
dans un article publié ce matin dans Le Parisien, et d'un niveau très typique de ce journal, la réforme de l'orthographe est présentée comme nécessaire en raison des difficultés des jeunes.
en extrapolant, je me demande si on ne devrait pas tout simplement arrêter de communiquer, vu les difficultés des uns et des autres.
arrêter d'exister, car cela pompe de l'air.
voici la copie que j'en fais manuellement, des deux pages que j'ai découpées (désolé pour la référence Le Parisien ... par ailleurs, pardonnez-moi si quelques fautes d'orthographe se sont glissées là-dedans, je ne me relis pas):
Doit-on vraiment réformer l'orthographe?
Ecrira-t-on prochainement "atraper", au lieu d'attraper, sans que cela ne choque personne? A nouveau, "l'auguste serpent de mer de la réforme de l'orthographe", comme le qualifie le linguiste Alain Bentolila, refait surface. Une récente étude [...] vient de pointer le niveau catastrophique des élèves en dictée. Selon cette enquête, menée par le collectif Sauver les lettres - créé en 2000 en réaction au ministre Claude Allègre -, 56 % des lycéens obtiennent un zéro pointé à une dictée de niveau troisième, soit une quinzaine de fautes pour un texte "pas trop difficile" de dix lignes. "C'est un désastre absolu, commente Gaëtan Cotard, professeur de français et membre de ce collectif. Mais une nouvelle réforme ne résoudrait rien. A moins de dire que les règles n'existent pas et que chacun peut écrire comme il le souhaite!" Pour ces enseignants, notre salut orthographique passe par un surcroît d'heures de français et l'abandon de méthodes "pédagogiques calamiteuses". geneviève Zeringer, présidente de l'influente Société des Agrégés, est elle aussi très réticente à l'idée d'une réforme. "Elle n'apporterait rien, car deux façons d'écrire coexisteraient pour une longue phase de transition. Cela amuserait peut-être les meilleurs, mais ne ferait que compliquer la tâche de ceux qui ont déjà du mal."
Facile à parler, complexe à écrire
Reste qu'en France, ceux qui militent pour une refonte de notre sacro-sainte orthographe ont de nouveaux arguments à faire valoir, à commencer par les associations d'enfants dyslexiques. "Le français est une langue plutôt facile à parler, mais sans doute la plus compliquée du monde à écrire. Environ 6 à 8 % des enfants sont dyslexiques en France. Cette pathologie a des causes biologiques qui sont les mêmes partout, mais qui ne s'expriment que dans les pays comme le nôtre, où la langue est irrégulière. En Italie ou en Espagne, le problème n'existe pas! Chez nous, il nourrit l'échec scolaire et remplit les cabinets d'orthophonie. la complexité de notre système linguistique envoie dans le mur un nombre incalculable d'enfants: un ou deux par classe en moyenne", juge Jean Hébrard, historien et inspecteur général de l'Education Nationale, partisan d'une réforme progressive de l'orthographe. D'autant, ajoute-t-il, que "la difficulté d'écriture de notre langue est en train de la tuer au plan international".
"Presque aussi importante que le drapeau!"
Une réforme n'est pourtant pas à l'ordre du jour, tant la question reste taboue en France. "L'orthographe est inscrite au coeur même de la définition de la nation: presque aussi importante que le drapeau! Y toucher, c'est déclencher une tempête. c'est comme cela en France depuis plus d'un siècle", poursuit l'historien Jean Hébrard. Reste que les mentalités sont peut-être en train d'évoluer. "Les nouveaux modes d'écriture, SMS ou mails, changent un peu la donne, en rendant plus crédible une réforme auprès de l'opinion publique, qui admettra aujourd'hui plus facilement quelques simplifications alors qu'elle y était hostile il y a quinze ans, quand le gouvernement Rocard avait proposé un toilettage", explique Nicole Marty, inspectrice de l'Education Nationale.
D'ailleurs, même le collectif Sauver les lettres n'y est pas complètement hostile. "Réformer la langue ne nous paraît pas scandaleux, continue Gaëtan Cotard. Une langue évolue. Un chariot et une charrette, mots de la même origine, prennent un ou deux r, est-ce normal?" "C'est sûr, simplifier la langue permettrait de réduire le nombre de fautes d'orthographe, analyse Alain Bentolila, mais, en lecture, ce ne sera pas évident. Lorsqu'on lit pin ou pain, on sait immédiatement à quoi on fait référence."