
Je ne suis pas modo sur ce forum, mais j'estime que tant qu'on parle de la transmission des langues et des cultures dans les familles exposées à plusieurs cultures de quelque manière que ce soit, on est dans le sujet. Ton témoignage et celui de Svernoux sont donc très intéressants.
Ce n'est pas seulement ma famille, mais aussi la communauté qui m'ont donné cette vision. Je m'attendais bien à avoir ce type de réponse. Il est vrai qu'avec cela, je peux saisir un avantage faramineux aussi bien d'un point social que culturel.
J'ai un ami qui m'a dit que moi-même je pourrais changer l'image de la communauté. Je serai peut-être un peu trop égoïste, mais moi qui n'aimerais pas porté tous les défauts des Khmers sur le dos, ma prise de distance m'a jusqu'ici beaucoup convenu.
Je pense plutôt qu'il te faut réussir à dissocier la pratique de la langue khmère de l'image qu'on a pu t'en donner du monde khmer ; je parle là encore avec la petite expérience extérieure que j'ai de l'émigration : tu n'es pas tenu de te définir uniquement par rapport à cette communauté : "pour" ou "contre" elle.
Je sais aussi d'expérience que les communautés immigrées "fantasment" leur propre identité, ou la figent dans une époque, ou un ensemble de données historiques : mes camarades me disaient que lorsqu'ils rentraient "au bled" (surtout quand le bled était devenu un peu urbain depuis) la famille restée au pays les trouvaient réactionnaires et passéistes.
Ca tombe un peu mal, puisque je juge ma famille trop matérialiste (comme la plupart des Asiatiques sans pour autant généraliser). Bien sûr, le khmer pourrait me servir de boué de sauvetage en plus de l'anglais, de l'allemand et du suédois.
Ben justement, à cause de cela, j'essaie depuis toujours d'être indépendant d'eux à tout prix.
Lycéen, je haïssais les arguments "matérialistes" qu'on m'opposait parfois quand on parlait d'orientation, et je ne remercierai jamais assez ma mère de ne pas m'avoir imposé (comme d'autres parents le font) d'aller en S sous le prétexte que les études ultérieures étaient financièrement plus intéressantes.
Je ne regrette pas d'avoir su résister à l'époque à ce genre d'arguments. Mais pas position est un peu moins tranchée maintenant : il faut
aussi prendre en compte les données matérielles.
[mode vieux sage barbant]

La vie est un équilibre entre la grandeur de ses rêves et la basse réalité, fou est celui qui nie l'un ou l'autre [/mode]
Là encore : il faut réussir à ne pas agir uniquement
contre quelqu'un, parce qu'on ne veut pas ressembler à tel ou tel ; combien de fils de profs qui coulent presque volontairement leurs études

!
Et pourtant, on l'a tous fait d'une manière ou d'une autre, et je crois qu'on le fait toute sa vie.
Svernoux wrote: Et bien le jour où je lui ai dit "ah c'est cool, on apprendra le russe, le français et l'ukrainien à nos enfant", il m'a dit : l'ukrainien, pas question. Il a comme toi un rejet d'une langue (l'ukrainien), quoique pas du tout pour les mêmes raisons. Alors pour les enfants, je ne sais pas ce qu'il en sera, mais quant à moi, j'ai décidé de me mettre à l'ukrainien
En l'occurence, puisque Svernoux et moi en avons déjà un peu parlé, je pense qu'il y a d'autres données qui entrent en jeu en-dehors du seul fait de l'émigration : l'identité ukrainienne, son histoire récente, etc. D'ailleurs c'est peut-être aussi ton cas, Scapeghost, je ne sais pas.
C'est vrai que ce serait dommage ! Je crois qu'en j'en voudrais
à mort à mes parents s'ils ne m'avaient pas transmis une langue.
Je m'accorde aussi avec tout ce qu'a dit Svernoux. On pourrait multiplier les exemples, chacun de notre côté. Moi par exemple, comme je vous l'ai dit, ma famille paternelle est compliquée, et pleine d'histoires et de rancoeurs (j'ai
deux grand-mères paternelles, c'est pas une histoire de divorce mais c'est tout comme), sans compter que j'ai perdu mon père étant jeune, et que du coup, j'ai eu très peu de vrais contacts avec eux. Il a fallu que mon grand-beau-père fasse une attaque pour que je me rende compte qu'il avait accumulé, lui qui a travaillé comme simple commis de pharmacie, une foule de connaissances médicales étonnantes pour un homme qui n'a pas le certificat d'étude (et qui, en l'occurence, l'ont sauvé !). D'une manière générale, je me rends compte que je ne connais pratiquement pas la vie des ces quatre grand-parents paternels "prolétaires" (alors que je sais tout de mon autre famille, bourgeoise) qui pourtant ont une très riche mémoire ; je les vois veillir de plus en plus vite, et j'ai du mal à les faire parler, parce qu'il faut toujours éviter 23423 sujets dans les conversations

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Je trouve moi aussi dommage, puisque je pense aux enfants que j'aurai plus tard. Pour le moment, rien est perdu pour autant puisque ma mère m'a mis au monde très jeune (17 ans je crois)

Euh... t'as le temps quand même hein !
Moi aussi, je suis né en France, grandi ici et tout, mais j'ai un gros problème de français, très commun des étrangers qui apprennent le cette langue, c'est le genre des noms (avec le/la, un/une ...)
Honnêtement, je ne m'en étais même pas aperçu (je viens juste de noter que tu as écrit "ce méthode" plus haut).
Je n'enseigne pas encore, mais je vois souvent les copies de mes amis déjà profs, sans parler de celles de ma mère. Si toutes les copies des élèves de première ressemblaient à ce que tu écris, le métier de prof de français serait une longue sinécure

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