l'espéranto

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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

:-o Bon, je sens que je vais encore battre le record du plus long post. De toute façon, comme ce fakacxulo de virus n'arrête pas de me rompi la kojojn et que je suis obligé de formater un CD pour sauvegarder mon disque et que ça m'empêche de travailler correctement :evil: , j'ai tout le temps pour répondre. Fiulo d'ordi (et fiulego d'Internet surtout).

(Ceci pour prouver qu'on peut dire des vulgarités en espéranto ;) D'autres renseignements ici).

Bon, pour ne pas faire trop long et parce que je tombe quand même de sommeil :sleep: , je ne réponds ce soit qu'aux questions linguistiques. J'ai beaucoup de chose à dire sur la question de la traduction, de la culture et de l'attachement sentimental aux langues, mais je ferai un post à part.

*

Premier point la facilité de l'espéranto. Il est évident que l'espéranto n'est pas facile "dans l'absolu" ; comme toutes les langues vivantes, sa difficulté est relative aux langues qu'on parle déjà. Je comprends facilement l'espagnol que je n'ai jamais appris parce que je parle latin etc. Donc, en effet, on peut dire : "il est plus facile pour un locuteur d'une langue romane d'apprendre l'espéranto que pour un sinophone". (car il aborde un vocabulaire connu de 40 %). A fortiori, "il est encore plus facile pour quelqu'un qui est versé dans les langues romanes ET dans au moins une langue germanique d'apprendre l'espéranto que pour un chinois" ; puisqu'on arrive à 80 % du vocabulaire.

Mais, d'une part, cela n'enlève rien à la proposition selon laquelle "il est plus facile à un chinois d'apprendre l'espéranto que l'anglais". L'espéranto n'est pas plus facile tout court, il est plus facile que d'autres. Et j'ose même aller plus loin en disant "il est plus facile à un locuteur de langue A d'apprendre l'espéranto que n'importe quelle langue B". Seules exceptions : si A et B sont très très proches (genre danois/suédois/norvégien) – mais dans ces cas-là, ils s'agit moins de langue que de variations dialectales (non, non, ne venez pas me prendre le chou avec la question langue/dialecte, on en a déjà parlé :mad: ).

D'autre part, je dirais : tant mieux : l'un des critère de Zamenhoff – contrairement à toutes les langues inventées avant lui et à une bonne partie de celles qui ont suivi (et n'ont pas survécu à leurs auteurs) – c'était que chaque mot de base fût compréhensible par le maximum de locuteurs externes, préférant une base latine, par exemple, quand celle-ci se retrouvait des dans mots de langues germaniques ou slave, ou inversement. Dans l'évolution ultérieure de l'espéranto, Zamenhoff (et ses disciples) ont refusé par exemple d'augmenter la part des éléments latins. Et les "déviances" de l'espéranto, comme l'ido, ont toutes cherchées à accroître la seule part latine aux dépens des éléments germaniques et slaves. Et aucune n'a réellement survécu.

Certes, je te concède de bonne grâce malgré tout que le vocabulaire espéranta de base est 40 % néolatin (souvent le français d'ailleurs), 40 % germanique (plutôt allemand qu'anglais), 15 % slave et que parmi ce qui reste, on trouve plus de grec ancien et d'hébreu (quand même…) que de chinois ou bamiliké (exception faite des termes naturellement exotique bien sûr). Je te concède par suite que ces proportions sont une conséquence directe de la culture personnelle (immense quand même) de Zamenhoff, et aussi de l'esprit de son temps. Si l'espéranto était arrivé quarante an plus tard, la part des mots anglais aurait été triple. Le français était encore une langue de culture à l'époque…

Mais revenons à la question du vocabulaire. D'une part, je répète ce que j'ai dit plus haut : le vocabulaire espéranta est essentiellement autogène. "bel-" (racine signifiant "beau) est peut-être latin (en fait français), mais ni la variation de classe grammaticale (belo substantif, bela adjectif, beli verbe, bele adverbe), ni tous les dérivés (beligi, beligxi, plibeligi, plibeligxi, beleta, belega, malbela, malbeligxi, beleco, etc. on pourrait facilement en trouver une cinquantaine) sans parler des composés, ne doivent rien aux langues-sources. Donc, une fois acquises les deux ou trois cents racines de bases (ce qui est plus facile quand on est européen, OK), la capacité de compréhension ne doit plus rien à la langue originel du locuteur.
D'autre part : le vocabulaire n'est pas tout, et loin s'en faut. Prends les créoles de nos DOM TOM. Ils doivent bien avoir 90 % de vocabulaire venus du français. Pourtant, c'est strictement incompréhensible – en tout cas pour moi. Par ce que la structure morpho-syntaxique, elle, n'est pas ou peu française (soit qu'elle soit autogène soit qu'elle soit substratique, je laisse cette question aux spécialistes que je ne suis pas).
Or, l'un des fondements, pour ne pas dire l'un des dogmes de l'espéranto – et qui est le point le plus étonnant car il est né de lui-même, peut-être sans que Zamenhoff lui-même en perçoive toute l'étendue – c'est que chaque élément est autonome. Il n'y a pas, en espéranto, de différence entre un nom et un suffixe. Du point de vue des grammaires européennes, "-ulo" est un suffixe de nom de personne :

drinko : boire de l'alcool* -> drinkulo : un ivrogne

(*oui parce que l'espéranto fait la différence entre boire tout court "trinki", et boire dans un but festif dans le cadre d'une occasion précise "drinki" – donc plutôt de l'alcool. Bernard expliquera tout ça mieux ; ceci pour te prouver qu'il y a bien des spécificités amusantes dans l'espéranto :P ).

Sauf qu'en réalité, "ulo" peut fonctionner de manière indépendante : ulo = une personne. De même "ino", qu'on qualifie de suffixe de féminin, peut signifier, à soi seul, "femme". En terme linguistique, on dira qu'il n'y a pas de différence entre morphème et synthème (qu'est ce que je cause bien quand même).

C'est cette réduction presque atomique à des éléments TOUJOURS indépendants qui permet une certaine multiformité de l'espéranto. Si je suis les canons européens, je dirai quelque chose comme (Bernard, Bovido, corrigez-moi – mais je ne pense pas être trop fautif dans ce cas):

1. la edzino de pastoro iras al kongreso per sxia aùto "la femme du pasteur va au congrès au moyen de son automobile".

Mais en réalité, je puis redistribuer les éléments essentiels de cette façon-là :

2. la pastoredzino alkrongresas sxiaùte "la pastorofemme au-congrètise soi-voituriquement"

C'est un peu limite :-? , mais je ne pense pas que la formulation soit fausse. Or cette dernière structure – et on pourrait faire pire – est typiquement celle d'une langue agglutinative (Didine parlait du finnois plus haut). Mais les deux structures restent parfaitement compréhensible ; la décomposition sémantique d'un texte espéranta ne se fait jamais mot par mot, mais élément par élément – c'est une des premières choses qu'on apprend en espéranto : couper les mots en rondelle (comme on devrait apprendre à le faire, plus modestement, aux germanistes et comme les pauvres anglicistes ne peuvent faire). Et c'est cette réduction au plus petit élément possible qui permet de construire des énoncés aussi bien de type analytique (européen) que synthétique (agglutinatif).

C'est cette liberté qui a permis aux locuteurs de langues à nos yeux exotiques non seulement de prendre part à l'espéranto, mais aussi de lui apporter ses propres évolutions. Je t'accorde en effet que quand moi j'écris – maladroitement – en espéranto, j'ai plutôt tendance à reproduire des énoncés de type analytique (phrase 1), tandis que quand on tombe sur des sites espérantistes japonais (j'en ai vu un récemment, un blog), le nombre de terme de type synthétique explose ! Mais ces différences ne sont pas pire qu'entre deux variétés de langues (deux accents par exemples) ; et plus les locuteurs sont vraiment espérantistes (ce que je suis encore loin d'être), plus se forme un juste milieu ; en tout cas jamais l'intercompréhension ne cesse. Mieux : l'espéranto évolue – ce n'est pas une langue figée, Zamenhoff n'a jamais voulu qu'elle le soit (et contrairement à ce qu'on dit, il y a même quelques irrégularités :( ) – et beaucoup de néologismes, autogènes du point de vue de leur racine (donc toujours intelligibles) obéissent à des articulations qui ne sont plus celles, très européennes, de Zamenhoff. J. Joguin cite par exemple "jeskaze" = "dans l'affirmative", littéralement "au cas de oui".

*

Pour rester un peu dans le sujet, rapidement et au passage, tu nous demandais les termes issus du slave en espéranto. J'aurais aimé que Bernard te réponde car mon vocabulaire est encore limité (et surtout, je ne connais rien au slave !). Le seul dont je sois sûr, c'est l'interrogatif "cxu" "est-ce que", qui vient du polonais "cy". Il me semble que le nom du "mari" : "edzo" doit aussi être slave, parce que sinon je ne vois pas d'où ça pourrait venir (pareil pour le brochet "ezoko" ?). Je crois enfin qu'un certains nombres de "suffixes" (mais comme je l'ai dit, il n'y a pas de suffixe en espéranto : c'est déjà un substantif) viennent du russe ; je pense à "-ado", qui marque l'intensité ou la répétition, dans la mesure où "l'adacismo", le fait d'abuser de l'élément "ad", passe pour une faute de russophone. J'ai lu quelque part aussi que "nepre" (assurément) viendrait de qqchose comme "nepremeno" en russe. Enfin bref, je suis incapable d'en faire la liste.

:-o Par contre je ne suis pas sûr de bien te comprendre : tu dis : " Par contre le reste diffère quand même pas mal : pas de subjonctif en russe, seulement le conditionnel (et l'impératif), seulement trois temps à l'indicatif : passé présent futur . Mais c'est exactement le cas de l'espéranto !!
Zamenhoff et ses disciples ont toujours voulu aller au plus simple. C'est pour cela je pense qu'ils ont plutôt copié le système verbal slave. À la question notable du perfectif/non-perfectif – la plus grande horreur du polonais, selon mon prof d'allemand de khâgne, qui a vécu 15 ans à Varsovie et qui adorait la Pologne. Il est vrai qu'il n'y a pas de perfectif en tant que tel en espéranto ; mais une formulation comme "mi estas mangxinta" = "je suis ayant mangé" = j'ai mangé, est de facto perfective.

*

Pour ce qui est, une dernière fois, de l'espéranto comme langue-pont dans les organismes internationaux, tu as évidemment soulevé le point le plus important : il faudrait d'abord que tous les étudiants des écoles de traduction apprennent d'abord l'espéranto, et donc il faudrait d'abord trouver assez d'universitaires et de professionnels (il y en a : il y a un DU à Lyon III par ex.) pour l'enseigner, etc. Ça fait beaucoup de "il faudrait"… Personnellement, mon opinion n'est pas : "cela va se faire" mais "cela serait vraiment génial si ça se faisait, mais ça ne se fera pas". Tu dis toi-même que l'anglais est actuellement la langue-pont. C'est comme ça, je l'admets. Mais c'est dommage, parce que l'anglais est loin d'être une langue précise et claire, arguments ci-dessus.

Tiens, un autre exemple que j'ai souvent subi : combien de fois ai-je trouvé dans des bibliothèques des bouquins russes rangés au milieux des livres grecs, parce que les bibliothécaires ne lisaient pas plus le grec que le cyrillique, ou bien combien de fois ai-je trouvé des livres sur les langues romanes classés à "empire romain", parce qu'il y a roman ou romanisch sur la couverture ? Évidemment, les grandes biblis (type BIU ou Part-Dieu) auront toujours des conservateurs en charges de ce genre de fonds, avec suffisamment de connaissance et de langues pour gérer correctement ; mais les autres sont réduits à l'à-peu-près, quand il ne parle que l'anglais, et généralement très mal (comme moi quoi…). Et il n'existe toujours pas de système de référencement thématique international (à Lyon, le classement de la maison de l'orient obéit aux standards de la bibliothèque du Congrès – quand je parlais de domination - , tandis que les autres doivent suivre je pense ceux de la BNF). Alors qu'il suffirait de savoir autant l'espéranto que moi – c'est à dire trois heures de cours, à peu près – pour référencer en quelques mots un bouquin, et de manière très précise (puisque romain, roman (art) et roman (langue) peuvent se différencier facilement – je pense que je sais comment on les dit mais je préfère ne pas m'avancer, sinon Bernard va me taper sur les doigts).

:roll: Mais encore une fois, contrairement à Bernard, je ne crois pas en une victoire de l'espéranto. Je dis seulement que ce serait beaucoup plus pratique. C'est du domaine de l'utopie.

*

Pour résumer :

1. La facilité de l'espéranto est plus grande dans le relatif pour un locuteur de langue romane ou germanique que pour tout autre groupe, surtout non européen. Mais dans l'absolu, l'espéranto reste pour tout locuteur la langue la plus facile à apprendre.

2. Le vocabulaire espéranto est : a) à base européenne ; b) à forte capacité autogène.

3. Je le maintiens : la capacité de l'espéranto à la précision est immense.

En toute bonne foi, je ne crois pas qu'il soit possible de contester la qualité intrinsèque de l'espéranto, sur deux des critères à partir desquels on juge souvent les langues étrangères : la précision et la simplicité (ce qui est un tour de force).

Mais je n'ignore par qu'il reste deux points au moins. Le premier est qu'une langue ne s'impose pas par ses qualités, mais par la puissance (technique, financière, culturelle, politique) de ceux qui la parlent. Contrairement à Bernard, je ne crois pas du tout que l'espéranto puisse jamais s'imposer, même dans trois siècles. Le second peut se résumer de la manière suivante :

1. Techniquement, Joël Robuchon cuisine mieux que ma grand-mère.
2. Mais je préfère la cuisine de ma grand-mère.

Ca ferait une bonne introduction à la question de la culture…

:drink:
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didine
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Post by didine »

Sisyphe wrote:Pour rester un peu dans le sujet, rapidement et au passage, tu nous demandais les termes issus du slave en espéranto. J'aurais aimé que Bernard te réponde car mon vocabulaire est encore limité (et surtout, je ne connais rien au slave !). Le seul dont je sois sûr, c'est l'interrogatif "cxu" "est-ce que", qui vient du polonais "cy". Il me semble que le nom du "mari" : "edzo" doit aussi être slave, parce que sinon je ne vois pas d'où ça pourrait venir (pareil pour le brochet "ezoko" ?). Je crois enfin qu'un certains nombres de "suffixes" (mais comme je l'ai dit, il n'y a pas de suffixe en espéranto : c'est déjà un substantif) viennent du russe ; je pense à "-ado", qui marque l'intensité ou la répétition, dans la mesure où "l'adacismo", le fait d'abuser de l'élément "ad", passe pour une faute de russophone. J'ai lu quelque part aussi que "nepre" (assurément) viendrait de qqchose comme "nepremeno" en russe. Enfin bref, je suis incapable d'en faire la liste.
En polonais, "est-ce que" = "czy". Là il y a une racine slave évidente, mais je ne vois pas trop pour le reste... Je parle deux langues slaves (polonais et russe), mais je ne reconnais pas la racine de "mari" (mąż/муж) ou "brochet" (szczupak/щука). Pour "nepre", je ne vois pas trop non plus, à moins que ce soit vaguement dérivé de "наверно" (navierno).
Bovido
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Post by Bovido »

Si Didine est sceptique, moi je n'y crois pas une seule seconde !!! Si tu veux me convaincre, Bovido, il va falloir faire plus qu'affirmer gratuitement, je veux des preuves, des exemples !!!
Je ne peux pas trop t’en donner ou alors il faudrait que tu l’apprennes.
Aucune idée, c'est pas moi la spécialiste ici… Mais vu que (jusqu'à ce que vous me prouviez le contraire) je reste persuadée que l'espéranto est basé majoritairement sur les langues latines et germaniques, je suis prête à penser que les Asiatiques voient en elle, grâce à sa régularité et simplicité, un bon tremplin vers les langues d'Europe de l'Ouest et/ou grâce à sa supranationalité, un bon moyen de se rapprocher des cultures occidentales sans se "mouiller" en optant pour les USA, la France, l'Italie, l'Allemagne, etc. Mais si vous avez de meilleures explications (argumentées j'entends), j'attends.
Tes explications sont bonnes.
Apprendre une langue juste pour l'apprendre, c'est bon pour les linguistes, et je ne dénie pas l'intérêt scientifique que ça peut avoir.
L’espéranto est utile et pratique : je m’en sers, notamment dans l’internet, tout les jours pour discuter avec d’autres.
Mais bon sang, on apprend aussi les langues pour le plaisir, pas que pour la science ou le boulot !
Je n’ai pas appris l’espéranto pour le travail ou la science mais, au début, pour le plaisir, ensuite je me suis rendu compte que je pouvais joindre l’utile à l’agréable.
Et quand je parle de charme des langues, je pense à toutes les surprises qu'elles réservent. Par exemple, aux traces de leur évolution qui bien sûr créent des irrégularités qui nous font rager et rouspéter…
Quotidiennement, je découvre dans l’espéranto d’agréables choses sans pour autant avoir des irrégularités.
Au fait, de quelle nature sont les jurons en espéranto ?
On fait peut en faire sur tous les thèmes. :)
Et en ce qui concerne la culture espérantiste (littérature, etc…), plus j'y pense et moins je vois où est le fil conducteur dans tout ça… Car même un Japonais qui écrit des romans en espéranto, il ne fait que les écrire d'un point de vue de Japonais, pas d'un point de vue d'espérantiste ! C'est donc simplement un témoignage de la culture japonaise, écrit en espéranto. Il pourrait tout aussi bien être écrit en japonais puis traduit en espéranto, ça n'y changerait rien. Alors que Dostoïevski n'aurait jamais pu écrire ce qu'il a écrit s'il était né en France et avait eu le français pour langue maternelle, j'en suis persuadée ! Dosto est donc bien le représentant de la culture russe, mais le japonais qui écrit en espéranto n'est à mon avis pas le représentant d'une supposée culture espérantiste…
C'est là que j'en suis de mes réflexions en tout cas. Peut-être me trompé-je, mais je n'ai encore pas entendu d'argument convaincant dans le sens contraire…
Qu’il y ait de la culture ou non dans l’espéranto importe peu, ce n’est pas son but.
tiens, y'avait les proverbes aussi dans la culture
L’espéranto a des proverbes.
comme ce fakaĉulo de virus
fekaĉulo peut-être ?
Sauf qu'en réalité, "ulo" peut fonctionner de manière indépendante : ulo = une personne. De même "ino", qu'on qualifie de suffixe de féminin, peut signifier, à soi seul, "femme". En terme linguistique, on dira qu'il n'y a pas de différence entre morphème et synthème (qu'est ce que je cause bien quand même).
Pour plus de précisions, les racines sont « ul’ », « in’ » et « o » ; « ulo » n’est donc pas une racine mais déjà un mélange de deux racines. :)
Il est vrai qu'il n'y a pas de perfectif en tant que tel en espéranto ; mais une formulation comme "mi estas mangxinta" = "je suis ayant mangé" = j'ai mangé, est de facto perfective.
Non, c’est imparfait. Pour faire le parfait, on peut dire : « Mi manĝadis. ».
ĉ ĝ ĥ ĵ ŝ ŭ
Ĉ Ĝ Ĥ Ĵ Ŝ Ŭ
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

didine wrote:
Sisyphe wrote:Pour rester un peu dans le sujet, rapidement et au passage, tu nous demandais les termes issus du slave en espéranto. J'aurais aimé que Bernard te réponde car mon vocabulaire est encore limité (et surtout, je ne connais rien au slave !). Le seul dont je sois sûr, c'est l'interrogatif "cxu" "est-ce que", qui vient du polonais "cy". Il me semble que le nom du "mari" : "edzo" doit aussi être slave, parce que sinon je ne vois pas d'où ça pourrait venir (pareil pour le brochet "ezoko" ?). Je crois enfin qu'un certains nombres de "suffixes" (mais comme je l'ai dit, il n'y a pas de suffixe en espéranto : c'est déjà un substantif) viennent du russe ; je pense à "-ado", qui marque l'intensité ou la répétition, dans la mesure où "l'adacismo", le fait d'abuser de l'élément "ad", passe pour une faute de russophone. J'ai lu quelque part aussi que "nepre" (assurément) viendrait de qqchose comme "nepremeno" en russe. Enfin bref, je suis incapable d'en faire la liste.
En polonais, "est-ce que" = "czy". Là il y a une racine slave évidente, mais je ne vois pas trop pour le reste... Je parle deux langues slaves (polonais et russe), mais je ne reconnais pas la racine de "mari" (mąż/муж) ou "brochet" (szczupak/щука). Pour "nepre", je ne vois pas trop non plus, à moins que ce soit vaguement dérivé de "наверно" (navierno).
Pour "nepre", "forcément", Joguin dit que cela vient de "nepremenno" en Russe. Mais je ne parle pas russe, donc.

Il me semble par contre qu'il y a une ressemblance entre щука et "(e)zoko". La simplication de щ en z (ch n'existe pas en espéranto) et l'ajout du voyelle prothétique n'auraient rien d'étonnant (spirit/esprit). Mais il y a peut-être un intermédiaire yiddish.

Si j'ai le temps, j'essaierai de trouver la liste des racines élémentaires venues du slaves.

@Bovido : effectivement, je voulais écrire "fekacxulo". "fek", comme interjection, veut dire "merde". Je vous laisse traduire toutes seules le substantif feko, l'adjectif feka, l'adverbe feke et le verbe feki... :confused:

Je n'ai pas le temps de répondre au reste de ton message pour l'instant.
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laura
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bonne acquisition

Post by laura »

Bonjour Sisyphe,
c'est Laura, la latinophone...... d'auparavant. tu trouveras ma reponse en latin demain.
J'ai lu tes considérations sur l'espéranto. Tu écrit que t'as découvrit le forum grace à l'espéranto. Notre forum a fait une très bonne acquisition.... ;) Je suis contente que tu es parmi nous..... Merci pour les choses très interessantes que tu nous enseigne, (ou mieux: que nous aide à ne pas oublier) du point du vue linguistique. Je t'en prie d'accepter mes sincères congratulations!!!!
:hello:

P.S. Merci à tous les autres aussi.....
Bernardo
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Post by Bernardo »

Bonjour,

Pour répondre à la demande générale concernant les mots
d'origine slave en epéranto, je vous propose cette liste
non exhaustive considérant exclusivement le russe.

J'ai pu me tromper et certains de ces mots peuvent avoir une
ethymologie latine, germanique ou autre que je n'aurais pas su
reconnaître.

Je ne suis pas du tout linguiste moi :sweat:

barĉo - БOРШ - borsch (soupe à la betterave)
kaĉo - KAШA - purée
klopodi - ХЛOПOTATЪ - s'affairer à ....
kolbaso - KOLБACA - saucisse (j'ai un doute avec le hongrois)
svati - CBATAT&#1068, -s'entremettre (pour un mariage)
krom - KROME - hormis, sauf
nepre - HEПPEMEHHO - absolument, immanquablement
brovo - БРOBИ - sourcil
prava - ПРABЫИ - juste, correct
suko - COK - jus
tetro - TETEPEB - tétras
plugilo - ПЛYГ - charrue ( mais Pflug en allemand ?)

N'étant pas habitué à écrire en cyrillique j'ai peut-être fait des erreurs de transcription, veuillez m'en excuser.

Je pense qu'un spécialiste pourrait en trouver beaucoup d'autre, mais ne l'étant pas, ce travail est pour moi très fastidieux et je vais m'en arrêter là.

Bernard(o)
Bernard(o)
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Post by Bernard(o) »

Svernoux a écrit :
Car si on trouve des espérantistes dans toutes les langues, combien d'entre eux sont capables d'aller interpréter les débats du parlement européen ?
J'en connais au moins un, grec, mais c'est tout juste si on l'a laissé s'y essayer :

J'ai été convié avec d'autres espérantistes en décembre 2003 aux congrès du Parti Radica International qui s'est tenu à Bruxelles, en vu de la préparation d'un projet d'expérimentation de l'enseignement de l'espéranto au niveau européen.

Les débats étaient traduits en Italien, français, allemand, anglais et espéranto.
L'interpretation en espéranto était assurée par M. Angelos Tsirimikos espérantiste et interprètre professionel au parlement européen.

Pour l'anecdote : le syndicat des interprètes du parlement s'était opposé à ce qu'une cabine de traduction, quoique disponible, soit mise à disposition pour l'espéranto. Il a fallu l'intervention et toute l'aurorité d'un député européen pour que la traduction dans cette langue puisse avoir lieu.

Bernard(o)
Bovido
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Post by Bovido »

Bravo !
ĉ ĝ ĥ ĵ ŝ ŭ
Ĉ Ĝ Ĥ Ĵ Ŝ Ŭ
Bernard(o)
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Post by Bernard(o) »

Svernoux a écrit :
Moi je n'y crois pas une seule seconde...
Ce n'est pas une question de foi, il s'agit d'un phénomène
l'on peut évaluer selon des critères scientifiques.

Le lien suivant pointe sur un rapport établi par le ministère italien de l'enseignement public concernant l'enseignement de l'espéranto.

Le chapitre 1.2.1 fait état d'expériences déjà menées
à travers le monde et des conclusions qui en ont été tirées.

http://www.internacialingvo.org/public/126_plena.htm

@+

Bernard(o)
Bernard(o)
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Post by Bernard(o) »

Svernoux a écrit :
l'apprentissage de n'importe quelle langue rend l'apprentissage ultérieur de n'importe quelle autre langue plus facile. Plus on sait de langues, plus il est facile d'en apprendre, espéranto ou pas.
Ci-dessous un lien vers un site en français qui traite de l'intérêt propédeutique de l'espéranto.


http://membres.lycos.fr/reinsesperanto/ ... utique.htm

J'espère que vous voudrez bien me pardonner de reprendre des études faites par des personnes plus compétantes que moi en la matière

Bernard(o)
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Laura wrote: Bonjour Sisyphe,
c'est Laura, la latinophone...... d'auparavant. tu trouveras ma reponse en latin demain.
J'ai lu tes considérations sur l'espéranto. Tu écrit que t'as découvrit le forum grace à l'espéranto. Notre forum a fait une très bonne acquisition.... Je suis contente que tu es parmi nous..... Merci pour les choses très interessantes que tu nous enseigne, (ou mieux: que nous aide à ne pas oublier) du point du vue linguistique. Je t'en prie d'accepter mes sincères congratulations!!!!
:confused: :confused: Arrêtez, arrêtez, c'est trop pour moi... Et ma modestie alors ? Je suis tout gêné maintenant :love: .
Bernard wrote: J'ai pu me tromper et certains de ces mots peuvent avoir une ethymologie latine, germanique ou autre que je n'aurais pas su
reconnaître.
:evil: Pas de h a étymologie. L'étymologie est la science (logos) du vrai sens (εθύμος), aucun théta là-dedans.

:drink: Pardonu, Bernardo - sed mi bezonis min vengxi pri la eraroj, kiujn mi cxiame faras en esperanto... ;)
kaĉo - KAШA - purée
Surtout ne pas oublier le petit chapeau sur le c, hem... :confused: Mais non, je ne suis pas obsédé<
plugilo - ПЛYГ - charrue ( mais Pflug en allemand ?)
Il me semble qu'on a aussi plough en anglais britannique et plow en américain. Ce sont peut-être les Russes qui l'on emprunté aux Germains, en même temps que l'appareil d'ailleurs. On a plaumoratum et plaustrum en latin, qui désigne des sortes de charrues ; originellement le mot doit être celtique. Enfin bref, c'est un terme qui existe sur plusieurs zones linguistiques. Reste que la forme de base du mot espéranto, c'est visiblement le russe.
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svernoux
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Post by svernoux »

Bovido wrote:
Si Didine est sceptique, moi je n'y crois pas une seule seconde !!! Si tu veux me convaincre, Bovido, il va falloir faire plus qu'affirmer gratuitement, je veux des preuves, des exemples !!!
Je ne peux pas trop t’en donner ou alors il faudrait que tu l’apprennes.
Ben, il me semble justement que l'espéranto est suffisamment simple et transparent par rapport au français pour qu'on puisse me donner des exemples... Jusqu'ici, je comprends très bien les exemples de Sisyphe.
Bovido wrote:L’espéranto est utile et pratique : je m’en sers, notamment dans l’internet, tout les jours pour discuter avec d’autres.
Moi aussi je me sers tous les jours de mes langues pour communiquer, bien que ce soient des langues ethniques...
Bovido wrote:Qu’il y ait de la culture ou non dans l’espéranto importe peu, ce n’est pas son but.
C'est ta façon de voir. Mais je défends juste mon opinion, à savoir que pour moi personnellement, je ne vois aucun intérêt à apprendre une langue sans culture. Mais chacun fait ce qu'il veut.
Bovido wrote:L’espéranto a des proverbes.
Etonnant une fois qu'on sait que l'espéranto n'a pas d'expressiosn idiomatiques...
Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
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svernoux
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Post by svernoux »

Sisyphe wrote:
didine wrote:En polonais, "est-ce que" = "czy". Là il y a une racine slave évidente, mais je ne vois pas trop pour le reste... Je parle deux langues slaves (polonais et russe), mais je ne reconnais pas la racine de "mari" (mąż/муж) ou "brochet" (szczupak/щука). Pour "nepre", je ne vois pas trop non plus, à moins que ce soit vaguement dérivé de "наверно" (navierno).
Pour "nepre", "forcément", Joguin dit que cela vient de "nepremenno" en Russe. Mais je ne parle pas russe, donc.

Il me semble par contre qu'il y a une ressemblance entre щука et "(e)zoko". La simplication de щ en z (ch n'existe pas en espéranto) et l'ajout du voyelle prothétique n'auraient rien d'étonnant (spirit/esprit). Mais il y a peut-être un intermédiaire yiddish.

Si j'ai le temps, j'essaierai de trouver la liste des racines élémentaires venues du slaves.
.
Merci pour la tentative Sisyphe ! Et oui, ce serait cool si tu en trouvais d'autres parce qu'en l'occurrence, tes exemples...
Pour le brochet, je suis pas très convaincue : même avec tes explications, ça ne fait qu'une lettre sur cinq qui correspond, ça me semble un peu tiré par les cheveux...
D'accord avec Didine pour "mari".
Pour "nepremenno", si c'est bien un emprunt au russe, alors c'est du n'importe quoi. Le sens en russe est effectivement analogue ("absolument, sans faute, immanquablement, infailliblement"), mais même si je n'ai pas retrouvé l'étymologie exacte du mot, une chose est sûre : dans "nepremenno", le préfixe, c'est "ne" (privatif), pas nepre. C'est complètement stupide de couper le mot là ! C'est comme si je décidais (pour une langue artificielle par ex.) d'utiliser le mot "imperfectif" pour désigner l'imperfectif, et que pour ce faire, je le réduise en "imper" : cela est-il porteur de sens et reconnaissable ? Non bien-sûr, car on peut aussi penser à imperméable, sans pour autant pouvoir établir grâce à ces mots une quelconque signification commune de "imper" en tant que suffixe... Bon, c'est un peu embrouillé, mais j'espère que t'auras compris quand même...
Pour "ada", je ne vois vraiment pas le rapport avec le russe : mon dico russe (200 000 mots) ne connaît que deux mots commençant en "ada" : "adaggio" et "Adam"... No comment.
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svernoux
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Post by svernoux »

Merci Bernard pour la peine !
Juste une question : en français, c'est la traduction de l'espéranto ou du russe ?
Bernardo wrote:barĉo - БOРШ - borsch (soupe à la betterave)
kaĉo - KAШA - purée
Au fait, y'a pas que de la bettrave dans le borsch ! Parfois y'en a même pas du tout... Kasha, c'est non seulement la purée, mais toutes les formes de bouillies, voire même tous les féculents servis nature...
Bernardo wrote:svati - CBATATЬ, -s'entremettre (pour un mariage)
Très intéressant. "svati" fait justement partie des mots (refletes de la culture) qui n'existent pas en français par rapport au russe. En russe, il y a le verbe que tu indiques, mais "svati" (le nom) désigne les beaux-parents de ton enfant vis-à-vis de toi-même. L'espéranto a-t-il repris cette nuance ?
Bernardo wrote:tetro - TETEPEB - tétras
Wahou ! Je connaissais même pas ce mot, ni en russe ni en français ! Pour ceux qui seraient dans le même cas que moi, je précise : un tétras est un coq des bouleaux, un lyrure ou un petit coq de bruyère...
Bernardo wrote:plugilo - ПЛYГ - charrue ( mais Pflug en allemand ?)
Fort probable que ça vienne du germanique, en effet...

Mais en même temps, charrue et tétras, c'est des mots qu'on utilise tellement souvent...
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Post by svernoux »

Bernard(o) wrote:Svernoux a écrit :
Car si on trouve des espérantistes dans toutes les langues, combien d'entre eux sont capables d'aller interpréter les débats du parlement européen ?
J'en connais au moins un, grec, mais c'est tout juste si on l'a laissé s'y essayer :

J'ai été convié avec d'autres espérantistes en décembre 2003 aux congrès du Parti Radica International qui s'est tenu à Bruxelles, en vu de la préparation d'un projet d'expérimentation de l'enseignement de l'espéranto au niveau européen.
Voilà qui est stupide, effectivement ! S'il s'agissait d'un débat sur l'espéranto, c'est tout de même le comble qu'on interdise de le traduire en espéranto !
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