Sisyphe wrote:"chantée cette langue n'est pas terrible" : c'est exactement ce que j'ai toujours pensé de l'opéra ou de l'opérette française. Sauf Offenbach. Qui était allemand.
Ca me rappelle quelque chose : j'ai vu "Comme une image" hier soir au ciné. Je me suis demandée combien de gens qui ont vu ce film étaient capable de distinguer les parties chantées en allemand de celles chantées en italien (hormis ceux qui parlent ces langues, bien sûr). Je pense qu'en fait, la plupart des gens ne savent même pas qu'ils ont entendu de l'allemand chanté en écoutant ce film.
Et sinon, tout ça m'a rappelé que j'ai parfois fait des blind-tests à des personnes qui affirmaient que l'allemand était moche. Et bien, non seulement, elles étaient en générale incapables de distinguer l'allemand des autres langues, mais en plus, elles trouvaient ça très beau, en blind-test.
Sisyphe wrote:Je suis souvent sur mes gardes quand on commence à me parler de "mauvais profs" (parce que cela s'accompagne souvent d'un discours simpliste genre "tas de feignasses de fonctionnaires"), et je le suis tout autant quand on me parle "mauvaise méthode", car c'est généralement pour nous dire qu'il faut encore plus de communicationel. Or ton intervention le dit très bien : ce qui fait de plus en plus défaut dans l'apprentissage des langues vivantes comme mortes, c'est bel et bien la bonne vieille et solide grammaire.
Oui, tu remarqueras que je n'ai pas accusé les profs en particulier. J'ai accusé l'enseignement. Je sais bien que c'est une addition de tout pleins de facteurs.
Ceci dit, tous les élèves que j'ai eus en cours particulier ont parfaitement compris les déclinaisons après mon passage, alors qu'ils n'avaient jamais rien pigé avec leur prof. Ceci, en à peine quelques heures, dans la plupart des cas en quelques minutes. Donc, même si on considère qu'un cours collectif avance moins vite qu'un cours particulier, ça doit être possible en 5 ou 7 ans d'apprendre le fonctionnement d'une déclinaison, non ? (note bien, je ne t'agresse pas, ni toi ni tes collègues, juste je m'interroge...)
Sisyphe wrote:Dans un topic où nous débattions du latin ici même, un invité, lycéen, m'avait expliqué qu'il avait reproché à son prof de latin de 5e de leur balancer "l'accusatif c'est le cas du COD" sans leur dire ce qu'était un COD. Je lui avais répondu qu'en théorie un élève de 5e doit le savoir, mais que j'étais d'accord aussi sur le fait que le "en théorie", ça ne veut pas dire grand-chose.
D'accord avec toi. Un élève devrait savir ça, mais s'il ne le sait pas, c'est le rôle du prof que de tout reprendre à zéro. Or, peu le font, parce qu'ils considèrent que ce n'est pas leur rôle. Mais leur rôle n'est-il pas avant tout d'aider les élèves à comprendre leur matière, quels que soient les moyens à employer ? En russe, c'est ce qui s'est passé : on a passé la moitié de la première année (et ça a un peu continué après) à faire de la grammaire française et non du russe parce que personne sauf les germanistes et les latinistes ne savait ce que c'était qu'un attribut du sujet en français.
Sisyphe wrote:C'est vrai que pour moi aussi, il y a eu comme une raté avec les déclinaisons : au collège on les verra plus tard, et au lycée on est censé les avoir vues ; c'est un peu comme l'horizon : on l'a devant soit, jusqu'au jour où on l'a derrière soi.
Ah, que c'est vrai ce que tu dis là ! Et malheureusement, pas que pour l'allemand...
Sisyphe wrote:Cela étant, ce manque dans l'enseignement de la grammaire m'a paru (et pas que paru) à moi beaucoup plus criant en anglais. Je me souviens avoir des exercices sur la différence entre "wenn" et "ob" en cinquième, alors que je suis arrivé au bac sans savoir que "whether" existait. On m'a demandé d'apprendre mes verbes forts et en seconde j'en connaissais les dix ou quinze plus courants, alors que j'ai appris tout seul et sur un conseil maternel mes verbes anglais. J'ai fait des dizaines d'exercices sur "je... desto" (une vraie obsession chez les profs d'allemand !), alors que "the... the", j'en ai découvert l'existence sur internet. Et tout en nous disant que le subjonctif I ou le II "à l'ancienne" (ich käme) n'est pas courant, on nous l'a enseigné ; alors qu'il a fallu que je lève le doigt pour demander "madame, pourquoi 'I were' et pas 'I was' ", et j'ai eu pour réponse laconique : "c'est du subjonctif, mais c'est pas important que vous le sachiez". Et pour résumer les choses : j'avais une grammaire allemande au lycée (le memento du germaniste), je n'en ai jamais eu en anglais (j'ai acheté le A à Z aux puces il y a quelques mois)...
Tout pareil.

Ceci dit, je crois que le phénomène LV2 est réel. Je n'ai eu qu'un seul bon prof d'anglais en 5 ans, et encore, j'ai eu de la chance, certains LV2 n'en ont jamais...