J’ai du mal à croire que pour un anglophone l’italien soit vraiment au niveau 1, tandis qu’il y a beaucoup d’italiens qui, même après un cursus d’études normal, ne maîtrisent pas complètement la langue. Est-ce que les anglophones sont tous comme Milton ?
Le système de conjugaison est nettement plus complexe que le système de conjugaison de l’anglais. Si en français la ‘poubelle’ des verbes est le 3ème groupe (lu sur le topic sur le français), en italien les verbes irréguliers sont éparpillés dans deux groupes (il y en a trois au total). 1er groupe : verbes en
–are (mais ‘fare’ appartient au deuxième, en raison de son étymologie) ; 2ème groupe : verbes en
–ere (sans distinction entre les verbes qui, comme ‘temere’, ont une
–e longue et ceux qui ont une
–e brève et sont plus souvent irréguliers, comme ‘prendere’) ; 3ème groupe : verbes en
–ire (mais ‘dire’ fait partie du deuxième groupe, pour la même raison que ‘fare’). Puis on s’aperçoit qu’il y a aussi des verbes en
–orre et
–urre, et où est-ce qu’on les met ? Mais dans le deuxième groupe, cela va de soi

, et toujours en se référant à la forme latine de ces verbes (fare <= facere, dire <= dicere, condurre <= conducere et porre <= ponere).
En anglais l’on apprend à conjuguer les verbes irréguliers à l’aide d’un paradigme de trois forme : forme base (infinitif sans to), passé simple et participe passé (ex. begin, began, begun). En italien, comme en français, trois formes ne suffiraient sûrement pas à constituer un paradigme exploitable.
Le subjonctif est une autre grosse difficulté. On dit qu’il a tendance à disparaître, mais c’est juste que les gens savent de moins en moins l’utiliser et on préfère dire que c’est l’évolution de la langue plutôt de reconnaître que c’est une erreur

. En italien correct ce mode est beaucoup plus utilisé qu’on français. Certains verbes, comme ‘pensare’ (penser) et ‘credere’ (croire) exigent l’emploi du subjonctif dans la subordonnée, même si l’on ne veut pas exprimer un doute ou une possibilité. Sans compter que l’imparfait et le plus-que-parfait subjonctifs (temps désuets même en français) sont utilisés pour exprimer une condition ou une hypothèse avec ‘se’ (si) et d’autres conjonctions.
Voilà, je n’ai fait que survoler un peu nos verbes. Je crois qu’en italien il y a des difficultés de taille. D’ailleurs c’est une langue qui évolue naturellement depuis très récemment (au mieux 150 ans). À l’origine c’est une sorte d’invention littéraire, que l’on doit aux grands auteurs en langue vulgaire de notre littérature, de Dante jusqu’à Manzoni. Ce n’est pas étonnant, si elle est pleine des subtilités. Ceci dit un anglophone peut sans doute arriver à parler couramment l’italien, voire le maîtriser avec élégance (J peut-être y parviendra aussi

). Milton écrivait d’excellents poèmes en italien, mais il est sûr que même lui a atteint ce niveau seulement au prix d’un dur travail.