La première et la plus basique de toutes, pour le géographe que je suis, est une remarque sur la forme: pas d'échelle, pas d'indications géographiques, pas de Nord, c'est ce que j'appelle de l'infographie et non de la cartographie. Mais soit, passons.
Ouais c vrai. On suppose que les mecs qui consultent un atlas linguistique connaissent la région en question, mais bon, c vrai que c pas très sérieux...
La deuxième remarque est à la fois une réflexion et une question aux experts. J'ai noté l'absence quasi-totale de mise en relation (tout du moins sur les cartes visitées) entre des éléments géographiques (topographie, sans verser dans le déterminisme géographique qui consiste à dire que tout fait humain est la conséquence directe de la géographie physique; organisation territoriale, que celle-ci soit économique ou administrative)
Sur les cartes, je crois qu'il y a qq même les rivières parfois. Mais c vrai que si on devait mettre tt le relief etc, ca serait le bordel...
et les variations spatiales et/ou temproelles d'expressions, de mots, d'éléments de syntaxe.
Les variations temporelles n'ont pas leur place dans un atlas linguistique, qui ne s'occupe que de synchronie (=ce qu'on trouve dans des lieux différents à un même moment).
Voilà qui m'étonne et me dérange. Sans avoir lu d'analyse, n'ayant donc vu que des cartes, j'en viens à me demander si l'on n'établit pas ces cartes juste pour montrer ce qui est, en énonçant des théories (celle des ondes à petite échelle - échelle au sens géographique; d'autres à grande échelle ?) qui relèvent plus de la description que de l'analyse.
On fait surtt de l'analyse linguistique. Les raisons des changements eux-mm st difficiles (voire impossibles) à établir: c vrai qu'on a des frontières géographiques, mais ca ne prouve pas tout non plus. Quand à la circulation des influences, les mots qui passent une rivière etc, franchement c'est très dur à prouver, car on est sur de la langue parlée, y a rien de plus insaisissable et difficile à appréhender.
Le mot "neveu"
Le commentaire de cette image, sur le site en question, est: "beige : niz vert : ni mauve : niy, nich etc. bleu : neu, neuy, neuch etc. jaune : ne, ney etc. On constate un conflit entre ni et niz (le second signifiant dans quelques points 'nièce').
En mauve, une forme centrée sur Pontivy se répand."
DOmmage que la carte soit si petite, on distingue vraiment pas les couleurs.
Ma question: "se répand pourquoi ? se répand comment ? se répand à quelle vitesse ?"
Pr le breton, on peut difficilt savoir, la seule chose qui puisse nous permettre de dater à coup sûr des mots, c'est les toponymes qui les contiennent (car ce sont des noms locaux, qui ne viennent pas d'ailleurs, et on a la date précise dans les chartes et autres papiers administratifs, chroniques etc). Tt le reste n'est pas vraiment fiable à 100%.
Les mots peuvent se répandre par les voies de communications, là où les gens de diverses origines se rencontrent (foires etc). Mais on a aussi possibilité qu'un mot existe autrefois dans tout le pays, puis les gens du milieu du pays ont adopté un autre mot à la place, les deux extrémités ont gardé l'ancien, et après c à nous d'interpréter: comment savoir ce qui s'est passé (mot général, abandonné par le milieu et gardé par les extrémités ou bien mot général, un autre mot apparu ds une des extrémités et qui aurait été apporté à l'autre extrémité).
La question de la vitesse rejoint celle des isoglosses dont parlait Sisyphe. Si le principe des isoglosses en géolinguistique est le même que celui de mes isobares et de mes isohyètes,
Ben je crois que c pas pareil, un isobare c une ligne reliant les points où on a la mm pression, je crois, alors qu'en dialecto, un isoglosse c une ligne qui ceinture une zone où on emploie le mm mot...
Mais je reprends le fil de ma pensée. "Se répand comment, pourquoi ?" disais-je. A l'échelle de la Bretagne, pourquoi l'auteur, sur la carte en question, n'a-t-il pas mis en relation les données décrites avec d'autres éléments géographiques ?
parce que les mecs qui font du breton st pas géographes

, ils s'intéressent à ce qui se dit mais ne cherchent pas les raisons des limites et des zones où telle ou telle chose est utilisée.
Il me semble, en tant que non-linguiste, qu'on distingue assez clairement l'étagement Est-Ouest du mot neveu, qui à l'Est ressemble beaucoup plus à la variante continentale que la version de l'Ouest. Mais on ne peut se contenter de cette description: il y a également des discontinuités géographiques intéressantes, comme des poches de résistance,
les îles, le haut-vannetais et le Léon, en général
ou comme ce que nous appelons en géographie physique niveau deug des buttes-témoins. L'organisation territoriale, celle des circonscriptions et celle des foires (pour l'Europe occidentale, nul doute que ces dernières ont leur importance),
Yep. Pr les circonscriptions, en bretagne c surtout les évéchés qui st importants.
l'organisation du réseau de communications, l'existence de terres hautes isolées ou de terres basses éloignées, etc., ne sont-ils pas des facteurs importants de ces discontinuités (discontinuités qui me semblent aussi intéressantes que les tendances lourdes) ? Ces données sont-elles prises en compte dans la géolinguistique ?
En breton, pas que je sache (de ttes facons, presque personne aujourd'hui se consacre à la dialectologie bretonne, alors comme ca c simple)
Une autre question qui se pose à moi est soulevée par la réponse de Ann sur l'échantillonnage erroné de certains chercheurs, qui analysent par exemple des fréquences de mots à partir des deux dernières années du journal Le Monde.
Ca, c'est d'une débilité abyssale. Comme si les gens utilisaient le mm vocabulaire ds leur vie quotidienne que les journalistes ds le journal. Quant au breton, je préfère pas vous dire comment ont été faites certaines enquêtes
Quel genre d'échantillonnage possible ? A partir de combien de textes, de combien de lignes, de combien de mots, peut-on fabriquer une analyse décente ?
Ca dépend de ce que l'on veut montrer et étudier...
Ma question souffre de ce qu'elle est trop générale et trop imprécise. Lorsque j'entends que tel mot "est l'un des plus utilisés dans la langue française", que dois-je comprendre ? Comment cela a-t-il été trouvé ?
Là je peux pas te répondre, mais g des doutes sur le sérieux de ce genre d'affirmation. Faudrait faire un corpus oral en enregistrant des gens de partout, et je c pas si ca se fait.