Bernard(o) wrote:Svernoux a écrit :
Moi je n'y crois pas une seule seconde...
Ce n'est pas une question de foi, il s'agit d'un phénomène
l'on peut évaluer selon des critères scientifiques.
Merci pour les liens Bernardo, ça ne fait rien que ce ne soit pas de toi. Et puis c'était très instructif. Par contre, je crains qu'on ne se soit encore une fois mal compris. Je réagissais à l'affirmation selon laquelle il était plus facile de traduire de/vers l'
espéranto que de/vers toute autre langue. Or tes liens, quoique fort intéressants, n'ont rien à voir avec la traduction, uniquement avec la valeur propédeutique de l'
espéranto... Donc, je reste sur mon opinion concernant la traduction.
Pour en revenir au contenu de tes liens, comme d'habitude, y'a plein de choses qui me font réagir, mais je vais essayer de résumer…
Je cite les deux documents, désolée si c'est pas très joliment fait (copié-collé foullis).
Voici quelques arguments apportés en faveur de l'
espéranto :
l'enrichissement du vocabulaire français
une meilleure compréhension de la grammaire française
Elle facilite, enseignée en orientation linguistique, l’étude et la pleine possession de langues nationales étrangères
Elle enrichit la réflexion sur les langues, y compris sur la langue maternelle elle-même
Elle habitue les enfants à l’idée des familles de mots, à la construction des mots, et aux dérivations;
L’espéranto initie les enfants aux trésors morphologiquesJe persiste, je ne vois là rien qui ne soit valable pour n'importe quelle langue ethnique… À propos de l'enrichissement et de la connaissance de sa langue maternelle : c'est à mon avis beaucoup plus déterminant pour apprendre une langue étrangère que la connaissance de l'
espéranto… La plupart des gens qui ne réussissent pas en langues étrangères sont ceux qui sont incapables de différencier un sujet d'un attribut en français (par exemple).
Elle évite l’hégémonie d’une ou deux langues “supérieures” dans l’enseignement des langues étrangères optionnelles
Elle permet de remarquables économies d’argent et de temps, et pour la formation des enseignants, et pour les études des élèves, avec en plus un profit pour l’étude des autres disciplines, comme par exemple l’étude des langues ethniques étrangères.Il me semble que le raisonnement est faussé : si l'on utilise l'
espéranto uniquement comme tremplin à toutes les langues, alors la problématique restera la même : une fois que tous les enfant auront appris l'
espéranto en primaire (par exemple), ils entreront en 6ème et choisiront une autre langue étrangère. Or, parmi les langues étrangères proposées, il y aura toujours une forte inégalité. Et si de cette manière on apprend l'
espéranto PUIS une, deux ou trois autres langues comme à présent, je ne vois pas en quoi cela réduira les coûts et le temps de formation : il faudra bien former et payer plus de profs qu'il n'y en avait auparavant (même si la formation est rapide).
40 % de ses racines sont comprises par 95 % des locuteurs de langues européennes:
45 % de ses racines se retrouvent aussi dans les langues slaves,
80 % de ses racines se retrouvent aussi dans les langues germaniques,
90 % de ses racines se retrouvent aussi dans les langues latines, Je pense que si on arrive à un si grand pourcentage dans les langues slaves, ce n'est pas parce qu'on a intégré beaucoup de voc slave à l'
espéranto, mais parce qu'on y a intégré en priorité les mots des langues slaves empruntés aux langues latines ou germaniques… Mais je reconnais que c'est astucieux et probablement efficace.
On voit le nombre et la variété de démarches intellectuelles qu'entraîne la traduction d'un seul mot en espéranto. Somme d'activités intellectuelles sans aucune mesure avec ce qu'aurait été, dans une autre langue une banale utilisation du dictionnaire. Là je tiens à préciser qu'aucune langue n'oblige à un usage bête et méchant du dictionnaire. Et je suis persuadée qu'on peut aussi faire un usage bête d'un dictionnaire
espéranto
Un nombre quasiment infini de mots peut ainsi être créé en espéranto, dont beaucoup n'ont aucun équivalent, (par exemple en français), bien que leur signification soit parfaitement claire pour tout interlocuteur, quels que soient son pays et sa langue maternelle.
On rejoint là (enfin !) le problème de la traduction, et ça revient bien à ce que je disais : même si l'
espéranto est génial pour inventer des mots (par exemple), ça ne signifie aucunement qu'il soit plus facile à traduire : si les mots en question n'existent pas en français, la difficulté de traduction est toujours là… Or, des mots intraduisibles, il y en a entre toutes les combinaisons de langues, alors du strict point de vue de la traduction, je ne vois pas l'intérêt de rajouter encore ceux de l'
espéranto…
De plus, ce qui dicte le choix d'une langue, dans 95 sinon 99 % des cas, n'a rien à voir avec une vision idéaliste ou même simplement morale, mais simplement avec un désir de réussite et de promotion sociale.Je crois que tous les membres de ce forum prouvent quotidiennement le contraire…
Au mieux, l'apprentissage de toute autre langue ne pourra donner accès qu'à une seule culture.Je ne vois pas pourquoi. Oui, tu peux en apprendre plus sur la culture kazakh en lisant un ouvrage en
espéranto sur la culture kazakh. Mais si tu n'ouvres jamais cet ouvrage, tu peux aussi très bien pratiquer l'
espéranto sans jamais entendre parler du Kazakhstan. Par contre, rien ne t'empêche si tu apprends le russe de lire des ouvrages en russe sur le Kazakhstan. Et il y a peut-être même plus d'ouvrages en russe qu'en
espéranto sur ce sujet. Donc 1 partout.
Au mieux, c'est-à-dire à moins de 5 % des élèves, cette infime minorité de privilégiés de la mémoire et du milieu social, qui après 7 ans d'études secondaires et 1500 heures de cours arrive à déchiffrer sans trop de difficulté un texte dans une langue étrangère.Moui, c'est un peu péremptoire tout ça… Moi je "déchiffrais sans trop de difficulté" l'anglais avant même de le commencer au collège. Et je ne fais pourtant pas partie d'une classe privilégiée : mes grands-parents étaient des paysans, mes parents sont allés à l'école jusqu'au collège à peu près et n'exercent pas des professions intellectuelles et de ma famille proche, personne n'a dépassé le bac+2 ni ne connaît aucune langue étrangère courramment. Mes parents doivent connaître entre 5 et 10 mots d'anglais, et encore, prononcés d'un façon que seul un Français peut les comprendre…
CONTRIBUTION À LA FORMATION MORALE (…)L'espéranto apparait donc comme la seule langue qui, non seulement ouvre sur toutes les cultures et les peuples du monde, mais peut faire de celui qui l'étudie et l'utilise un véritable citoyen du monde plus à même de vivre au mieux la mondialisation inévitable.La conclusion de tout un paragraphe moralisateur, qui m'a profondément vexée : non, il n'est pas besoin d'être espérantiste pour être un bon citoyen du monde, pour chercher à connaître et à comprendre le monde qui nous entoure, pour combattre les inégalités, pour s'engager, pour être tolérant, etc… Et heureusement !
Je ne suis moi-même ni raciste, ni ignorante, ni bornée quoique non espérantiste…