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Posted: 28 Aug 2004 18:22
by daraxt
Beaumont wrote:Effectivement le FLE ça ne s'improvise pas, c'est déjà une première chose à savoir. Il faut bien que tu te documentes avant de partir, à la fois sur les cours eux-mêmes (méthode utilisée, objectifs du cours...) mais aussi sur le FLE en général (regarde des manuels de FLE, et des ouvrages destinés aux profs). Si tu peux, assiste à d'autres cours de FLE (soit avant de partir, soit sur place) et discute avec les profs.

Ne sois pas trop complexé non plus : même en étant formés en FLE, les jeunes profs ont aussi des difficultés. Il y a toujours une règle impossible à expliquer, des exceptions dont on ne s'était pas rendu compte... La langue française est pleine de surprises ! Si on te pose une question à laquelle tu n'as pas la réponse, tu leur dis que c'est un point complexe et qu'on verra ça au prochain cours. Le soir, tu potasses tes grammaires et le lendemain l'explication est prête. Il vaut mieux ça plutôt que de dire de grosses bêtises. Idem pour l'orthographe, il faut toujours que tu aies un dico sous la main, même en cours.

Le principal défaut des jeunes profs, c'est de trop parler. Si tu sens que tu as la voix cassée à la fin de la journée, tu peux être sûr que tu parles trop. Parle lentement, distinctement, articule bien...

J'ai plein d'autres conseils (c'est très facile de donner des conseils :lol: ), mais je m'arrête là pour le moment.

:hello:
aaahh!! un spécialiste :D

merci déjà pour ces conseils :)

Posted: 28 Aug 2004 19:00
by Bergkamp
Maïwenn wrote:Pourtant Daraxt l'avait bien ecrit
ah oui j'avais pas marqué: c'est leur première année et ils ont commencé il y a une semaine (mais les indiens sont calé en langues ils apprennent vite)
C'est la rentree bientot, il va etre temps de reprendre le rythme, jeune homme ;)
Oui mais je suis un paumé (au cas ou tu l'avais pas encore remarqué :loljump: ) et le rythme de quoi ?

Posted: 28 Aug 2004 19:02
by Bergkamp
daraxt wrote: aaahh!! un spécialiste :D

merci déjà pour ces conseils :)
C'est ça dis que chuis une daube et que je sert à rien :insane: ...
Non en fait c'est bon remue pas l'couteau dans la plaie :loljump:

Posted: 28 Aug 2004 21:25
by didine
En ce qui me concerne, j'ai travaillé quelques temps comme assistante de francais au Centre Culturel Francais de Vilnius, en Lituanie. Au programme en ce qui concerne les cours: cours de francais des affaires à des interprètes et traducteurs professionnels, préparation des étudiants à l'examen d'entrée du département d'interprétation de l'Université de Vilnius et cours particuliers en vue de la préparation du diplôme du francais des affaires de la CCIP.

Avant de partir, j'ai embarqué quelques livres de francais des affaires et j'ai basé mes cours partiellement dessus, partiellement sur ce que les interprètes et traducteurs voulaient. Pour le reste, j'ai improvisé sur place, en fonction du niveau. Je te conseille donc d'emmener un ou deux livres de FLE, ca te permettra de bien commencer, et tu prendras confiance petit à petit! :)

Posted: 28 Aug 2004 22:38
by daraxt
et tu me conseillerais quoi, comme livre de FLE par exemple?

Posted: 28 Aug 2004 22:41
by daraxt
Bergkamp wrote:
daraxt wrote: aaahh!! un spécialiste :D

merci déjà pour ces conseils :)
C'est ça dis que chuis une daube et que je sert à rien :insane: ...
Non en fait c'est bon remue pas l'couteau dans la plaie :loljump:
Je crois que Beaumont a un peu plus d'expérience que toi c'est tout.

Mais merci quand même pour tes conseils avisés.

Posted: 28 Aug 2004 22:42
by didine
daraxt wrote:et tu me conseillerais quoi, comme livre de FLE par exemple?
Je ne connais pas de livres de "FLE générale". Je n'avais pris que des livres de francais des affaires pour étrangers, vieux mais super bien faits, car je savais que des livres généraux ne me serviraient à rien. Donc je ne peux pas te renseigner... :(

Posted: 29 Aug 2004 05:52
by Beaumont
daraxt wrote:et tu me conseillerais quoi, comme livre de FLE par exemple?
Pour les méthodes, n'importe quelle méthode pour adultes/jeunes adultes débutants peut faire l'affaire (Panorama, Tempo, Reflets, Campus, Café Crème, Champion...). Ca te permettra de voir commnt sont faites les premières leçons.

Pour ce qui est des ouvrages didactiques à destination des profs, en voici quelques-uns (parmi les classiques du genre si ma mémoire est bonne) :

Besse, H. et Porquier, R. - Grammaires et didactique des langues (Hatier-CREDIF, 1984)
Boyer, H., Butzbach, M. et Pendanx, M. - Nouvelle introduction à la didactique du FLE (Clé International, 1990)
Kerbrat-Orecchioni, C. - La conversation (Collection Mémo, Seuil, 1996)
Moirand, S. - Enseigner à communiquer en FLE (Hachette, Collection F, 1982)

Posted: 29 Aug 2004 12:32
by Sisyphe
:) Puisque tu me demandais mon opinion sur un autre forum je vais te la donner ; mais je dois t'avouer ici que je suis un imposteur :( . Imposteur sur freelang alors que je ne parle pas vraiment de langue vivante étrangère (le latin, bon...), imposteur dans le post sur l'espéranto alors que mon espéranto est moyen, et imposteur quand je parle des profs alors que je ne le suis pas encore et que je n'ai pas souvent donné de cours.

J'ai régulièrement donné des cours d'allemand (que je ne parle pas ! :-? Imposture également), mais à des amis ou du moins des gens seuls dans les cafés où chez moi. J'ai toujours adoré faire des exposés à la fac et j'en ai fait beaucoup plus que la moyenne des étudiant (surtout de ceux qui n'en font jamais, hum...), j'ai consenti à aider de ma haute science quelques camarades perdus en linguistique ancienne, etc. Mon seul fait d'arme est d'avoir remplacé quelques heures une amie pour un cours de latin.

Donc, je ne sais pas trop quelle peut être la pertinence de mon avis personnel. Les cours d'allemand que j'ai donnés à des amis, volontaires et étudiants, se rapprochent un peu de ce que tu vas faire, mais moi je n'avais pas la barrière de la langue, et SURTOUT, en enseignant l'allemand que je ne parle pas, je savais pertinemment quelles étaient les difficultés potentielles d'un élèves, et comment il fallait ou non présenter certaines choses (et parfois il fallait que je révise la veille ce dont j'allais parler le lendemain !)...

S'il n'y avait qu'un conseil à donner, je crois que ce serait celui-là : qu'est-ce qui est difficile, et ce que je raconte est-il compréhensible ? Un type qui n'est pas capable de se mettre à la place de ses élèves n'est pas digne d'être prof. Mais ça ne doit pas être facile quand on enseigne sa propre langue. Je n'ai pas très bien compris quel cursus tu avais accompli à la fac, donc je ne sais pas ce que tu as étudié de la grammaire française, mais à mon avis, tu as intérêt à bien la réviser avant de partir, même et surtout si tu la sais très bien...

Une chose aussi est d'être organisé, structuré. Je crois que les choses les plus bêtes sont les plus efficaces : faire un grand I suivi d'un grand II et d'un grand III, bien divisés en petit a, petit b, etc. Avec des idées simples et répétées. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, un prof travaille beaucoup. Une leçon, sa se prépare à l'avance avec autant d'attention que pour une dissertation, et même sa se repète comme une prièce de théâtre - sauf qu'il faudra quand même en improviser les trois quarts (les questions à venir). Il faut toujours s'imaginer qu'on va être noté par ses élèves (d'ailleurs ça se fait dans certaines facs américaines...).

Quelques trucs bêtes, issus de ma maigre expérience ou de la "sagesse prof" recueillie auprès de ma mère et de mes amis :

- Ne jamais mettre dans un exemple un mot qui présente une irrégularité pas encore connue.

- Tous les exemples doivent avoir été préparés - surtout pour une langue étrangère. Pour être sûr qu'ils sont pertinents. Le truc : en préparer une batterie et n'en donner que deux et voir s'ils comprennent. Sortir toute l'artillerie en cas de problème.
... Malgré tout, il faut être capable d'en inventer un. Pas simple.

- Maîtriser le tableau. Le plan d'un côté, les exemples de l'autre. Les exemples doivent être effacés dans l'ordre où il ont été écrits (le plus anciens en premier). TOUS les exemples doivent être écrits. Attention à être lisible (essayer d'arriver dans le salle une heure avant, faire des lignes d'écriture au tableau et aller tout au fond voir si on arrive à se relire) ; de plus les étrangers ne font pas toujours leurs lettres comme nous : l'écriture "liée" ou "cursive", par exemple, est inconnue en terre germanique. Mieux vaut adopter des lettres ressemblant aux caractères d'imprimerie, au moins au début. Mieux, s'il s'agit d'étrangers : les écrire dans les deux graphies.

- C'est pas parce qu'on est à la fac que les étudiants sont attentifs, même s'ils sont théoriquement volontaires (plus en Inde qu'en France certainement, mais quand même). Si ton groupe est compact (en amphi c'est plus dur, mais quand même), interroge-les. Tout le monde doit participer, même le plus timide (surtout lui), ou celui qui est en train de draguer sa voisine au fond ;).

- Tout exercice donné à la maison (et mieux vaut en donner) doit être corrigé la fois suivante (ne pas dire à H-1 min de la sortie : "ah merde on a oublié de corriger l'exo" - le "on" est même assez blessant pour des élèves, parce que eux y avaient certainement pensé, c'est toi seul qui t'es gouré). Tous doivent avoir corrigé au moins une phrase.

- Un peu d'humour ne fait pas de mal. Un compliment mérité non plus.

- Parler fort, mais pas trop longtemps comme l'a dit Beaumont. Tel Flaubert dans son "gueuloir", trouver un coin isolé pour déclamer son cours avant. Attention au décalage entre le débit de parole et le débit d'écriture : eux, ils doivent prendre en note. Faire une petite pause à la fin de chaque phrase et regarder si les stylos bougent encore. S'ils relèvent la tête pour te regarder, c'est qu'ils attendent la suite (et s'ils sont en train de dormir... !!!).

- Netteté, précision et constance dans le vocabulaire technique. Sache que le ministère de l'Education Nationale édite une terminologie officielle en matière de grammaire. Je crois qu'il doit être possible de l'avoir sur internet (mais bonne chance pour trouver quelque chose sur le site de l'éduc-nat). Vérifier que ton vocabulaire correspond à celui du livre : "complétive" ou "conjonctive objet", "article" ou "déterminant", ça peut perdre un élève...
... Je suis en train de réaliser un dico français/anglais de la linguistique, mais je n'ai pas terminé. Un des bouquins qui me servent de point de départ, c'est "l'anglais de la linguistique" (A. Frangi, J. Optolowicz, coll. "clés anglaises", éd. Belin, 2-7011-2060-8). Achète-le ou photocopie le glossaire à la fin (80 pages = 40 feuilles A4). A tout le moins, fais-toi une liste.

- Ne pas oublier l'adage : l'enseignement, c'est 8O % de psittacisme. Répéter, répéter, répéter, dans un même cours, d'un cours à l'autre, etc. Si en cachette ils se mettent à t'imiter prononçant toujours les mêmes phrases, tu as gagné (non j'exagère un peu).

Pour les livres de FLE, je laisse les experts parler. Personnellement, je suis toujours un peu héberlué quand je les lis, la manière dont ils présentent certaines choses et certains points de grammaire me hérisse un peu. Quant au mot "didactique", il a tendance à me faire fuir... Bon, pour tout dire, ce que j'ai vu de l'enseignement dit FLE dans certaines facs me laisse pantois ; mais je pense que ce n'était pas forcément représentatif et ceux des livres qui sont bien faits sont sans doute nécessaires.

Mon conseil à moi serait plus terre-à-terre : emporter un dico français (mais plutôt un Lexis Larousse qu'un Robert, pas besoin de faire de la linguistique, ce que tu vas faire c'est du normatif), un grevisse, un manuel de conjugaison française et une grammaire normative "bête", genre Bescherelle. Sans doutes les "grammaires FLE" sont-elles utiles et adaptées aux étudiants étrangers adultes, mais n'oublie jamais que tu dois en connaître toujours plus que livre de tes élèves.

Et un dernier truc, lui aussi tout c** mais pas forcément inutile à rappeler : si ce sont des étudiants, pense à la bilbio. Claire, lisible, tapée à l'ordi. Organisée et structurée (séparer les grammaires, les vocabulaires, les manuels de références, les dicos français, les dicos français pour étrangers, etc.), avec une référence digne d'une bilbio de thèse, ils doivent pouvoir trouver facilement (nom, titre, lieu de publication, collection, édition, année voire ISBN - attention, les habitudes aux Indes ne sont peut-être pas les mêmes que les nôtres). Bien noter ceux des livres qui peuvent ou doivent être achetés, ceux qui sont dans les bibliothèques et ceux qui sont à connaître simplement, etc. Si tu passes cinq heures à la faire, c'est normal.

Je renchérirais volontiers sur ce qu'à dit Beaumont : enseigner, ça ne s'improvise pas.

Posted: 29 Aug 2004 13:02
by Maïwenn
Il fait peur ton post Sisyphe ;) Moi qui ai enseigne le FLE sans formation prealable, et qui jusque la pensais que je m'en etais bien tiree, je prends conscience de tous mes manquements potentiels !

J'imagine deja la tete de Daraxt en lisant tes paroles ( :-o ). Ca va pas le rassurer ;)

Posted: 29 Aug 2004 13:14
by Vikr
a mon tour , je vais essayer de te donner un conseil concernant un pays et des habitants, que je connais un tout petit peu:

Souvent, quelle que soit la matière enseignée, il est mal vu pour un élève de dire " qu'il ne comprend pas "; simplement parce que, dire qu'on ne comprend pas ce que dit un prof , c'est remettre en question ses qualités pédagogiques, donc se permettre de le juger!

un "apprenant " n'a pas à juger un "enseignant" ou alors c'est qu'il n'a plus rien à apprendre de lui !

au lieu de demander à l'élève, s'il a compris ( tu risques d'avoir des oui , avec la tête qui balance :)), tu pourrais peut etre lui demander les points qui lui semblent encore difficiles

Posted: 29 Aug 2004 13:52
by Bébert
Sisyphe wrote::) Puisque tu me demandais mon opinion [...]
Euh... j'ai un peu raccourci ton intervention...

C'est clair et complet, comme d'habitude !

Je rajouterais qu'une fois qu'on a bien assimilé tout ça, il faut aussi savoir l'oublier, être, rester ou redevenir naturel.

Il est indispensable de maîtriser ce qu'on enseigne et que ce soit adapté aux "élèves" (ne pas administrer des cours de Fac à des enfants de 6ème, et vice-versa).
Mais il est tout aussi utile (et rassurant) de savoir qu'en général on en sait beaucoup plus que les "apprenants" (plus ou moins, en fonction du niveau d'apprentissage, bien sûr).
Et puis il faut aussi rester humble et savoir reconnaître qu'on a fait une erreur (ou qu'on peut en faire) et la rectifier.
De la même façon, avouer qu'on ne sait pas tout n'est pas dégradant, et, s'il vaut certainement mieux avoir lu et assimilé des grammaires, des livres théoriques, etc., dans un premier temps, je ne pense pas qu'il faille en savoir plus que Grevisse ou qu'un dico, à condition de savoir (pour soi et pour l'enseigner) où et comment chercher et trouver des réponses aux questions dans ces ouvrages.
Et là encore, il faut avoir envie de le faire...

Posted: 29 Aug 2004 15:09
by kajtek
Il y quelques années, j’ai encadré des étudiants français en première année de russe. Mon rôle ressemblait à ce que toi tu vas faire : le complément des cours principaux.
D'abord, ils me posaient des questions sur ce qu’ils n’ont pas vraiment compris ou raté ou tout bêtement des questions qu’ils n’ont pas osé poser au prof. On approchait ensemble leurs devoirs sans pour autant les faire à leur place. Et en suite, s’il restait du temps, je leur faisais des petits exercices sur la prononciation ou les déclinaisons/conjugaisons. Mais pas trop fort : ils débutaient. De temps à autre, je préparais une chanson : on l'écoutait sans voir le texte et après avec le texte. Et ils aimaient lire le vocabulaire d’une manière particulière : par exemple trois premières lignes il faillait lire « en colère », trois suivantes « tristes », ou « très heureuses », etc. ça peut tenir éveillé. Ça fait retenir attention de ceux qui écoutent seulement. Et finalement, la lecture devient fluide parce qu’on ne fait plus attention à la difficulté du mot, mais on se concentre sur "notre talent d'acteur ". Et toi tu es là pour éventuellement corriger.
Leurs profs me communiquaient aussi des choses qu’il fallait aborder et c’est très important, ça permet ne pas dévier.

Mais je ne sais pas ce qu'ils deviennent maintenant. Si ça se trouve, ils ont perdu tout le goût pour le russe...
Courage.

Posted: 29 Aug 2004 15:18
by Maïwenn
Et ils aimaient lire le vocabulaire d’une manière particulière : par exemple trois premières lignes il faillait lire « en colère », trois suivantes « tristes », ou « très heureuses », etc. ça peut tenir éveillé
Interessante cette technique ! Je te la piquerai si j'en ai l'occasion :)

Posted: 29 Aug 2004 15:33
by kajtek
"cette technique" m'est venue à l'esprit parce que j'ai fait du théâtre en russe à ma fac. Et j'ai bien vu que dès qu'il s'agissait de bien jouer le rôle, même les plus nuls en russe perdaient leur timidité linguisique.

Daraxte, monte un spectacle avec tes étudiants, ils apprendrons 2 fois plus vite.