frequence des lettres avec un trema

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frequence des lettres avec un trema

Post by Guest »

Salut, je me demande sur une chose qui pourrait sembler tout a fait claire a un linguiste mais bon, pas pour moi :-o :)

Alors en ce qui concerne les lettres avec un trema , je ne connais que peu de mots ou on emploie des lettres comme ca. Par ex. un cas seulement ou il faut mettre un "ë", l'adj. "aiguë". Est-ce qu'il en existe dans d'autres mots? Quelle est la frequence generale des lettres avec un trema?
Merci :)
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svernoux
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Post by svernoux »

Tu veux dire les trémas sur le e ou les trémas sur n'importe quelle voyelle ?

Sur le e, c'est assez rare en effet (y'a aussi Noël qui me vient), pour les autres voyelles, bon, c'est pas très courant mais y'a quand même pas mal de mots avec des ï : maïs, haïr, naïf...

Tiens je trouve une liste ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tr%C3%A9ma ... n%C3%A7ais
mais je suis pas sûre qu'elle soit complète
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Le tréma indique en français (comme en grec et en espagnol) que deux lettres qui devraient se prononcer ensemble pour ne former qu'un seul son (ce que dans le jargon des linguistes on appelle un "digramme") doivent se prononcer séparément - ce qu'on nomme une diérèse phonétique (à différencier de la diérèse prosodique, dans la poésie par exemple).

Par conséquent, la fréquence du tréma est fonction de la fréquence desdits digrammes.

1. " ï " est à mon avis la plus fréquente, car le tréma y sépare deux digrammes très courant :
- aï [ai] et non pas [ε] : laïcité, archaïque, Zaïre, baïonnette, Caïn... De loin le groupe le plus courant.
- oï [oi] et non pas [wa] : héroïque, Celluloïd, égoïne, troïka, etc.
- uï après une consonne g ou q : ambiguïté [ambigyite] contre ubiquité [ubikite]. Bon, là, c'est un peu le bordel pour g : on écrit linguistique mais on prononce [loe~gyistik].

-> A noter que "eï" n'existe jamais : dans ce cas on met un accent sur le e ce qui suffit à dégrouper le "ei", ex. "absentéisme, cunéiforme, velléitaire, protéiforme".

2. "ë" survient plus rarement, et pour séparer deux groupes
- Le groupe simple "oë" [oe] et non pas [ø] : Noël, canoë... Jusqu'au XIXe siècle, on a écrit "poëte" (aujourd'hui "poète").
- Le groupe complexe "-gue" ; tel quel, il doit se prononcer [-g] final (vague [vag], etc.). Le tréma indique que le u est bel et bien prononcé dans un petit nombre de mot :
a) Les féminin des adjectifs en -u : aigu/aiguë (et par conséquent "bisaiguë", hache à deux tranchants), ambigu/ambiguë.
b) quelques noms : ciguë
c) certaines formes, optionnelles, du verbe (rare) "arguer" : j'arguë [argy], qui peut aussi s'écrire et se prononcer "j'argue" [arg].

-> Sur ce point, deux logiques s'opposent : la logique graphique qui veut que l'on mette toujours le tréma sur la deuxième voyelle (donc le ë). La logique phonétique qui voudrait que l'on mît un tréma sur ce qui est réellement prononcé (donc le ü). La graphie "aigüe, ambigüe, j'argüe" est en principe tolérée par la réforme de 1991, mais assez peu appliquée et beaucoup de profs la considéreront encore comme une faute.

3. ü (sorti de ce dernier point) est franchement plus rare. Il "dégroupe" les ensembles suivant :
- oü [oy] et non pas : essentiellement des noms propres antiques comme Antinoüs
- aü [ay] et non pas [o] : idem, Capharnaüm, Esaü

Même remarque pour le groupe "eu", on a toujours "éu"(réussite et non pas *reüssite).

4. ÿ est rarissime mais apparaît dans des noms propres : le village d'Haÿ se prononce [ai] et non pas [ε].


Pour être complet, il faudrait ajouter quelques trémas d'usage qui ne sont pas justifiés :
- ïambe qui peut s'écrire iambe.
- Les trémas des groupes de trois consonnes dont la médiane est un u : essentiellement le verbe "ouïr", et des noms propres comme Haüy, Noüy. Ceux-ci datent du temps où le tréma servait à distinguer le u du v à l'écrit (on remarque d'ailleurs l'inconstance : ouï sur le i mais Noüy sur le u).
- Les trémas sur Mme de Staël et Camille Saint-Saëns qui se prononcent pourtant [stal] et [sãs]. Là, je n'ai pas de véritable explication.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
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orangine
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Post by orangine »

Merci a tous les deux!:)

Hmmm, c'etait ma question mais j'avais oublie de me connecter avant de la poser :confused:
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