Posted: 02 Aug 2007 14:54
J'ai bien tenté deux fois de m'inscrire sur le forum mais ça n'a pas fonctionné. A chacune des deux inscriptions, un message m'a indiqué que je recevrai un courrier électronique avec un lien permettant d'activer mon profil, mais je n'ai jamais reçu ce courriel (la deuxième fois, j'avais pourtant pris soin d'indiquer une adresse différente au cas où le problème serait venu de la première adresse )Sisyphe wrote:Phiiil ! Inscrivez-vous.... J'ai besoin de linguistes germanistes en ce moment, j'ai déjà Elie, mais plus on est de fous...
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Elie, personnellement, je considère le francique rhénan lorrain comme un dialecte allemand. Pour moi, notre langue régionale est l'allemand sous ses deux formes (dialectale et standard). Je suis conscient que ce point de vue n'est pas partagé par tous les dialectophones lorrains, et qu'il est peut-être même devenu minoritaire du fait que les partisans d'une "langue francique" ont été — on doit au moins leur concéder cela — les seuls à agir sur le terrain pour défendre notre langue régionale. Et ce, même si, selon les termes de Fernand Fehlen de l’Université du Luxembourg, ils «ont eu recours à une mythification de l’histoire de leur langue pour affirmer leur identité» (Le «francique»: dialecte, langue régionale, langue nationale? in GLOTTOPOL Revue de sociolinguistique en ligne N° 4.
Fehlen relève cependant que « parmi les frontaliers lorrains germanophones interrogés dans le cadre de deux études de terrain, aucun n’a désigné sa langue comme francique ou Fränkisch, les désignations employées sont allemand, platt, platt lorrain, dialecte ou, dans le nord, luxembourgeois » (S. Hughes (2003) a interrogé 120 travailleurs frontaliers habitant de Forbach à Bitche et A. Schorr (1989) une cinquantaine en Lorraine tout au long de la frontière sarroise).
Je ne suis personnellement pas favorable à l’adoption en Loraine germanophone du modèle luxembourgeois qui montre ses limites et certaines évolutions négatives. Selon un rapport de l’inspection luxembourgeoise de l’enseignement dont l’hebdomadaire LE JEUDI s’est fait l’écho, le niveau d’allemand des élèves luxembourgeois laisse de plus en plus à désirer. Il est assez difficile d’évaluer les compétences en luxembourgeois, français et allemand de l’ensemble de la population, car elles divergent fortement d’une personne à l’autre en fonction du niveau d’études, des matières étudiées dans l’enseignement supérieur et de l’endroit où la personne a fait ses études supérieures (traditionnellement l’Allemagne, la France ou la Belgique). Dans l’étude susmentionnée, Fernand Fehlen indique qu'«au grand dam des défenseurs d’un purisme linguistique, les germanismes font leur entrée dans la langue luxembourgeoise, surtout par l’influence des médias allemands, dont les Luxembourgeois sont de gros consommateurs. Je constate personnellement que luxembourgeois a tendance à devenir de plus en plus un idiome mixte romano-germanique. Si la grammaire demeure clairement germanique, le vocabulaire se francise à vitesse grand V, soit par de très nombreux emprunts directs au français, soit par la «luxembourgisation» de mots français et l’abandon du mot d’origine germanique (par exemple «fëmmen» au lieu de l’ancien «rauchen»). Mon impression est plutôt que la langue luxembourgeoise est en train de perdre son âme sans que les compétences en allemand des Luxembourgeois ne soient renforcées. Ce n’est pas une évolution souhaitable pour le francique rhénan lorrain qui comporte déjà traditionnellement un certain nombre d’emprunts au français (parfois anciens comme c’est aussi le cas des dialectes de la Sarre, du Palatinat et du Pays de Bade), une influence du français dans la syntaxe (on peut dire indifféremment par exemple Er hat sin Babbe (Vater) helfe wille ou Er hat sin Babbe wille helfe, cette dernière forme étant devenue plus fréquente) ou dans le genre des mots (le mot «Butter» par exemple est masculin en Lothringer Ditsch).