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Posted: 08 May 2004 21:42
by boubbie
Sisyphe wrote:En Alsace, par exemple, il arrive encore que des jeunes gens parlent Alsacien (essentiellement pour ne pas se faire comprendre des autres). Mais ce qui est paradoxal, c'est que ce sont de moins en moins des gens de la campagne et de plus en plus des gens "instruits"..
J'apporte ici ma maigre comtribution : pour avoir de la famille alsacienne très proche, je les ai vu lors d'un mariage parler alsacien entre eux : ils étaient âgés de 30 à 83 ans (ma grand-mère :sun: ). MAis je ne sais pas si l'alsacien est une langue régionale comme les autres, je crois que pour cette région de la France, ce dialecte leur a permis d'affirmer une identité (ni français, ni allemand). Ils parlent alsacien essentiellement entre eux (même si je ne les ai jamais vu hors contexte familial) et habitent un tout petit village d'alsace (Shirrhein). Cependant ils restent des gens modestes, instruits pour les plus jeunes ou pas pour les plus vieux. Je pense que pour eux l'alsacien est un moyen de s'accrocher à leurs racines et qu'il fait partie à part entière de leur éducation. ;)

Posted: 09 May 2004 02:27
by Rónán
Content de t'avoir lu Sisyphe :)
POUR Ronan 1 : je voulais dire : il n'y a plus personne en Bretagne qui ne parlerait QUE le breton et absolument pas le français
Sauf à avoir 140 ans, tout le monde même plus veilles paysannes dans les coins les plus reculés de la campagne bretonne sont passé par l'école française.


Bon, je vais pê passer pour un emmerdeur, mais si, il y a encore des très vieux qui ne savent pas parler français.

POUR Ronan 2 : Tu soulèves un problème juste dont je n'ai pas eu le temps de parler dans mon message, mais (si je puis me permettre) avec un sarcasme qui n'est peut-être pas nécessaire.
Effectivement, qui parle réellement breton ? Essentiellement de vieilles gens de la génération de nos grand-mères.


Assurément, car ce sont ceux dont les parents ne parlaient que breton. Disons, les gens qui ont plus de 60 ans (je dis ca parce que tu as pê pas le meme age que moi, alors pr toi "la génération de nos gd-mères" ne correspond pê pas à l'age auquel moi je pense ;)) en Basse-Bretagne ont presque tous le breton comme langue maternelle unique, surtt à la campagne.
Donc, ceux de plus de 60 ans, et dans certains cas (rares), les enfants de ceux-ci. Mais les jeunes, c'est à dire moins de 30 ans aujourd'hui qui ont le breton comme langue maternelle, y en a qq centaines sur tte la Bretagne.
Et puis il y a un autre problème : le français a cinq siècles de grammairiens derrière elle. Le breton pas. Je crois savoir que même la simple question de l'orthographe n'est pas tout à fait réglée.
Le breton a aussi une tradition de grammaire, mais celle-ci n'était pas enseignée au peuple (car pratiqt pas d'école en breton avant, du moins pas d'enseignt de la grammaire comme ds les écoles francaises actuelles, on apprenait plutot aux enfants à lire en breton. Qd je dis ca, je pense aux cours de catéchisme ainsi qu'à des bonnes soeurs qui allaient instruire les enfants, dans certaines régions). La grammaire bretonne était enseignée au séminaire.

Il ne faut pas croire que le breton n'a fait l'objet d'études que récemment: on a un manuel de grammaire latine en langue bretonne qui date du XVIIe siècle (si je me souviens bien). Et pour les dicos, on a des choses plus anciennes encore: le Catholicon de Jehan Lagadeuc (1499 pour la publication, mais écrit je crois vers 1465) est un dictionnaire breton - latin-français. C'est à la fois le 1er dico de breton connu et le premier dico de français connu. Dans les autres dicos connus, on a ceux du père Maunoir (XVIIe siècle), celui de l'Armerye (vers milieu XVIIIe, je crois 1765), etc etc. Ces dicos s'adressent surtout à des gens instruits, et surtout aux prêtres et aux novices.

Posted: 09 May 2004 02:45
by kokoyaya
Pwyll wrote:Si ils ont refusé de changer des choses dans leur charte afin d'entrer dans l'éduc nationale (chose que L.Ferry leur avait proposé), c'est entre autre parce qu'ils n'auraient plus la mainmise sur le recrutement, et ne seraient plus libre de choisir qui ils veulent (en d'autres termes: choisir uniquement les gens qui ont les mêmes idées politiques qu'eux).
Un peu simpliste comme réponse...
Tu peux faire tous les compromis que tu voudras, les langues régionales ne seront jamais enseignées dans des écoles bilingues publiques tant que ces langues ne seront pas reconnues dans la constitution.
J'avais un prof de droit constitutionnel qui nous avait fait tout un cours là-dessus en première année. J'aurais dû garder mes notes :-?
Je fais de la provocation et du martelage pour réveiller des consciences
Je suis assez souvent d'accord avec toi mais je pense que la méthode n'est pas si bonne que ça.

Tout d'abord, je ne parle pas français comme les anciens (mes grands-parents par exemple). Je parle donc un mauvais français ? Si le français a évolué, le breton doit-il vraiment rester figé à ce que les anciens pratiquent ? (attention, je ne parle pas d'évolution dans le sens "on traduit tout mot à mot du français", bien sûr, mais simplement que tout n'est peut-être pas à jeter dans ce que font les moins de 60 ans).

A moins d'organiser des envois d'anciens par Colissimo, tu nous expliques dans toutes tes interventions que c'est pas la peine d'apprendre le breton (mieux vaut rien que mauvais) quand on n'est pas en zone bretonnante. C'est sûrement pas comme ça que le breton va reprendre ses lettres de noblesse...

D'autre part, c'est bien beau de dire qu'il faut apprendre le breton. L'expatrié ou l'"étranger" qui a fini par brûler tous ses bouquins en breton puisque c'est de la merde écrite par des moins de 60 ans, il fait comment ? Tu lui trouves un boulot en Bretagne pour qu'il puisse apprendre sur le terrain ?

Posted: 09 May 2004 14:11
by didine
Pwyll, ce qui est dommage avec tes réponses, c'est qu'à la longue, on n'a aucune envie de les lire car elle sont extrêmement longues et répétitives...

Au fait, on attend toujours ta traduction d'un post en breton et d'un autre en gallois (cf. message de Beaumont sur viewtopic.php?p=44540#44540).

Posted: 09 May 2004 16:05
by Rónán
Tu peux faire tous les compromis que tu voudras, les langues régionales ne seront jamais enseignées dans des écoles bilingues publiques tant que ces langues ne seront pas reconnues dans la constitution.


Je suis pas sur de te comprendre? Tu veux parler du statut de Diwan? Nan parce que... il existe déjà des établissements bilingues publics (association Div Yezh, voir ici :) http://www.bretagnenet.com/div_yezh/ ).

Posted: 09 May 2004 16:21
by Sisyphe
:) Heureux de voir que le ton s'est un peu calmé ; il nous arrive tous d'être excessif malgré nous - je l'ai peut-être été sur la question de la laïcité dans le forum "actualité.
Bon, je vais pê passer pour un emmerdeur, mais si, il y a encore des très vieux qui ne savent pas parler français
OK. Je dois donc faire mon mea-culpa : dans mon argumentation à propos de l'école française par laquelle tous sont passé, j'ai peut-être un peu cédé au mythe de la "merveilleuse école de la troisième République" qui a éduqué tous les Français (les prétendus "zéro-faute" du certificat d'étude). Alors que moi-même je ne cesse de rappeler que c'est un mythe. Tant que j'y suis : tu parles de gens qui sont allé "jusqu'au certif" - oui mais l'ont-ils passé ? UN TIERS seulement des élèves de la communale le passait et tous ne le réussissait pas. Qui plus est, il se passait au niveau de notre cinquième actuelle, et non pas à la fin du CM2.
je dis ca parce que tu as pê pas le meme age que moi, alors pr toi "la génération de nos gd-mères" ne correspond pê pas à l'age auquel moi je pense
Ben, 23 ans depuis peu. Si tu es doctorant, comme tu le dis, tu ne dois pas être plus âgé de beaucoup.
Il ne faut pas croire que le breton n'a fait l'objet d'études que récemment: on a un manuel de grammaire latine en langue bretonne qui date du XVIIe siècle (si je me souviens bien).
Au temps pour moi. :confused: Le pire, c'est que je l'avait déjà entendu dire (ou lu quelque part). En parlant du breton, je songeais surtout à l'alsacien.
les bretonnants créent eux-même des mots, ou bien empruntent au français (remarque, l'anglais emprunte aussi au français ou vice-versa
Certes, mais jusqu'ou reste-t-on dans l'emprunt et à partir de quand tombe-t-on dans le "code-shifting" (!) ? Si c'est comme l'arabe algérien de mon enfance : blablabla collège blablabla CPE blablabla conseil de classe blablabla ordinateur blablabla disquette blablabla carburateur (alors que tous ces mots doivent exister en arabe littéraire, voire dans les dialectes, mais sur place).
De nos jours, bcp de gens se penchent sur la néologie en breton; peu d'entre eux (pour ne pas dire aucun) sont réellement instruits sur le breton et la linguistique, et inventent des mots qui st mal construits en général et incompréhensible spontanément pour tout le monde à part pour eux-mêmes.
L'alsacien et le corse sur ce point sont aidés par la présence de l'allemand et des langues romanes.
Cela étant, Pwyll, la situation est la même que pour le grec démotique au milieu du XIXe siècle. C'est la katharevoussa qui a créé de nouveaux mots, à partir du grec ancien, termes dont les éléments constituants étaient sans doute incompréhensibles pour le peuple grec. Mais ces mots, aujourd'hui, sont rentré dans l'usage du démotique lui-même. L'absurdité de la katherevoussa, c'était plutôt de vouloir ressusciter la grammaire. Quel français du XIX aurait spontanément compris le sens de "automobile" (auto est un préfixe grec, "mobile" un suffixe directement emprunté au latin, le vrai terme français qui vient de mobile, c'est "meuble").
Je reviens au CAPES, qui ouvre la porte aux établissements bilingues publics...
:ape: Oh là là. Faut pas me brancher sur cette question ! Sur tout ce qui est question scolaire, je suis à cran ! :) Bon, on va essayer de faire court :
- JE NE SAIS ABSOLUMENT PAS CE QU'IL EN EST POUR LES DIWAN, ma remarque ne s'adresse pas à elle en particulier, mais tu dis une chose très juste : un recrutement direct par les établissement, c'est la porte ouverte aux préférences politiques et aux copinages de toute sorte. C'est bien par la voie des concours publics qu'ils faut régler la question.
- Le problème de fond est : va-t-on recruter des profs de breton uniquement, ou des profs bicompétents ? Faut-il enseigner les langues régionnales comme des langues étrangères ? Ou les intégrer à l'enseigement classique (faire des maths en breton, sur le modèle du Luxembourg).
Dans un monde idéal, il faudrait répondre par la deuxième solution. Sauf que je doute que nos têtes blondes, même les bretonnantes de naissance, s'y retrouvent vraiement (ce serait mettre en danger leur apprentissage des maths). Et à fortiori, je doute qu'on puisse trouver beaucoup de profs de maths réellement bretonnants.
-> Certains lycée (dont celui où je fus) se font mousser en parlant hypocritemenent de "section européenne", où le prof de physique enseigne en anglais (déjà : européen = anglais :evil: ). C'est pathétique.
Les années passées, certains ont été recus au CAPES alors qu'ils parlaient à peine breton, mais ils étaient amis avec des gens du jury. (je connais des gens qui ont passé ce CAPES récemment, c eux qui m'ont dit tout ca)
Si je puis me permettre : la parole pleine de rancoeur des recalés n'est pas forcément d'évangile.
Que des membres du jurys soient eux-mêmes préparateurs du concours n'est pas absurde, c'est presque inévitable. Mais en principe, si un juré connaît le candidat, il ne doit pas participer à la note. J'ose espérer que c'est ce qui se passe.

J'avais beaucoup entendu parler du CAPES de créole, qui a fait l'objet d'une vaste polémique : des gens qui avaient officiellement contesté sa création se sont retrouvé au jury. Et (disait-on), certains jurés ne parlaient pas créole : ils corrigeaint la version avec un corrigé tout fait. Le fond de l'affaire était aussi : créole martiniquais contre créole guadeloupéen.

Mon avis personelle, autant que je puisse connaître la question, c'est qu'il faut institutionnaliser réellement les langues régionnales. Ca passe par de véritables études universitaires de ces langues, des CAPES monovalent et même des agrégations. Et une clarification des exigences linguistiques.


Je reviens malgré tout une dernière fois à la question de l'exigence linguistique (parler réellement breton), car malgré tout je dois donner raison à Kokoyaya. Sortons des langues "régionnales". 80% des profs de langues ne sont pas des anglophones, germanophones, etc. "natifs". Ce qu'ils connaissent de l'allemand (par ex.), c'est quatre ou cinq ans d'études universitaires, plus une année à l'étranger. On peut poser je crois que 1 an d'immersion totale = 20 ans d'immersion relative (la grand-mère bretonnante à Noël). Pour autant, sont-ce de mauvais profs ? Non. Ce qu'ils doivent connaître, ce n'est pas la totalité de la langue allemande, mais l'essentiel de celle-ci et surtout, ce qu'ils doivent enseigner à leur tour. Tout prof le sait : il enseigne sa matière pour 2 élèves dans la classe (les deux qui feront de l'allemand au-delà du bac). L'important, c'est qu'il maintienne l'intérêt et un savoir limité mais juste pour ces deux élèves. Et qu'accessoirement il n'en dégoûte pas les autres.

Tu as raison de rester exigeant pour la langue, mais l'excès de purisme est presque dangereux dans l'état où elles sont.

Posted: 10 May 2004 01:50
by Rónán
Mon avis personelle, autant que je puisse connaître la question, c'est qu'il faut institutionnaliser réellement les langues régionnales. Ca passe par de véritables études universitaires de ces langues, des CAPES monovalent et même des agrégations. Et une clarification des exigences linguistiques.


Entièrement d'accord...

(je salue ta culture générale et ta culture classique en particulier, et ton esprit critique, rares à ton jeune âge. Je me permets de te dire ca car je suis bcp plus vieux que toi ;)

Posted: 18 May 2004 22:11
by aliciane
saluti a tutti

j'apporte ma petite contribution à ce sujet(et je le fais rempner par la même occasion :loljump: ) avec ce que je peux observer pour le corse.
-les personnes agées le parlent toujours entre elles mais la langue est encore assez vivante notamment grace aux nombreuses expressions qui sont utilisées par tout le monde. je pense également que la plupart des jeunes corses comprennent le corse meme si ils ne le parlent pas.

- au niveau culturel je ne citerai que les editions de livres en corse et les groupes de chants qui ne se résument pas aux Muvrini et à A Filetta pour citer deux groupes connus... qui plus il existe aussi en corse au moins un artiste qui fait des spectacles comiques en langue corse (theatru mascone)... un rappeur corse aussi... et je pense que j'en oublie beaucoup... plus par méconnaissance que par omission... les emissions de télé et de radio en corse... les radios locales... radio viaghju à Paris (vi vi elle existe) les associations corses dans les villes du continent (squadra corsa, les différentes amicales...) sont autant de groupes ou l'on parle un peu la langue corse et ou l'on fait vivre la culture corse.

- enfin au niveau éducation...
pour ce qui est de l'ecole primaire je ne peux rien affirmer, je sais que quand j'étais en classe à Bastia (ca fait deja au moins 14 ans... loin tout ca) j'ai eu une initiation en langue corse... par ailleurs je sais que ma petite cousine apprend des chants corses à l'école... mais je ne saurai pas dire si elle a de véritables cours.
pour le college-lycée, je ne sais pas donc je n'en parle pas
pour ce qui est de l'université par contre le statut de la langue est plus clair puisque le corse est devenu une option OBLIGATOIRE (ou en tout cas elle l'etait il y a deux ans je ne sais pas si ca a changé depuis) au moins en premiere année... de la à dire que tous ces étudiants ont un niveau excellent en corse et sont plus interessés par la langue... hum hum

mon avis sur tout ca : un parlu micca u corsu, mi piacerrebbe assai ma mamma e babbu un mi parlanu mai in corsu, m'annu sempre parlatu francese.

par contre je pense que faire apprendre le corse à des etudiants qui ne l'ont pas choisi n'est pas la meilleure des solutions pour leur faire connaitre ni aimer le corse. j'aurai bien voulu l'apprendre et je vais m'y mettre serieusement un jour.

Au fait parfois les personnes qui ne sont pas de naissance parlent aussi bien la langue de la region que les locuteurs autochtones... mon pere a appris le corse avec la methode assimil et il le parle tres bien... et je crois que c'est surtout lui qui m'aidera à l'apprendre... :loljump: (mon pere est un pintsutu franco-espagnol)

ciao

Posted: 18 May 2004 23:01
by Olivier
aliciane wrote:ma mamma e babbu un mi parlanu mai in corsu, m'annu sempre parlatu francese.
c'est comme ça que les langues disparaissent, pour une maman c'est plus naturel de parler sa langue maternelle à son enfant mais elle en choisit une autre exprès "pour son bien", une langue plus utile...
-- Olivier

Posted: 18 May 2004 23:18
by aliciane
dans mon cas ce n'est pas tout a fait ca... ma mere ne parle presque jamais en corse... meme si elle pourrait... par contre j'aurai pu l'apprendre avec mes grands parents... je peux toujours d'ailleurs :loljump:
ravie de voir que quelqu'un a compris ce que j'avais écrit... si je vous voulez la traduction je peux la mettre... mais si c'est suffisamment comprehensible comme ca... je laisse tel quel

Posted: 19 May 2004 02:46
by Rónán
J'ai aussi compris ce que tu avais écrit :)
Je crois qu'obliger les gens à faire du corse est pas bien (on voit ce que ca donne en Irlande: presque tous les enfants détestent le gaélique parce qu'ils st obligés d'en faire; si ct pas obligatoire je suis sûr que beaucoup en feraient avec plaisir, mais l'obligation rend la matière détestable).
La meilleure facon de motiver les gens à apprendre une langue, c interdire cette langue: ca réveille les consciences et les gens veulent apprendre par esprit de contradiction.

Posted: 19 May 2004 03:21
by Sisyphe
:) Amusants paradoxes que tu soulignes, Pwyll, mais sans doute assez vrai. J'avais des camarades indiennes au cours de sanscrit à Lyon (venues j'imagine apprendre le français) qui n'en auraient jamais fait chez elles...
... Sauf que leur lecture du gujarati compliquait un peu notre lecture du sanscrit, comme les grecs modernes qui étudient le grec ancien en France.

J'en tire d'ailleurs une leçon générale pour tous ceux qui sont prompts à crier "il faut faire ci à l'école" "il faut enseigner ça" "les enfants devraient avoir des cours de machin-chose"... Ce n'est pas parce que vous leur imposez trois heures de bidule-truc par semaine que tous les enfants apprennent réellement le bidule-truc. Hors les amateurs de langues, nombreux sur ce forum, qui garde le moindre mot d'anglais après le bac ?

(et à tous les gens qui viennent dire "je parle pas anglais mais c'est la faute à l'enseignement qui est trop littéraire (ou trop parlé, les deux s'entendent)" : est-ce que vous les faisiez sérieusement vos exercices ? Vous visiez le 20/20 par amour de l'anglais, ou le 12/20 pour avoir la paix avec les parents ?)

Ou alors, si obligation il y a, elle doit être dès la première année de maternelle. Et ne doit pas être sentie comme telle.

Autre chose : tu parles du gaélique en Irlande, Pwyll. Mais comment estimerais-tu sa survie aujourd'hui ? Il y a-t-il vraiment un usage du gélique quelque part, hors de l'école ? Il y a peu de temps j'ai acheté des gâteaux irlandais lors d'une semaine promotionnelle irlandaise dans mon supermarché (on construit l'Europe n'est-ce pas ? :-? ), j'ai trouvé trois mots de gaélique sur la boite (qqchose comme "made in Ireland"), le reste en anglais.

Triste chose si une langue nationale est quasi à l'état de langue morte.

(PS je trouve un peu c... ce que j'ai écrit, mais zut, il est tard :sleep: , j'ai droit à mon quart d'heure de c....erie, c'est syndical ;) )

Posted: 20 May 2004 00:07
by Rónán
Il y a peu de temps j'ai acheté des gâteaux irlandais lors d'une semaine promotionnelle irlandaise dans mon supermarché (on construit l'Europe n'est-ce pas ? ), j'ai trouvé trois mots de gaélique sur la boite (qqchose comme "made in Ireland"), le reste en anglais.

Triste chose si une langue nationale est quasi à l'état de langue morte.
En effet; j'ai lu récemment sur un site francophone québécois sur l'état et le statut de bcp de langues dans le monde, que les langues celtiques et en l'occurence l'irlandais et le gaélique d'Ecosse sont cantonnées à un rôle de décoration plus qu'autre chose. Tous les textes officiels et lois st en irlandais et en anglais, mais aucun mec du gouvernement ne parle irlandais. C un peu comme le statut de l'arabe littéral dans les pays du Maghreb: langue officielle, mais la population ne le parlent pas (enfin ils le comprennent je crois, c déjà bien...)

Autre chose : tu parles du gaélique en Irlande. Mais comment estimerais-tu sa survie aujourd'hui ? Il y a-t-il vraiment un usage du gélique quelque part, hors de l'école ?
Yep, y a des régions dans l'Ouest et le sud (appelées Gaeltachtaí) de l'île ou l'irlandais (=gaélique, j'utilise invariablement les deux termes, encore que "gaélique" soit imprécis hors contexte) est la langue quotidienne des gens.
En dehors de ces régions, même si le gouvernement encourage l'apprentissage du gaélique, finance des écoles 100% en irlandais qui st de plus en plus fréquentées d'ailleurs, ca n'empeche que l'irlandais est rarement utilisé en dehors des Gaeltachtaí, à part ds les milieux militants. Dans la plus grande partie de l'Irlande, qd on parle gaélique aux gens ils comprennent pas, faut donc passer à l'anglais. Alors que dans les Gaeltachtaí on peut sans problème ne parler que gaélique, tout le monde comprend. J'ai déjà lu dans des journaux bretons (Ar Men) des inepties quant à l'état actuel du gaélique, l'article disait qu'il était très utilisé, que les jeunes étaient fiers de l'apprendre etc. Mais c'est faux, le journaliste n'a pas pu voir le problème de l'intérieur ni juger des capacités de la population irlandaise en général en matière de langue irlandaise, parce qu'il parlait pas irlandais et pouvait donc pas voir le problème de l'intérieur. Moi j'ai pu voir le problème de l'intérieur qd gt en Irlande. Ben, je px dire qu'en dehors des Gaeltachtaí, c pas réjouissant. C un peu honteux, je trouve, qu'un peuple qui s'est tant battu pr sa liberté abandonne sa langue nationale sans aucun état d'âme pratiquement. Bcp des Irlandais que j'ai rencontré abhorraient les Anglais, mais ca les empêchaient pas de parler anglais uniquement et de n'en ressentir aucune contradiction.

Les statistiques officielles veulent qu'environ 1 000 000 d'Irlandais sachent parler gaélique. En effet, l'irlandais étant obligatoire dans les écoles, on suppose que les adultes et les enfants qui ont passé leur "bac" (enfin l'équivalent) savent parler irlandais. La réalité, c'est qu'après 10 ans de gaélique à l'école, ils ne savent pas tenir une conversation (je crois que le gaélique est enseigné un peu à la facon du latin, de facon rébarbative etc) et ne savent que qq phrases stéréotypées apprises par coeur à l'école, et ne comprennent pas qd qn leur parle dans un irlandais "natif" (la majorité des enseignants st incompétents je crois et on un affreux accent anglais).
Le nombre de personnes vivant dans les Gaeltachtaí et ayant le gaélique comme langue quotidienne s'élève je crois à 100 000 maximum.

Le fait que le gaélique soit obligatoire est une très mauvaise chose. S'il était interdit, tout le monde l'apprendrait avec bonheur :D . De ttes facons, je crois que le gouvernement ne fait que des actions symboliques en faveur du gaélique, mais rien de bien efficace. En tt cas, je vois pas d'amélioration dans le temps.

Posted: 20 May 2004 00:10
by Rónán
Made in Ireland = déanta in Éirinn
(prononcer à peu près: dyèènteu i gnéérign)