Petit hors-sujet en attendant que Tom soit un peu plus avancé, à destination de Damiro et pour compléter un peu ce que dit Tom, et sous son contrôle :
La norme latine "classique" (en fait, me semble-t-il, plutôt celle de l'Empire, codifiée vers le II/IIIe siècle par quelques grammairiens comme Dosithée) reste globalement la norme "visée" par ceux qui écrivent en latin au Moyen Âge. Un peu comme, grosso modo, la norme britannique reste la norme "visée" de l'anglais pour tous ceux qui apprennent l'anglais dans le monde.
A ce, il faut ajouter différentes types de complications :
- La première, la plus énorme : le degré de "baragouinage" du clerc qui écrit. En gros, jusqu'à Charlemagne, tout le monde (genre Grégoire de Tours,

) écrit dans une immonde bouillie à mi-chemin entre le latin théorique et la langue populaire. Pour la bonne raison qu'on ne s'est pas bien rendu compte que les peuples ne parlent plus la variété de langue officiellement appelée "latin".
Arrive Charlemagne. A partir de sa barbe fleurie, en gros, les choses deviennent plus claires, et il y aura en permanence une poignée plus ou moins grosse de clercs qui savent vraiment correctement le latin et qui le respectent comme un bon interprète parlerait sa langue B.
Mais il y aura aussi toujours des sous-moines pas bien doués pour saloper plus ou moins la langue, comme je le fais quand je parle anglais.
- Ca n'empêche pas, même chez les "bons" clercs, quelques tendances graphiques propres au Moyen Âge : "michi" pour "mihi" (en fait, dès le bas-empire), "coeli" pour "caeli", "ae" qui devient très souvent "e" (sa prononciation dès le IIe siècle !), des h un peu partout. Ainsi que quelques tendances grammaticales propres : Tom a parlé de dum, il me semble aussi que les parfaits passifs sont souvent "surcomposés" ("amatus fui" au lieu de "amatus sum"), comme en français en fait. Etc.
- En fait, la vraie difficulté pour moi, c'est le vocabulaire. Le MA a ses réalités propres, et donc son vocabulaire propre pour le dire. Soit qu'il utilise un mot existant déjà dans le latin classique avec son propre sens, soit qu'il l'invente, l'emprunte, etc. Et aussi ses formules propres.
cf. "dum" qui signifie presque toujours "puisque" dans les premiers siècles du Moyen Âge, alors qu'il signifiait plutôt "pendant que" (arrêtez-moi si je dis des aneries) dans l'Antiquité.

Eh bin eh bien eh bin, on a oublié sa syntaxe de "dum, donec, quoad" ?

Révisionage :
dum + indicatif présent
sans concordance des temps aucune (cf. when en anglais) = pendant que, qui se traduit volontiers par un gérondif français : "dum quaerit escam, margaritam repperit gallus (en cherchant sa nourriture, le coq trouva une perle).
dum + indicatif avec concordance des temps = jusqu'à ce que "exsepcta dum redeo" = attends que je reviennes (et je vais revenir).
dum + subjonctif = le temps nécessaire pour que, avec une nuance de but ou d'éventualité : exspecta dum redeam "attends que je reviennes" (mais je ne suis pas sûr de revenir).
dum + subjonctif = pourvu que, oderint dum metuant = qu'il me haïssent pourvu qu'ils me craignent.
A date tardive, "dum" devient un peu l'équivalent de "cum" avec tous ses sens : concessif, causal, temporel-causal. D'où l'emploi médiéval.