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Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 21 Nov 2012 14:18
by aymeric
Le propre d'une idole...

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 22 Nov 2012 01:25
by Sisyphe
aymeric wrote:Merci encore Sisyphe !
"niveau de terminale" ça ne veut pas dire grand-chose... Le niveau de terminale d'il y a dix ans, c'est presque un niveau de prépa aujourd'hui, et tout dépend aussi si tu l'as passé à l'écrit ou à l'oral.
En fait je n'ai pas fait de latin au lycée jusqu'à la terminale... j'en ai fait jusqu'en troisième, et j'ai continué tout seul en seconde pour le fun (on ne juge pas svp :lol: ), avec Invitation au latin puis Invitation aux lettres latines (si je me souviens bien du nom), après j'ai tout laissé tombé pour tenter un bac S, mais je zyeutais les devoirs de mes camarades latinistes en terminale, et ils en étaient toujours à des points de grammaire censés être couverts en troisième (dans la méthode Invitation au latin en tout cas). Donc j'imagine que j'ai plus ou moins un niveau de terminale...
C'est ce que je disais : l'Invitation aux lettres latines de seconde (que de souvenirs... Le candélabre d'Antiochus, le mort de Sophonisbe avec un extrait de Mairet que je n'ai jamais pu retrouver ailleurs, le "jeune orateur" si magnifique...), on s'en sert comme manuel de prépa aujourd'hui ! Disons qu'avec le temps et l'oubli, tu as un bon niveau de troisième d'autrefois, autrement dit un bon niveau de latin option oral d'aujourd'hui.
kokoyaya wrote:
Sisyphe wrote:Si tu veux faire de l'ancien français, il faut t'inscrire en lettres modernes.
J'aime beaucoup :)
Ben oui, ç'est l'évidence même, suis-je bête :D
:P
Mais Sisyphe, il y a un problème : pourquoi toi tu te débrouilles aussi bien en grec qu'en ancien français ? Tu as fait un double cursus ?
Moi je dirais plutôt que je me débrouille aussi mal dans l'un que dans l'autre...

Réponse en MP.

En fait, pour simplifier ma question : je veux devenir comme toi :love: :loljump:
:confused: *erubescit Sisyphus modestia victa sua*

Je tiens quand même à t'envoyer en pièce jointe :
- Mon bulletin de salaire et une loupe pour le lire.
- Mon dernier électrocardiogramme et le courrier de supplication de mon cardiologue.
- Le préavis de grève de mes neurones qui réclament le passage aux 35 heures (par jours) et un jour de repos par mois.

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 25 Nov 2012 18:41
by ElieDeLeuze
Je me demande si le latin n'est pas plus valorisé en Allemagne qu'en France. L'idée me trotte dans la tête depuis un moment de passer par correspondance le kleines Latinum. Le großes Latinum est parait-il une bonne formation, ça fait envie. Mais j'ai l'impression que le latin en France est une sorte de cousin de la famille qu'on n'ose pas mettre à la porte mais à qui personne n'a envie de parler non plus.

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 25 Nov 2012 19:16
by Sisyphe
ElieDeLeuze wrote:Je me demande si le latin n'est pas plus valorisé en Allemagne qu'en France.
:-o Totalement, absolument, complément, parfaitement, assurément, exactement, précisément, tout à fait, sans aucun doute, incontestablement, indubitablement, indéniablement, et mon dictionnaire des synonymes est à court de locutions adverbiales.

Passe par les teutons, c'est plus sérieux.
j'ai l'impression que le latin en France est une sorte de cousin de la famille qu'on n'ose pas mettre à la porte mais à qui personne n'a envie de parler non plus.
:-o C'est exactement et voir plus haut pour les synonymes ! Et d'ailleurs c'est pile-poil (tiens je l'ai oublié celui-là ce que dit le récent rapport de l'inspection générale sur l'enseignement des langues anciennes, pour ceux qui ont le courage de lire ce genre de littérature, mais avec un peu plus de formes (et c'est bien la première fois que je lis un rapport de l'IGEN qui va encore plus loin que ce que disent les syndicats et les associations de profs).

Je dois en gros m'excuser d'être... Devant les élèves, devant l'institution, devant les collègues. Je ne donne pas de travail, j'accepte les regroupements "de toute nature et parfois contre-nature", comme l'écrivent les inspecteurs généraux (!), je mets des fausses notes, je cède à toutes les démagogies, je passe après le club d'échecs même quand il n'y a pas de club d'échecs, personne n'osera me dire en face que je dois disparaître, mais tout le monde l'attend.

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 25 Nov 2012 19:21
by aymeric
A ce point-là ?!
Donc la préférence générale serait de cantonner le latin aux universités ?

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 25 Nov 2012 19:38
by ElieDeLeuze
Merci, Sisyphe, la lecture de ce rapport est passionnante... et effroyable.
Au fait, il me faudrait une grammaire de latin claire, précise et relativement complète (pas exhaustive, juste un livre qui ratisse large), accessible à un linguiste germaniste même si c'est ardu pour un lecteur normal. Laquelle me conseilles-tu ? Prix jusqu'à 100 euros.

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 25 Nov 2012 19:39
by aymeric
Et puis je me permets de revenir sur ce passage :
Sisyphe wrote: ;) En général les étudiants de lettres modernes n'aiment pas le latin, qu'ils voient un peu comme un truc pas assez "littéraire" (il faut apprendre des règles de grammaire, quelle horreur) et qu'on leur impose ; les historiens font la même chose avec la géographie, et les étudiants en trad' avec les cours de linguistique théorique...

Et puis il y a quantitativement moins d'heures, pratiquement que de la trad', sans cours de civi qui sont toujours nécessaires, et de linguistique qui le sont plus encore...
Nécessaires dans quel sens ? Donc si j'en fais pas, c'est la cata ?

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 26 Nov 2012 04:16
by Sisyphe
aymeric wrote:A ce point-là ?!
Donc la préférence générale serait de cantonner le latin aux universités ?
:shy: Personne ne le dira, aucun ministre de l'éducation nationale n'osera être "celui" qui a osé supprimer le latin ; assez paradoxalement, il aurait contre lui la droite conservatrice (qui l'accuserait de brader un héritage millénaire de notre civilisation catholique et de faire le jeu des pédagofous), et la gauche bien-pensante (qui l'accuserait d'asservir l'EN à "l'utilitarisme" économique capitaliste etc.). Mais le plus étonnant, c'est que le latin est au fond mal aimé des deux côtés : la droite libérale le considère (avec l'histoire, l'économique théorique, la musique, l'art plastique) comme un enseignement dépassé et pas "rentable", et une certaine gauche le voit comme un démon du passé, la marque fatale du "crime originel" du système scolaire élitiste d'autrefois. Elie parlait de cousin honteux de la famille, mon image à moi, ce serait plutôt le vieil aristo d'Ancien Régime, qui a perdu tous ses privilèges, et se trouve coincé entre la nostalgie vaine et la haine de soi...

Et re-paradoxalement, l'ultra-libéral collera son gosse dans une boîte privée où latin et grec sont obligatoires jusqu'en seconde, et le gauchiste bien-pensant dans un collège calme de centre ville, où il fera latin ET bilangue au collège - puis "européenne" au lycée...
aymeric wrote:Et puis je me permets de revenir sur ce passage :
Sisyphe wrote: ;) En général les étudiants de lettres modernes n'aiment pas le latin, qu'ils voient un peu comme un truc pas assez "littéraire" (il faut apprendre des règles de grammaire, quelle horreur) et qu'on leur impose ; les historiens font la même chose avec la géographie, et les étudiants en trad' avec les cours de linguistique théorique...

Et puis il y a quantitativement moins d'heures, pratiquement que de la trad', sans cours de civi qui sont toujours nécessaires, et de linguistique qui le sont plus encore...
Nécessaires dans quel sens ? Donc si j'en fais pas, c'est la cata ?
Bin, tu as fait des LV, tu connais le problème...
a) Y'a toujours un moment où il faut faire de la civi quand on fait une langue... Je me souviens d'un ami de la famille, prof d'arabe, qui m'expliquait le plus difficile pour lui, c'était de traduire non pas la langue, mais les nombreuses formules de politesse un peu outrées aux yeux d'un occidental, plus ou moins religieuses, et/ou de les placer au bon endroit, surtout quand on s'adresse à quelqu'un dans cette langue, tu vois à quoi je fais allusion. En plus, en latin, il n'y a que des textes littéraires ! Donc pas mal d'allusions culturelles (les Romains ont 1500 dieux quand même....). De toute façon, on ne peut pas traduire correctement un mot comme auctor (faux ami, en gros "celui qui se porte garant de qqchose") si on ne sait pas ce qu'est l'auctoritas en droit romain. Un truc bête : les prénoms, comme il n'y en a que 18, les Romains ne les écrivent jamais, il faut connaître par coeur les abréviations, et savoir que M. = Marcus et M' = Manlius (sauf qu'en plus il faut mettre le bon cas). Enfin bref : oui, à un moment, il faut.

b) Une grammaire normative bien fichue t'explique, ou plutôt te met en ordre, 80% des situations, mais il y a toujours un moment où il faut aller plus loin que des tableaux appris par coeur, et seule la grammaire historique t'explique 100% des formes (je pense que c'est la même chose pour réussir à franchir la distance entre l'arabe littéral et les traits dialectaux qui peuvent se glisser dans n'importe quel texte, même soutenu). Je me souviens encore des explications embrouillées et idiotes que me donnaient et mon manuel d'anglais de 2° et ma prof de 2° qui suivait le manuel à propos de I wish I were (en gros "alors c'est le singulier mais on met le pluriel..."). Si un jours on ne se décide pas à t'expliquer que a) c'est du subjonctif ou plutôt un reste de subjonctif b) comment on forme le subjonctif anglais et que c) ben, si on peut encore l'utiliser comme dans "I wonder if it be true or not" ou tout simplement "God save the Queen", et bin tu oublieras moins de mettre le -s de troisième personne ! Et tu auras l'air moins c** la prochaine fois que tu trouveras un "thou" dans une chanson ou une prière, et après tout, ils ne sont pas si rare non plus, notamment à la messe. Donc, même chose en latin : la première fois qu'on tombe sur deum en poésie et qu'on ne sait pas que le vieux génitif, c'est-um et non pas -orum, on le prend pour un accusatif et boum le contresens...
Elie wrote: fait, il me faudrait une grammaire de latin claire, précise et relativement complète (pas exhaustive, juste un livre qui ratisse large), accessible à un linguiste germaniste même si c'est ardu pour un lecteur normal. Laquelle me conseilles-tu ? Prix jusqu'à 100 euros.
Il y en a deux sérieuses sur le marché :
- La "Sausy" : http://www.amazon.fr/Grammaire-latine-c ... 285157096X
- La "Baudiffier et machins-choses" parce que personne ne retient tous les noms, enfin bref "celle avec le joli zoziau" : http://www.amazon.fr/grammaire-lettres- ... 221047230X

Chacun pense que la sienne est géniale et formidable et que l'autre est pourri-caca. Moi, j'appartiens à la secte de la deuxième, mais c'est comme les O'Hara et les O'Timmins.

LA première un poil plus complète, la seconde vachement plus pédago, en couleurs avec surtout des tableaux beaucoup plus rigoureux (moins de "se reporter au tableau 4345") et moins de perte de temps. Mais encore une fois, je ne suis pas neutre.

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 26 Nov 2012 07:25
by kokoyaya
Mal-aimé, mal-aimé, pas autant que le grec tout de même. Il y a quelques années, on pouvait commencer l'un ou l'autre en 4e. Maintenant, c'est latin en 5e et grec en 3e donc bon, le latin ne se porte pas si mal comparé à d'autres :(

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 26 Nov 2012 08:42
by svernoux
Moi aussi j'ai eu une petite pensée émue pour le grec, car pour le coup, lui, ça fait longtemps que les profs se vendent pour le faire subsister (notes cadeaux, etc.) Avec peu de succès, d'ailleurs.

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 20 Jan 2015 10:57
by Ferdy Durke
aymeric wrote:Bonjour,

Je me demandais s'il existe des formations universitaires françaises qui permettent l'étude du latin sans le grec. Une espèce de LLCE latin, quoi.

Bonjour,
La question date un peu, mais pour ceux que ça intéresse j'ai trouvé ceci par hasard :
http://www.u-paris10.fr/formation/du-de ... r_dipg%E9n

A noter que la formation est proposée en présentiel et à distance.

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 24 Jan 2015 20:33
by aymeric
Super, merci !

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 25 Jan 2015 18:54
by Gearoid_2
Ceux qui veulent supprimer l'enseignement du latin (et du grec ancien) sont des abrutis.
Il fallait que je le dise :loljump:

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 04 Feb 2015 23:36
by Liviene
Pour ceux que ça intéresse, je sais qu'il existe des DU de latin par correspondance à Montpellier et Bordeaux :

http://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/f ... dl-31.html

et

http://ead.univ-montp3.fr/index.php/for ... universite

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?

Posted: 05 Feb 2015 00:03
by kokoyaya
Gearoid_2 wrote:Ceux qui veulent supprimer l'enseignement du latin (et du grec ancien) sont des abrutis.
Il fallait que je le dise :loljump:
Que dire de ceux qui ont fait passer le début du latin en 5e et le début du grec en 3e ? :evil: