Bonjour,
"Il n'invente pas le monde. Il l'utilise : on lui prépare des gestes sans aventure, sans étonnement et sans joie. On fait de lui (l'enfant) un petit propriétaire qui n'a même pas à inventer les ressorts de la causalité adulte ; on les lui fournit tout prêts". Roland Barthes, "Mythologies"
Que comprendre par "ressorts de la causalité adulte" ici?
Merci
Explication [Phrase de Roland Barthes]
Moderators: kokoyaya, Beaumont, Sisyphe
- Sisyphe
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Re: Explication [Phrase de Roland Barthes]
Bonjour,
Il serait bon que vous donniez du contexte (et un titre plus précis - que j'ai corrigé).
Vérification faite, Roland Barthes parle ici des jouets modernes, ce qui donne en gros la réponse (cf. https://francais.radio.cz/la-seconde-vi ... va-8563108
Tout ce qu'il peut faire, c'est imiter les adulte, mais il n'a plus à faire d'effort pour rejoindre leur monde en développant ses capacités, et en prenant des risques ("si je tiens mal mes feutres, je me mets de l'encre partout et je me fais gronder par mes parents"). C'est cela les "ressorts de la causalité adulte" : si dans le monde réel je veux A, je dois faire B, donc trouver l'objet C et prendre le risque D - "on n'a rien sans rien".
Il serait bon que vous donniez du contexte (et un titre plus précis - que j'ai corrigé).
Vérification faite, Roland Barthes parle ici des jouets modernes, ce qui donne en gros la réponse (cf. https://francais.radio.cz/la-seconde-vi ... va-8563108
En gros : à partir des années 60, on fabriques des jouets qui sont de purs modèles réduits d'objets d'adultes : l'exemple typique, c'est la mini-gazinière avec ses mini-casseroles en plastique, ou bien la mini-voiture. Donc, l'enfant ne fait plus preuve d'imagination, il n'essaie plus de prendre un carton et se demander "comment faire pour que cela ressemble à la gazinière de maman ?" (ce qui l'obligerait à : aller chercher des feutres, essayer de dessiner un rectangle à peu près droit pour simuler le four, aller chercher une scie pour en découper la porte, aller chercher d'autres feutres pour essayer de tracer des ronds qui représenteraient les brûleurs - et à chaque fois découvrir comment on faire un rond, un rectangle, comment on coupe, comment coller un tube de sopalin pour imiter une cheminée, etc.Tereza Bruthansová cite le philosophe Roland Barthes. Le penseur critiquait dans son livre Mythologies paru en 1957 les jouets de l’époque qui copiaient fidèlement la réalité et ne stimulaient pas la créativité de l’enfant :
« … devant cet univers d'objets fidèles et compliqués, l'enfant ne peut se constituer qu'en propriétaire, en usager, jamais en créateur ; il n'invente pas le monde, il l'utilise : on lui prépare des gestes sans aventure, sans étonnement et sans joie. On fait de lui un petit propriétaire pantouflard qui n'a même pas à inventer les ressorts de la causalité adulte ; on les lui fournit tout prêts : il n'a qu'à se servir, on ne lui donne jamais rien à parcourir. »
Tout ce qu'il peut faire, c'est imiter les adulte, mais il n'a plus à faire d'effort pour rejoindre leur monde en développant ses capacités, et en prenant des risques ("si je tiens mal mes feutres, je me mets de l'encre partout et je me fais gronder par mes parents"). C'est cela les "ressorts de la causalité adulte" : si dans le monde réel je veux A, je dois faire B, donc trouver l'objet C et prendre le risque D - "on n'a rien sans rien".
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)