L'histoire du chien à la queue de trompette

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Rastaman
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L'histoire du chien à la queue de trompette

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Il était une fois un vieil homme, pauvre et sale qui avait grand besoin d'argent. Or, il avait entendu dire que s’il pouvait avoir un génie à son service, il pourrait l’envoyer chercher de l’argent et n’importe quoi d’autre dont il aurait envie ; aussi était-il très désireux d’en trouver un. Il se mis donc en quête d’un homme qui pourrait lui donner un génie ; finalement, il trouva un sage doué de grands pouvoirs et il implora son aide.
Le sage lui demanda se qu’il voulait faire d’un génie.
- « Je veux, répondit le vieil homme, un génie qui travaille pour moi. Maître, enseignez-moi comment je peux en avoir un à mes ordres.
- Ne t’occupe pas de ses choses, répondit le sage, et rentre chez toi. » Le lendemain le pauvre revint, et de nouveau, implora le sage en larmoyant : « donnez-moi un génie ! Maître il faut que j’ai un génie pour me venir en aide. »

Finalement le sage, importuné , lui répondit
- « prend cette amulette, répète cette formule magique, et il apparaîtra un génie qui fera tout ce que tu lui demanderas. Mais prend garde, ce sont des êtres terribles, il faut les occuper sans cesse. Si tu le laisses sans besogne, c’est ta vie qu’il prendra.
- Il n’y a pas de danger, répondit le mendiant. Je peux lui donner du travail pour toute sa vie. »
Alors il se rendit dans une clairière au milieux d’une sombre foret et lorsqu’il eut longtemps répéter la formule magique, un énorme génie apparut devant lui et lui dit :
- « je suis un génie, tes incantations m’ont asservi, mais il faut que tu me donnes toujours quelque chose à faire ; dès que tu me laisseras inactif, je te tuerai.
- construit moi un palais, dit le mendiant.
- c’est fait, dit le génie, ton palais est construit.
- Apporte-moi de l’argent.
- Voici ton argent.
- Abats cette foret et construis une ville à sa place.
- C’est fait, dit le génie, quoi d’autre ? »

Le mendiant commença à avoir peur et se dit : « Je ne peux plus rien lui faire faire, il achève tout en un clin d’œil. __ donne-moi du travail, exigea le génie, ou je te dévore »
Le pauvre homme, effrayé, ne voyait plus de quoi il pourrait charger le génie. Il s’enfuit à toutes jambes vers le sage et le supplia de lui sauver la vie.
- Que se passe-t-il, demanda le sage.
- Le génie exécute instantanément tout ce que je lui ordonne ; je n’ai plus de travail à lui donner et il me menace de me dévorer si je le laisse inoccupé.

Le génie survint « je vais te manger », dit-il , et il s’apprêtait à avaler le pauvre homme. Celui ci tremblait et implorait la protection du sage. « je vais te donner un moyen, dit ce dernier. Tu vois ce chien qui a une queue en trompette. Prend vite ce couteau, coupe lui la queue et charge le génie de la redresser ». Le vieil homme alla vite couper la queue en trompette du chien et la donna au génie en disant : « génie ! redresse-moi cela ». Le génie la prit et la redressa soigneusement ; mais dès qu’il la lâcha, elle se recourba aussitôt. Il recommença, laborieusement, mais le résultat fut le même. Dès qu’il lâchait la queue, elle reprenait sa forme première. Il persévéra pendant des jours et des jours.

Finalement, épuisé, il s’écria :
- « De tout ma vie je n’ai jamais rien vu d’aussi difficile. Je suis pourtant un génie plein d’expérience, mais jamais je ne me suis trouvé ainsi pris en défaut. Je vais te proposer un compromis, dit-il au mendiant : si tu me rends ma liberté, tu peux conserver tout ce que je t’ai donné, et je te promets de ne pas te faire de mal. » Le vieil homme fut grandement soulagé et accepta joyeusement l’offre qui lui était faite.


Notre monde est comme la queue de ce chien ; il y a des centaines d’année que les gens s’efforcent de la redresser, mais dès qu’ils l’ont lâché, il s’enroule de nouveau. Comment pourrait-il en être autrement ? L’Homme doit d’abord apprendre à travailler sans attachement, alors il ne sera plus fanatique. Dès que nous saurons que notre monde, telle la queue de ce chien, ne pourra jamais se redresser, nous ne risquerons plus de devenir fanatique. Si le monde était sans fanatisme, il ferai beaucoup plus de progrès qu’il n’en fait actuellement. On a tord de penser que le fanatisme peut concourir au progrès de l’humanité ; c’est au contraire un facteur de ralentissement qui crée la haine et la colère, qui pousse les gens à se battre entre eux et a se détester, convaincus que ce qu’ils font et possèdent est ce qu’il y a de mieux, et que le reste n’a aucune valeur.
Aussi, lorsque vous serez tenté de devenir fanatique , rappelez-vous l’histoire du chien à la queue de trompette. Ce n’est que lorsque vous aurez évité le fanatisme que vous pourrez faire du mon travail. L’Homme qui travaille bien et qui se fait ainsi du bien à soi-même, c’est celui qui est calme et sans emportement, qui a le jugement sain et les nerfs paisibles, qui éprouve sympathie et amour. Le fanatisme est déraisonnable et il n’est pas capable de sympathie ; il ne pourra jamais ni redresser le monde, ni devenir lui-même pur et parfait.

:jap:

SWAMI VIVEKANANDA
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