Admirable analyse historico-socio-linguistique, Franck. J’adôôôre !
pas de réponse à la précédente réponse...
Oui, Oui, j’arrive ! Mais bon, je me suis fait un peu eng….ler par mon directeur d’étude, alors, bon : Arbeit
à propos de « portemanteau », c’est effectivement ce que me disent tous les dictionnaires ; voici d’ailleurs ce que dit mon papy caché et adultérin préféré : Mimil Littré :
1° Anciennement, officier qui portait le manteau du roi. La mère de cette Avangour était Fouquet, propre fille de ce cuisinier, auparavant marmiton, après portemanteau d'Henri IV, SAINT-SIMON 76, 235. M. de Sireuil est un digne portemanteau du roi ; mais il aurait mieux fait de garder les manteaux que de défigurer Pandore [opéra de Voltaire], VOLT. Lett. d'Argental, 15 oct. 1754.
Officier qui portait la queue du manteau de la reine. Je me trouvai à minuit au cloître Saint-Honoré, où Gabouri, portemanteau de la reine, me vint prendre et me mena par un escalier dérobé au petit oratoire où elle était seule enfermée, RETZ, Mém. t. II, liv. III, p. 130, dans POUGENS.
2° Bois attaché au mur pour suspendre les habits.
3° Sorte de valise de cuir ou d'étoffe.
Les hôteliers appellent portemanteau le voyageur qui n'a que peu de bagages et ne loue qu'une chambre pour peu de jours.
4° Terme de marine. Canot que l'on hisse à bord aux bossoirs de poupe.
Au plur. Des portemanteaux.
Remarquer que tous les exemples qu'il donnent sont attachés ; la date de 1798 doit sans doute entériner un usage plus qu'autre chose.
Le sens 1 s’accorde assez bien avec l’analyse politique de Franck.
Mais le même Mimil connaît, AVEC trait d’union, des portes- :
affiche, aigle, aiguille, aguillon, allume, allumettes, amarre, arquebuse, assiette, aune, baguette, baïonnette, balance, balle, bandeau, barres, battant, bec, bobèche, bonheur, bonnet, bossoir, bouchoir, bougie, bouquet, bourdon, bourse, bouteilles, broches, carabine, cartes, caustique, chaîne, chandelier, chapeau, charbon, cierge, cigare, clapet, clefs, col, collier, cordeau, coton, couteau, croix, crosse, cure-dent (est-ce bien nécessaire ?), dais, dieu (prêtre qui visite les malades), drapeau, écuelle, enseigne, épée, éperon, éponge, étendard, étriers, étrivières, fenêtre, fer, feu, flambeau, foret, fort, foudre, giberne, glaive...
et cinquante-huit autre, jusqu'à porte-vent, verge, vis et voix.
A l'inverse, sont attachés
portechape
portechoux
portecollet (mais porte-col)
portecrayon
portefaix
portefeuille
portemanteau
C'est là typiquement ce genre d’exceptions crétines qui n’ont aucune justification. D’autant qu’à part portemanteau et portefeuille, on n’utilise plus beaucoup les autres.
Sur ce point, la loi de 1992 – que personne n’applique mais passons – n’est pas logique : elle a augmenté le nombre de mots attachés : arcboutant, autostop, bassecontre, branlebas, fourretout, tirebouchon, vanupied, chauvesouris, sagefemme, etc. (tous soulignés de rouge par mon wordounet, c’est dire).
Le seul qui me paraisse justifié, c’est prudhomme (puisque le sens de preud/prud a totalement disparu, et que l’apostrophe au milieu d’un mot est étrange ; tant qu’on y est on pourrait écrire « aujourdhui ».
Mais pour le reste, c’est une erreur grave à mes yeux, qui augmente le nombre des exceptions et qui va encore compliquer les règles d’accords des noms composés (beaucoup plus logiques que ce que tout le monde croit) ; va-t-on écrire des sagesfemmes ?
UNE FOIS POUR TOUTE il faudrait dire que les termes composés sont liés d’un trait d’union, et basta !
PS : je reprendrai l’autre débat bientôt, mais là pas le temps.