SubEspion wrote:Cela dit, la DAO m'est très difficile à saisir. Ça me paraît en quelque part très littéraire et, à mon sens mais je peux me tromper, un grand effort d'application est nécessaire autant dans sa vie quotidienne que dans son approche thérapeutique clinique. Ça doit être quelque chose qui prend tout son sens lorsqu'appliqué dans le vécu phénoménologique de l'autre. Acquérir les notions de base de la DAO nécessite probablement un grand besoin de contact avec la souffrance de l'autre, ou même de soi jusqu'à un certain point (même si je suis prudent à l'écrire : je ne voudrais pas qu'un étudiant décompense comme une borderline en ayant tenté de faire ressurgir le bobo).
Ça t'est peut-être difficile à saisir, mais ton post m'indique que tu as saisi l'essentiel, ce qui n'est pas peu dire!
Tu dis “Ça me paraît en quelque part très littéraire” ; euh... j'emploierais surtout "théorique". Tu peux avoir vu, si tu as lu certains autres de mes posts, que j'ai une formation en physique. J'emploie le mot "théorique" dans le même sens que le développement de la Relativité einsteinienne a été théorique : Einstein a développé tout le concept de la RR (Relativité Restreinte) presqu'uniquement par construction mentale. Il croyait fermement à la cohérence et au déterminisme des lois de la physique, contrairement à l'approche probabiliste et non déterministe de la mécanique quantique. C'est ce qui lui a fait rétorquer à Bohr que “Dieu ne joue pas aux dés”. Et c'est en se basant sur cette croyance qu'il a entièrement développé la RR et la quasi totalité de la RG (Relativité Générale). De fait, lorsqu'il a fait une "concession" à ce qui était accepté comme vrai à l'époque, alors qu'on croyait l'Univers stable et que sa RG lui décrivait un Univers en expansion, il a ajouté une donnée empirique à ses équations : la fameuse "constante cosmologique". Il dira plus tard que ce fut la plus grande erreur de sa vie. En effet, quelques années plus tard, l'astronome Edwin Hubble confirmera et mesurera expérimentalement l'expansion de l'Univers, et remarquera avec admiration qu'il était tel que prédit par la RG ...sans constante cosmologique!
L'approche pour le développement de la connaissance de la DAO interpersonnelle ressemble, sans toutefois être semblable, à celle de la RR. Et le développement de la DAO sociale serait, toujours dans la même analogie, comparable à celui de la RG. C'est très loin comme concept et comme vision des choses des approches béhavioriste et cognitive. Je te rappelle qu'avec Watson (puis Skinner), l'aspect le plus innovatif de cette approche était celui de la "boîte noire" qu'il est interdit d'ouvrir. TOUTE la connaissance béhavioriste devait être basée sur l'étude statistique des corrélations entre stimuli et réponses. Avec l'approche cognitive, on regarde "dans" la "boîte noire" (avec des scanners à résonance magnétique, des tomographes à neutralisation positronique ; les images ainsi obtenues étant "manipulées" par l'adjonction de neurotransmetteurs et autres catalyseurs... Bref, on étudie la machine, le "hardware" humain comme un électronicien étudie les transistors dans un ordinateur. Mais jamais l'étude des transistors, aussi poussée soit-elle, ne comprendra le comportement d'un ordinateur car elle ne dit absolument rien sur les logiciels qui en déterminent les fonctions.
Je crois que, semblablement, les études neuropsychologiques les plus détaillées ne pourront jamais tout expliquer : trop dépend de facteurs systémiques comme le milieu où le sujet a vécu son enfance, son éducation et son instruction (ne pas confondre une avec l'autre), s'il a été aimé ou rejeté lorsqu'il était poupon, ses dépendances (alcoolisme, autres drogues, dépendance sexuelle et/ou affective, appartenace à des mouvements religieux et/ou sectes, ou des mouvements politiques (ce qui ressemble drôlement à des sectes dans certains cas), etc. etc. etc.) Lis les résultats d'analyse du contenu sanguin en sérotonine, dopamine et autres "ines" et cela ne t'expliquera pas pourquoi cet individu développe de la "bonnemine".
En DAO, nous croyons, dans une certaine mesure, en un certain déterminisme du fonctionnement psychologique sans que ce déterminisme soit laplacien. À partir de l'étude de cas, nous essayons de concevoir des approches psychothérapeutiques pour les abusés et de prévoir par simulation comment un abusé de tel type y réagirait.
Mais euh... je suis en train de me laisser entraîner dans un AUTRE post anuamétrique alors que j'ai des choses à finir.
À suivre SubEspion!