Le post de kokoyaya m’en a rappelé d’autres qui j’ai lu sur d’autres forums (kervarker par exemple). On y sent une pointe de découragement et une certaine incompréhension face au petit monde des brittophones : orthographes, dialectes, méthodes, comment s’y retrouver ?
Pwyll est souvent intervenu sur le sujet. Il a une opinion très tranchée, qui s’explique peut-être par le fait de se sentir dans la minorité (vannetaise) d’une minorité (brittophone). Position pas facile en effet. D’autre part, il est linguiste et dialectologue, ce qui explique sa rigueur scientifique et son coté un peu ... entomologiste (sans être péjoratif). Je ne tiens surtout pas à le dénigrer étant donné sa vrai connaissance du breton et de bien d’autres langues, et son apport à ce forum.
Penaos e vez great deus an dra se ? Reiñ mel gant al loa vraz. ?
Je vais simplement exprimer un autre avis, qui ne représente que moi, afin que chacun puisse se faire une opinion ... et reprendre courage.
Tout dépend en fait de comment tu situe par rapport au breton et ce que tu veux en faire.
A - Celui ou celle qui est originaire d’un endroit précis de Breizh-izel (je préfère ce terme à basse-bretagne, car il a une connotation affective, un peu comme dire « ma petite maman »), dont les ancêtres parlait un breton précis, a tout intérêt à enraciner son parler dans ce terroir, a fortiori si des membres de sa famille pratique la langue (ceci dit, ce n’est si simple de se remettre à parler breton avec des anciens de sa propre famille, croyez en mon expérience) Si son père et sa mère sont issus de terroirs différents, le choix est plus délicat ...
B - Celui ou celle qui vit à un endroit de Breizh-Izel s’imprégnera du parler de coin. Cela lui sera d’autant plus facile si il côtoie des gens du secteur.
Celui ou celle qui se retrouve entre A et B a toutes les chances de faire un mix entre son parler d’origine et quelques expressions de son lieu de résidence. Moi-même qui vit en plein pays gallo, j’ai acquis dans mon français des mots et des expressions du cru que mes frères et soeurs ne comprennent pas, du genre « au lieu de rester à bober, va donc chercher un perchö pour me servir d’appoya »
C - Celui ou celle qui est originaire et vit en Haute-Bretagne (ou pays gallo ou Gallésie - j’aime bien ce mot aussi) ou ailleurs doit à mon avis éviter de se poser tout ce genre de questions, n’en déplaise à Pwyll. Qu’il prenne son temps et apprenne le breton standard avec les méthodes récentes (ni a gomz brezhoneg, ouplan semblent avoir la meilleure côte) et qu’il cherche à faire des stages pour adultes pour rencontrer le maximum de monde.
Une fois un minimum acquis, écouter la radio pour ce qui le peuvent, la télé aussi (mais les horaires ne sont pas top que ce soit sur Frañs tri ou TV Breizh). A défaut de télé et de radio, des CD ou cassettes des différents parlers existent aussi pour s’habituer à écouter de tout, car c’est comme cela qu’il comprendra un maximum de gens et savourera la diversité du breton. Et si, comme le disent certains, tout est plus ou moins nul, il faut en écouter un maximum et faire son tri.
Et puis il ne faut pas oublier que, comme partout, les bretons ont mobiles et vivent plus en ville qu'en campagne. Peu de gens ont la chance de choisir l'endroit où ils vont habiter, c'est le boulôt qu décide.
Car après tout, quand on a appris l’anglais ou l’espagnol, on ne nous a pas demandé si on voulait l’accent du Yorkshire ou celui du Canada, celui de Madrid ou celui de la Havane. Ce n’est que l’usage, le hasard de nos voyages et de nos rencontres qui en décide. Vous imaginez un russe qui chercherait à tout prix à parler français avec l’accent québécois parce que son prof l’a convaincu que c’était une forme plus ancienne, et dont plus pure de la langue.
Voilà. J’arrête là pour ce soir, même si j’en ai encore plein la besace. Le débat reste ouvert, à condition bien sur de rester courtois. Je tiens à préciser d’ailleurs que c’est une des grandes qualités de ce forum par rapport à d’autres que je fréquente, merci les modérateurs. (et hop, une deuxième cuillerée de miel).