
Bon, eh bien d'autres ont trouvé avant moi... Me voilà piqué dans mon honneur et blessé dans ma vanité. Et si l'on me piquait, ne saignerais-je pas ? Et si l'on me blessait, ne me vengerais-je pas ?
(

Bon, j'arrête. Joli pseudo quand même).
Je n'entrerai pas dans la polémique sur l'origine du basque, d'abord parce que je n'y connais pas grand-chose, et ensuite parce que Gilen a un peu raison. Vouloir à tout prix "caser" le basque quelque part n'est pas très fertile. Peut-être est-ce tout simplement la vision strictement "généalogique" des familles linguistiques qu'il faut remettre en cause.
Cela étant, je me permets de dire que je me méfie des apports de la génétique dans le domaine linguistique. On peut faire dire pas mal de choses à partir de l'ADN, mais certainement pas la langue de son porteur. Que les populations de l'actuelle Pys basque soient d'un type particulier ne signifie pas que les ancêtre de ces porteurs géniques aient nécessairement parler le basque ; et inversement.
Pour répondre à l'étonnement castrateur de Miguel, il n'y a vraiment rien d'étonnant à ce qu'un terme basque ait pu être intégré dans le portugais. Pas plus qu'il n'est étonnant pour un géographe (

)trouver un roc erratique de granit au milieu d'un environnement schisteux : c'est l'effet d'une glaciation. Sauf que les hommes bougent beaucoup plus vite que les glaciers. Pour comparaison : en Franch-Comté, ma bien-aimée région, "petit" se dit (du moins se disait jusqu'avant guerre) "pequignot". Le mot vient directement de l'espagnol "pequeño". C'est une des très rares traces laissées par les très rares soldats locaux réellement espagnols du temps où la Franche-Comté appartenait aux Habsbourg d'Espagne. Il n'est pas venu plus de quelques régiments espagnols, sans doute cantonnés dans quatre fortins. Mais pour une mystérieuse raison, ce mot-là s'est imposé.
Car la véritable question est là : pourquoi les hispanophones ont remplacé leur mot hérité (qqchose comme *sinistra) par un mot "étranger" ? Surtout un terme aussi courant ? Et d'ailleurs, pourquoi cette transformation aussi en français (de senestre - qui a existé - à gauche, qui vient du verbe gauchir - et non pas l'inverse) ? Pourquoi les Portugais - qu'ils l'aient emprunté directement au basque ou via l'espagnol - en ont fait autant ? Et je suis sûr qu'on trouverait d'autres équivalents.
Je ne suis absolument pas sûr de ce que j'avance, et cela mériterait étude - celle de Shylock - , mais il n'est pas rare en linguistique de constater qu'un terme disparaît sous l'effet d'un "tabou" (faut pas parler de malheur), et qu'il soit remplacé par un autre (cf. se dire "merde" à la place de "bonne chance").
Cela étant, il ne faut pas non plus accorder trop d'importance au mot en lui-même. La substitution d'un mot à un autre, quelles que soient les raisons initiales, n'altèrent en général pas le concept ni toutes les connotations. Autrement dit : c'est l'idée "maléfique" attachée à la position gauche qui est première, toutes les dérivations lexicales à partir de là lui sont seconde, quel que soit le mot utilisé pour dire "gauche". Donc la question est : est-ce que dans l'usage basque, espagnol ou portugais, la péjorativité (si, ça existe, je l'ai décidé) du côté gauche se maintient, et est-ce qu'elle est connotée par eskerda/izquierda/esquerda.

C'était la minute linguistique de Sisyphe...
Quelque chose me dit que je vais être déconnecté quand je posterai ce message