot dans les vêtements professionnels (forestiers, professions de sécurité, etc.), c'est à dire des trucs semi-rigides qui vont du genoux à l'articulation du pied et protègent des chocs. Je te scanne un article sur le sujet dès que j'ai fini de comprendre la troisième phrase de la copie X908W987C (qui va de la page trois à la page six).
4) Comme protection contre le froid (et éventuellement les chocs), mais concernant la jambe plus que le pied, il y a les
fasciae crurales, je te renvoie au Daremberg et Saglio (la référence absolue en matière de
realia) :
http://dagr.univ-tlse2.fr/consulter/1480/FASCIA/page_39 (lesquels précisent bien que de toute façon, pour des Romains, se couvrir les extrémité et un truc de chochotte.
5)
Pedula ce n'est même pas du latin de cuisine, c'est du latin de bac à compost. D'abord, si la forme existe, ce devrait être
pedulia ; ensuite, le mot si j'en crois le Gaffiot n'apparaît que dans une
glose à Juvénal. Je ne sais même pas où trouver ce texte qui date du 5e siècle, et qui à mon avis attend toujours son thésard dans un état de désir fébrile. Mon Niermeyer (dico de latin médiéval, trilingue latin/anglais/français) connaît lui ce mot au masculin pluriel (donc
pedules) et le traduit là encore uniquement par "guêtre / putties" ; en revanche, il a l'air effectivement assez courant dans les règles monastiques (c'est bien le genre des fondateurs d'ordre de décider quand on a le droit de mettre des guêtres sans offenser le Seigneur... Si je n'avais pas huit pages de charabia à terminer avant trois heures du matin, je me lancerais dans une diatribe anticléricale).
Je reste sur le coup, dès que j'ai réussi à trouver où la copie XJFH8947JK a rangé sa problématique (quelque part vers la fin, et l'annonce du plan doit être au milieu du développement. En principe, c'est comme les chaussettes, c'est inséparable, mais bon). Mais pour autant que je sache, les chaussettes n'existent tout simplement pas à Rome : les froids sont rares, et quand ils existent, c'est la chaussure elle-même qui est fourrée (ce qu'on nomme des
campagi).